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RAPPELS SUR LES PRINCIPALES FAMILLES D’ANTIBIOTIQUES ETUDIEES
Définition d’un antibiotique
Un antibiotique est une « substance chimique naturelle produite par un microorganisme qui, à faible concentration, a le pouvoir d’inhiber la croissance (effet bactériostatique) ou de détruire (effet bactéricide) certaines bactéries ou d’autres microorganismes ».
Selon cette définition, un antibiotique a une origine strictement naturelle. Il est issu des moisissures. Néanmoins, dans la pratique, on rencontre des produits semi synthétiques.
Les composés exclusivement artificiels tels que les sulfamides sont, quant à eux, regroupés sous le terme d’antibactériens de synthèse.
Classification
Il y a plusieurs façons de classer les antibiotiques. Il est possible de distinguer les différentes molécules en fonction :
• des familles : tétracyclines, nitrofuranes, aminosides, macrolides, sulfamides, bêta-lactamines,…
• des origines : naturelles et semi synthétiques (bêta-lactamines, macrolides, tétracyclines, aminosides), synthétiques (nitrofurannes, sulfamides) ;
• de leurs activités antibactériennes : les bactériostatiques (tétracyclines, macrolides, sulfamides), les bactéricides (bêta-lactamines, aminosides).
Bêta-lactamines
On désigne sous le nom de β-lactamines un ensemble d’antibiotiques antibactériens de très faible toxicité, d’origine naturelle ou semi synthétiques, caractérisés par la présence d’un noyau β-lactame (amide interne) et doués d’une activité antibiotique bactéricide sur les bactéries en phase de croissance.
Trois sous-groupes sont utilisés en médecine vétérinaire : les pénicillines, les céphalosporines et l’acide clavulanique.
Pharmacocinétique
Les β-lactamines sont des acides forts et ont un caractère lipophile.
Résorption
La résorption orale est nulle pour la pénicilline G mais relativement bonne pour les autres antibiotiques de même famille. En revanche, elle est complète par la voie parentérale. Par injection, l’action est immédiate avec les solutions aqueuses de sels alcalins (sodium, potassium) et beaucoup plus lentes avec les sels de procaïne et de benzathine (on parle d’effet semi retard ou retard).
Distribution
La distribution est de type extracellulaire. Cet antibiotique est pratiquement ionisé dans sa totalité et se trouve donc sous forme hydrosoluble. Il diffuse alors principalement dans les tissus et organes les plus vascularisés (foie et reins).
Par contre, lors d’une méningite, les β-lactamines, sous sa forme non ionisée liposoluble, franchissent la barrière hémato-méningée pour être temporairement retenus par les protéines inflammatoires.
Biotransformations
Ces antibactériens subissent très peu de biotransformation car leur diffusion hépatique est faible.
Elimination
Ils seront éliminés par voie rénale par sécrétion tubulaire active. Ils ne subissent pratiquement pas de réabsorption tubulaire passive car ils sont entièrement ionisés au pH urinaire.
Activité antibactérienne
Ils sont, en général, actifs sur les bactéries gram positif et négatif. Leur action se traduit par le blocage de la biosynthèse de la paroi bactérienne. Aussi, ces antibactériens sont bactéricides uniquement sur les germes en phase de multiplication.
Principales indications
Ils sont particulièrement indiqués pour le traitement des septicémies, des infections broncho-pulmonaires et des infections urinaires.
Tétracyclines
On désigne sous le nom de tétracyclines les antibactériens produits par des champignons inférieurs du genre Streptomyces et ses dérivés semi synthétiques. Ils sont caractérisés par la présence d’une structure tétracyclique issue du noyau naphtacène. Ils sont aussi doués d’une activité bactériostatique à spectre large sur les bactéries à Gram positif et négatif.
Pharmacocinétique
Les tétracyclines utilisées en médecine vétérinaire sont en général lipophiles. Ce sont des bases faibles ayant une propriété chélatrice vis-à-vis du calcium.
Résorption
La résorption orale est incomplète car ces antibiotiques forment des chélates insolubles avec le calcium disponible au niveau de l’estomac (particulièrement avec celui du lait et de la viande).
La voie intramusculaire est douloureuse et incomplète pour la même raison car les tétracyclines (chélates) sont retenues au point d’injection. La voie intraveineuse est de ce fait souvent préférée.
Distribution
Du fait de leur liposolubilité, la distribution est à la fois extra et intracellulaire. La concentration sérique est voisine de la concentration tissulaire.
Diffusant en priorité vers les organes richement vascularisés (foie, poumons), ces antibactériens ont également une affinité pour les tissus osseux riches en calcium. Ils franchissent aussi la barrière placentaire.
Biotransformations
En raison de leur stabilité, les tétracyclines subissent très peu de biotransformations dans l’organisme. Celles-ci se limitent pratiquement à des conjugaisons.
Elimination
Cette famille d’antibiotiques s’élimine principalement sous forme inchangée par les urines, secondairement par la bile. La doxycycline s’élimine inversement essentiellement par voie biliaire après conjugaison. Les dérivés de conjugaison subissent un important cycle entérohépatique qui contribuent à une demi-vie plasmatique prolongée.
Activité antibactérienne
Le spectre d’activité est large car il couvre à la fois les bactéries gram positif et négatif, les mycoplasmes, les leptospires, les rickettsies et, dans une certaine mesure, les amibes et les coccidies.
Les tétracyclines sont des antibiotiques bactériostatiques qui bloquent la biosynthèse des protéines bactériennes. Cette action résulte de leur fixation sur la sous-unité 30S des ribosomes par liaisons chélates établies avec les groupes phosphates des ARN messagers. Elles empêchent ainsi la fixation des ARN de transfert sur l’ARN messager (interaction codon-anticodon).
Principales indications
Ils sont particulièrement indiqués pour le traitement des septicémies, des infections broncho-pulmonaires et des infections urinaires.
Sulfonamides ou sulfamides
On désigne sous le nom de sulfonamides antibactériens un ensemble de composés organiques artificiels dérivés de la sulfanilamide. Ils sont caractérisés par une fonction sulfonamide (-SO2NH2).
RISQUES LIES A LA PRESENCE DE RESIDUS ANTIBIOTIQUES DANS LES DENREES ALIMENTAIRES D’ORIGINE ANIMALE (DAOA)
Définitions
Médicament vétérinaire
Un médicament vétérinaire est toute substance appliquée ou administrée à tout animal producteur de nourriture, tels que les animaux producteurs de viande ou de lait, la volaille, les poissons ou les abeilles, que ce médicament soit utilisé dans un but thérapeutique, prophylactique ou de diagnostic, ou pour la modification de la fonction physiologique ou du comportement.
Résidus de médicaments antibactériens
Les résidus de médicaments antibactériens font partie des résidus de médicaments vétérinaires qui comprennent les composés souches ou leurs métabolites ainsi que les impuretés associées au médicament vétérinaire concerné, présents dans toute partie comestible du produit animal (viande, lait, œuf, miel, chair de poisson, etc.).
Dose Journalière Admissible (DJA)
La DJA est la quantité de médicaments vétérinaires, exprimée sur la base du poids corporel et pouvant être absorbée quotidiennement pendant toute la vie sans présenter de risque appréciable pour la santé (le poids humain normalisé est de 60kg).
Limite maximale de résidus pour les médicaments vétérinaires (LMRMV)
C’est la concentration maximale de résidu résultant de l’emploi d’un médicament vétérinaire (exprimé en mg/kg ou µg/kg sur la base du poids frais) et recommandée par la commission du Codex Alimentarius comme légalement permise ou estimée acceptable dans ou sur un aliment. Cette limite est basée sur le type et la quantité de résidu que l’on juge sans danger toxicologique pour la santé humaine tel qu’il est exprimé par la dose journalière admissible (DJA), ou sur la base d’une DJA temporaire utilisant un facteur supplémentaire de sécurité. Elle tient également compte d’autres risques de santé publique pertinents ainsi que de certains aspects technologiques alimentaires.
Temps de retrait, temps d’attente, délai d’attente
Ces termes désignent le délai entre la dernière administration d’un médicament et le prélèvement de tissus ou produits comestibles sur un animal traité, garantissant que la teneur des résidus de médicament dans les aliments est conforme à la LMRMV.
Résidus d’antibiotiques
Origine des résidus
Les résidus sont des substances pouvant apparaître dans les denrées alimentaires par suite de l’utilisation de médicaments vétérinaires ou de produits phytosanitaires. Il s’agit de traces indésirables de médicaments ou de produits phytopharmaceutiques ou de dérivés de ceux-ci dans le produit final [7]. Or, au cours de leur vie, les animaux doivent parfois être traités avec des médicaments destinés à prévenir ou à guérir certaines maladies. Il arrive que des résidus de ces médicaments aboutissent dans des produits alimentaires provenant d’animaux producteurs d’aliments tels que bovins, porcins, volailles et poissons. Néanmoins, ces résidus ne doivent pas être nocifs pour les consommateurs. C’est la raison pour laquelle des limites maximales de résidus (LMR) sont fixées pour chaque type de médicaments vétérinaires. Dans certains cas, l’utilisation de la substance concernée peut être interdite.
Facteurs de persistance
La persistance de résidus varie selon plusieurs facteurs :
• l’antibiotique lui-même ;
• la forme pharmaceutique ;
• les modalités d’injection ;
• le site d’injection ;
• la sévérité de l’irritation locale.
Il existe des différences notables sur ces points entre les différents antibiotiques.
Risques présentés par les résidus
Effets sur l’organisme humain
Les effets des résidus sur l’organisme humain dépendent de deux facteurs :
• de la transformation in vivo de la molécule d’origine, conduisant à la formation d’un métabolite ayant perdu ses propriétés antibactériennes mais possédant un pouvoir allergène résiduel. La toxicité de ce résidu peut être augmentée ou diminuée par rapport à celle de la molécule d’origine [7] ;
• de la « toxico disponibilité » qui correspond à la forme sous laquelle les résidus se trouvent dans l’organisme. Il peut être libre ou lié à des molécules.
Réactions allergiques
Plusieurs médicaments vétérinaires sont considérés comme ayant des effets allergènes. Deux familles d’antibiotiques sont souvent mises en cause : les bêta-lactamines et les macrolides [7]. En effet, les pénicillines constituent les composés les plus incriminés car des cas d’allergies dus à leurs résidus dans les aliments d’origine animale, notamment le lait, ont été scientifiquement prouvés. Peu de macrolides semblent entraîner des allergies.
L’effet des résidus est un effet déclanchant et non un effet sensibilisant. Il est vrai que compte tenu des très faibles taux de résidus présents dans l’organisme, comparés aux concentration d’antibiotique administrée lors de traitement ou de prophylaxie, il est très improbable qu’ils soient à l’origine d’une sensibilisation primaire de l’individu. D’autant plus que lorsque les antibiotiques sont administrés par voie orale, ils subissent donc des modifications qui tendent à diminuer leur pouvoir allergène. Les résidus de pénicilline en particuliers forment des complexes avec certaines protéines (albumines) par liaisons covalentes. Ils sont alors masqué par la structure tertiaire de l’albumine et deviennent inaccessible aux anticorps. Il est donc peu probable que des dérivés significativement immunogènes puissent être formés.
Risques embryotoxiques et tératogènes
Chez l’homme, il y a différentes causes de malformations :
• mutations génétiques : 20% ;
• produits chimiques : 4 à 6% ;
• aberrations chromosomiques : 3 à 5% ;
• infections : 2 à 3% ;
• déséquilibres métaboliques : 1 à 2% ;
• radiations : moins de 1% ;
• inconnues : 65 à 70%.
L’existence des risques embryotoxiques et tératogènes avec les résidus de médicaments vétérinaires est controversée. Cependant, s’ils existent, ils devraient être doses dépendantes.
Foetotoxicité
Les nitrofuranes sont soupçonnés de foetotxicité. Certains sulfamides sont foetotoxiques à forte dose. Ces molécules passent dans le lait maternel, et sont toxiques pour les nourrissons de moins d’un mois.
Risques cancérogènes
La cancérogenèse se déroule en deux phases complémentaires :
• l’initiation qui est une modification irréversible de l’information génétique ;
• la promotion qui permet à l’initiation de s’exprimer sous forme de tumeur.
La première phase est non dose dépendante tandis que la deuxième est dose dépendante.
Risques pour l’industrie agro-alimentaire
Il s’agit principalement de l’industrie laitière où les résidus d’antibiotiques perturbent les fermentations. Ces accidents interviennent surtout dans la fabrication des yaourts et des fromages affinés par inhibition des ferments lactiques et sélection de souches indésirables (staphylocoques). Le niveau de ces perturbations est variable selon la nature des antibiotiques, la concentration dans le lait et le type de produit fabriqué mais les pertes économiques qui s’en suivent peuvent être importantes (risque de détérioration des produits).
Risques pour les contrôles bactériologiques
La présence de résidus d’antibiotiques dans des denrées alimentaires soumises à un contrôle de qualité bactériologique peut amener à des résultats erronés. En effet, ces résidus suffisent à inhiber la croissance des microorganismes en culture. Les conséquences peuvent être graves du fait d’un éventuel masquage de la présence de germes pathogènes par inhibition due à ces résidus.
Risques de résistances aux antibiotiques
Acquisition des résistances
Le facteur le plus important dans la sélection de bactéries résistantes est généralement admis comme étant l’usage d’antibiotique. Cependant, il est impossible de faire la différence entre une antibiorésistance induite par les médicaments (ou résidus) vétérinaires d’une autre due à la médication chez l’homme. De plus, il faut noter la place de l’antibiosupplémentation (utilisation d’antibiotiques à très faible dose dans l’alimentation animale). Ces antibactériens promoteurs de croissance sont analogues à ceux utilisés en médecine humaine et comportent des résistances croisées avec eux. Les animaux qui les consomment rejettent donc une grande quantité de bactéries résistantes dans leurs fèces. Ces germes sont alors transférées aux hommes par voie directe ou indirecte via les aliments d’origine animale. Ils colonisent ainsi directement le tube digestif de l’homme ou échangent leurs gènes de résistance avec des bactéries commensales de l’intestin.
Il est évident que les souches résistantes se transmettent aussi de l’homme à l’animal. Un phénomène d’amplification peut alors se produire chez les animaux. Les bactéries résistantes diffusent dans l’environnement par les fèces. Ceci conduit à la contamination de l’eau, des aliments pour les animaux, des cultures, et dans le cas des ruminants, à une contamination par le biais des pâturages.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR MADAGASCAR
1.1. Le pays et ses ressources
1.2. Population et société
1.3. Economie
1.4. Importance de l’élevage aviaire
CHAPITRE 2 : RAPPELS SUR LES PRINCIPALES FAMILLES D’ANTIBIOTIQUES ETUDIEES
2.1. Définition d’un antibiotique
2.2. Classification
2.3. Bêta-lactamines
2.4. Tétracyclines
2.5. Sulfonamides ou sulfamides
2.6. Aminosides
2.7. Macrolides
CHAPITRE 3 : RISQUES LIES A LA PRESENCE DE RESIDUS ANTIBIOTIQUES DANS LES DENREES ALIMENTAIRES D’ORIGINE ANIMALE (DAOA)
3.1. Définitions
3.2. Résidus d’antibiotiques
3.3. Risques présentés par les résidus
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE 1 : MATERIEL ET METHODE
1.1. Matériel
1.2. Méthode
CHAPITRE 2 : RESULTATS
2.1. Présence de résidus au niveau des carcasses et abats de volailles vendus dans la capitale
2.2. Etude comparative du taux de contamination au niveau de chaque marché
2.3. Familles d’antibiotiques incriminées dans la contamination au niveau de chaque marché
2.4. Impact du mode d’élevage dans le risque de présence de résidus d’antibiotiques chez la volaille
2.5. Variation du risque selon le produit de consommation acheté (chair ou foie)
2.6. Niveau de contamination selon le type de DAOA
2.7. Contamination multiple
CHAPITRE 3 : DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
3.1. Discussions
3.2. Recommandations
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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