Rappels sur l’organe dentaire et la prothese fixee

ORGANE DENTAIRE 

La dent est un organe constitué d’une couronne et d’une, de deux ou de trois racines. La couronne et la racine sont séparées par le collet. Sur une coupe longitudinale, on distingue de l’extérieur vers l’intérieur : l’émail, la dentine et la pulpe. L’émail recouvre la dentine coronaire et le cément, la dentine radiculaire. Cette dentine compose la majeure partie de la dent. La pulpe occupe l’espace endodontique et on distingue : la pulpe camérale ou coronaire contenue dans la chambre pulpaire et la pulpe canalaire qui se trouve dans le canal pulpaire (Figure 1). La dent est implantée dans un ensemble de tissus appelé parodonte. Il est composé de l’extérieur vers l’intérieur de la gencive, de l’os alvéolaire, du desmodonte et du cément. La dent, encore appelée odonte, et ses tissus de soutien ou parodonte, constituent l’organe dentaire [53].

Odonte

Email

L’émail est la partie la plus externe de la dent. C’est le tissu le plus minéralisé et le plus dur de l’organisme. Il est principalement composé d’hydroxyapatite. Il détermine la forme et le contour de la couronne des dents. Il est acellulaire et non vascularisé. Il adhère à la dentine par une sorte de micro-clavetage. Il est principalement composé de matière minérale, d’eau et de matière organique. La production d’émail est assurée par des cellules appelées améloblastes [3, 16].

Composition chimique
La phase organique de l’émail comporte des protéines, des protéoglycanes, des lipides et des citrates. Elle représente 1 à 2% de l’émail et se présente sous la forme de gel complexe alors que la phase minérale représente 92 à 96%. Cette dernière est principalement constituée d’hydroxyapatite (Ca) 10 (PO4)6 (OH) 2 et la plus grande partie représentée par un phosphate de calcium cristallisé. A cela viennent s’ajouter d’autres éléments en faible proportion (1%) tels que du sodium, du magnésium, des carbonates, du fluor, des ions (azote, potassium, chlore, fer, zinc, soufre) et des éléments à l’état de trace (argent, brome, chrome). L’eau, quant à elle, représente 3 à 4% de la composition chimique de l’émail. [16]

Propriétés physiques
Les propriétés physiques de l’émail résultent de sa très forte teneur en éléments minéraux. L’émail est cassant, notamment lorsqu’il n’est pas soutenu par de la dentine sous-jacente, et est vulnérable à l’attaque acide [86].

Structure histologique
Microscopiquement, l’émail est formé d’une multitude d’unités fondamentales, nommées prismes qui se raccordent à la jonction email-dentine jusqu’à la surface. On distingue deux types d’émail : l’émail prismatique et l’émail aprismatique. L’émail prismatique est constitué de prismes qui sont des cordons minéralisés qui partent de la jonction amélo-dentaire à la surface de la dent. Les prismes sont constitués d’hydroxyapatites et sont séparés les uns des autres par des zones inter-prismatiques. L’émail aprismatique recouvre l’émail prismatique sur une épaisseur de 10 à 80μm. Il serait encore plus minéralisé ; les cristaux sont tous disposés parallèlement à la surface [16].

Les particularités structurelles et le haut degré de minéralisation confèrent à l’émail une résistance particulière aux agressions mécaniques (fraises) physiques et chimiques (matériaux d’assemblage).

Dentine

La dentine, contrairement à l’émail, est innervée mais n’est pas vascularisée. Elle occupe quantitativement la partie la plus importante de l’odonte. Elle résulte de la sécrétion de cellules appelées odontoblastes situées au niveau de la paroi de la cavité pulpaire dont les prolongements sont logés dans les canalicules ou tubuli dentinaires. Ces tubuli peuvent atteindre la densité de 60.000/mm². De la pulpe vers l’émail, la densité tubulaire diminue. Dans les tubuli logent des terminaisons nerveuses issues de la pulpe. La dentine formée par les odontoblastes entoure le parenchyme pulpaire sauf au niveau de l’orifice des apex. Comme l’émail, la dentine est composée en grande partie par des minéraux mais en une proportion plus faible. Elle est moins dure que l’émail [86].

Composition chimique
La dentine est composée d’une phase minérale (70%), d’une phase organique (18%), et d’eau (12%). La phase minérale est constituée de cristaux d’hydroxyapatite associés à d’autres phosphates ; de calcium, de magnésium, d’oligo-éléments … La phase organique est formée principalement de collagène (dentine intertubulaire), de protéines non collagéniques (au niveau péri-tubulaire), de glycoprotéines, de protéoglycanes et de lipides [37].

Structure histologique
Il existe plusieurs types de dentine. Du point de vue morphologique, nous avons la dentine péri-tubulaire et la dentine inter-tubulaire. La dentine péri-tubulaire est retrouvée au niveau des parois des tubuli dentinaires. La dentine intertubulaire quant à elle, est entre les tubuli.

Du point de vue chronologique, nous distinguons la dentine primaire, la dentine secondaire et la dentine tertiaire ou réactionnelle. La dentine primaire est celle qui compose la dent avant son éruption en bouche. La dentine secondaire compose la dent qui est en communication avec la cavité buccale. La dentine tertiaire est celle produite par les odontoblastes dans les tubuli quand il y a une agression comme la carie dentaire. Cette production protège la pulpe contre les bactéries et/ou les toxines qui peuvent passer par les tubuli une fois la dentine mise à nue. Avec l’âge, la lumière canalaire et pulpaire diminue. Après une dévitalisation dentaire, la dentine perd son humidité et devient fragile. Cette perte d’humidité, associée au vide laissé par les odontoblastes au niveau des tubili dentinaires, rend la dentine des dents dévitalisées cassante. Lors des procédures classiques de préparation de dents en vue d’une restauration prothétique fixée, un retrait important d’épaisseur de dentine et d’émail est réalisé [9].

Pulpe

Définition

La pulpe occupe la partie centrale de la dent. Elle est un tissu conjonctivovasculaire. Au plan histologique, elle est divisée en une zone périphérique comprenant tous les éléments au voisinage de la dentine et une zone centrale occupée par des vaisseaux sanguins et des nerfs. Les odontoblastes précités (cellules qui produisent la dentine) sont retrouvés dans la zone périphérique. Elle est constituée d’une substance fondamentale sous forme de solution colloïdale ou de gel. Elle a la particularité de ne pouvoir être séparée du reste du tissu conjonctif.

La composition et le volume de la pulpe évoluent. Avec l’âge, les vaisseaux sanguins et les nerfs régressent, le renouvellement cellulaire ralentit, le volume pulpaire diminue car la pulpe se fibrose et se sclérose [38].

Structure histologique
La pulpe est composée d’une substance fondamentale, de cellules et de fibres. La substance fondamentale est le milieu interne dans lequel transitent les métabolites apportés par la vascularisation. On trouve dans cette substance fondamentale le collagène, les protéoglycanes, des protéines non collagéniques, les glycoprotéines.
Les cellules se répartissent en trois groupes :
– les cellules de base du tissu pulpaire : les fibroblastes ;
– les cellules dentinogéniques : les odontoblastes, les cellules de relais telles que les cellules de Hohl ou cellules rondes de Wein ;
– les cellules de défense : les plasmocytes, les mastocytes, les macrophages, les histiocytes, les péricytes de Rouget.

Les fibres de collagène sont élaborées par les fibroblastes et caractérisées par les striations transversales périodiques (tous les 68µm) en microscopie électronique [38, 86]. Les vaisseaux sanguins et lymphatiques et les nerfs arrivent au niveau de la pulpe en passant par le foramen apical de la dent appelé apex. C’est cet apex qui est le lieu de communication entre la pulpe et le parodonte. Ces derniers peuvent éventuellement communiquer par d’autres foramina en plus du foramen principal qu’est l’apex. Il s’agit des ouvertures des ramifications latérales du canal pulpaire principal.

Parodonte

Du mot grec «para » qui signifie « autour de » et « odontos » qui veut dire « dent », le parodonte est l’ensemble des tissus qui entourent et soutiennent la dent. Il comprend la gencive, l’os alvéolaire, le desmodonte ou ligament alvéolodentaire et le cément (figure 3). Le parodonte est responsable de la réussite biologique et esthétique des restaurations corono-péripheriques. Ainsi le maintien de l’intégrité et de la santé du parodonte au cours de toutes les étapes de l’élaboration prothétique est un gage de réussite thérapeutique à long terme. Il nous semble important de faire un petit rappel des différents éléments du parodonte pour mieux comprendre ou appréhender leurs implications dans la réussite ou l’échec des restaurations prothétiques fixées [78, 84].

Gencive

La gencive est la fibro muqueuse qui recouvre l’os alvéolaire et sertit le collet des dents. Elle représente la partie la plus révélatrice de l’état parodontal. La gencive saine est de couleur rose pâle, le liseré gingival doit suivre de façon harmonieuse le collet de la dent sur tout son pourtour. La gencive saine est ferme et piquetée, ayant ainsi l’aspect d’une peau d’orange. Elle ne présente ni œdème, ni saignement, ni ulcération. On distingue la gencive libre et la gencive attachée (Figure 4).

Gencive libre ou gencive marginale 

C’est une mince bandelette, plate, lisse et brillante, d’environ 1 mm de large, comprise entre le bord libre de la gencive et le sillon marginal qui marque le début de la gencive adhérente (figure 4). La gencive libre sertit la région cervicale des dents par la jonction gingivodentaire. Le sillon gingival ou sulcus, ou encore sillon gingivo dentaire, s’étend sur une profondeur variant de 0,3 à 3 mm. Le sillon gingival est fermé à sa base par l’attache épithéliale ou épithélium de jonction : c’est la jonction ou attache de l’épithélium sur un tissu minéralisé dentaire qui peut être le cément, l’émail ou plus rarement la dentine. L’attache épithéliale sépare les tissus du parodonte sous-jacent (attache conjonctive de la gencive, cément, os alvéolaire et desmodonte) du milieu buccal septique (salive et flore microbienne). Il forme avec l’attache conjonctive, l’espace biologique (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Cette espace mérite une attention toute particulière. Défini par Garguilo en 1961 [35], l’espace biologique ou jonction physiologique gingivo-dentaire, est comprise entre la base du sulcus (sommet de la crête gingivale) et le rebord supérieur de la crête osseuse (ou crête alvéolaire).

Cet espace mesure en moyenne 2,04mm. Il est composé de 3 niveaux :
❖ le sillon gingivo-dentaire ou sulcus ;
❖ l’attache epithéliale ou epithelium jonctionnel ;
❖ l’attache conjonctive superficielle .

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS SUR L’ORGANE DENTAIRE ET LA PROTHESE FIXEE
I- ORGANE DENTAIRE
1- Odonte
1-1- Email
1-1-1- Composition chimique
1-1-2- Propriétés physiques
1-1-3- Structure histologique
1-2- Dentine
1-2-1. Composition chimique
1-2-2. Structure histologique
1-3- Pulpe
1-3-1- Définition
1-3-2- Structure histologique
2- Parodonte
2-1- Gencive
2-1-1- Gencive libre ou gencive marginale
2-1-2- Gencive inter-dentaire ou gencive papillaire
2-1-3- Gencive attachée ou gencive adhérente
2-2- Os alvéolaire
2-3- Desmodonte
2-4- Cément
II- PROTHESE FIXEE
1- Historique
2- Définition et objectifs
3- Classification
3-1- Prothèse fixée unitaire
3-1-1- Ancrages coronaires
3-1-1-1- Couronnes à recouvrement total
3-1-1-1-1-Couronne coulée métallique (CC)
3-1-1-1-2-Couronne à incrustation vestibulaire (CIV)
3-1-1-1-3-Couronne céramo-métallique (CCM)
3-1-1-1-4-Couronne céramo-céramique
3-1-1-2- Les couronnes à recouvrement partiel
3-1-1-2-1-Restaurations coulées intra-coronaires
3-1-1-2-2-Facettes esthétiques
3-1-2- Les ancrages radiculaires
3-1-2-1- Couronne Richmond ou couronne de substitution
3-1-2-2- Inlay-cores
3-2- Prothèses plurales fixées : les bridge ou « pont »
4- Impératifs en prothèse fixée
4-1- Impératifs biologiques
4-2- Impératifs esthétiques et fonctionnels
4-3- Impératifs physiques
5- Différentes étapes cliniques de la restauration prothétique fixée
5-1- Mise en place du champ opératoire
5-2- Préparation des piliers
5-2-1- Objectif
5-2-2- Principes
5-2-2-1- Economie tissulaire
5-2-2-2- Rétention et stabilisation
5-2-2-2-1-Dépouille
5-2-2-2-2-Liberté de mouvement
5-2-2-2-3-Hauteur de la préparation
5-2-2-2-4-Eléments de rétention complémentaires
5-2-2-2-5-Axe d’insertion
5-2-2-3- Pérennité de l’ensemble dento-prothétique
5-2-2-3-1-Réduction de la face occlusale
5-2-2-3-2-Chanfrein du versant externe
5-2-2-3-3-Réduction axiale
5-2-2-4- Précision des limites
5-2-2-4-1-Classification selon leur situation
5-2-2-4-2-Classification selon leur forme
5-2-2-5- Maintien de la santé du parodonte
5-3- Mise en condition gingivale
5-3-1- Rétraction gingivale physique
5-3-2- Rétraction physicochimique
5-3-3- Rétraction chirurgicale
5-3-3-1- Curetage rotatif
5-3-3-2- Electrochirurgie
5-3-4- Nouvelle technique de rétraction gingivale
5-4- Prise d’empreinte
5-4-1- Empreinte conventionnelle
5-4-2- Empreinte numérique
6- Prothèse provisoire
7- Fixation prothétique : les matériaux d’assemblages
7-1- Scellement
7-2- Collage
8- Maintenance post prothétique
DEUXIEME PARTIE : TAUX DE SURVIE DES PROTHESES FIXEES REALISEES DANS LE DEPARTEMENT D’ODONTOLOGIE DE DAKAR
I- JUSTIFICATION
II- MATERIEL ET METHODES
1- Matériel
2- Méthode
2-1- Type et Cadre d’étude
2-2- Population d’étude
2-2-1- Echantillonnage
2-2-2- Critères d’inclusion
2-2-3- Critères de non inclusion
2-3- Méthodologie
2-3-1- Rappel des patients
2-3-2- Examen des patients
2-3-2-1- Caractéristiques des prothèses fixées
2-3-2-2- Qualité des joints dento-prothétiques
2-3-2-3- Rapport entre crête et intermédiaire de bridge
3- Analyse des données
III- RESULTATS
1- Résultats descriptifs
1-1- Caractéristiques de la population
1-1-1- Répartition de l’échantillon selon le sexe
1-1-2- Répartition de l’échantillon en fonction de l’âge
1-1-3- Hygiène bucco-dentaire
1-1-4- Habitudes de vie
1-1-5- Répartition selon l’activité professionnelle
1-2- Caractéristiques des prothèses fixées
1-2-1- Répartition selon le type de prothèse fixée
1-2-2- Situation topographique des prothèses
1-2-3- Durée de port des prothèses
1-2-4- Taux de survie des prothèses fixées
1-2-5- Moyens d’ancrage
1-2-6- Morphologie proximale des ancrages coronaires
1-3- Etat parodontal et dentaire des piliers de prothèse
1-3-1- Etat parodontal des prothèses
1-3-2- Répartition de l’échantillon des dents piliers en fonction de la santé du parodonte profond
1-3-3- Etat pulpaire des piliers prothétiques
1-3-4- Complication dentaire des piliers
1-3-5- Etat de surface de l’ancrage coronaire
1-4- Entretien et maintenance de la prothèse
1-4-1- Moyens de nettoyage de la prothèse fixée
1-4-2- Suivi prothèse fixée au cabinet après pose
2- Résultats analytiques
2-1- Inflammation gingivale et hygiène bucco-dentaire
2-2- Inflammation gingivale et ancienneté des prothèses
2-3- Inflammation gingivale et habitude alimentaires (tabac)
2-4- Inflammation gingivale et qualité point de contact
2-5- Qualité point de contact et résorption alvéolaire
2-6- Reconstitution corono-radiculaire ou radiculaire et lésions péri apicales
IV- DISCUSSION
1- Caractéristique socio-demographique
2- Hygiène bucco-dentaire
3- Les caractéristiques des prothèses fixées
4- Etat parodontal et dentaire des piliers de prothèse
5- Maintenance et suivi
6- Hygiène bucco-dentaire et inflammation
7- Inflammation gingivale et ancienneté des prothèses
CONCLUSION
REFERENCES
ANNEEXES

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