Les voies aéro-digestives supérieures (VADS) peuvent être sujettes à des agressions engendrant des comportements anormaux des cellules qui se manifestent par leurs multiplications anarchiques donnant naissance à des tumeurs malignes. Ces lésions peuvent se localiser à différents niveaux des VADS et sont prises en charge selon leur stade et leur localisation soit par :
➤ la chirurgie
➤ la chimiothérapie
➤ la radiothérapie
➤ les thérapeutiques ciblées .
Ces moyens thérapeutiques utilisés seuls ou en association présentent des effets secondaires pouvant altérer la qualité de vie des malades. L’odontologiste joue un rôle primordial dans la prévention des facteurs de risque, le dépistage et le diagnostic précoce des lésions précancéreuses et cancéreuses des VADS, mais également dans la prévention et le traitement des complications liées aux traitements anti cancéreux, en particulier la radiothérapie. La radiothérapie utilise des rayonnements ionisants pour détruire les cellules cancéreuses en bloquant leur capacité de multiplication. Réalisée chez plus de la moitié des patients ayant un cancer, elle est, avec la chirurgie, le traitement le plus fréquent des cancers et peut entraîner une guérison à elle seule. La démarche préventive des complications liées à la radiothérapie (mucites, xérostomie, caries, ostéoradionécrose, altération du goût…) commence avant l’irradiation par une mise en état bucco-dentaire. La méconnaissance de l’attitude à adopter face à un patient devant subir une radiothérapie anti cancéreuse va compliquer ces effets secondaires délétères pouvant aboutir à la remise en cause du pronostic vital ou altérer irrémédiablement la qualité de vie du patient.
C’est fort de ces constats que nous avons initié ce travail dans le but :
➤ d’évaluer l’état de santé dentaire et parodontal des patients traités par radiothérapie cervico-faciale,
➤ de recenser les besoins de traitement dentaires et parodontaux.
Rappels anatomiques
On désigne la bouche, le pharynx et le larynx sous le terme de « voies aérodigestives supérieures » (VADS), car ce sont des conduits qui permettent le passage d’une part, de l’air et d’autre part, du bol alimentaire.
La bouche
La bouche ou cavité buccale représente le premier segment du tube digestif. Elle est divisée en deux parties : le vestibule et la cavité buccale proprement dite qui sont séparés par les arcades dentaires.
o le vestibule, compris entre les dents et la face interne des joues et des lèvres
o la cavité buccale proprement dite, délimitée en avant et sur les côtés par les dents, et en arrière par l’isthme du gosier (qui la sépare de l’oropharynx)
●Limites de la cavité buccale :
o en haut : le palais osseux et membraneux (le voile du palais et son appendice: la luette) ;
o en bas : la langue et plancher buccal ;
o latéralement : les joues ;
o en avant : les lèvres supérieure et inférieure ;
o en arrière : l’isthme du gosier et amygdales .
●Les dents : Les arcades dentaires maxillaire et mandibulaire sont composées de 20 dents déciduales pendant l’enfance, puis de 32 dents à l’âge adulte.
●La langue, organe musculaire, est responsable du goût par l’intermédiaire des papilles gustatives, mais aussi de la phonation et de la mastication du bol alimentaire.
La bouche a essentiellement deux grandes fonctions : que sont l’alimentation et la communication.
Elle constitue également un milieu favorable au développement des microorganismes par sa température, ses nombreux replis muqueux, les anfractuosités des dents et son humidité.
C’est dans la cavité buccale qu’aboutissent les canaux excréteurs des glandes salivaires principales (parotides, sous maxillaires, sublinguales) et accessoires.
●Les glandes parotides sont les plus grosses et sont situées de chaque côté du visage au dessous et en avant des oreilles. Elles déversent la salive au niveau de la joue par le canal de Sténon dont l’orifice se situe, à la face intérieure de la joue en regard de la deuxième molaire supérieure ;
●les glandes sous-maxillaires sont situées sous la mandibule et leurs canaux excréteurs s’abouchent dans la bouche de chaque côté du frein lingual par le canal de Wharton ;
●les glandes sublinguales sont situées à la base de la langue dans le plancher de la bouche. Elles produisent une petite quantité de salive épaisse par l’intermédiaire de canaux qui s’abouchent sous la langue et appelés canaux de Whalter et de Rivinius.
Par ailleurs, il existe un grand nombre de glandes accessoires dans la langue, les joues, les lèvres et le palais : on peut citer les glandes de VON EBNER à l’arrière de la langue au niveau des papilles circumvallées. Toutes les glandes salivaires sécrètent la salive qui est un liquide baignant la bouche et indispensable à la parole, la mastication, la déglutition et une bonne hygiène bucco-dentaire.
Le pharynx
Le pharynx est un carrefour aéro-digestif entre les voies aériennes (de la cavité nasale au larynx) et les voies digestives (de la cavité buccale ou bouche à l’œsophage). On rencontre également à son niveau l’ouverture de la trompe d’Eustache ou ube auditif qui le met en communication avec l’oreille moyenne au niveau de la caisse du tympan. Le pharynx intervient dans : la déglutition, la respiration, la phonation et l’audition Il peut être subdivisé en trois parties :
✔ le nasopharynx (ou rhinopharynx) : situé en arrière de la cavité nasale
✔ l’oropharynx (ou buccopharynx) : correspond à la partie antérieure du pharynx et s’étend du palais mou à l’os hyoïde et est limité latéralement par les loges amygdaliennes
✔ le laryngopharynx (ou hypopharynx) : Il se place en arrière du larynx et se rétrécit en bas pour se continuer par l’œsophage . Il est limité en avant par l’épiglotte.
Le larynx
Le larynx est un court conduit faisant suite au pharynx et se continuant vers le bas par la trachée. Il contient des formations cartilagineuses et les cordes vocales dont la vibration va permettre l’émission des sons. Entre les deux cordes vocales, se situe l’épiglotte qui se présente comme une membrane cartilagineuse souple.
L’épiglotte est un véritable clapet qui, lors de la déglutition alimentaire, dirigera les aliments vers l’hypo pharynx et protégera ainsi le larynx, en empêchant les fausses routes. Le larynx a donc une fonction respiratoire puisqu’il permet le passage de l’air, et une fonction phonatoire, puisqu’il permet celui de la parole grâce aux cordes vocales.
Les cancers des voies aéro-digestives supérieures
Définition
Les VADS sont tapissées de muqueuses particulières qui se renouvellent abondamment et sont protégées par un mucus. Le cancer des VADS est une anomalie, un dysfonctionnement entrainant une prolifération d’une famille ou clone de cellules anormales mal contrôlées.
Les facteurs étiologiques
Les voies digestives et aériennes supérieures sont en contact direct avec de nombreuses substances cancérigènes présentes dans la nourriture, les liquides, la fumée, la vapeur et la poussière. L’effet de ces substances sur la muqueuse constitue très certainement l’une des causes des cancers des VADS; l’association du tabac à l’alcool constitue ainsi le principal facteur de risque. En effet, plus de 75 % des cancers des VADS sont diagnostiqués chez des personnes qui boivent et fument de façon chronique et excessive. Cependant la maladie se manifeste aussi chez des non fumeurs abstinents, quoique beaucoup plus rarement, on suppose qu’elle est également liée à d’autres facteurs. C’est ainsi qu’on peut citer :
✔ les facteurs nutritionnels : (104):
●les carences vitaminiques (103) ;
●par ailleurs, le contenu acide de l’estomac refoulé dans l’œsophage (par reflux gastro-œsophagienne RGO) peut provoquer des brûlures répétées ce qui augmente le risque de cancer du larynx.
✔ les facteurs viraux :
Le lien entre le Human Papilloma virus(HPV) et l’apparition de néoplasies malignes a été démontré par plusieurs études (44) ;
✔ les antécédents familiaux : l’existence d’une potentielle prédisposition génétique aux cancers des VADS a été suggérée par l’étude de MASHBERG (66);
✔ la mauvaise hygiène bucco-dentaire.
Certaines équipes lui attribuent un rôle déclenchant (80) Ainsi, tous ces facteurs de risque devront être recherchés lors de l’examen clinique et pris en charge pour une guérison totale et durable des cancers.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS SUR LES VOIES AERODIGESTIVES SUPERIEURES
1. Rappels anatomiques
1.1- La bouche
1.2- Le pharynx
1.3- Le larynx
2 Les cancers des voies aéro-digestives supérieures
2.1Définition
2.2 Les facteurs étiologiques
2.3 Evolution
2.4 Les formes topographiques
2.4.1 Les cancers de la bouche
2.4.2 Les cancers des glandes salivaires
2.4.3 Les cancers du pharynx
2.4.4- Les cancers du larynx
2.5 La classification tumor node metastasis
2.5.1 Taille de la Tumeur Primitive
2.5.2 Métastases lymphatiques
2.5.3 Métastases viscérales
2.5.4 Stadification tumorale
2.6 Prévention et dépistage
3.Traitements des cancers des voies aéro-digestives supérieures et leurs complications
3.1-Les buts
3.2- Les moyens
3.2.1 La chirurgie
3.2.2 La chimiothérapie
3.2.2.1 Les effets secondaires généraux de la chimiothérapie
3.2.2.2 Effets secondaires locaux
3.2.3 Les thérapeutiques ciblées
3.2.4 La radiothérapie
3.2.4.1Techniques de radiothérapie
3.2.4.2 Indications
3.2.4.3 complications de la radiothérapie externe
DEUXIEME PARTIE : MISE EN ETAT BUCCO-DENTAIRE EN VUE D’UNE RADIOTHERAPIE CERVICO-FACIALE
1. La Mise en état bucco-dentaire pré-radiothérapique
1.1 But de la mise en état bucco-dentaire
1.2 Principes et règles
1.3 Déroulement de la mise en état bucco-dentaire
1.3.1 L’examen clinique
1.3.2 Enseignement à l’hygiène bucco-dentaire
1.3.3 Soins conservateurs
1.3.4 Avulsions dentaires
1.3.4.1 Indications d’avulsion
1.3.4.2 Protocoles d’avulsion
1.3.5 Réhabilitation prothétique
1.3.6 La prévention des caries post-radiques
1.3.6.1 Confection des Gouttières « Porte-Gel »
1.3.6.2. Produits de Fluoration
2. Rôle du chirurgien-dentiste pendant l’irradiation
3. Rôle du chirurgien-dentiste après l’irradiation
TROISIEME PARTIE : EVALUATION DES BESOINS DE TRAITEMENTS DENTAIRES ET PARODONTAUX LORS DE LA MISE EN ETAT BUCCO-DENTAIRE EN VUE D’UNE RADIOTHERAPIE CERVICO FACIALE
1. Justification et objectifs de l’étude
1.1 Justification
1.2 Les objectifs de l’étude
2. Intérêt du sujet
3. Matériel et méthode
3.1 Matériel
3.2 Méthodologie
4 Résultats
5 Discussions
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE