L’infection par le virus de l’hépatite C est une maladie causée par un virus enveloppé à ARN de polarité positive qui infecte essentiellement les hépatocytes. C’est une pathologie fréquente car selon l’OMS, 200 millions de sujets sont infectés dans le monde, soit une prévalence de 3% [1]. Elle est grave puisqu’elle est d’évolution chronique dans 80% des cas, responsable de cirrhose hépatique dans 10% des cas sur 10 à 15 ans [2]. L’infection par le virus de l’hépatite C est devenue la principale indication de transplantation hépatique et sera très bientôt la principale cause de carcinome hépatocellulaire dans les pays industrialisés [3]. Le virus de l’hépatite C se transmet principalement par le sang dans 60 à 70% des cas et la toxicomanie intraveineuse est la source majeure de contamination dans le monde. A Madagascar, cette étude constitue la première étude de l’hépatite virale C chez les drogués.
La recherche des anticorps anti-VHC par un test ELISA est un test de première intention lors du diagnostic d’une infection par le VHC, malgré les limites de ce test pour différencier une hépatite C chronique d’une infection ancienne. La recherche de l’ARN viral par PCR, actuellement le seul outil de diagnostic capable de les distinguer, ne peut être utilisé en première intention dans les pays en voie de développement comme Madagascar en raison de son coût.
RAPPELS SUR L’ HEPATITE VIRALE C
ASPECTS VIROLOGIQUES DU VIRUS DE L’HEPATITE C
Structure des particules virales
Le VHC appartient à la famille des Flaviviridae, au genre Hepacivirus, c’est un petit virus enveloppé de 55 à 65 nm de diamètre, très difficilement visualisé en microscopie électronique. Le génome viral, constitué d’une molécule d’ARN simple brin de polarité positive, est contenu dans une capside protéique à symétrie icosaédrique qui est elle-même entourée d’une enveloppe lipidique d’origine cellulaire au sein de laquelle sont ancrées deux glycoprotéines d’enveloppe virales, E1 et E2, organisées en complexes hétérodimériques non covalents .
Structure du génome
Le génome du VHC est constitué d’un ARN de polarité positive de 9,5 kb, codant pour une polyprotéine d’environ 3 000 aminoacides, secondairement clivée en protéines matures structurales (capside et enveloppe E1 et E2/NS1) et non structurales (NS2, NS3, NS4 et NS5). Il existe, dans la région 5′ du génome viral, une région dite « 5′ non codante », très conservée parmi les différents isolats, qui pourraient intervenir dans la régulation d’expression des protéines virales. La région structurale code pour les protéines de capside (C) et d’enveloppe (E1 et E2/NS1). Des régions hypervariables ont été identifiées dont l’une en particulier, située en 5′ de la séquence E2/NS1. La région dite « non structurale » code pour des protéines impliquées dans la réplication virale; La région NS3 code pour une hélicase/protéase et la région NS5 code notamment pour l’ARN polymérase ARN-dépendante .
Cycle de multiplication du virus de l’hépatite virale C
Les virions VHC, libres ou associés à des apolipoprotéines, interagissent en cascade avec de nombreux récepteurs présents à la surface des hépatocytes des GAGs et des LDR. Le SR-B1) [7] formerait avec le récepteur cellulaire CD81 [8] un complexe permettant le transfert du VHC au niveau des jonctions serrées permettant l’interaction du virus avec des protéines de jonctions serrées: CLDN1) et OCLN [9]. Ces dernières facilitent l’internalisation du VHC par endocytose des récepteurs de surface liés aux particules VHC, via une voie clathrine dépendante. Dans les endosomes, le faible pH déclenche la fusion de l’enveloppe virale avec les membranes endosomales et la libération de l’ARN génomique dans le cytoplasme. La transcription des brins d’ARN de polarité positive peut alors débuter avec la synthèse d’un brin d’ARN complémentaire de polarité. L’assemblage des particules virales à l’interface du RE et des organelles de stockage des matières grasses appelées « gouttelettes lipidiques. Ils sont ensuite libérés dans la lumière du RE et rélargués à l’extérieur de la cellule par la voie de sécrétion des VLDL .
Génotypes viraux
L’analyse phylogénique de séquences nucléotidiques de souches virales isolées dans différentes régions du monde a permis de classer ces souches en six principaux groupes appelés génotypes, numérotés de 1 à 6. On distingue également, au sein de ces génotypes, plus d’une centaine de sous-types, identifiés par une lettre minuscule a, b et c .
EPIDEMIOLOGIE DU VIRUS DE L’HEPATITE C
Mode de transmission
Transmission par la toxicomanie injectable
Le VHC se transmet principalement par le sang dans 60 à 70% des cas. La toxicomanie intraveineuse est la source majeure de contamination dans le monde. Le risque de contamination par aiguille souillée est 200 fois supérieur pour le virus C que pour le VIH. Le partage de seringues était très fréquent avant l’épidémie de VIH, persiste et la contamination pourrait être liée au partage de seringues lors des premières injections ou au cours d’une incarcération ou au partage du petit matériel nécessaire aux injections (filtre, cuillère). Le partage de paille utilisée pour « sniffer » est aussi un risque de contamination de l’infection par VHC car associé à des lésions de la muqueuse nasale .
Transmission par transfusion sanguine
La transfusion de sang ou de produits dérivés du sang a été un facteur majeur de contamination jusqu’en 1990. Les facteurs de risque de transfusion ont été lié à la prévalence de l’infection virale C chez les donneurs de sang, la date de transfusion, le nombre et le type de produits transfusés rendant compte la fréquence de l’infection dans certains groupes comme les hémophiles ou les thalassémiques polytransfusés. Depuis 1991, il existe une chute du risque transfusionnel grâce aux mesures successives de dépistage des donneurs de sang.
Transmission nosocomiale ou iatrogène
Le contact avec le sang infecté peut se produire lors d’actes invasifs et d’effractions cutanées avec des instruments ou des aiguilles souillés de sang infecté et insuffisamment désinfectés lorsqu’ils sont utilisés pour percer ou couper la peau. La contamination est possible lors des séances d’acupuncture si les aiguilles ne sont pas jetables, lors de la mésothérapie si le matériel n’est pas à usage unique et au cours de tatouage, piercing et dermographie .
Transmission sexuelle
Le risque de transmission du virus de l’hépatite C par voie sexuelle est très faible. L’ARN du virus de l’hépatite C n’est pas retrouvé dans les sécrétions vaginales et très rarement dans le sperme avec une concentration dans ce cas de 10 à 100 fois inférieure par rapport au sang. En revanche, on retrouve le virus dans le sang menstruel et la contamination est donc possible, en particulier à l’occasion de rapports pendant les règles, en cas d’infections génitales (herpès) ou de lésions des organes sexuels. Certaines pratiques sexuelles traumatiques et sanglantes peuvent être responsables de la transmission du virus C .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I- I-RAPPELS SUR L’HEPATITE VIRALE C
I-1 ASPECTS VIROLOGIQUES DU VIRUS DE L’HEPATITE C
I-1-1 Structure des particules virales
I-1-2 Structure du génome
I-1-3 Cycle de multiplication du virus de l’hépatite virale
I-1-4 Génotypes viraux
I-2 EPIDEMIOLOGIE DU VIRUS DE L’HEPATITE C
I-2-1 Mode de transmission
I-2-1-1 Transmission par la toxicomanie injectable
I-2-1-2 Transmission par transfusion sanguine
I-2-1-3 Transmission nosocomiale ou iatrogène
I-2-1-4 Transmission sexuelle
I-2-1-5 Transmission materno-fœtale
I-2-2 Histoire naturelle de l’hépatite virale C
I-3 POUVOIR PATHOGENE DU VIRUS DE L’HEPATITE VIRALE
I-3-1 Physiopathologie et tropisme viral
I-3-2 Clinique de l’hépatite virale C
I-3-2-1 Hépatite virale aigüe C
I-3-2-2 Hépatite chronique C
I-4 DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE DE L’HEPATITE VIRALE C
I-4-1 Tests sérologiques
I-4-2 Amplification génomique par PCR
I-5 TRAITEMENT ET PHOPHYLAXIE DE L’HEPATITE VIRALE C
II- RAPPELS SUR LA TECHNIQUE PCR
II-1 Définition de la PCR
II-2 Procédure de la PCR
II-3 Différents types de PCR
II-3-1 Amplification de la cible
II-3-2 Amplification du signal
II-4 Technologies de détection
II-4-1 Agents se liant à l’ADN double brin
II-4-2 Hydrolyse de sondes
II-5 Cycle seuil
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I- METHODES
I-1 Cadre de l’étude
I-2 Type et période d’étude
I-3 Population d’étude
I-4 Critères d’inclusion
I-5 Critères de non inclusion
I-6 Critères de positivité
I-7 Mode et taille d’échantillonnage
I-8 Variables étudiées
I-9 Limites de l’étude
I-10 Considérations éthiques
I-11 Méthodologie
I-12 Techniques utilisées
I-12-1 ELISA
I-12-1-1 Appareil utilisé
I-12-1-2 Réactifs et consommables
I-10-1-3 Procédure du test ELISA
I-10-1-4 Interprétation des résultats et contrôle qualité
I-12-2 PCR
I-12-2-1 Appareil utilisé
I-12-2-2 Equipements et consommables
I-12-2-3 Procédure de la PCR
I-12-2-4 Lecture des résultats
II- RESULTATS
III-1 Séroprévalence de l’infection par VHC chez les UDI
III-2 Répartition de l’hépatite virale C selon la région
II-3 Répartition de l’hépatite virale C selon la charge virale
II-4 Répartition de l’hépatite virale C selon la densité optique de l’ELISA et selon la charge virale
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
I- Prévalence globale de l’hépatite virale C
II- Prévalence de l’hépatite virale C chez les usagers de drogues injectables
III- Répartition de l’hépatite virale C chez les usagers de drogues injectables selon la région
IV- Répartition de l’hépatite virale C chez les usagers de drogues injectables selon la charge virale de la PCR
V- Répartition de l’hépatite virale C chez les usagers de drogues injectables selon la densité optique de l’ELISA et selon la charge virale
VI- Techniques utilisées pour le dépistage de l’hépatite virale C
VII- Limites de l’étude
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES