Rapports sociaux de sexe entre les parents : la participation des pères.
Depuis les années 70 , une nouvelle image du père se développe. Un nouveau père plus impliqué dans la relation avec ses enfants. Cette implication est -elle observable dans l’aide aux devoirs ? Carole Brugeilles et Pascal Sebille montrent l’inégalité de l’investissementpaternel selon la nature des tâches comme l’habillage, le coucher, les loisirs et les enjeux sous-jacents des rapports sociaux de sexe. Le partage des tâches parentales s’expliquerait donc par les rapports de sexe entre les conjoints ainsi que d’autres rapports sociaux commele niveau d’éducation ou les revenus. Hommes et femmes auraient des intérêts différentsselon la nature des tâches. L’habillage et les devoirs scolaires demeurent des activités principalement maternelles. Pour les pères, la probabilité de s’occuper des devoirs est de 50%,nette différence avec les 69% de la mère. Celui-ci passe en moyenne 7h par semaine pour les devoirs de l’enfant contre 13h pour la mère.Le père s’investit donc moins et moins longtemps. Notons que la probabilité pour les mères de contrôler les devoirs est de 71% et celle des pères 52%.Nous en déduisons donc que certains parents n’aident pas mais contrôlent tout de même puisque ces données sont supérieures aux précédentes sur la probabilité de s’occuper des devoirs. Visiblement, l’implication des pères se retrouve plutôt dans le coucher et les loisirs. Dans 40% des familles, pères et mères participent à égalité au coucher de leurs enfants et dans plus de 60% des familles, on observe une répartition égalitaire de la participation aux loisirs. Les pères s’investiraient donc moins dans les tâches quotidiennes « contraignantes » . C’est pourquoi, lors de notre enquête , nous chercherons à connaître la façon dont sont perçus les moments d’aide aux devoirs. Cette activité ne devrait pas être une contrainte pour les parents, qu’il s’agisse de la mère ou du père or, c’est ce que laisse penser l’article La participation des pères aux soins et à l’éducation des enfants de Brugeilles et Sebille. Toutefois , ne négligeons pas le fait que les déclarations soient différentes pour les hommes et les femmes. En effet, quelle que soit l’activité, les femmes auraient tendance à minimiser la participation des pères et le partage égalitaire. Quant aux pères, ils donnent une vision différente de l’implication , vision plus égalitaire de la part des deux parents. Cette vision dépend de la nature de la tâche. On observe un aspect sexué de certaines tâches . Qu’il s’agisse des hommes ou des femmes, tous deux déclarent que l’aide aux devoirs est essentiellement une tâche maternelle. Malgré cela, les pères énoncent le désir de pouvoir être plus présents auprès de leurs enfants par une réduction du temps de travail. Par ces déclarations, nous pourrions donc envisager d’expliquer le sous-investissement paternel par cette charge de travail importante. Mais , l’implication variable des pères s’expliquerait par d’autres caractéristiques familiales. Dansun premier temps, le niveau de diplôme joue un rôle important . Les pères ayant un niveau d’études supérieur à celui de la mère épauleraient plus fréquemment les enfants alors qu’ils auraient tendance à rester en retrait s’ils sont moins dotés scolairement. Dans ce cas de figure, il n’y a pas de spécialisation sexuée selon la tâche mais plutôt un investissement des parents au bénéfice de l’enfant. Par contre, cet investissement est plus visible pour les fils que pour les filles. En effet, la mères aident tout autant leurs enfants en difficulté peu importe le sexe mais les pères s’investissent plus lorsque ce sont leurs fils qui rencontrent des difficultés. Les pères penseraient donc que la réussite scolaire des fils est plus importante que celle des filles ce qui implique une inégalité des sexes. Puis, cet investissement serait variable en fonction du nombre d’enfants. Dès qu’il y a une fratrie, des répercussions sur l’investissement paternel sont observées. Cela s’explique par une charge de travail parental importante et variée selon l’âge des enfants. Selon Brugeilles etSebille, « Les pères de trois enfants sont les plus impliqués : avec leur compagne , ils doivent faire face à une demande importante . Mais l’accroissement du nombre d’enfantsau-delà de trois n’entraîne pas une mobilisation plus importante du père ». La famillenombreuse se rapprocherait donc du modèle des familles recomposées fonctionnant sur unpartage des tâches plus égalitaire, moins sexué , basé sur l’entraide. Au-delà descaractéristiques de la fratrie, l’implication du père résulte dans les rapports sociaux ducouple et plus précisément les rapports sociaux de sexe. Cette implication paternelle est le plus souvent le reflet des rôles et des identités sexués entre les adultes. En effet, l’hétérogénéité des implications parentales en fonction de la natures des tâches est plus ou moins reliée à une identité sexuée. Les pères sont certes plus impliqués dans les loisirs que dans les devoirs mais ils le sont davantage dans les loisirs des garçons qui sont des moments privilégiés de transmission de goûts sexués. Enfin , la différence de revenus selonles famille est également déterminante dans la participation du père. Le fait que le père soitle pourvoyeur économique principal le dédouane de participer aux tâches de quotidien.
Mais ce phénomène change lorsque le père et la mère accèdent tous deux à des études supérieures et sont tous deux pourvoyeurs économiques. En effet , dans ce cas les parents partagent plus équitablement leurs temps professionnel et familial et ces familles semblent valoriser la présence paternelle auprès des enfants. Lors de notre enquête, nous nous intéresserons donc à la participation des pères dans l’aide aux devoirs et tenterons de vérifier si les pères travaillant autant que la mère s’investissent davantage auprès des enfants.
Tous ces apports théoriques issus de lectures d’articles scientifiques doivent être vérifiés sur le terrain afin de confirmer ou infirmer les hypothèses reprises par les auteur. Pour cela,il a fallu choisir certaines méthodes d’enquête que nous détaillerons dans notre troisième partie.
L’enquête sociologique
Quelles méthodes pour cette enquête ?
Dans le but de vérifier les hypothèses, il a fallu penser aux différentes méthodes d’enquête possibles. Nous pouvions alors décider de procéder par observations, entretiens directifs, semi-directifs et non directifs ou par questionnaires. Pour ce travail , il m’a paru pertinent de procéder par deux méthodes différentes afin de les confronter par la suite : le questionnaire et l’entretien semi-directif. Le questionnaire posera des questions assez simples avec des choix de réponses déjà établis pour faciliter la lecture des résultats en lesexposant sous forme de tableaux. Ces questions utiliseront les variables considérées dans les lectures faites sur le sujet. Dans un premier temps, nous demanderons s’il s’agit du père ou de la mère. En effet, suite à nos lectures, nous avons pu constater que les mères minimisaient l’implication du père, nous devons donc prêter attention à cet aspect. Puis, nous demanderons la structure du couple. Familles intactes et recomposées n’ayant pas le même partage des tâches parentales , il est important de définir les familles qui répondent au questionnaire afin de voir le lien entre le couple , le foyer dans lequel vit l’enfant et l’investissement des parents ou beaux -parents dans les devoirs. Puis, les familles seront amenés à dire le nombre et l’âge des enfants. Il est important de différencier les familles à enfant unique et les familles nombreuses. Comme nous avons pu le constater à travers les articles, les familles nombreuses auraient un partage plus égalitaire au niveau de l’investissement des enfants. De même, connaître l’âge des enfants de la fratrie estimportant car il réside des inégalités au sein des fratries selon le rang qu’occupe l’enfant.
Rappelons que les premiers-nés sont généralement plus aidés . En ce sens , il paraît judicieux de confronter ce rang par rapport à l’aide aux devoirs. Ensuite, nous nous sommes intéressés au pays de naissance des parents. L’investissement étant en corrélation avec les compétences des parents notamment en lecture, nous cherchons à savoir si les parents étant nés dans un pays étranger aidaient moins leurs enfants. La catégorie socioprofessionnelle des parents est également demandée dans notre questionnaire. Cette variable est très importante puisque le milieux social influence l’investissement parentalainsi que le diplôme des parents. Les parents les plus diplômés aident plus leurs enfants.
Nous considérerons ici, qu’il ne s’agit pas d’un manque de temps ou d’implication mais d’un manque de savoirs. En effet, les parents n’étant pas diplômés pourraient rencontrer desdifficultés à aider leurs enfants par manque de connaissances. Puis, nous nous sommes intéressés au temps passé au travail pour chacun des conjoints. Cette variable est nécessaire pour comprendre l’implication du père ou de la mère. En effet, les mères travaillent généralement moins ou moins longtemps en ce sens elles se chargent le plus souvent des tâches domestiques et parentales. Un sous-investissement du père pourrait alors être interprété par le manque de temps passé au sein de son foyer, temps pris par une importante charge professionnelle. De plus, nous avons pu lire que le partage des tâches était plus égalitaire lorsque les deux parents passaient autant de temps sur leur lieu detravail. Ainsi, en demandant le temps de travail par rapport au conjoint, nous serons enmesure de confirmer ou infirmer cette hypothèse. Après avoir posé une dizaine de questions sur la structure familiale, notre questionnaire se poursuit par des questions concernant l’investissement des parents dans les devoirs des enfants. Dans un premier temps, nous cherchons à savoir quel parent accompagne les enfants à l’école. Cette question permet de dégager une autre forme d’investissement. En effet, il serait réducteurde penser qu’un parent soit totalement désinvestit car il ne s’implique pas dans les devoirs.
Nous avons donc choisi de questionner sur l’investissement dans les transports , investissement s’opérant à l’extérieur du foyer. Puis, nous avons cherché à savoir qui s’occupait des devoirs de l’enfant en proposant soit l’un , soit l’autre, soit les deux ou une autre personne en demandant de préciser. Le temps passé par jour en moyenne sur lesdevoirs a également été demandé. Ce temps pourra être analysé en fonction des deuxparents mais aussi selon le milieu familial ou encore la taille des fratries . Autre question ,la définition de ces moments passés à faire les devoirs. Les pères s’investissent plus dans les loisirs et moins dans les tâches contraignantes. Or , ils s’investissent moins dans les devoirs. En ce sens, nous pourrions considérer que les devoirs soient contraignants , non plaisants. Nous avons donc demandé aux parents de définir les devoirs . Un moment conflictuel ? Agréable ? Si ces moments sont trop difficiles , il pourrait être compréhensible qu’ils soient moins présents et que dans ce cas il y ait un sousinvestissement. Enfin , les lectures parlaient d’efficacité en matière d’aide aux devoirs.
Nous avons cherché à comprendre si celle -ci ne dépendait pas de la posture du parent aidant. Pour cela , nous leur avons demandés s’ils restaient à côté de l’enfant ou s’ilsvérifiaient juste que les devoirs soient faits. Cette forme d’investissement ne peut être négligée. Ne pas s’investir dans les devoirs de son enfant en classe de CM1/CM2 , c’est peut être penser qu’il est suffisamment autonome pour travailler en autonomie. Cette question sur l’autonomie des enfants a donc été posée. Enfin , nous nous sommes informés sur le niveau scolaire de l’enfant. L’enfant serait-il plus aidé lorsqu’il est en difficulté scolaire ou au contraire, l’enfant en réussite est le plus aidé et ce serait pour cette raison qu’il serait en tête de classe. Notre questionnaire comporte donc dix neuf questions partagées entre des informations sur la structure familiale et l’aide aux devoirs. Ce questionnaire a été distribué aux parents d’élèves de l’école élémentaire de la Sucrerie à Sin
Le Noble dans le douaisis , école dans laquelle je suis allée enseigner lors de mon stage massé de février 2013. Cet établissement est classé en réseau réussite scolaire. Je suis intervenue dans une classe de CM1/CM2 , niveau pour lequel je m’intéresse dans le cadre de ce mémoire. Cette classe était composée de 17 élèves (8CM1 et 9 CM2) . A la fin de mon stage, seuls huit parents m’ont remis le questionnaire. J’ai fait le choix de cet établissement car c’est le seul que j’ai pu fréquenter cette année lors de ma formation.
Déchargeant une directrice de petite section de maternelle tous les mardis , je n’ai pu enquêter dans mon école. De ce fait , j’ai cherché un autre établissement pour distribuer mon questionnaire. Un membre de ma famille étant en classe de CM2, je suis allée voir son enseignante en lui demandant de distribuer le questionnaire à ses parents d’élèves dans lebut d’une enquête pour un mémoire de recherche. Il s’agit d’un établissement de Wattignies, école élémentaire Jean Macé. Cet établissement ne faisant pas parti de la listes des établissements d’éducation prioritaire , mon échantillon devenait alors plus hétérogène et donc certainement plus représentatif. Dans cet établissement , j’ai recueillis douze questionnaires. Mon échantillon n’étant pas très important, j’ai distribué mon questionnaire à cinq parents de mon club de gymnastique, parents ayant un enfant en CM1/CM2. J’ai donc finalement vingt-cinq questionnaires à analyser. De plus, pour cette enquête de terrain je voulais également procéder par entretiens semi-directifs mais le manque de temps ne m’a pas permis d’exploiter réellement cette démarche puisque je n’ai eu le temps que de m’entretenir avec une seule maman. De ce fait, pour vérifier les hypothèses, nous nous baserons uniquement sur l’analyse des réponses aux questionnaires et sur quelques informations recueillies lors de l’entretien mais aussi lors de discussions faites sur le sujetavec diverses personnes.
Les résultats de l’enquête
Dans un premier temps, nous résumerons l’entretien fait avec la mère d’un élève de CM2 de l’école Jean Macé puis , nous détaillerons les résultats des questionnaires sous forme de tableaux regroupant plusieurs variables. Ces résultats seront analysés dans un second paragraphe.
Entretien avec une maman
Pour ce premier entretien j’ai donc trouvé une mère de famille rencontrée à l’école Jean Macé de Wattignies. Elle savait que je travaillais sur ce sujet et elle s’est proposée pour faire un entretien.Celui-ci s’est effectué à son domicile où nous n’étions que toutes les deux.
Dans un premier temps, je lui ai expliqué que je n’étais pas la pour juger quoi que ce soit qu’elle puisse dire mais juste pour faire un travail dans le cadre de mon master. Je lui ai également rappelée que cet entretien resterait dans l’anonymat le plus total et qu’à aucun moment son nom ou prénom n’apparaîtrait dans ce dossier. Je suis donc allée à la rencontre de cette mère de deux enfants avec un dictaphone pour enregistrer notre échange.Cettefamille réside à Wattignies dans un appartement , logement social.Celui-ci est composé de deux chambres , une pour les parents et une pour les enfants. Dans un premier temps j’ai demander à cette dame de me présenter sa famille. Ils sont quatre, les parents et les deux enfants.Elle et son mari sont mariés depuis 14 ans. L’aînée a 13 ans et est en classe de 4ème , le cadet est un garçon de 10 ans , en classe de CM2 à l’école Jean Macé. La mère de cette famille travaille à mi-temps en tant qu’assistante, secrétaire chez un dentiste et le père est magasinier, il prépare du matériel médical , envoyé chez des particuliers.Au niveau des diplômes, aucun des deux ne possède le baccalauréat , ils ont arrêtés leurs études en CAP /BEP .Les enfants n’ont jamais redoublé, ils travaillent même bien à l’école. Au niveau de l’investissement, la maman fait parti de l’association des parents d’élèves et participe donc à tous les événements de l’établissement comme les sorties, le marché de noël etc.Le papa quant à lui ne va pratiquement jamais à l’école.La maman sourit en me disant : « je me demande si la maîtresse a déjà vu mon mari. » Je commence alors à comprendre que la mère semble plus présente au sein de l’école que le père , ce qui se confirme au fil de l’entretien.En effet , elle m’explique que ne travaillant que le matin , c’est elle qui récupère tous les jours les enfants à l’école et qui s’occupe des devoirs. L’aînée étant au collège , elle travaille seule en autonomie et la mère vérifie après si tout ce qui est noté dans l’agenda a été fait. Elle m’explique qu’elle ne vérifie pas le contenu car de toute façon elle est dépassée par le niveau et ne comprend pas tout surtout en mathématiques et en langues. Quant à son fils de 10 ans , elle considère que les devoirs sont une corvée car il est assez lent et cela prend beaucoup de temps le soir.De plus , elle avoue être très exigeante et le faire recommencer à chaque erreur ses exercices ce qui engendre des disputes car le jeune garçon s’énerve. Lorsqu’elle me raconte tout cela , elle n’évoque à aucun moment son mari je lui demande donc qu’elle est sa place dans le suivi des devoirs.Elle me répond très franchement : « Aucune, il ne regarde jamais les devoirs car il sait que je vais m’en charger. » Elle m’explique que puisqu’elle travaille à mi-temps et lui à temps complet, il estime qu’elle a plus de temps pour s’occuper des devoirs après l’écolemais elle aimerait qu’il l’aide un peu mais il ne l’a jamais fait à part quand les enfants apprennent des leçons d’Histoire car il aime beaucoup cette discipline et connaît beaucoup de choses. La maman m’explique qu’elle ne se sent pas épaulée par son mari dans les devoirs des enfants et qu’elle se sent donc seule .Elle est allée jusqu’à me dire : « Pour le suivi scolaire des enfants c’est comme si j’étais à la tête d’une famille monoparentale , il ne vient même pas aux réunions car il sait qu’ils n’ont pas de problèmes à l’école. »A la suite de cet entretien , nous comprenons bien que dans cette famille l’investissement dans les devoirs des enfants ne se fait uniquement que par la mère. Cette femme souhaite que ses enfants fassent des études qu’elle n’a pas faites.Malgré le fait qu’elle ait un travail qu’elle apprécie, elle regrette de ne pas avoir poursuivi ses études plus longtemps car ellem’explique qu’elle se sent de plus en plus inutile dans la scolarité de sa fille car elle n’a pasle niveau et qu’elle ne peut pas forcément l’aider lorsqu’elle a des difficultés et elle a peur que ce soit pire avec son fils car selon elle, il a moins de facilités que sa sœur. Nous constatons donc que cette mère s’investit beaucoup malgré le fait qu’elle n’ait pas de diplôme mais que dans le futur elle craint que cela soit un frein à la réussite scolaire de ses enfants. Cet entretien donne donc un aperçu aux réponses des hypothèses de départ.En effet , cette famille nous montre que la mère s’occupe plus des devoirs que le père qui quant à lui ne s’en occupe pas du tout.De plus , malgré le fait que cette femme n’ait pas de diplôme , elle s’investit longtemps auprès des devoirs de son fils mais elle contrôle plus ceux de sa fille non pas par manque d’envie mais de capacité.Ce qui nous ramène à notre différence entre investissement et contrôle.Nous pourrions donc penser que le manque de capacité est la cause de ce non investissement. Enfin , le manque de participation du père proviendrait ici du fait qu’il passe plus de temps au travail puisqu’il travaille à temps complet.
Résultats des questionnaires
Les résultats recueillies par les questionnaires seront retranscrits dans des tableaux afin de confronter différentes variables et de pouvoir par la suite les analyser.
Analyse des résultats
Sur les 25 familles interrogées, seule une était recomposée en ce sens , nous n’avons pas pu comparer les familles intactes et les familles recomposées par rapport à l’investissementdes parents dans les devoirs des enfants. Bien que l’échantillon ne se compose que de 25 familles, le fait qu’une seule soit recomposée me paraît faible. Cette unique famille ne pouvant être représentative, j’ai décidé de ne pas retranscrire ses résultats et de nem’intéresser qu’aux familles intactes dans l’analyse de mes données. A la lecture des résultats du tableau 1 , nous pouvons constater que les catégories professionnelles sont plus élevées pour les hommes que pour les femmes. En effet, 36% sont dans la catégorie des cadres contre seulement 20% des femmes. Nous constatons également que 20% des mères sont inactives, cette catégorie ne concernant aucun père des familles de notre échantillon , ce taux d’inactivité expliquerait le sur-investissement de la mère. Celle-ci aurait à sa charge les tâches domestiques dont celle des devoirs des enfants. De plus, la catégorie professionnelle est en corrélation avec le diplôme puisque les pères sont représentés dans les études supérieures au BAC +2 contrairement aux mères qui sont quant à elles représentées plutôt dans la catégorie des bachelières. Ensuite, nous remarquons que les pères passent beaucoup plus de temps que les mères sur leur lieu de travail. En effet, notons que dans 60% des familles, le père passe plus de temps au travail. De même, dans aucune famille, le père n’est inactif or, dans 20% d’entre elles , la mère ne travaille pas. Ces différences de statuts entre pères et mères expliqueraient les différences d’implication dans les devoirs des enfants. C’est ce que nous verrons en liant les deux tableaux dans la suite de notre analyse. Intéressons nous désormais à la taille de la fratrie. Nous constatons que les familles à enfant unique sont sous-représentées avec seulement 20%. Les fratries les plus représentées sont celles comptant deux enfants avec 40%. Les fratries de trois enfants ne sont pas à négliger car elles représentent 32% . Rappelons que la taille de la fratrie impacte dans le partage des tâches . En effet, dans les fratrie de trois enfants et plus, la charge parentale est plus forte et c’est cette surcharge qui influe sur le partage plus égalitaire des tâches parentales. De plus,le rang au sein de la fratrie influe également sur l’investissement des parents . Les enfants de notre échantillon sont dans 80% des cas les aînés de leur fratrie en ce sens , l’investissement devrait être plus important car les parents seraient plus investis pour les premiers-nés. Cet investissement est en effet observable dans le tableau 2 . Ce dernier s’intéresse principalement à l’ école et plus précisément à l’implication dans les devoirs des enfants . A la question : Qui emmène les enfants à l’école, 48% des familles interrogées répondent qu’il s’agit de la mère. Ce chiffre peut être mis en corrélation avec le taux d’inactivité et de temps de travail de la mère. En effet, la femme a plus de temps à consacrer aux enfants raison pour laquelle elle serait chargée des conduites des enfants. Notons également qu’à cette même question, 32% des familles répondent que les deux conjoints se partagent la tâche des transports à l’école. Ce taux est certes inférieur à celui des mères uniquement mais il n’est pas négligeable car il est largement supérieur aux 20% observables pour la catégorie des pères uniquement. Le partage du transport n’est donc pas égalitaire entre les parents mais nous constatons tout de même une implication du père à ce niveau. De même , à la question : Qui aide les enfants au moment des devoirs , dans 40% des cas, les familles répondent qu’il s’agit de la mère et dans 60% des cas , les deux conjoints. Dans aucune famille, il ne s’agit du père uniquement. A travers ces résultats , nous constatons bien que l’aide aux devoirs est perçue comme une tâche maternelle. Les pères s’investissent avec leur femme mais ne s’investissent jamais seuls dans cette activité. Demandons nous alors le temps qu’ils passent sur cette activité. Dans 40% des cas , les pères répondent eux-mêmes qu’ils ne passent pas de temps sur les devoirs de leur enfant concerné par notre questionnaire. Or, rappelons que 60% des familles disent aider ensemble les enfants. En ce sens , les pères estiment -t-ils aider en étant simplement présents ou en vérifiant juste que les devoirs soient faits puisqu’ils disent ne passer aucun temps ( 0 minute) ? Où peut-on penser qu’ils passent du temps pour un autre de leur enfant car le questionnaire renseignait le temps passé pour l’élève en classe de CM1/CM2. En ce sens , le rang dans la fratrie n’influerait pas l’investissement puisque celui-ci serait partagé entre les parents lorsque la fratrie compte plusieurs enfants. Remarquons que les 60% restants dans la catégorie des pères s’investissent quant à eux en temps. 20% pendant 15 minutes, 20% pendant 30 minutes et 20% pendant 45 minutes. Bien que ces taux soient largement inférieurs aux 40% concernant un temps nul passé sur les devoirs, nous ne pouvons pas affirmer que les pères ne s’impliquent pas. Malgré tout, cet investissement semble très léger comparé à celui de la mère. D’ailleurs , quand ce sont les femmes qui répondent , elles estiment que 65% de leurs maris ne passent aucun temps aux devoirs des enfants, 30% 15 minutes et 5% 45minutes. Nous constatons alors que pères et mères n’ont pas la même vision de leur investissement ou de celui de leur conjoint. Précisons que sur 25 familles , seuls 5 pères ont répondu au questionnaire contre 20 mères. Ce décalage peut alors s’expliquer par cet écart du parent ayant répondu. Mais , nous ne pouvons pas néglige le fait que les mères auraient tendance à minimiser l’implication de leur conjoint ou les pères à maximaliser le leur. Les questionnaires étant anonymes, il était précisé de répondre le plus honnêtement possible mais nous ne pouvons pas vérifier cet aspect. Les résultats du côté des mères sont quant à eux plus logiques selon le parent qui répond en ce qui concerne le temps passé sur les devoirs. Les pères reconnaissent que les mères passent beaucoup de temps . En effet, sur 20 mères interrogées, 50% estiment passer 30 minutes par jour en moyenne sur les devoirs de l’enfant, 40% 1heure et 10% , plus d’1heure. Au regard des pères, ceux-ci estiment que leur femme passe 15 minutes dans 20% des cas, 20% également pour 30 minutes et dans 60% des cas , 45 minutes. A la lecture de ces chiffres, nous constatons que les mères passent beaucoup plus de temps. Aucun père n’apparaît dans la tranche des 1heure tandis que 40% des mères passent ce temps à l’aide aux devoirs. En associant les différents taux, nous constatons que 90% des mères passententre 30 et 60 minutes par jour à aider leur enfant de CM1/CM2 ce qui est considérable.
Du point de vue des pères, aucun ne reconnaît que sa conjointe passe une heure ou parfois plus ( 10% des cas ). Les mères augmenteraient-elles le temps de leur implication dans les devoirs ou les pères n’auraient -ils pas réellement conscience du temps que prend cette tâche ? La réponse à cette question ne peut être donnée à la suite de ce questionnaire . De façon générale , les parents s’investissent beaucoup dans les devoirs de leurs enfants. Cet investissement reste par contre beaucoup plus visible chez la mère que chez le père. Afin de chercher à comprendre cette différence notamment en temps passé pour cette activité, nous avons demandé aux parents de notre échantillon , comment percevaient-ils ce moment. Seuls 20% des pères trouvent ce moment agréable et 60% conflictuel. Les 20% restants pensent principalement que ce n’est ni agréable ni conflictuel mais que ce sont des moments difficiles. Un père définit ces moments comme fastidieux. Pour les mères au contraire, elles estiment que ce sont des moments agréables dans 60% des cas et conflictuels pour 35%. Seule une maman a répondu qu’elle trouvait ce moment « plusfacile qu’avant ». Ces résultats montrent que les pères considèrent que les devoirs ne sont pas un bon moment à passer. Les 60% pour lesquels ces moments sont conflictuelsprouvent que les devoirs sont perçus comme une activité embêtante , contraignante. Or,nous avons pu constater que les pères s’investissaient plus dans les activités de loisirs. Ces moments difficiles , non agréables que sont les devoirs définies par les pères , n’incitent par l’implication. Au regard des 60% des mères qui estiment que les devoirs sont un moment agréable, nous pouvons penser que les pères soient moins patients ou aient moins envie de participer à cette tâche. Mais s’ils s’investissent comme le montre les 32% des cas dans lesquels les deux conjoints participent aux devoirs, comment le font-ils ? 20% des pères disent rester présents, à l’écoute de leur enfants s’ils rencontrent des difficultés . 80% quant à eux vérifient juste que les devoirs soient faits. Cette façon différente de s’impliquerexplique le faible temps passé sur les devoirs et explique également le taux d’investissement du père puisque vérifier les devoirs est une forme d’investissement dans la tâche. Les mères qui quant à elles passent plus de temps , répondent qu’elles restent à côté de leur enfant dans 70% des cas et qu’elles restent présentes si l’enfant rencontre des difficultés dans 30% des cas. Aucune ne répond qu’elle vérifie. Cette absence s’explique simplement par le fait qu’elles restent proches de l’enfant et que par la même occasion elles sont en mesure de pouvoir vérifier le travail. La façon de s’investir selon le parent est donc bien différente. Nous constatons que les pères s’investissent de manière distancée par rapport aux mères qui sont très proches de leur enfant et du travail demandé. Le père a plus le rôle de surveillant. En surveillant juste , les pères estiment-ils que leur enfant soit suffisamment autonome pour travailler seul ? Les résultats à cette question n’ont pas étéretranscrits dans les tableaux car tous les parents , que ce soit le père ou la mère, ont répondu non, ils ne jugent pas leur enfant suffisamment autonome pour travailler seul. En ce sens , le fait simplement de surveiller montre que le père s’appuie sur la mère pour les devoirs des enfants. Il sait que l’enfant ne peut travailler seul mais sait également que la mère prendra généralement cette tâche en charge. A ce niveau, nous retrouvons une catégorisation sexuée des tâches domestiques. Ces rapports sociaux de sexe pourraient dépendre de l’âge des parents. En effet, les parents interrogés ont tous entre 40 et 50 ans et semblent avoir une organisation encore très traditionnelle du partage des tâches. De nos jours, les couples tentent d’évoluer vers un partage plus égalitaire des tâches domestiques et parentales. Ce partage est observable pour les générations plus jeunes (20-30ans ) ayant des enfants scolarisés en maternelle par exemple. Ayant exercé dans les deux établissements,maternelle et élémentaire, j’ai pu observer cette différence. Les pères sont plus présents notamment pour conduire l’enfant à l’école en maternelle qu’en école élémentaire. Les parents des enfants scolarisés en maternelle sont généralement plus jeunes queceux scolarisés en élémentaire et semblent donc avoir une organisation mieux partagéeentre les conjoints. Cette différence d’âge est également importante pour le temps passé sur le lieu de travail. Les personnes les plus jeunes étant en début de carrière, elles ont généralement moins de responsabilités professionnelles et ont donc plus de temps à consacrer au domicile et aux enfants. Notons également que les femmes accèdent de plus en plus à des postes élevés en faisant plus d’études et en étant plus diplômées . C’est pourquoi, le temps passé au travail entre les hommes et les femmes se rapproche. Or, si la femme n’a pas plus de temps à consacrer aux enfants que le mari, tous deux vont partager les tâches de façon plus égalitaire et les identités sexuées au sein du foyer tendront à s’effacer progressivement. Enfin , à la question : Quel est le niveau scolaire de votreenfant de CM1/CM2 ? , la grande majorité répondent que leur enfant est un élève moyen( par rapport à la moyenne de la classe) ou un bon élève en tête de classe. Aucun ne serait en échec avec des difficultés scolaires. Nous avons pu constater que les familles de cet échantillon s’investissaient beaucoup dans les devoirs des enfants mais peut-on lier cetinvestissement à la réussite ? Cela nécessiterait d’approfondir l’enquête et de pouvoirobserver si cet investissement et cette réussite perdurent avec les années scolaires.
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Table des matières
Introduction
I . Choix de la thématique et problématique
A/ École , identité, diversité
B/ Construction de la problématique
C/Définition de la problématique
II . Lectures scientifiques et hypothèses
A/ Familles intactes et recomposées
B/ Inégalités au sein des fratries
C/Influence du milieu social
D/Rapports sociaux de sexe entre les parents : la participation des pères
III . L’enquête sociologique
A/ Quelles méthodes pour cette enquête ?
B/ Les résultats de l’enquête
1) Entretien avec une maman
2) Résultats des questionnaires
C/Analyse des résultats
IV . Conclusion
V.Remerciements
VI.Bibliographie
VII.Annexes