Les urgences endodontiques constituent une part importante des urgences odontologiques, elles représentent environ 60% des motifs de consultation en urgence .
Les pathologies qui mènent le patient à consulter en urgence en endodontie sont :
– l’hyperhémie pulpaire,
– la pulpite aiguë irréversible,
– la pulpo-desmodontite,
– la parodontite apicale aiguë simple,
– l’abcès apical aigu.
Le traitement étiologique de ces pathologies est le plus souvent conservateur, mais nécessairement interventionnel (sauf indication d’extraction dentaire pour un autre motif). Dans la plupart des cas, il est nécessaire de mettre en forme les canaux radiculaires afin de nettoyer (et si nécessaire, désinfecter) le système canalaire avant de l’obturer de façon hermétique. Cette intervention, appelée traitement endodontique, pouvant se faire en un seul temps dans le cas des pathologies pulpaires, ou en respectant un temps de drainage dans le cas des pathologies péri apicales. Ce traitement étiologique est long et consommateur de ressources ; il n’est donc pas habituellement réalisé en urgence, sauf cas très particuliers. En l’absence de traitement adéquat en urgence, il existe un risque de complications infectieuses. Si certaines d’entre-elles sont des urgences vitales (cellulite diffuse), pouvant relever de l’hospitalisation en réanimation, la prise en charge de la très grande majorité des urgences endodontiques est du ressort de l’odontologiste et repose sur un traitement essentiellement symptomatique.
URGENCES
Définition
Du latin « urgens » qui signifie pressant, la notion d’urgence ou de détresse peut se définir comme une situation pathologique aiguë pouvant mettre en jeu, à court terme d’une part le pronostic vital et d’autre part le pronostic fonctionnel. Il s’agit d’une situation dont on doit s’occuper sans retard .
Classification
Plusieurs classifications sont proposées, la plus utilisée est celle qui tient compte à la fois de la gravité immédiate et du potentiel évolutif elle classifie les urgences en trois types :
– urgence ressentie,
– urgence vraie,
– détresse.
Urgence ressentie
C’est une situation pathologique où l’urgence, plus subjective qu’objective, est vécue comme telle par le malade, son entourage immédiat, familial le plus souvent, mais aussi professionnel et quelquefois par le praticien lui-même en raison du caractère apparemment dramatique de la scène clinique, dans la mesure où elle lui apparait inhabituelle. Elle se caractérise par une situation d’inconfort du patient à partir d’impressions vécues et subies comme pénibles. Exemples : troubles digestifs, neurosensoriels, vésicatoires, de température, pulpite…etc. Il s’agit donc essentiellement d’une situation pathologique, réelle, certes mais où la notion d’inconfort domine celle du risque .
Urgence vraie
C’est une situation pathologique où l’urgence est objective et correspond à une atteinte importante d’une grande fonction ; il y a une gravité réelle pouvant mettre en jeu le pronostic vital ou fonctionnel. Les manifestations objectives peuvent être de même tonalité que dans l’urgence ressentie, mais inversement l’urgence peut être réelle sans pour autant que les signes extérieurs attirent l’attention de l’entourage. Les caractéristiques de l’urgence vraie sont dominées par deux notions, la nécessité d’une action thérapeutique rapide et la possibilité pour le patient d’attendre un certain temps avant cette action de soins. En effet, si la nécessité des soins rapides s’impose, le patient est cependant encore en mesure d’avoir une réponse adaptée aux conséquences de l’affection ; ses possibilités de lutte sont encore bonnes et permettent donc de mettre en œuvre un traitement à la fois symptomatique et étiologique dans des délais plus grands.
Détresse
Elle représente plusieurs situations pathologiques dans lesquelles le patient n’est plus en mesure de réagir ; toutes ses réactions et ses capacités de défense sont débordées et, faute d’un secours rapide et adapté, le risque de mort est majeur. C’est la situation de détresse vitale et fonctionnelle parce qu’elle met en jeu la défaillance des trois grandes fonctions que sont la conscience, la ventilation et la circulation : détresse cardio-circulatoire et détresse ventilatoire. Cette classification très générale s’applique intégralement aux urgences en odontostomatologie, quels que soient les lieux de survenue, les modes et les circonstances d’apparition .
cependant, l’urgence dentaire est différente de l’urgence médicale traditionnelle, car le pronostic vital n’y est pas mis en jeu. Elle est « Dérangeante» car elle peut imposer au chirurgien-dentiste une pratique inhabituelle. Mais le plus souvent, elle n’est que la demande d’un traitement spécialisé immédiat par une « patientelle » dont l’angoisse est légitime, mais dont l’exigence va croissant avec le temps. Même si la réaction affective du patient ou de son entourage confine parfois à l’affolement, c’est avant tout avec calme que le praticien doit envisager son action. Maître de son art, il peut presque toujours assurer la prise en charge de tels patients .
URGENCES EN ENDODONTIE
Les urgences endodontiques constituent une part importante des urgences odontologiques dans la pratique quotidienne de l’omnipraticien. Elles représentent environ près de 90% des motifs de consultation en urgence . Le caractère particulier de ces urgences est qu’elles sont invalidantes de par la présence, dans presque tous les cas, d’une douleur violente. Même si le pronostic vital du patient n’est pas particulièrement mis en jeu, une thérapeutique d’urgence s’impose pour soulager cette douleur et éviter un risque de complications infectieuses.
Spécificités de la douleur en endodontie
Mécanismes périphériques impliqués dans la nociception de la sphère trigéminale
La région orofaciale est fortement innervée et de manière très variée. Les récepteurs de la douleur sont situés dans la plupart des tissus superficiels et profonds. La sensibilité somatique de la face, des cavités buccale, nasales et des méninges est assurée pour l’essentiel, par les trois branches du nerf trijumeau : les nerfs ophtalmique, maxillaire et mandibulaire. Les corps cellulaires des afférences primaires trigéminales sont regroupés au sein du Ganglion de Gasser. Les prolongements centraux des fibres périphériques trigéminales se rassemblent au sein du complexe sensitif du trigémeau qui pénètre dans le tronc cérébral au niveau du pont. Ils se distribuent ensuite au niveau du complexe sensitif du trijumeau qui constitue le premier relais central des informations somesthésiques orofaciales. Le complexe sensitif du trijumeau s’étend à travers le tronc cérébral, des premiers segments cervicaux de la moelle jusqu’à la limite caudale du mésencéphale. Il comprend deux noyaux : Rostralement, le noyau principal, et caudalement, le noyau spinal (Figure 1). Ce dernier possède trois subdivisions qui sont de la plus rostrale à la plus caudale, Le sous-noyau oral (Sp5O), le sous-noyau interpolaire (Sp5I) et le sous-noyau caudal (Sp5C), dont la structure laminaire prolonge celle de la corne dorsale de la moelle épinière. La sensibilité au niveau dentaire et parodontal est assurée par le nerf maxillaire (V2, deuxième branche du nerf trijumeau) qui innerve le tiers moyen de la face et le nerf mandibulaire (V3, troisième branche du nerf trijumeau) qui innerve l’étage inférieur de la face ,le nerf ophtalmique(V1 première branche du nerf trijumeau) innervant l’étage supérieure de la face .
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Table des matières
I. INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS SUR LES URGENCES ENDODONTIQUES
I. URGENCES
1. Définition
2. Classification
– urgence ressentie
– urgence vraie
– détresse
II. URGENCES EN ENDODONTIE
1. Spécificités de la douleur en endodontie
1.1. Mécanismes périphériques impliqués dans la nociception de la sphère trigéminale
1.2. Eléments diagnostiques
1.2.1. Anamnèse
1.2.2. Examens radiologiques
1.2.3. Tests
1.3. Importance du diagnostic différentiel
1.3.1. Lésion endodontique mimant une lésion parodontale
1.3.2. Lésion parodontale mimant une lésion endodontique
1.3.3. Syndrome du septum et lésions endodontiques
1.3.4. Traumatismes et lésions endodontiques
2. Pathologies pulpaires et péri-apicales conduisant à une consultation d’urgence
2.1. Pathologies pulpaires
2.1.1. Pulpite aiguë réversible (hyperhémie pulpaire)
2.1.1.1. Physiopathologie
2.1.1.2. Diagnostic
2.1.2. Pulpite aiguë irréversible
2.1.2.1. Physiopathologie
2.1.2.2. Diagnostic
2.1.3. Pulpo-desmodontite
2.1.3.1. Physiopathologie
2.1.3.2. Diagnostic
2.2. Pathologies péri-apicales
2.2.1. Parodontite apicale aiguë simple
2.2.1.1. Physiopathologie
2.2.1.2. Diagnostic
2.2.2. Abcès alvéolaire aigu – Abcès Phœnix
2.2.2.1. Physiopathologie
2.2.2.2. Diagnostic
3. Traitements d’urgence en endodontie
3.1. Pathologies pulpaires
3.1.1. Hyperhémie pulpaire
3.1.2. Pulpite aiguë irréversible
3.1.3. Pulpo-desmodontite
3.2. Pathologies péri-apicales
3.2.1. Parodontite apicale aiguë simple
3.2.2. Abcès alvéolaire aigu
3.2.2.1. Le drainage par voie trans-canalaire
3.2.2.2. Drainage par incision
3.2.2.3. Absence de drainage
DEUXIEME PARTIE : ATTITUDES DES CHIRURGIENS-DENTISTE FACE AUX URGENCES ENDODONTIQUES
I. JUSTIFICATION ET OBJECTIF
II. METHODOLOGIE
1. Type et cadre d’étude
2. Echantillonnage
3. Procédure de collecte des données
4. Analyses statistiques
III. RESULTATS
1-Données Socioprofessionnelle
1-1 Le sexe
1-2 Secteur d’exercice
1-3 Lieu d’exercice
1-4 Durée d’exercice
1-5 Nombre de patients
1.6. Formation continue
2.Traitements des urgences en endodontie
2.1.Hyperhémie pulpaire
2.2.Pulpite aiguë irréversible
2.3.Parodontite apicale aigue simple
2.4. Abcès alvéolaire aigu
IV. DISCUSSION
1. Les limites de l’étude
2. données socioprofessionnelles
3. Attitudes des chirurgiens-dentistes face aux urgences endodontiques
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES