La région d’Adrar, de climat aride à semi-aride, dépend des eaux souterraines pour l’alimentation en eau potable des populations. Leur accessibilité demeure cependant difficile et le coût de leur exploitation souvent prohibitif. En Adrar la recherche de l’eau se fait dans les zones de fractures et/ou des failles alimentées ; elle nécessite l’utilisation combinée des images satellitaires, des photos aériennes et des méthodes géophysiques appliquées à l a recherche de l’eau.
Dans le cadre d’un des volets du p rojet intitulé «recherche appliquée sur le potentiel souterrain», le projet a mis en évidence le besoin d’une étude spécifique sur le comportement hydrogéologique des roches de socle. Ce s’agit de milieux fissurés, caractérisés par une grande complexité dont le comportement, difficile à appréhender, nécessite la mise en œuvre de méthodologies adaptées. D’autant plus que les projets antérieurs initiés dans la région d’Adrar pour résoudre les problèmes des besoins en eau des populations de la ville d’Atar qui ne cessent d’augmenter, n’ont pas pris en considération l’influence de l’exhaure sur le devenir des oasis. Pour résoudre ce problème, le gouvernement de la Mauritanie a d écidé de sécuriser et améliorer durablement les conditions de production agricole et de vie dans les oasis de la région d’Adrar, milieu fortement menacé par la désertification. Le projet d’aménagement rural dans les oasis de l’Adrar (PAROA), financé par le Fonds Européen de Développement (FED) et confié au BCEOM en partenariat avec le bureau d’études HYDRO-CONSEIL, devra, dans ce contexte d’aquifères discontinus, s’appuyer sur des études géophysiques détaillées pour l’implantation des forages.
CADRE GEOGRAPHIQUE
Situation géographique de la zone d’étude
La zone d’étude se trouve dans la région d’Adrar au centre de la République Islamique de la Mauritanie. Elle est située au nord-est de la ville d’Atar et s’étend entre la latitude 20°30’ et 20°50’ nord et la longitude 13°00’ et 13°10’Ouest (Fig. 1).
La région d’Adrar est limitée à l’est par la région du Hodh Charghi, à l’ouest par la région d’Inchirie, au sud par la région du Tagant, au nord par la région de Tiris Zemmour, au sud est par la région du Trarza et au nord est par la République du Mali.
Réseau hydrographique
La région d’étude est fortement marquée par une tendance à l’endoréisme : la plupart des oueds se perdent sans atteindre un réseau hydrographique qui les drainerait vers la mer. en met en évidence que le réseau hydrographique sur la région d’étude, est structuré principalement autour de deux principaux oueds : Segelil et El Abiod.
L’oued Segelil peut se décomposer en deux parties :
– une partie au sud ouest d’Atar, sous forme d’un lit ancien et bien encaissé dans les formations géologiques anciennes (formations sédimentaires et socle métamorphique) ;
– une partie au nord est d’Atar où il est ramifié en une série d’affluents d’inégale importance, dont les principaux sont Azougui-Teyeret, Ksar Torchane, Tarioufet, Amder – Tawaz.
L’oued El Abiod, plus court, n’est constitué dans sa partie amont que de deux affluents principaux dont l’oued Mhairet-Oujeft.
Ce réseau d’oueds s’est principalement développé le long des fractures majeures qui affectent les formations sédimentaires, ou perpendiculairement au pendage des couches, dans les argilites, formations tendres, souvent encadrées par des bancs saillants de grés ou de calcaires. Dans leur partie aval, les vallées des oueds sont partiellement comblées d’alluvions quaternaires souvent fines, essentiellement des alluvions fluviatiles anciennes recouvertes ou non de sables éoliens récents. Le plus souvent, le lit mineur ne s’installe pas à l’emplacement du lit ancien. Les oueds actuels entaillent la sédimentation ancienne, avec un lit mineur généralement très peu profond et souvent variable d’une crue sur l’autre. En zones arides en général et en Adrar en particulier, aucun des cours d’eaux n’est pérenne : ils transportent les eaux de surface de façon intermittente, en réponse à l’irrégularité des précipitations. La rareté des précipitations et leur concentration expliquent donc que ces oueds ne sont fonctionnels que quelques jours par an, et de plus peuvent même ne pas couler du tout pendant plusieurs années de suite. Compte tenu de l’important transport solide et des modifications de lit mineur dû au déplacement des sables éoliens, il est extrêmement difficile d’envisager la mise en place de stations de jaugeage. En conséquence, très peu de données hydrographiques ont été acquises sur la zone d’étude. Les quelques valeurs acquises à Hamdoum ont permis à Trompette (1967) de calculer un coefficient de ruissellement inférieur à 7%. Il émet l’hypothèse que les ruissellements ne sont causés que par les seules pluies significatives, peut-être de l’ordre de 20 mm. Pour les pluies d’intensité plus faibles, la lame d’eau toute entière est infiltrée dans le sol et/ou évaporée (en surface ou en sub-surface).
Contexte climatologique
Le climat en Adrar de Mauritanie est sec et de type saharien. L’ensoleillement y est très important, les températures souvent élevées le jour, les précipitations y sont rares et souvent violentes. D’octobre à avril, les vents dominants soufflent du nor d est ou de l’est. Ils s’infléchissent ensuite au nord de mai à juin. Ils sont secs, chauds le jour et froids la nuit, avec une intensité maximale diurne. De juin à se ptembre, les vents sont très variables mais généralement orientés S-W. Ce sont les vents de mousson, humides, d’origine australe.
Dans le secteur d’étude, seule la station météorologique de l’aéroport d’Atar, situé sur le baten, fonctionne. Les paramètres climatiques (température, humidité relative, évaporation, pluviométrie, insolation et vents) y sont enregistrés en continu depuis 1923.
Température
La variation de la température d’une période à l’autre donne une courbe sous forme de cloche (Fig. 3). La température moyenne mensuelle est chaude entre mai et octobre avec une température maximum de l’ordre de 35°C dans les mois de juin et juillet et 34° dans les mois de mai et octobre. La température maximale moyenne est de 35,7°C ; la température minimale moyenne est de 20,5°C (respectivement environ 35°C et 20°C à Chingetti), avec un maximum absolu de 48,8°C enregistré en août et un minimum absolu de 13,0°C enregistré en janvier. Au cours de la saison froide, de novembre à mars, la température maximale moyenne est de l’ordre de 32°C alors qu’elle dépasse 40°C en saison chaude. La température maximum enregistrée est de 48,8°C au mois de juillet. Une Température moyenne mensuelle qui se trouve dans l’intervalle de 18°C et 20°C en décembre à 28°C en avril. La température minimum enregistrée est de 08°C au mois de janvier.
Evaporation
Tous ces p aramètres concourent à une évaporation potentielle très forte. L’évaporation potentielle moyenne annuelle est de 4,20 m (évaporomètre Piche). Le maximum journalier est de 15,5 m m en juin et le minimum journalier de 8,2 m m en décembre (Fig. 4). Une étude conduite en 1955 pour l’alimentation en eau de la mine de cuivre d’Akjoujt a montré que l’évaporation moyenne à 1 m de profondeur (bac Colorado) était encore de 1 mm.jour-1. La courbe d’évaporation moyenne mensuelle montre l’existence de trois périodes importantes selon les valeurs d’évaporation :
– dans les mois de mai et juin, l’évaporation est maximum et elle atteigne 600 mm.mois-1 sous l’influence du vent chaud (Harmatan) ;
– dans les mois de mars, avril, juillet et août, l’évaporation est moyenne, elle atteigne 500 mm.mois-1 ;
– de novembre à février l’évaporation est minimum, elle atteigne 400 mm.mois-1.
Humidité relative
La variation de l’humidité relative montre deux valeurs maximum et deux valeurs minimum :
– les valeurs maximales de 35% à 38% se trouvent dans les mois de décembre à février et 40% dans le mois d’août.
– les valeurs minimales de 26% de mai à juin et 32% en octobre. La période la plus humide est enregistrée comme le montre la présente courbe aux mois d’août et septembre ; c’est la période de l’hivernage dans la zone .
Pluviométrie
D’une manière générale dans tout le Sahara, les précipitations sont commandées par les mouvements de deux zone pluvieuses : le front polaire et la mousson soudanaise. Globalement, la région d’Adrar n’est couverte par aucun de ces fronts pluvieux. La limite méridionale du f ront polaire passe au nord de la Mauritanie et la limite septentrionale de la mousson n’atteint l’Adrar que très tardivement dans l’année. En dehors de l’éventuelle remontée de la mousson, les précipitations en Adrar sont dues au passage des dépressions soudanosahariennes qui relient la zone tropicale à la zone tempérée :
– l’une pratiquement dépourvue de précipitations de décembre à mai, avec un minimum absolu en avril.
– l’autre dite pluvieuse, de juin à novembre, avec des maximums de précipitations d’août à septembre, qui correspond à l ’avancée de la mousson. De l’importance de l’extension septentrionale maximale du front de la mousson et de sa durée de stationnement sur l’Adrar dépend le volume des précipitations.
La région d’Adrar en Mauritanie est une région désertique à cau se de l’absence des précipitations qui a touché la région depuis les années 1970 jusqu’à nos jours. L’évolution interannuelle de la pluviométrie entre 1922 et 2007, montre une courbe en dents de scie caractéristique d’une irrégularité des précipitations (Fig. 9), mettant ainsi en évidence une succession des périodes à pluviométrie déficitaire et des périodes à pluviométrie excédentaire avec une tendance générale à la baisse de la pluviométrie ces dernières années. Cette baisse de la pluviométrie à san s aucun doute une implication directe sur les régimes des cours d’eau et surtout sur la recharge des nappes.
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Table des matières
Introduction générale
Première partie : Etude Climatologique, Géologique et Hydrogéologique
1. CADRE GEOLOGIQUE
1.1 Situation géographique de la zone d’étude
1.2. Réseau hydrographique
1.3. Contexte climatologique
2. GEOLOGIE ET HYDROGEOLOGIE
2.1. Géologie
2.1.1 Contexte Géologique de la Mauritanie
2.2 Hydrogéologie
2.2.1 Contexte Hydrogéologique de la Mauritanie
3. CONCLUSION
Deuxième partie: Etude des fracturations pour l’implantation des forages par la Géophysique dans la région d’Adrar
1. MATERIELS ET METHODES D’ETUDE
1.1. La reconnaissance géologique et hydrogéologique sur le terrain
1.3. Méthodes géophysiques utilisées
1.3.1. Méthode électrique
1.3.2. Méthode électromagnétique
2. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
2.1. Par la méthode électromagnétisme
2.1.1. Secteur de Foum Chouer
2.1.2. Secteur d’Agueni nord
2.2. Par la méthode électrique
2.2.1. Secteur de Foum Chouer
2.2.2. Secteur d’Agueni nord
3. IMPLANTATIONS DES OUVRAGES HYDRAULIQUES
3.1. Secteur de Foum Chouer
3.2. Secteur d’Agueni nord
4. TECHNIQUES DE RECHARGE SELECTIONNEES
5. CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE