Réalisation d’un outil d’aide à la décision à destination d’un facilitateur de la rénovation énergétique de logement

L’activité humaine sur terre (transport, alimentation, logement) génère aujourd’hui des émissions de gaz à effet de serre, et notamment du CO2 dans des proportions tellement importantes qu’elle menace aujourd’hui la pérennité de notre éco système. Les différents groupements d’experts, et notamment le Groupe d’Expert Intergouvernemental sur l’Evaluation du Climat (GIEC), produit à intervalle régulier des rapports préconisant la réduction drastiques de nos émissions de gaz a effet de serre, et donc indirectement de notre consommation énergétique [1]. Parmi les secteurs dont l’impact pourrait être réduit, le bâtiment, qui représente plus de 43% des consommations énergétiques et 25% des émissions de gaz à effet de serre est une cible intéressante. En France, beaucoup des efforts sont consacrés à la construction de bâtiments neufs, avec des règlementations thermiques successives plus exigeantes en terme de consommations d’énergie et de matériaux de construction. Cependant, notre parc de bâtiment, et notamment le parc de logement est aujourd’hui en grande partie constitué de bâtiments construits avant toute réglementation thermique, et des efforts doivent être fait pour permettre de diminuer les consommations énergétique de ce type de bâtiments.

Par ailleurs, la maitrise des consommations énergétiques dans les bâtiments ne peut plus d’aborder seulement selon l’axe de la performance énergétique du bâtiment. En effet, d’une certaine manière, nous vivons tous dans des bâtiments passifs : si nous quittons notre logement avec nos besoins en confort, le bâtiment le moins performant du monde deviendra passif. Dans la période actuelle où la performance énergétique des bâtiments est au cœur de beaucoup de discussions et de débats, cette approche définit la performance énergétique d’un bâtiment comme la différence entre la qualité intrinsèque de l’enveloppe du bâtiment (son isolation, ses menuiseries, sa toiture) et les besoins en confort et en équipements de l’utilisateur .

Le contexte

Les enjeux à l’échelle nationale

D’ici à 2050, la France doit diviser par 4 ses émissions de gaz à effet de serre (Facteur 4) [2]. Le secteur du bâtiment représentant plus de 43% des consommations énergétiques françaises, il a été un des premiers à se mobiliser pour diminuer sa consommation. Plus de 60% de l’énergie utilisée l’étant pour du chauffage, le secteur a donc été rapidement ciblé pour réduire son impact énergétique principalement dans la construction neuve en mettant en place des règlementations thermiques (RT 2005 puis RT 2012). Cependant, la mauvaise qualité énergétique des bâtiments construits durant les « 30 glorieuses », période sans obligation réglementaire au niveau de la qualité énergétique, l’effort ne peut pas se limiter au secteur du bâtiment neuf et il faut également intensifier la rénovation des bâtiments existants [3, 4}.

En effet, dans sa revue de janvier 2015, le Commissariat Général au Développement Durable (CGDD) indiquait que le taux de renouvellement du parc de logement français était aujourd’hui de 0,5% [3]. En se basant sur ces chiffres, en 2050, les bâtiments construits avant la première réglementation thermique représenteront encore plus de 40% du parc de logements. Il est donc aussi fondamental de se focaliser sur la rénovation de bâtiments, et notamment ceux datant d’avant 1975, pour atteindre les objectifs du facteur 4 [6].

Or, au niveau national, les rénovations thermiques de logements ne sont pas suffisantes. Par exemple, en 2014, 288 000 rénovations thermiques performantes ou très performantes ont été entreprises [7] alors que les objectifs étaient de 500000 [8].

Les enjeux à l’échelle régionale

A l’échelle de la région Occitanie, le défi est important. En effet, la région Occitanie compte aujourd’hui près de 3,5 millions de logements [9] et connaît depuis quelques années une des plus fortes croissances en terme de nombre de logements (Toulouse et Montpellier sont sur le podium des villes qui connaissent la plus forte croissance de logements) [10]. Si ces nouveaux logements sont respectueux des nouvelles règlementations thermiques, une partie importante du parc a été construit avant les premières réglementations thermiques .

Or, la région s’est donnée pour objectif de devenir la première région à énergie positive [11]. Pour cela, elle devra développer de nouvelles filières de production d’énergie renouvelable, tout en s’imposant des objectifs ambitieux d’économies d’énergie. Il faudra donc investir massivement dans la transition énergétique et la rénovation thermique des bâtiments, avec l’avantage de créer des emplois non délocalisables et non automatisables.

Les aides mises en place

Aujourd’hui, le contexte semble particulièrement favorable au développement de projets de rénovation d’ampleur. Un système fiscal incitatif a en effet été mis en place et des aides financières conséquentes sont données aux ménages qui réalisent des travaux :
– Le Crédit d’Impôt pour la Transition Energétique (CITE) permet de déduire de ses impôts certains travaux d’amélioration énergétique du logement. Ce dispositif est également valable pour les ménages ne payant pas d’impôts sur le revenu. Le montant des dépenses éligibles est plafonné (8 000 € pour une personne seule, 16000 € pour un couple)
– L’éco prêt à taux zéro (Eco PTZ) est un prêt à taux d’intérêt nul permettant de financer un ensemble cohérent de travaux. Il est disponible pour les particuliers, mais existe aussi pour les copropriétés.
– La TVA est affectée d’un taux réduit de 5,5% sur les travaux d’amélioration de la performance énergétique.
– Les aides de l’ANAH (Agence nationale de l’habitat) financent une partie des travaux de rénovation énergétique chez des particuliers sous certaines conditions de revenus. Des aides sont également disponibles pour les copropriétés.
– Le dispositif des CEE permet aux propriétaires qui ont fait des travaux d’économies d’énergie de se faire subventionner par les fournisseurs d’énergie.
– Certaines collectivités locales proposent des aides dédiées (éco-chèques, exonération de taxe foncière, prêts bonifiés).

Il est donc important de se demander pourquoi, malgré ce contexte favorable, les rénovations performantes n’augmentent pas suffisamment.

Les freins à la rénovation énergétique des logements

Nous avons vu en introduction que la rénovation thermique des bâtiments existants était essentielle et pourtant les objectifs fixés ne sont pas atteints (500 000 rénovations par an en France). On constate par ailleurs que les rénovations sont moins fréquentes dans l’habitat collectif que dans l’habitat individuel, notamment dans le secteur privé [1]. Si une rénovation conduit à de multiples bénéfices (économies d’énergie, meilleur confort, augmentation de la valeur patrimoniale du bâtiment), il faut avant tout une adhésion forte des parties impliquées afin d’engager puis de réaliser une rénovation de qualité [12]. De nombreuses études menées dans plusieurs pays et auprès de différents profils convergent vers une liste de « freins » à la rénovation, qui permettent de mieux comprendre pourquoi les objectifs fixés ne sont pas atteints.

Les difficultés techniques générales

Il y a quelques années de cela, les difficultés techniques auraient été citées dans la plupart des cas comme un frein majeur à la réalisation de rénovations énergétiques performantes. Les études menées durant les 20 dernières années ont permis de développer des solutions efficaces dans la majeure partie des cas. On peut notamment penser aux solutions techniques de référence développées par le bureau d’étude Enertech [13], ou les préconisations du rapport RAGE [12]. Par ailleurs, les avancées de la recherche en matière de matériaux biosourcés offrent maintenant des solutions intéressantes tout particulièrement sur la base d’analyse en cycle de vie. Il subsiste encore des contraintes architecturales (impossibilité de modifier l’aspect extérieur de certains bâtiments classés) dans les centres des villes qui peuvent complexifier les projets de rénovations, mais il est presque toujours possible de proposer rapidement et efficacement une solution technique adaptée et chiffrée pour tous types de logement. On peut cependant regretter que les solutions techniques issues des programmes de recherche et de développement soient aujourd’hui plus orientées vers les constructions neuves (BIM, isolations par l’extérieur) et moins vers des solutions adaptables à la rénovation (notamment les isolants minces, les aérogels). Un récent rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) demande à ce que ces nouveaux champs soient explorés .

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I. Etat de l’art
1 – Le contexte
1 – 1 Les enjeux à l’échelle nationale
1 – 2 Les enjeux à l’échelle régionale
1 – 3 Les aides mises en place
2 – Les freins à la rénovation énergétique des logements
2 – 1 Les difficultés techniques générales
2 – 2 Le manque d’efficacité des aides
2 – 3 Une rentabilité difficile à trouver pour les propriétaires privés
2 – 4 Le Diagnostic de performance énergétique (DPE), une méthode de diagnostic contestée
2 – 5 La difficulté de faire intervenir une maitrise d’œuvre sur les rénovations de maisons individuelles
2 – 6 Le déficit de confiance entre les artisans et leurs clients
2 – 7 Les difficultés d’adopter un comportement vertueux sur le long terme
2 – 8 Les difficultés de réalisation des travaux en site occupé
2 – 9 Le paradoxe de l’efficacité énergétique
2 – 10 Les difficultés d’accès à l’information
2 – 11 L’absence de contrainte législative
3 – Le rôle du facilitateur
3 – 1 En amont des travaux : faciliter l’accès à l’information, accompagner la prise de décision
3 – 2 Pendant les travaux : garantir la bonne exécution, minimiser les nuisances des occupants
3 – 3 Pendant l’exploitation des bâtiments : sensibiliser les occupants, accompagner l’usage
3 – 4 Les aptitudes du facilitateur
4 – L’outil d’aide à la décision, atout indispensable du facilitateur
4 – 1 Les outils techniques
4 – 2 Les outils économiques
4 – 3 Les ressources sociologiques
5 – L’outil d’aide à la décision multicritères
5 – 1 L’aide à la décision
5 – 2 L’aide à la décision multicritères
5 – 3 L’intelligence artificielle au service de la pondération des critères
Bilan du chapitre
CHAPITRE II. De la rénovation de logements à la rénovation de copropriétés
1 – Trois types de logements bien différents
1 – 1 La maison individuelle
1 – 2 Le logement social
1 – 3 Les copropriétés
2 – La sélection du type de logement
2 – 1 Le potentiel d’économies d’énergie
2 – 2 L’impact social
2 – 3 La complexité de la prise de décision
2 – 4 L’innovation
2 – 5 Tableau récapitulatif
3 – Le cas particulier de la copropriété
3 – 1 Les freins spécifiques aux rénovations des copropriétés
3 – 1 – 1 Une prise de décision plus complexe et plus lente
3 – 1 – 2 Le rôle compliqué du syndic de copropriété
3 – 1 – 3 Des aides financières plus complexes et moins importantes
3 – 2 Les bonnes pratiques dans l’accompagnement des copropriétés
3 – 2 – 1 L’accompagnement technique
3 – 2 – 2 L’accompagnement économique
3 – 2 – 3 L’accompagnement à la structuration collective de la copropriété
3 – 2 – 4 L’accompagnement à la décision
Bilan du chapitre
CHAPITRE III. Démarche d’analyse fonctionnelle appliquée à notre outil
1 – L’analyse de la valeur
1 – 1 Les principes de l’analyse de la valeur
1 – 2 Les différentes étapes du processus d’analyse de la valeur
1 – 3 Adaptation de la démarche à notre outil
2 – L’analyse fonctionnelle
3 – L’adaptation de l’analyse fonctionnelle à l’étude des copropriétés
3 – 1 Analyse du besoin et rédaction du cahier des charges
3 – 2 Fonctions et cahier des charges fonctionnel
Bilan du chapitre
CHAPITRE IV. Mesure du taux de maturité d’une copropriété
1 – La construction de l’outil d’aide à la décision
1 – 1 La validation du besoin par les professionnels et les universitaires
1 – 2 La sélection des critères
1 – 3 La possibilité du machine Learning
1 – 4 Le regroupement en catégories de critères et notation
2 – La mesure du taux de maturité de la copropriété
2 – 1 La qualité d’usage de la copropriété
2 – 2 Le potentiel économique de la copropriété et de ses habitants
2 – 3 Les paramètres techniques du bâtiment
2 – 4 Le profil sociologique des habitants
2 – 5 La copropriété dans son quartier
2 – 6 Le cas particulier des dynamiques collectives et de la gestion
2 – 6 – 1 Les dynamiques collectives dans la copropriété
2 – 6 – 2 La gestion de la copropriété
3 – Grille de lecture de l’outil d’aide à la décision
3 – 1 Clarifier l’analyse du taux de maturité
3 – 1 – 1 Les critères combinés
3 – 1 – 2 Les critères d’alerte et de blocage
3 – 1 – 3 Les indices de confiance
3 – 2 Du taux de maturité aux préconisations d’accompagnement
3 – 2 – 1 La note globale
3 – 2 – 2 La note d’usage
3 – 2 – 3 La note technique
3 – 2 – 4 La note économique
3 – 2 – 5 La note sociologique
3 – 2 – 6 La note dynamique collective et gestion de la copropriété
3 – 2 – 7 La note de l’évaluation du quartier
3 – 2 – 8 La chronologie des interventions
Bilan du chapitre
CONCLUSION

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *