La pelade est une pathologie des follicules pileux. La pathogénie est encore dans le domaine de l’hypothèse, mais la notion d’auto-immunité est de plus en plus évoquée. Elle est caractérisée par la chute des cheveux en plaque. Bien que la pelade ne mette pas en jeu le pronostic vital, son impact psychologique est important. (1) Notre étude se rapporte aux cas de pelade rencontrés dans le service de Dermatologie et de Maladies sexuellement transmissibles de l’HJRA-CHU d’Antananarivo
RAPPEL SUR LES FOLLICULES PILEUX
Le follicule pilo-sébacé est constitué du follicule pileux, de la tige du poil, des glandes sébacées et du muscle arrecteur du poil.
Rappel embryologique
Le système tégumentaire inclut la peau et les phanères. Ils dérivent de l’ectoderme. Cette origine embryologique est d’importance capitale car le système nerveux a la même origine embryologique. Ainsi peut s’expliquer l’étroite relation qui existe entre la peau et le système nerveux. Les poils apparaissent sous la forme de prolifération épidermique du stratum germinativum, s’enfonçant dans le derme sous-jacent. On les appelle les bourgeons pileux. (5). La portion la plus profonde du bourgeon pileux constitue le bulbe du poil ou papille. Les cellules épithéliales de la bulbe forme la matrice germinale, qui donnera plus tard naissance aux poils. Ces cellules prolifèrent au centre du follicule pileux et forment la hampe du poil, tandis que les cellules périphériques forment la gaine épithéliale du poil. Les poils poussent, pénètrent dans l’épiderme et émergent à la surface cutanée. Les poils commencent à se développer durant le début de la vie fœtale (vers le 60ème jour de la vie embryonnaire) mais ne sont visibles que vers la 20ème semaine.
Rappel histologique
Les follicules pileux s’implantent dans l’épiderme folliculaire. Ce sont des structures épithéliales tubulaires qui s’ouvrent à la surface de l’épiderme (1), s’étendent jusque dans le derme.
Types de poil :
On distingue trois types de poils :
➤ Les poils velus ou duvets : fins, peu kératinisés et sans médulla
➤ Les poils terminaux : pourvus de médulla, épais et kératinisés.
➤ Les poils intermédiaires qui sont de petite taille tout en ayant une tige pilaire avec une médulla.
Morphologie du poil :
On distingue dans un poil :
➤ une partie extra-cutanée : la tige pilaire
➤ et une partie intra-cutanée divisée en quatre parties : l’infundibulum, l’isthme, la région des gaines épithéliales et le bulbe.
a. La tige pilaire :
Elle comporte 2 à 3 couches de kératine très organisées :
➤ la moelle : interne, elle est inconstante, n’existe pas dans les poils les plus fins ni dans les poils fœtaux (lanugo)
➤ le cortex : il est constitué de kératine dense et dure, différente de la kératine molle de la surface épidermique.
➤ La cuticule : elle est superficielle, et consiste en une simple couche de cellules kératinisées, aplaties, qui se chevauchent de façon très organisée. Les tiges pilaires contiennent des quantités variables de mélanine. Ceci dépend de l’activité des mélanocytes du bulbe pileux.
b. L’infundibulum :
Il s’étend de la surface de l’épiderme jusqu’à la jonction avec la glande sébacée.
c. L’isthme :
Il s’agit de la zone incluant la glande sébacée et l’insertion du muscle arrecteur du poil.
d. Les régions des gaines épithéliales :
Elles se trouvent en dessous de l’isthme.
e. Le bulbe :
Il s’agit de la structure la plus profonde qui entoure la papille folliculaire. Elle est constituée de cellules germinales qui sont à l’origine des différentes structures du tige du poil.
Vascularisation et innervation :
La vascularisation est assurée par des branches issues du réseau artériel planiforme superficiel, qui pénètre dans la papille. La vascularisation lymphatique se fait à partir du plexus qui entoure les glandes sébacées et les follicules pileux. La lymphe gagne ensuite les capillaires de plus grand diamètre du tissu sous-cutané. Les terminaisons nerveuses se concentrent au dessous du collet des glandes sébacées (complexe neuronal). Elles proviennent des fascicules myélinisées du plexus dermique profond, et montent parallèlement.
PHYSIOLOGIE DES FOLLICULES PILEUX
Les structures histologiques du follicule pileux correspondent chacune à un fonctionnement bien déterminé.
La kératinisation :
Le processus de kératinisation (ou cornification) recouvre les phénomènes biochimiques et morphologiques qui transforment les cellules basales de l’unité épidermique en une cellule cornée anucléée.
La mélanisation :
La synthèse de mélanine se fait dans les mélanocytes au niveau du bulbe pilaire, et de la gaine épithéliale externe. Puis il y a le transfert des mélanocytes dans les kératinocytes et la dégradation de la mélanine. La mélanine sera ensuite éliminée, avec la desquamation de la couche cornée ou au niveau du derme par voie lymphatique.
Le cycle pilaire :
Le renouvellement d’un poil se fait selon un cycle de 3 phases principales : anagène, catagène et télogène. Ces phases sont asynchrones.
a. La phase anagène :
C’est la phase de croissance du poil. Durant cette phase, les cellules germinales de la papille folliculaire subissent des mitoses itératives. Deux molécules ont des rôles importants dans le développement du follicule pileux : l’ ILGF1 (Insuline-Like Growth Factor 1) et le FGF1 (Fibroblast Growth Factor 1). Ils sont produits par la papille dermique et leurs récepteurs se trouvent principalement au niveau des cellules matrices. La durée de la phase anagène varie selon la région du corps : au niveau du scalp , elle dure de 2 à 8 ans et produit de longs cheveux , alors qu’au niveau des sourcils ,ce stade ne dure que 2 à 3 mois. L’arrêt du stade anagène est contrôlé par la FGF5 (Fibroblast Growth Factor 5) .
b. La phase catagène :
C’est la phase d’involution, où la majorité des kératinocytes folliculaires entrent en apoptose. La mélanogenèse folliculaire s’arrête durant cette phase. Quelques mélanocytes folliculaires subissent aussi une apoptose. A la fin de cette phase catagène, la papille dermique se condense et se déplace vers le haut, jusqu’au niveau du bulbe. Ceci est nécessaire pour que le follicule puisse reprendre le cycle. Ce qui n’est pas le cas dans l’alopécie permanente . Cette phase dure 2 à 3 semaines.
c. La phase télogène :
C’est la phase de repos et de chute, où les cheveux atteignent la maturité et chutent habituellement durant le coiffage ou le lavage. Physiologiquement, on perd environ 50 à 150 cheveux chaque jour . La phase télogène dure 2 à 3 mois avant que le follicule pileux ne rentre dans la phase anagène ,et le cycle recommence.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I.RAPPELS SUR LES FOLLICULES PILEUX
A. Rappels embryologique
B. Rappels histologique
1. Types de poils
2. Morphologie du poil
C. Vascularisation et innervation
D. Physiologie des follicules pileux
1. La kératinisation
2. La mélanisation
3. Le cycle pilaire
E. Les facteurs hormonaux et neurologiques qui contrôlent la croissance des cheveux
F. Fonctions des follicules pileux
G. Trichogramme
1 Indication
2 Technique
3 Résultats
II. REVUE DE LITTERATURE SUR LA PELADE
A. Définition
B. Historique
C. Epidémiologie
1. Mondiale
2. En Afrique
D. Physiopathologie et étiologie
1. Facteurs déclenchants
2. Mécanismes
a. Facteurs génétiques
b. Facteurs neuronaux et vasculaires
c. Auto-immunité
d. Mélanocytes
3. Conséquences
D. Diagnostic
1. Diagnostic positif
a. Clinique
a.1. Forme typique
a.2. Formes cliniques
b. Examens paracliniques
b.1. Trichogramme
b.2. Histologie
2. Diagnostic différentiel
a. Les alopécies cicatricielles
b. Les alopécies non cicatricielles
3. Diagnostic étiologique
E. Prise en charge
1. But
2. Moyens
3 Indications
a. Selon les formes et l’étendue de la lésion
b. Selon l’âge et le terrain
4 . Evolution et pronostic
5. Eléments de surveillance
DEUXIEME PARTIE : Notre travail proprement dit
METHODOLOGIE
I. Critères d’inclusion
II. Critères d’exclusion
III. Paramètres à étudier
IV. Critères de jugement
NOS OBSERVATIONS
RESULTATS
I. Caractéristiques de la population retenue
II. Résultats de l’analyse des paramètres étudiés
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION ET SUGGESTION
I. Sur les caractéristiques de l’échantillon
II. Sur le recrutement
III. Sur la présentation clinique
A. Les circonstances déclenchantes et les antécédents
B. Sur les prévalences des pathologies associées
C. Sur l’étendue des lésions
D. Sur l’ancienneté de la lésion
IV. Sur les formes cliniques
V. Sur le traitement
A. En cas de lésions minimes en plaques
B. En cas de formes étendue, ophiasique, totale ou universelle
VI. Sur les résultats thérapeutiques à court terme
A. Résultat selon le sexe
B. Résultat selon l’âge
C. Evolution selon la forme clinique
D. Résultats selon le traitement
1. Sous traitement topique
2. Sous bolus de corticoïde
E.Résultats selon l’étendue de la lésion
F.Résultats selon l’ancienneté de la lésion
VII. Sur la limite de validité de notre étude
VIII. Les tendances constatées
IX. Suggestions
A. pour le service de dermatologie
B. Pour le centre hospitalier
C. Pour l’Etat
CONCLUSION