Rappels sur les troubles psychotiques aigus

RAPPELS SUR LES TROUBLES PSYCHOTIQUES AIGUS 

DEFINITIONS

Les troubles psychotiques aigus

Les « troubles psychotiques aigus », appelés aussi « psychoses délirantes aiguës » sont caractérisés par l’apparition brutale d’un état délirant non systématisé dont les thèmes et les mécanismes sont riches et polymorphes. Ce délire est vécu de façon intense, avec parfois des incidences médico-légales ou des troubles du comportement majeurs .

Une idée délirante

Une idée délirante se définit selon le Manual of Diagnosis and Statistics of Mental Disorder Quatrième Version ou DSM-IV des associations américaines de Psychiatrie, comme: « une croyance erronée fondée sur une déduction incorrecte concernant la réalité extérieure, fermement soutenue en dépit de l’opinion très généralement partagée et de tout ce qui constitue une preuve incontestable et évidente du contraire. Il ne s’agit pas d’une croyance habituellement partagée par les autres membres du groupe ou du sousgroupe culturel du sujet (par exemple: il ne s’agit pas d’un article de foi religieuse) [2]. Une idée délirante correspond alors à un trouble du contenu de la pensée entrainant une perte de contact avec la réalité. Le délire est souvent l’objet d’une conviction inébranlable, inaccessible au raisonnement ou à la contestation des faits. Il s’agit d’une « évidence interne », qui n’est généralement pas partagée par le groupe socioculturel du sujet .

Le caractère « aigü » de l’état délirant

Selon toujours le DSM-IV, qui a définit le caractère « aigu » de l’état délirant par son apparition récente depuis moins de trente jours.

Bouffée Délirante Aiguë 

Le mot « Bouffée Délirante Aigue » ou BDA est apparu en France vers la fin du XIXème siècle, inventé par le psychiatre français MAGNAN Jacques Joseph Valentin [4]. Elle est caractérisée par l’apparition brutale des délires en « coup de tonnerre dans un ciel serein » et qui atteignent les adultes jeunes. Selon H. Ey [5], le terme de «bouffées délirantes aiguës» désigne un ensemble d’affections mentales caractérisées par «l’éclosion soudaine d’un délire polymorphe accompagné d’idées délirantes, d’illusions, d’hallucinations, d’interprétations et de réactions pathologiques ». La bouffée délirante aiguë (BDA) apparaît brutalement, s’installant d’emblée dans sa période d’état par un délire [6]. Elle se résout en quelques jours ou quelques semaines mais laisse derrière elle une grande question, celle de son devenir [7]. En effet, si l’épisode délirant a une chance sur deux de rester l’unique incident dans la vie du sujet, il a également autant de chances d’évoluer sur un mode plus ou moins chronique: récidives ou évolution vers une organisation psychotique chronique telle que la schizophrénie ou la psychose maniaco-dépressive .

Caractérisation de l’idée délirante 

Thème
Le thème délirant correspond au sujet principal sur lequel porte le délire. La thématique délirante correspond à l’ensemble des idées du patient sur lesquelles porte sa conviction délirante. Les thématiques peuvent varier à l’infini, être uniques ou multiples dans un même délire, s’associer entre elles de façon plus ou moins logique. Chaque thème peut être trouvé dans plusieurs types de troubles psychiatriques. La thématique la plus fréquente est la persécution; il faut rechercher dans ce cas s’il existe un persécuteur désigné, c’est-à-dire une personne nominativement désignée comme étant à l’origine des persécutions ou du complot .

Mécanisme
Le mécanisme du délire correspond au processus par lequel le délire s’établit et se construit. Il s’agit du mode d’élaboration et d’organisation du délire. Il existe quatre types de mécanisme à l’origine des idées délirantes: le mécanisme interprétatif, hallucinatoire, intuitif et imaginatif.

Systématisation
Le degré de systématisation évalue l’organisation et la cohérence des idées délirantes. Elles peuvent être  » non systématisées » ou « paranoïdes » si elles sont à thèmes multiples ou polymorphes, sans cohérence ni lien logique entre elles. Elles sont dites « systématisées » ou « paranoïaques » si elles portent sur un thème unique (persécution, jalousie, …) et ont une organisation interne respectant la logique, même si le postulat de base est faux.

Adhésion
L’adhésion aux idées délirantes, qui correspond au degré de conviction attaché à ces idées, est variable mais peut être élevée. Lorsque la conviction est inébranlable, inaccessible au raisonnement et aux critiques, l’adhésion est dite « totale ». Lorsque l’adhésion est partielle, le patient est en mesure de critiquer son propre délire.

Retentissement émotionnel et comportemental
Le retentissement émotionnel et comportemental doit être évalué systématiquement: le niveau d’anxiété, souvent majeur, le risque suicidaire, et le risque de passage à l’acte hétéroagressif. La dangerosité pour soi-même ou pour autrui peut être la conséquence directe des idées délirantes (échapper au complot, se venger d’un persécuteur).

HISTORIQUE

De la folie à la bouffée délirante aigue

Durant l’antiquité grecque [9], les maladies sont considérées comme une apparition de déséquilibre de l’humeur et les variations du milieu intérieur. Selon la littérature française [10] le terme folie est employé dans le sens du « trouble mental ».Par contre, le mot « délire » était apparu en 1537. Il vient du mot « délirare » qui signifie: perdre de la raison. Par ailleurs, le mot « Bouffée Délirante Aigue » ou BDA a été décrit en 1866.

En 1894, LAGRAIN en avait décrit la symptomatologie et les caractéristiques cliniques. Il s’agirait alors d’une psychose d’apparition brutale, le plus souvent sans facteur déclenchant ni de cause apparente. Elle survient comme un « coup de tonnerre dans un ciel serein »[11]. En 1914, DUPRÉ et LOGRE avaient décrit la « psychose imaginative aiguë » qu’ils assimilaient à la Bouffée Délirante Aiguë [12]. En 1927, VALENCE avait inventé la « psychose interprétative aigue »[13]. C’est Henri EY qui a remit le terme « Bouffée Délirante Aiguë » après la seconde guerre mondiale [14]. Vers la fin des années 1980, PULL et PICHOT tentaient de formuler les critères de la Bouffée Délirante Aigue .

La place nosographique actuelle 

Tous les courants psychiatriques s’accordent à reconnaître l’existence de syndromes transitoires caractérisés par un état délirant aigu avec troubles thymiques, altération plus ou moins marquée de la conscience d’installation brutale et dont le potentiel évolutif est marqué par une rémission spontanée avec tendance aux récidives [16]. Les psychiatres français, fidèles à Magnan, désignent ces états délirants sous le nom de bouffées délirantes aiguës.

Dans la classification de l’Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale (INSERM), ils se retrouvent dans les catégories suivantes [16] :
– 040: Accès délirants aigus considérés comme schizophréniques;
– 041: Psychose délirante aiguë – bouffée délirante réactionnelle ;
– 042: Psychose délirante aiguë – bouffée délirante non classable en 040 ou en 041.

En Amérique, l’Association Américaine de Psychiatrie distingue un certain nombre d’états psychotiques aigus dont la description clinique correspond aux bouffées délirantes aiguës :

➤ Trouble schizophéniforme
➤ Trouble schizo-affectif
➤ Trouble psychotique bref
➤ Trouble délirant
➤ Trouble psychotique partagé .

Depuis 1992, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a publié une nouvelle nosographie: la Classification Internationale des Maladies Dixième Version ou la CIM 10, dans laquelle on retrouve un groupe dit «troubles psychotiques aigus et transitoires» (F 23) comprenant six sous-groupes [17] :
– F 23.0 : Troubles psychotiques aigus polymorphes sans symptômes schizophréniques ;
– F 23.1 : Troubles psychotiques aigus polymorphes avec symptômes schizophréniques;
– F 23.2 : Trouble psychotique aigu d’allure schizophrénique, dans lequel la symptomatologie est de type schizophrénique mais persiste moins d’un mois;
– F 23.3 : Autres troubles psychotiques aigus, essentiellement délirants, où l’on range ce qui a été appelé « psychose psychogène» et « réaction paranoïaque» ;
– F 23.8 : Autres troubles psychotiques aigus et transitoires ;
– F 23.9 : Troubles psychotiques aigus et transitoires, sans précision, où l’on doit inclure les «psychoses réactionnelles brèves» .

REPÈRES EPIDEMIOLOGIQUES

La répartition géographique

Selon la littérature, en France, en 1970, dans les 34 établissements psychiatriques étudiés, il y avait 5% de Bouffées Délirantes Aiguës avec un sex ratio à 1. A Strasbourg, SINGER [18] avait trouvé parmi les malades hospitalisés 3,5% de cas de psychoses délirantes aiguës. CONSTANT [19] a estimé sa fréquence à 6 % dans les établissements publics français. COUSIN [20] faisait état d’une fréquence comprise entre 3 % et 5%. En 1983, dans une étude ayant porté sur des patients hospitalisés à 1’Hôpital Sainte Anne de Paris, JOHNSON-SABINE et coI1. [21] ont montré que la fréquence d’utilisation du diagnostic de bouffée délirante était en constante diminution: 8% en.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
1. RAPPELS SUR LES TROUBLES PSYCHOTIQUES AIGUS
1.1. DEFINITIONS
1.2. HISTORIQUE
1.3. REPÈRES EPIDEMIOLOGIQUES
1.4. ETUDE CLINIQUE
1.4.1. La phase de début
1.4.2. La phase d’état
1.4.3. Diagnostic positif
1.4.4. Diagnostics différentiels
1.4.5. Diagnostic étiologique
1.4.6. Évolution et pronostic
1.4.7. Traitement
DEUXIEME PARTIE: METHODES ET RESULTATS
2.1. METHODES
2.1.1. Cadre de l’étude
2.1.2. Type de l’étude
2.1.3. Période étudiée
2.1.4. Durée de l’étude
2.1.5. Population étudiée
2.1.6. Méthode de collecte des données
2.1.7. Considérations éthiques
2.1.8. Critères d’inclusion
2.1.9. Critères d’exclusion
2.1.10. Analyse des données
2.1.11. Paramètres étudiés
2.2. RESULTATS
2.2.1. Selon le profil épidémiologique
2.2.2. Selon la symptomatologie clinique
2.2.3. Selon les étiologies
TROISIEME PARTIE: DISCUSSION
3 DISCUSSION
3.1. Selon le profil épidémiologique
3.2. Selon la symptomatologie clinique retrouvée
3.3. Selon les étiologies
3.3.1. Pour les BDA primaires
3.3.2. Pour les BDA secondaires
3 .4 Suggestions
3. 4.1 Pour les parents et la famille
3.4 .2 Pour la communauté
3.4.3 Pour les agents de santé
3.4.4 Pour le gouvernement et l’Etat
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *