Le titre
Le titre est un élément important qui trône sur l’ensemble des éléments paratextuels, car il présente le premier signe que l’œil embrasse avant tout autre élément se trouvant au bord du roman. Le dictionnaire Larousse le définit comme : « Inscription en tête d’un livre, d’un chapitre pour en indiquer le contenu. » Le titrilogue Leo.H.Heok définit le titre : « Ensembles de signes linguistiques…qui peuvent figurer en tête d’un texte pour le designer, en indiquer le contenu globale et pour allécher le public visé. » En partant de la triple répartition fonctionnelle de Leo H. Hoek citée dans la citation (désignation, indication du contenu, séduction du public) Genette établit quatre fonctions du titre qui se présentent comme suit : fonction de l’identification, de désignation, connotation et de séduction. En effet, le titre de notre corpus d’analyse Le premier jour d’éternité, est écrit tout en majuscule avec un caractère gras, cela pourrai revenir à l’idée de Ghania Hammadou qui voulait accrocher l’attention de son lecteur. Il se compose d’un syntagme adjectival « le premier jour », constitué d’un déterminant « le », d’un adjectif numéral ordinal « premier », d’un nom « jour », et d’un syntagme prépositionnel « d’éternité ». Dans notre cas, le titre est complexe, autrement dit, c’est un titre ambigüe si nous le comparons aux titres des romans de XIX siècle. Comme nous le constatons, ces titres portent des prénoms de personnages principaux, nous citons à titre d’exemple, Madame Bovary de Gustave Flaubert, Nana de Zola, Le Père Goriot de H. de Balzac. Dans ces romans, juste en déchiffrant le titre nous saurions qu’il y aura d’un héro portant le nom mentionné dans la couverture qui est le titre du roman. Mais dans le roman de l’écrivaine algérienne Ghania Hammadou le titre dit des choses que nous ne pouvons pas comprendre sans le relier au texte, ce n’est qu’après plusieurs lectures que nous pourrons accéder à la compréhension de ce que la romancière veut dire. C’est-à-dire pour comprendre le titre de ce roman, il faut lire les composantes narratives, donc on va l’analyser et l’examiner par rapport au texte du roman, tout en s’appuyant sur les travaux de Leo.H.Hok comme le remarque Henri Mitterrand, qui propose un modèle sémantique qui consiste en : « un découpage des monèmes constitutifs du titre, appelés ici operateurs, selon une catégorisation qui distingue l’animé humain (considère pour sa condition, exemple la demoiselle d’opéra, ses qualifications, sa situation narrative), l’inanimé (operateurs objectaux, par exemple Les Gommes), la temporalité(indications de durée et d’époque, par exemple Chronique du règne de Charles IX ou La Semaine Sainte), la spatialité (par exemple Le Labyrinthe ou Notre Dame de Paris),l’événement(ce qu’on pourrait appeler les operateurs « narratiques », ou encore factuel, par exemple La Débâcle ou La Curée). »
Les intertitres : étoilement du titre.
« L’intertitre est le titre d’une section de livre : parties, chapitres, paragraphes d’un texte unitaire, ou poèmes, novelles, essais constitutifs d’un recueil » . Il entretient avec le texte qui le suit, les mêmes types de rapports que le titre. Il peut entièrement repris par le texte, comme il peut l’être partiellement ou indirectement. Le premier jour d’éternité prend tout son sens autour des intertitres qui le constituent pour orienter la lecture, car l’intertitre permet aux lecteurs un contact plus proche du texte. Le titre globale donne une idée brève et générale du contenu du roman, il laisse le lecteur deviner l’histoire au fur et à mesure de sa lecture du texte, l’intertitre quant à lui, prépare l’accès direct du lecteur aux événements narratifs. En effet, Gérard Genette distingue deux types d’intertitres : thématiques ; composés uniquement d’un groupe nominal et des intertitres rhématiques ; qui se composent d’une indication numérale : « titre thématique (par exemple, ce titre de chapitre : « une petite ville »), rhématique (par exemple :(« chapitre premier ») et mixte (par exemple, le véritable titre du premier chapitre du Rouge : « chapitre premier/une petite ville ») ».
L’épigraphe comme indice de l’Histoire
Nombreuses sont les études et les recherches sur l’épigraphe, l’une des composante les plus importante du paratexte. Gérard genette dans son livre seuils, comme nous le savons déjà, aborde tous les messages linguistiques qui entourent le texte. Il choisit d’employer épigraphe pour distinguer la citation et exergue, qui renvoie au lieu de cette dernière. Il donne une définition de l’épigraphe qui nous semble pertinente : « Une citation placée en exergue, généralement en tête d’œuvre ou de partie d’œuvre : « en exergue » signifie littéralement hors d’œuvre, ce qui est un peu trop dire :l’exergue est ici plutôt un bord d’œuvre, généralement au plus près du texte, donc après la dédicaces, si dédicace il y a. »Il existe deux formes différentes que peut prendre une epigraphe.la première est de s’approprier une citation qui appartient à l’auteur lui-même, que l’on appelle épigraphe autographe. La deuxième forme la plus répandue, est de choisir une citation d’une autre personnalité : écrivain, journaliste, poète, philosophe dont le choix revient à l’auteur. Ce choix représente et symbolise les réflexions de l’auteur ainsi que la finalité de son texte d’une part, et d’autre autre part de sa vision de la réalité.
Incipit in media res comme indice de fiction
Les premières lignes du roman Le premier jour d’éternité, nous installent directement dans un univers fictif, au cœur d’un événement tragique où le narrateur nous relate en ayant des yeux invisible, la mort cruelle d’un personnage s’écroulant sous les balles d’un revolver. Un début romanesque, qui nous permet une entrée immédiate dans la fiction : « A la première détonation les pigeons du square s’égaillèrent dans l’éther, les mouettes aventureuses planat au dessus des hangars du port, affolées, s’engloutirent dans l’horizon. Des ailes s’ouvrirent, obscurcissant la ruelle leur ombre dispersa les moineaux. La rue se vida en un clin d’œil. Aziz qui allait dans la lumière resta seul, face a la mort invisible mais présente dans l’espace insensible, suspendue à ses pas, sa mort qu’il ne reconnait pas(…) la venelle qui montait vers la médina retint son souffle. L’assassin vida son arme. Dans la tête d’abord pour extirper l’idée. Puis sur la poitrine, en rafales sèches, lacerantes. Neuf coups. L’azur se delua dans le sang. » Nous pouvons dire qu’à travers cet incipit, l’auteur nous met directement au contact des événements qui se déroulent dans le roman. Vincent Jouve a écrit dans son ouvrage, La poétique du roman : « Le pacte de lecture, proposé explicitement dans les préfaces, est noué de façon plus implicite dans les incipit. Lorsque le para texte ne suffit pas, ce sont les premières lignes du roman qui, précisant la nature du récit, indiquent la position de lecteur à adopter. » Il ajoute aussi : « L’incipit remplit précisément trois fonctions : il informe, intéresse et propose un pacte de lecture. » L’incipit de ce roman nous jette dans le comble du tragique, puisqu’il nous renseigne sur la fin tragique d’Aziz, personnage principal du récit. En effet, nous assistons dés le début, à un dénouement. A la première page, Ghania Hammadou nous met face à l’assassinat d’Aziz. Un commencement après lequel elle revient au passé de Mériem pour nous raconter l’histoire de ces deux amants. Là, nous sentons que l’histoire fictive est déjà connue. L’intrigue est éclairée dés les premières lignes. Ces lignes pourraient conditionner la réception du lecteur, dont l’attention est toujours fixée sur le début. Cela veut dire que le lecteur est de prime abord, orienté vers une lecture précise. Il ne va pas chercher à démonter le sort du personnage principal Aziz mais, il doit savoir qui est cet homme et pourquoi on l’a tué. De ce fait, nous enregistrons que la fin est exposé par son début d’abord. Cela peut revenir à la romancière, qui essaye d’attirer son lecteur à l’événement perturbateur, qui déclenche l’attention de ce dernier pour qu’il continue la lecture. C’est cette entrée, qui joue le rôle de séduction du lecteur poussé à aller plus loin dans la totalité de l’histoire.
La postface entre réalité et fiction
Une postface est une forme de péritexte, placée en fin de livre et s’adressant à un lecteur non plus potentiel mais effectif. C’est un texte écrit, en guise de supplément ou de conclusion générale pour émettre un commentaire, une explication ou un avertissement. Elle peut être rédigé par le même auteur du l’œuvre, comme elle peut être rédigé par une autre personne. Séparée du corpus principal, elle présente des informations essentielles et importantes pour les lecteurs. Le roman de Ghania Hammadou nous met en présence d’une postface de Danièle Sallenave ; écrivaine française et membre de l’académie française. De prime abord, nous constatons que la postface contient deux pages écrites en italique. Elle porte aussi un titre qui s’intitule comme un voile sur la douleur. En effet, dans cette partie nous constatons d’emblée l’assemblage du fictif et du réel. En premier lieu, Danièle Sallena vetente de nous expliquer le mot deuil, dont il s’agit dans la composante fictivedu récit, de l’écrivaine et journaliste algérienne d’expression française Ghania Hammadou. Et pour ce faire, elle utilise la figure de style « la périphrase » ; qui consiste à dire par plusieurs mots ce que l’on pourrait exprimer par un seul. Prenons un exemple du texte : « Le livre est un thrène, un chant de deuil. Le deuil est une affaire terrible qui se joue sue plusieurs plans, qui ne respecte pas le temps, l’ordre, la chronologie. Le deuil est un travail, une construction. » D’ailleurs, ce non respect à la chronologie, est très présent au niveau du paratexte du roman et cela à travers les intertitres, qui ne respectent plus la chronologie tant qu’il s’agit d’un deuil, avant que nous le retrouvions dans le texte proprement dit. De plus, les énoncés de la citation cités au dessus, sont constitués de phrases à construction périphrastique. Ce sont des phrases assertives, chacune constituée d’un sujet, d’un verbe et d’un qualifiant. Dans ces phrases, le mot « thrène » aura suffi pour rendre compte de l’idée, mais l’auteur a préféré lui ajouter d’autres qualifiants pour montrer que le deuil n’est pas une affaire simple et banale, mais une affaire douloureuse et traumatisante. Le mot « deuil » est repérable par sa fréquence visible et sa répétition tout au long du roman.
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Table des matières
Introduction générale
Chapitre I : la fiction et la réalité dans le paratexte
Introduction
I. Le paratexte : Seuil de l’œuvre littéraire
I.1. De quelques repères théoriques
I.2. La fonction du paratextes
II. Etude des éléments paratextuels
1. Le titre
2. Les intertitres : étoilement du titre
3. L’épigraphe comme indice de L’Histoire
4. L’incipit in media res comme indice de fiction
5. La postface entre fiction et réalité
III. La structure de la trame romanesque
Conclusion partielle
Chapitre II : Fiction et réalité dans le texte
Introduction
I. Etude des personnages
I.1. La notion du personnage
I.2. Les personnages entre fiction et réalité
I.3. Le personnage romanesque comme signe
I.4. Le personnage romanesque comme actant
II. Le cadre spatiotemporel
II.1. Le cadre spatiale
a. La géographie du roman
b. L’espace romanesque/ Espace réel
II.2 Le cadre temporel
a. Le temps de l’Histoire
b. Le temps romanesque (du récit)
Conclusion partielle
Conclusion générale
Bibliographie
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