Rapport du Groupe de travail SHS et santé de l’alliance ATHENA

S’inscrire dans une position d’interface

    Dès que les chercheurs en SHS s’intéressent au domaine de la santé, leurs problématiques et leurs méthodologies rencontrent d’emblée celles de chercheurs d’autres disciplines scientifiques. Dans l’idéal, la démarche du chercheur en SHS s’intéressant à des questions d’interface doit être lisible par d’autres disciplines, et perçue comme pertinente, acceptable et compréhensible, sans pour autant sacrifier les approches théoriques et les formes de problématisation propres aux SHS. Cette position d’interface, marquée le plus souvent par une inscription disciplinaire asymétrique, doit être considérée dans sa spécificité et nécessite d’y porter une attention particulière. A terme, cette ouverture à d’autres champs scientifiques peut conduire à un renouvellement des problématiques de recherche et des façons disciplinaires de poser les questions d’interface. Il s’agit ainsi de dépasser résolument les réticences parfois exprimées concernant le risque d’instrumentalisation ou de réduction des SHS à un corpus méthodologique, voire à un savoirfaire qualitatif, associé à certaines sollicitations externes de collaboration, et de postuler au contraire que celles-ci peuvent fournir l’expérience d’une reproblématisation partagée. Affirmant l’intérêt de cette stratégie, le groupe n’en mésestime cependant pas certaines difficultés ou limites plus généralement liées à l’interdisciplinarité et notamment à l’hétérogénéité disciplinaire des formes et supports de publication. Prolongeant cette perspective, le groupe affiche l’ambition d’élargir les propositions au-delà de l’intérêt spécifique des chercheurs en SHS et de prendre en compte des thématiques et questions émanant des mondes professionnels, notamment de la clinique et du secteur médico-social, mais également de la sphère publique ou associative et du grand public. Le groupe souhaite susciter des recherches susceptibles d’intéresser différents milieux professionnels, les décideurs publics, les usagers, notamment les associations de patients et de leurs familles. Il s’agit donc, dans les lignes de recherche proposées, de trouver et de privilégier des problématiques et/ou des objets partagés par plusieurs disciplines et qui permettent un échange à un niveau médian, ni exclusivement théorique, ni trop empirique, et un retour scientifiquement établi et pertinent aux demandes et questions posées par les acteurs du monde de la santé. Il s’agira par exemple de prendre en considération les questionnements scientifiques des médecins généralistes engagés dans une démarche d’implantation de départements universitaires d’enseignement et de recherche. Privilégiant une entrée disciplinaire relevant des SHS, le groupe a volontairement opéré un déplacement par rapport au positionnement « recherche en santé publique » que d’autres instances, notamment l’Institut de Santé Publique d’Aviesan, ont développé récemment dans leur démarche prospective. Le point de départ du travail de ce groupe étant de définir quelles sont les grandes questions de SHS relatives à la santé dans lesquelles il faut avancer et qu’il faut stimuler, le groupe a fait le choix de partir des questions scientifiques plus générales que l’on se pose dans les différents champs disciplinaires concernés – ceux des SHS – et non pas des thèmes et objets identifiés pour ou par la santé publique. De ce fait, dès sa première séance, le groupe a décidé de ne pas procéder de façon classique en faisant un état des lieux sur les forces et faiblesses de la recherche dans le domaine de la santé et de la santé publique, d’autant que plusieurs instances l’ont déjà fait récemment. Le groupe souhaite au contraire proposer un nombre réduit de thématiques spécifiques, sélectionnées soit parce qu’il importe aujourd’hui d’en développer certains aspects ou de les renforcer, soit parce qu’elles correspondent à des champs de recherche peu ou pas couverts jusqu’à maintenant (en regard notamment des différents appels d’offre proposés récemment par l’ANR et par d’autres financeurs potentiels et au vu des thèmes de Labex retenus). En faisant ce choix, le groupe souhaite souligner, face à la multiplicité, à la diversité et à l’ampleur des questions qui se posent à l’interface des sciences sociales et du monde de la santé, la taille réduite du milieu de recherche français. On observe dès lors une assez forte mobilité des personnes et des équipes au gré des financements thématiques successivement disponibles, instaurant de fait une concurrence, non entre les chercheurs ou les équipes, mais entre les thèmes et les objets de recherche pour mobiliser les chercheurs de sciences sociales. Par exemple, et pour ne se limiter qu’aux maladies, on a vu ainsi un déplacement significatif des travaux de SHS passant du sida au cancer, aux pathologies mentales puis à la maladie d’Alzheimer. Par ailleurs, il ne faut pas minimiser l’aspect limitant du coût d’entrée important pour un chercheur de SHS dans le monde de la médecine et de la biologie, disciplines ellesmêmes en forte évolution le contraignant à « courir » en permanence derrière le rythme soutenu des avancées des connaissances et des pratiques qu’il cherche à étudier.

Un regard sur l’Europe et les pays du Sud

   S’agissant de l’échelle d’analyse, les investigations nous semblent devoir privilégier le niveau européen sur lequel il n’existe encore que peu de recherches à l’interface SHS / santé, ou des approches comparatives entre pays européens. Les comparaisons permettent d’établir les influences locales, nationales et internationales en rendant compte des circonstances historiques, sociales, économiques, juridiques et politiques dans leur genèse et leur développement. L’« européanisation » des objets étudiés, processus à comprendre en lien avec celui de transnationalisation d’une part, et des organisations et initiatives locales d’autre part, prendrait sens dans l’examen des jeux d’échelles à l’œuvre entre niveau local et national, niveau national et européen, ou niveau européen et international, mais aussi dans le va-etvient entre ces différents niveaux. Il peut être présupposé que les contradictions ou les écarts, et les passages de l’une à l’autre échelle d’observation produisent du sens et contribuent à définir des analyses pertinentes. Mais ce niveau ne devra pas être exclusif. Tous les domaines étudiés ou les thématiques méritent a priori une déclinaison dans les pays du Sud, ce d’autant plus qu’il y a – pour la recherche menée au Nord – des enseignements à tirer (sur les thématiques et l’ « utilité sociale » des recherches) de celles déroulées au Sud. Les questions de recherche devront être resituées aux différentes échelles de réflexion pertinentes, locales, nationales, internationales ou mondiales, et plus particulièrement aux niveaux jusque-là négligés.

Risques : interaction et tensions entre risques individuels et collectifs ou  sociaux

   Cette thématique vise à poursuivre le développement de recherches sur les risques en insistant plus particulièrement sur les interactions entre les risques pour la santé et les ceux liés aux sphères sociale, professionnelle, environnementale, ou encore au travail, à l’alimentation, au logement… Il s’agit notamment de soutenir l’analyse des tensions entre l’individu, ses comportements et les risques collectifs et environnementaux. Dans le cadre des interactions entre santé et environnement, il s’agit aussi de considérer les interactions entre les populations humaines, animales et les pathogènes. Les évolutions récentes de la connaissance conduisent à une individualisation parfois extrême et sans doute excessive des risques (génétique, risques comportementaux, alimentaires…) dont l’étude est menée le plus souvent au détriment d’une approche plus globale, alors que dans le même temps les risques sont collectifs, cumulatifs et liés à l’environnement, notamment social et professionnel. Il serait ainsi souhaitable de renforcer nos connaissances sur les actions de régulation et de prévention à partir de cette compréhension plus large de ces tensions entre l’individu, son risque individuel, ses habitudes de vie, et les risques collectifs et environnementaux, en déplaçant les questionnements et en croisant les approches et les méthodes ainsi qu’en s’interrogeant sur les enjeux de stigmatisation qui s’y rattachent et les modalités de « gestion » de ces risques, notamment (mais pas uniquement) par l’élaboration d’expertises adaptées.

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Table des matières

1 – Mandat et positions du groupe de travail
2 – Propositions du groupe de travail
2-1 Quatre lignes thématiques à privilégier
1. Risques : interaction et tensions entre risques individuels et collectifs ou sociaux
2. Handicaps, restriction d’activités et de participation sociale, besoins particuliers, surperformances et trajectoires de vie
3. Biotechnologies, innovation et transformation des savoirs, des pratiques et des métiers
4. Formes d’organisation et évolution du système de santé et de la sphère médicosociale
2-2 Trois axes transversaux
2-3 Quelques propositions organisationnelles

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