Au cours de ces dernières décennies, les forces économiques mondiales attirent l’attention générale des pays en développement vers la tendance d’ « un régionalisme ». Les déséquilibres dans certaines économies, et l’inefficacité de leurs politiques sont liés à la vulnérabilité et à l’incapacité à faire face aux phénomènes de la globalisation. Ce qui a incité les pays possédant un degré de développement bas, tels les pays du Sud, les pays membres de l’Afrique- Caraïbes- Pacifique (A.C.P) comme Madagascar …, à former un « bloc commercial Régional ». Ainsi, devenant plus compétitifs et plus influents, ces blocs cherchent à créer un « marché commun » entre pays voisins en vue non seulement de faire intégrer ses membres à un marché international, par l’élargissement de son commerce extérieur, mais également d’atteindre une certaine envergure de commerce au niveau mondial. Particulièrement pour Madagascar, la coopération régionale avec le COMESA et la SADC figure depuis longtemps parmi ses axes stratégiques prioritaires pour assurer une croissance économique. Dans ce cas, cette initiative transfrontalière avec ces organisations pourrait devenir de vrais atouts mais également des contraintes pour l’île et ses partenaires. Dans cette étude, l’objectif est de connaître si l’intégration régionale de Madagascar dans le COMESA et la SADC est efficace, rentable, et si elle peut en tirer parti dans son adhésion, ou par contre d’estimer si elle présente des contraintes sur la santé économique de ce pays.
Rapport mondial sur la compétitivité
A. Les taux de change
Dans le cadre du flottement libre instauré en 1994, le franc malgache (MGF) a connu deux chutes massives, de 130% par rapport au DTS entre mars 1994 et février 1995, et de 93% entre Octobre 2003 et Juin 2004. Étant donné le contenu élevé en importations de la production malgache, ces dépréciations ne se sont pas traduites par une amélioration de la compétitivité, ni en terme d’exportations, ni en terme d’Investissement Direct Etranger.
B. Les normes et qualités : déficience de la compétitivité
La compétitivité dépend très étroitement de la conformité aux normes et qualités exigées des produits et services offerts. Une pluralité d’entités, entre autres, le Bureau des Normes de Madagascar (BNM), la Direction de la Normalisation et de la Qualité (DNQ) et la Direction de la Santé Animale et Phytosanitaire sont concernées directement ou indirectement par cette mise en conformité.
Les défaillances et lacunes éventuelles de ces entités risqueront de ternir l’image de Madagascar en terme de compétitivité et, par conséquent, pénaliseront ainsi l’avenir du commerce extérieur.
La pauvreté, un blocage en terme de compétitivité pour Madagascar
Indicateurs de pauvreté
La pauvreté représente de plus en plus un handicap mondial freinant tout espoir de développement d’un pays. De nos jours, on peut constater trois catégories de pays: les Pays Développés (tels que l’Europe, les Etats-Unis), les Pays Nouvellement Industrialisés ou les Pays En Développement (comme les quatre dragons asiatiques dont l’Inde) et les Pays Moins Avancés (dont les pays de l’Afrique Subsaharienne). Conjugués aux crises aux causes diverses, mais bien évidemment économiques, en rapport à la récession économique mondiale, à l’endettement des Etats, aux effets pervers de l’Ajustement Structurel …ces faits ont accentué le poids de la pauvreté dans les pays du Sud. Mais comment définir la pauvreté ?comment la mesurer ?quels sont les éléments pris en compte lorsqu’on parle de pauvreté ? Certains montrent la diversité des approches, par les besoins nutritionnels et la consommation alimentaire, par le revenu, l’accès aux soins de santé, l’instruction et l’éducation. Pour d’autres, ce sont les conditions d’habitat qui sont les indicateurs de pauvreté .
Ainsi, ces chiffres montrent que les indicateurs de développement ne sont pas en faveur des pays non développés, dans la mesure où être pauvre dans ces conditions, c’est n’avoir ni un système de protection devant les aléas de l’existence, ni un hôpital pour la communauté… Madagascar présente en grande partie toutes les caractéristiques de la pauvreté mentionnées ci-dessus, avec un taux élevé de pauvreté rurale de 73,5% contre 52% en milieu urbain, que cela soit aux niveaux macroéconomique ou microéconomique, ou que cela soit interne ou externe. Le pays subit également une problématique de développement qu’elle n’arrive pas à résoudre.
Les problématiques de développement internes
Les problèmes d’organisation et de gestion de l’économie nationale
Nous pouvons relever un certain nombre de contraintes dont :
L’inflation
Etant un pays à tendance régulière de forte hausse de prix à la consommation, notamment de 27% en 2004. Madagascar vit la persistance de l’inflation (liée aux problèmes de revenu, du prix du baril sur le marché international) qui est un facteur de blocage, le résultat direct du déficit commercial et donc de la dévaluation.
Le chômage
Puisque la conjoncture de l’ensemble de l’économie Malgache se détériore davantage réduisant ainsi les revenus des consommateurs, les impacts en sont considérables sur le marché du travail et augmentent le chômage, essentiellement concentré à Antananarivo avec 5,9% (en 2004). Et même si l’objectif de la politique économique est de lutter contre la pauvreté, cette situation ne cesse de ruiner l’économie.
La main d’œuvre : une défaillance en qualité et en quantité
L’analyse de la qualité de la main d’œuvre à partir des dispositifs de formation fait ressortir que :
i. l’offre d’enseignement supérieur s’améliore mais sa capacité d’accueil limite l’effectif des étudiants bénéficiaires de ce niveau d’enseignement ;
ii. la formation professionnelle et technique se développe et contribue au renforcement de la professionnalisation de la main d’œuvre. Toutefois, l’adéquation, sur les plans aussi bien de la quantité que de la qualité, entre l’offre des compétences qui en résultent et les besoins, est loin d’être assurée.
Cependant, la main d’œuvre constitue un facteur de compétitivité important pour Madagascar, puisque le coût de la main d’œuvre est ici très faible , ce qui induit une productivité relativement compétitive. Dans le secteur textile, par exemple, la main d’œuvre malgache affiche une productivité identique à celle de l’Afrique du Sud alors qu’elle est rémunérée presque au dixième des salaires de cette dernière. En dépit de cet avantage, la rareté des travailleurs qualifiés se fait sentir dans presque tous les secteurs d’activité. Notamment, dans les provinces, cette rareté est caractérisée par une offre réduite de main d’œuvre qualifiée venant de l’Enseignement supérieur . Bien que l’Etat ait entrepris des efforts pour implanter des Universités dans les provinces, on constate une forte concentration de l’offre d’enseignement supérieur à Antananarivo (avec près de 45000 étudiants, Antananarivo accueille à elle seule près de 70% des effectifs d’étudiants inscrits). Par conséquent, la disponibilité de la main d’œuvre qualifiée dans les régions de Madagascar s’en trouve limitée.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : MADAGASCAR DANS L’ECONOMIE MONDIALE
CHAPITRE 1 : DIAGNOSTIC DE LA COMPETITIVITE DE MADAGASCAR
Section 1 : Rapport mondial sur la compétitivité
Section 2 : La pauvreté, un blocage en terme de compétitivité pour Madagascar
CHAPITRE 2 : L’ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL
Section 1 : L’évolution récente du commerce mondial
PARTIE II : MADAGASCAR ET SON INTEGRATION ACTUELLE EN AFRIQUE
CHAPITRE 1: QUELLE POLITIQUE COMMERCIALE POUR MADAGASCAR EN VUE D’UNE MEILLEURE INTEGRATION REGIONALE ?
Section 1 : Une politique commerciale axée vers l’extérieur
Section 2 : Tirer un meilleur parti d’un régionalisme
CHAPITRE 2 : MADAGASCAR ET L’AFRIQUE, L’ACCES AUX ORGANISATIONS REGIONALES EN AFRIQUE
Section 1 : L’Intégration Régionale en Afrique
PARTIE III : ETUDE ANALYTIQUE SUR L’INTEGRATION REGIONALE DE MADAGASCAR AUX ORGANISA-TIONS REGIONALES : ATOUTS OU CONTRAINTES ?
CHAPITRE 1 : LES AVANTAGES ET LES OPPORTUNITES DANS UNE INITIATIVE D’INTEGRATION REGIONALE
Section 1 : Les avantages
Section 2 : Les opportunités
CHAPITRE 2 : LES CONTRAINTES DE DEVELOPPEMENT AU NIVEAU DES ORGANISATIONS REGIONALES
Section 1 : Les risques encourus
Section 2 : Le climat des investissements
Section 3 : Le degré de développement des pays membres
Section 4 : La montée de la concurrence, la concurrence déloyale
Section 5 : Les problèmes subis par les opérateurs économiques malgaches dans les exportations
CHAPITRE 3 : DIAGNOSTIC DE LA FUTURE ADHESION ET PERSPECTIVES
Section 1 : Le choix sur une intégration au niveau du COMESA ou de la SADC
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES