Face à l’allongement des distances domicile-travail dans la majorité des régions urbaines françaises et face au poids de l’automobile dans les déplacements quotidiens, le transport ferroviaire de voyageurs est amené à jouer un rôle clé dans l’aménagement des territoires. Les Régions investissent depuis plus de dix ans dans le développement et l’amélioration de l’offre de services et notamment aux abords des petites et moyennes gares, moins emblématiques mais pourtant tout aussi importantes que les grandes gares de centre-ville. Ces petites gares, aussi appelées gare-arrêts ou encore haltes, se caractérisent par une prédominance de terrains non urbanisés, telles que des terres agricoles ou des friches industrielles … Ce sont avant tout des gares d’origine, c’est-à-dire que la commune dans laquelle elles se situent ne constitue un pôle d’emploi qu’à l’échelle locale. Leur enjeu principal est d’encourager l’usage du train pour les trajets vers les pôles d’emploi et/ou scolaires pour les gares situées à moins d’une demi-heure d’une ville jouant ce rôle de pôle. La commune d’Ingrandes sur Loire présente ce type de gare sur son territoire. Celle-ci, fréquentée en semaine par une centaine d’usagers, donne aujourd’hui un sentiment d’abandon, puisque son terrain et son bâtiment sont respectivement inoccupés et laissés en friche. Les usagers de la gare possèdent très peu de services qui leurs sont destinés sur ce terrain. Un réaménagement de la gare pourrait donc permettre de mieux satisfaire les usagers, en termes de stationnement, de circulation, d’intermodalité, d’environnement paysager, mais également d’amener de nouveaux services à la population d’Ingrandes. Afin d’améliorer la situation actuelle, ce rapport proposera plusieurs solutions partielles. La première partie présentera la commune d’Ingrandes sur Loire et ses principales caractéristiques. La deuxième partie consistera en une analyse du secteur de la gare et donc de sa fréquentation quotidienne. Enfin, la dernière partie du rapport s’axera sur la présentation des propositions d’aménagement en accord avec les besoins des usagers et le souhait de renforcer l’attractivité et l’intérêt de la commune d’Ingrandes sur Loire. Ce projet a donc pour but de réaménager le terrain en friche de la gare et d’utiliser son bâtiment abandonné tout en favorisant l’accessibilité à la gare, en redynamisant la commune et en proposant des solutions à l’aspect esthétique de l’endroit.
PRESENTATION DE LA COMMUNE D’INGRANDES SUR LOIRE
Situation géographique
Ingrandes sur Loire est une commune située dans le département 49 appelé Maine-et-Loire et la région Pays de la Loire. Avec 1 608 habitants en 2009, Ingrandes sur Loire est une petite commune se situant au cœur de l’Anjou. Sa superficie est égale à 6,65 km² soit une densité de 242 hab./km². Elle se trouve à près de 20 km d’Ancenis, 30 km d’Angers et 65 km de Nantes (figure 1).
Cette commune se situe sur la rive nord de la Loire, à la limite ouest du département de Maine et Loire. Elle est adjacente à la commune du Fresne-sur-Loire, située en Loire Atlantique. La commune longe à la fois la Loire dans sa partie centrale et occidentale, et la boire de Champtocé sur Loire, ancien bras de la Loire, sur sa partie orientale. Son nom provient du toponyme gaulois « equoranda » qui signifie juste aux limites ou limite équitable. En effet, Ingrandes sur Loire indique la limite territoriale entre le département de Maine-etLoire et celui de Loire-Atlantique. Cette commune rurale présente une part importante de son territoire en zone agricole, comme le montre la carte présente en figure 2. Ces zones agricoles se situent principalement au nord de la commune. Au contraire le sud de la commune se caractérise par des zones naturelles, cela s’explique par la présence de la Loire et de la Boire de Champtocé sur Loire. De plus, elle possède des Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) de type I et II présentée par la figure3. La zone urbanisée s’est tout d’abord développée au sud-ouest du territoire, le long de la Loire. Au cours du temps, la population s’accroissant, la zone urbanisée s’est donc étendue selon un axe Nord-Sud : le long de l’avenue de la Riottière, puis le long de la rue de Tournebride située plus à l’est de la commune. Enfin, malgré une part importante de zones agricoles au nord du territoire, quelques maisons se sont installées sur de grandes parcelles. Ainsi, la commune d’Ingrandes sur Loire présente trois principales zones urbanisées. Enfin, parmi les zones urbanisées se trouvent des zones à urbaniser (AU), d’activités (UY) et d’équipements d’intérêts publics (UE) tels qu’un collège, une gare … En plus d’avoir la particularité d’être une commune rurale de bord de Loire, Ingrandes est traversée par la départementale D723, axe majeur qui relie Nantes et Angers. Elle possède également deux départementales ; D6 à l’Ouest et D51 à l’Est ; qui la relie respectivement à Candé et Vern-d’Anjou qui sont deux villes de Maine-et-Loire. La départementale D6 comprend également le pont d’Ingrandes et permet de relier la commune à la levée de la Loire, c’est-à-dire la D210. Ces trois départementales permettent à cette commune d’avoir des axes structurants son territoire qui la relie aux villes et communes environnantes. De plus, cette commune possède une gare ferroviaire se situant sur l’axe Nantes/Angers. Ingrandes sur Loire est la seule commune à posséder une gare dans les alentours, elle attire donc les populations extérieures à la commune cherchant à se déplacer dans la région.
Histoire de la ville
Depuis 600 millions d’années, la butte de Poudingue d’Ingrandes oblige la Loire à une courbe sur la gauche de quelques 100°. C’est le souvenir géologique d’une coulée solidifiée de galets à la suite de mouvements éruptifs. Dès l’Antiquité EquoRanda (Ingrandes) est remarquable et sépare les Namnètes (Nantais) à l’Ouest des Andégaves (Angevins) à l’Est. En 1343, le sel devient un monopole d’État par une ordonnance du roi Philippe VI de Valois, qui institue la gabelle, c’est-à-dire la taxe sur le sel. L’Anjou comprend seize tribunaux spéciaux ou « greniers à sel », dont celui d’Ingrandes sur Loire. Ce village a longtemps été la frontière entre l’Anjou, territoire français, et la Bretagne, territoire indépendant jusqu’au mariage d’Anne de Bretagne avec le roi de France Charles VIII le 6 décembre 1491. En effet, son mariage a permis de rattacher la Bretagne à la France. Mais le Duché conserva son Parlement et ses privilèges ; la frontière fiscale de la France resta à Ingrandes. Ingrandes sur Loire est le siège d’une administration douanière. En effet, du côté angevin s’installe l’Administration : caserne des gabelous qui sont les employés de la Gabelle, la Gendarmerie de la Grande Barrière située à la Riottière, etc… Puis se multiplient les hôtels pour les voyageurs dont subsistent : Le Lion d’Or et l’Ancre de Marine. Du côté breton, la rue du Fresne est le domaine des contrebanquiers et des mariniers. Les armateurs nantais y viennent également y surveiller leurs intérêts au plus près de la frontière. Le passage de sel en fraude engendra des effusions de sang ; on peut relever 17 assassinats dans les rues entre 1650 et 1700. Cependant, cette frontière est témoin de belles foires à la mi-Carême, au lundi de Pentecôte, puis à la Saint Matthieu, sans parler du marché hebdomadaire. C’est donc un commerce florissant qui apparait à Ingrandes sur Loire. De plus, les gabares descendent la Loire avec le courant ou le vent d’Est en emportant les blés, les pierres de tuffeaux, les ardoises, les futailles de vins, les bouteilles plaines ou vides jusqu’en Amérique. Elles remontent contre le courant avec la force aléatoire des vents d’Ouest, chargées de sel, de poissons séchés et de tout ce qui vient des Nouveaux Mondes par les ports de Nantes et Lorient. En 1789, la « ferme du sel » emploie 37 fonctionnaires sur les 76 liés aux différentes administrations, soit 20% de la population générale. Par la suite, comme de nombreuses communes, Ingrandes sur Loire va être victime de la Révolution. En 1789, le Grande Barrière de la Riottière est détruite. Les gabelous et les faux-saulniers sont au chômage et se retrouvent chez les Bleus (républicains) ou les Brigands (royalistes). La Révolution et l’Empire apportent ruine, famine, invalides militaires et typhoïde. Ingrandes sur Loire est également victime de la départementalisation, celle-ci a séparé le rue du Fresne d’Ingrandes. Le côté breton de la cité peste contre l’obligation de se rendre à la messe ou d’être obligé d’accomplir les actes officiels à Montrelais. Après hésitation entre réunification avec Ingrandes et autonomie, cette dernière solution se met progressivement en place en créant une paroisse en 1842, puis une commune. En 1903, un décret fait de la rue du Fresne une commune à part entière. Il faut cependant attendre un décret présidentiel en 1920 pour qu’elle devienne le Fresne sur Loire.
En 1852, le chemin de fer s’installe dans une profonde tranchée dont les remblais vont surélever les quais et les jardins des rives. En 1868, le pont est construit sur souscription des ingrandais. Il est le siège d’un péage jusqu’en 1903. Avec ses 545 mètres, il est l’un des plus longs ponts suspendus de la Loire. Les piles furent construites sur des pieux de châtaignier de 18 mètres de haut. Il a été détruit par les français en juin 1940, puis bombardé par les alliés pour empêcher les Allemands de traverser la Loire en 1944. Ingrandes devient la ligne de front pendant quelques semaines. Les bombardements entraînent la destruction de l’église de 1743.
Après les destructions de 1944, la reconstruction d’Ingrandes s’effectuera sous la responsabilité de l’architecte départemental Le Sénéchal, et Ingrandes y gagnera la rue d’Anjou et une église originale présente dans la figure ci-contre. Depuis, les habitants ont quelque peu tourné le dos à la Loire en construisant vers la route nationale. Toutefois depuis une quinzaine d’années, le désir de retrouver leurs origines incite les Ingrando-Fresnois à porter un regard attentif vers ce « bourg qui borde tout du long la rive droite de la Loire, groupant gentiment ses maisons neuves, voire quatre ou cinq beaux hôtels, entremêlés aux toits inégaux des logis antiques » (Célestin Port). En 1996, la cité obtient le classement en zone de protection du Patrimoine (ZPPAUP).
Caractéristiques de la commune
Démographie
Cette petite commune de bord de Loire connait, depuis les années 1990, une évolution démographique positive (figure 7). En 2009, Ingrandes sur Loire compte 1608 habitants, soit une augmentation de 13% par rapport à 1999. Cette nette augmentation s’explique par une arrivée plus importante de personnes s’installant à Ingrandes mais surtout par une diminution de la mortalité à quoi s’ajoute une augmentation de la natalité à Ingrandes.
La moyenne d’âge de cette population est relativement élevée comparée à la moyenne nationale et départementale. Par exemple en 2009, le pourcentage de personne d’un âge supérieur à 60 ans est de 25,3% comparé au pourcentage de 21,8% au niveau national et de 21,4% au niveau départemental. En 2008, la population d’Ingrandes sur Loire présente 36 % de personnes ayant un âge compris entre 0 à 29 ans, 38 % entre 30 et 59 ans, et 36 % de personnes de plus de 60 ans (figure 8). À l’instar des répartitions nationale et départementale, la population féminine de la commune est supérieure à la population masculine. Le taux de cette commune (52,3 %) est du même ordre de grandeur que le taux national (51,9 %).
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Table des matières
Introduction
1. Présentation de la commune d’Ingrandes sur Loire
1.1. Situation géographique
1.2. Histoire de la ville
1.3. Caractéristiques de la commune
2. Etat actuel de la gare et de ses environs
2.1. Présentation de la zone d’étude
2.2. Fréquentation de la gare
3. Propositions d’aménagements
3.1. Enjeux et pistes d’actions
3.2. Amélioration des différentes voieries
3.3. Amélioration des dispositifs actuels
3.4. Mise en place de nouveaux services
3.5. Récapitulatif des aménagements
Conclusion
Bibliographie
Table des matières
Table des illustrations
Index des sigles
Annexes
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