RAPPELS SUR LE STRESS OXYDANTย
Dรฉfinition du stress oxydantย
Le stress oxydant rรฉfรจre ร une perturbation dans la balance mรฉtabolique cellulaire durant laquelle, la gรฉnรฉration dโoxydants accable le systรจme de dรฉfense antioxydant, que ce soit par augmentation de la production dโoxydants et /ou par une diminution des dรฉfenses anti oxydantes[4].Ce dรฉsรฉquilibre peut avoir diverses origines :
โ la surproduction endogรจne dโagents pro-oxydants dโorigine inflammatoire,
โ un dรฉficit nutritionnel en antioxydants ou mรชme une exposition environnementale a des facteurs pro-oxydants(tabac, alcool, mรฉdicaments, ozone, mรฉtaux, toxiques), [4-6].
Espรจces rรฉactives de lโoxygรจne (ERO)ย
Lโappellation espรจces rรฉactives de lโoxygรจne (ERO) inclut les radicaux libres de lโoxygรจne (radical superoxyde, radical hydroxyle, monoxyde dโazote, etcโฆ) mais aussi certains dรฉrivรฉs rรฉactifs non radicalaires dont la toxicitรฉ est plus importante tels que le peroxyde dโhydrogรจne (H2O2) et le peroxynitrite (ONOO) .
Les radicaux libres sont des espรจces chimiques, atomiques ou molรฉculaires, contenant un ou plusieurs รฉlectron(s) libre(s) non appariรฉ(s) sur leurs couches externes [8]. Cet รฉtat leur confรจre une instabilitรฉ รฉnergรฉtique et cinรฉtique. Ils apparaissent soit au cours de la rupture symรฉtrique dโune liaison covalente (fission homolytique) pendant laquelle chaque atome conserve son รฉlectron soit au cours dโune rรฉaction redox avec perte ou gain dโun รฉlectron ร partir dโun composรฉ non radical [6]. Du fait de leur caractรจre trรจs รฉlectrophile, les espรจces radicalaires vont tenter de rรฉapparier leurs รฉlectrons cรฉlibataires en agressant toute molรฉcule susceptible de se faire arracher un รฉlectron [8]. Lโespรจce agressรฉe devient ร son tour radicalaire initiant de cette faรงon un processus de rรฉaction en chaรฎne [6] qui se caractรฉrise par trois รฉtapes :
– initiation ;
– propagation ;
– terminaison, provoquant enfin une perturbation de la cellule vivante.
Lโinstabilitรฉ des ERO rend difficile leur mise en รฉvidence au niveau des diffรฉrents milieux biologiques. Leur constante de vitesse rรฉactionnelle varie selon leur nature, elle est trรจs รฉlevรฉe et peut aller de 10โต ร 10ยนโฐ mol-1.l.s1- [9]. La durรฉe de vie des ERO est extrรชmement trรจs courte de la nano ร la milli seconde [8]. En effet, la toxicitรฉ des ERO nโest pas nรฉcessairement corrรฉlรฉe avec leur rรฉactivitรฉ. Dans plusieurs cas, des espรจces peu rรฉactives peuvent รชtre ร lโorigine dโune grande toxicitรฉ en raison de leur demi-vie longue qui leur permet de diffuser et gagner des localisations sensitives oรน elles peuvent interagir et causer des dommages ร longue distance de leurs sites de production.
Nature et sources cellulaires des ERO
Les ERO se forment de faรงon parasitaire dans toutes les rรฉactions biochimiques comportant le transfert dโรฉlectrons ou la participation de lโoxygรจne. Divers types cellulaires et tissus donnent naissance aux ERO par des rรฉactions enzymatiques ou par auto-oxydation au cours de leur mรฉtabolisme normal et parfois en rรฉponse ร un stimulis spรฉcifique. Dans ce contexte, plusieurs exemples peuvent รชtre citรฉs .
Radical anion superoxyde
Par sa configuration รฉlectronique, lโoxygรจne molรฉculaire est un radical, il possรจde en effet, deux รฉlectrons non appariรฉs. Heureusement, un blocage cinรฉtique limite sa rรฉactivitรฉ ; les spins de ses deux รฉlectrons sont parallรจles lui attribuant une stabilitรฉ relativement grande. Cependant, dans lโorganisme, une partie de cet oxygรจne molรฉculaire peut capter de maniรจre univalente, un รฉlectron, conduisant ร la formation du radical superoxyde (Oโ-2 ); chef de file des ERO [6].
O2 + e- โ O2โ-
La source principale de ce radical est la chaรฎne de transport dโรฉlectrons mitochondriale [10] au niveau du complexe I (NADH /ubiquinone oxydorรฉductase) et du complexe III (ubiquinol /cytochrome C oxydorรฉduction) [11]. Environ 0 ร 5 % de l’oxygรจne molรฉculaire utilisรฉ par les mitochondries est partiellement rรฉduit par des รฉlectrons qui s’รฉchappent des transporteurs dโรฉlectrons de la chaรฎne respiratoire [10]. Dโautres chaรฎnes de transport dโรฉlectrons (pรฉroxysomes et microsomes) contribuent pareillement ร la production de lโanion superoxyde O2โ-dans les cellules en aรฉrobiose. Les cytochromes P450 de la chaรฎne de transport dโรฉlectrons des microsomes peuvent produire des ERO quand ils interrompent le cycle redox normal et dรฉtournent le flux dโรฉlectrons vers lโO2. La poussรฉe respiratoire (respiratoryburst) des polynuclรฉaires neutrophiles constitue une source cellulaire importante de lโanion superoxyde qui est produit au niveau de la NADPH oxydase, un complexe enzymatique formรฉ de plusieurs sous unitรฉs. Cette enzyme normalement dormante est activรฉe lorsque la cellule phagocytaire est stimulรฉe pour produire le O2โ-(voir rรฉaction suivante).
Stress oxydant et pathologies humainesย
Le stress oxydant est une circonstance anormale que traversent parfois nos cellules ou un de nos tissus, lorsquโils sont soumis ร une production, endogรจne ou exogรจne, de radicaux libres oxygรฉnรฉs qui dรฉpasse leurs capacitรฉs antioxydantes. Lโexcรจs de radicaux libres non neutralisรฉs par les dรฉfenses est trรจs dommageable pour les macromolรฉcules essentielles de nos cellules ,entraรฎnant des anomalies dโexpression des gรจnes et des rรฉcepteurs membranaires ,la prolifรฉration ou la mort cellulaire, des troubles immunitaires, la mutagenรจse, les dรฉpรดts de protรฉines ou de lipofuschine dans les tissus.
De nombreuses affections humaines ou animales incluent donc un stress oxydant, local ou gรฉnรฉral, dans leur pathogenรจse au mรชme titre que lโinflammation ร laquelle il est souvent associรฉ. Dans plusieurs maladies graves, notamment celles liรฉes au vieillissement, le stress oxydant est le facteur dรฉclenchant originel. Cโest le cas des cancers, des pathologies oculaires (cataracte et dรฉgรฉnรฉrescence maculaire), des maladies neurodรฉgรฉnรฉratives(ataxies, sclรฉrose latรฉrale amyotrophique, maladie dโAlzheimer). La sclรฉrose latรฉrale amyotrophique familiale est lโexemple le plus dรฉmonstratif, puisque cette maladie gรฉnรฉtique est due ร un dรฉfaut sur le gรจne de lโenzyme antioxydant : la superoxyde dismutase [16]. Dans de nombreuses autres maladies, le stress oxydant est secondaire ร lโรฉtablissement de la pathologie, mais participe ร ses complications immunitaires ou vasculaires. Cโest le cas de maladies infectieuses comme le sida ou le choc septique, le diabรจte, la maladie de Parkinson ou lโinsuffisance rรฉnale. Il semble donc important de tester lโeffet thรฉrapeutique des molรฉcules antioxydantes naturelles ou de synthรจse qui peuvent agir dans la prรฉvention des maladies dรฉgรฉnรฉratives ร la condition dโรชtre apportรฉes trรจs tรดt avant lโapparition de mรฉcanismes induits irrรฉversibles. A doses modรฉrรฉes car la production basale de radicaux libres est indispensable ร de nombreuses fonctions et ne doit pas รชtre supprimรฉe [17]. Comme lโinflammation, le stress oxydant est un phรฉnomรจne impliquรฉ dans plusieurs maladies. La variรฉtรฉ des consรฉquences mรฉdicales ne doit pas surprendre, car ce stress sera, selon les cas, localisรฉ ร un tissu et ร un type cellulaire particuliers, mettra en jeu des espรจces radicalaires diffรฉrentes et sโassociera avec dโautres facteurs pathogรจnes ou des anomalies gรฉnรฉtiques spรฉcifiques et individuelles.
Par la crรฉation de molรฉcules biologiques chimiquement et irrรฉversiblement anormales et la surexpression de certains gรจnes, le stress oxydant sera la cause initiale essentielle de plusieurs maladies : cancer, cataracte, sclรฉrose latรฉrale amyotrophique, syndrome de dรฉtresse pulmonaire aigu, ลdรจme pulmonaire, vieillissement accรฉlรฉrรฉ. Ainsi, les relations entre stress oxydant et cancer sโavรจrent trรจs รฉtroites ; les radicaux libres intervenant dans lโactivation des pro-carcinogรจnes en carcinogรจnes, crรฉant les lรฉsions de lโADN, amplifiant les signaux de prolifรฉration et inhibant les anti-oncogรจnes. Par contre, ร un stade plus avancรฉ dโรฉvolution de la carcinogenรจse, les radicaux libres serviront inversement pour les NK (Natural Killer) ร tuer les cellules tumorales [18]. Le stress oxydant sera aussi un des facteurs potentialisant la genรจse de maladies plurifactorielles telles que le diabรจte, la maladie dโAlzheimer, les rhumatismes et les maladies cardiovasculaires. Dans la genรจse de la plaque dโathรฉrome, lโoxydation des LDL est un des phรฉnomรจnes clefs transformant les monocytes en cellules spumeuses, mais le rรดle du stress oxydant dans la mise en route dโautres facteurs de risque est loin dโรชtre nรฉgligeable : lโaugmentation de la rรฉsistance ร lโinsuline, lโactivation des cellules endothรฉliales libรฉrant des mรฉdiateurs pro-oxydants (prostacycline, cytokines, facteurs de fibrinolyse, superoxydes, NO), augmentation de la prolifรฉration des fibres lisses. Un facteur de risque dรฉcouvert rรฉcemment, lโhomocystรฉine, voit son action liรฉe en partie ร la production de radicaux libres lors de son mรฉtabolisme [18]. Dans certaines maladies, la cause initiale ne met pas en jeu un processus radicalaire, mais la survenue secondaire du stress vient aggraver le processus initial. Un exemple caractรฉristique de cette situation est celui du sida oรน le processus initial est lโinfection virale, mais oรน le virus induit un stress oxydant en rรฉprimant le gรจne de la superoxyde dismutase et de la glutathion peroxydase facilitant la mort des lymphocytes T par apoptose. Lโimplication la plus nette des radicaux libres est mise en รฉvidence dans les maladies gรฉnรฉtiques qui sont directement induites par des anomalies hรฉrรฉditaires dโun gรจne antioxydant. Ainsi, plusieurs mutations de la Cu-Zn-SOD ont รฉtรฉ observรฉes dans les formes familiales dโune maladie neurologique trรจs sรฉvรจre, la sclรฉrose latรฉrale amyotrophique (SLA) qui apparaรฎt brutalement vers 40 ans et รฉvolue rapidement vers une paralysie progressive et vers la mort [16].
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : RAPPELS SUR LE STRESS OXYDANT ET LES ANTI-OXYDANTS
I.RAPPELS SUR LE STRESS OXYDANT
I.1 Dรฉfinition du stress oxydant
I.2. Espรจces rรฉactives de lโoxygรจne (ERO)
1.3. Nature et sources cellulaires des ERO
I.3.1. Radical anion superoxyde
I.3.2. Peroxyde dโhydrogรจne
I.3.3. Radical hydroxyle
I.3.4. Monoxyde dโazote
I.3.5. Oxygรจne singulet
I.4.Stress oxydant et pathologies humaines
I.5 stress oxydant et ses consรฉquences biologiques
I.5.1 Protรฉines
I.5.2 Acides nuclรฉiques
I.5.3 Lipides
II. Antioxydants
II.1. Dรฉfinition
II.2. Diffรฉrents systรจmes antioxydants
II.2.1 Systรจmes non enzymatiques
II2.1.52 Tanins
II.2.2 Systรจmes enzymatiques
II.1. Mรฉthodes de piรฉgeage des radicaux libres oxygรฉnรฉs
II.1.1 Piรฉgeage du peroxyde dโhydrogรจne (H2O2 scavenging activity)
II. 1. 2. Piรฉgeage du radical hydroxyle (HOโ)
II.1.3. Piรฉgeage du radical peroxyle (ROOโ)
II.2. Mรฉthodes de piรฉgeage des radicaux stables et รฉvaluation de leur capacitรฉ de rรฉduction
II. 2.1. Piรฉgeage du radical 2,2-diphรฉnyl-1picrylhydrazyl (DPPHโ)
II.2. 2 Piรฉgeage de lโABTS (2,2โ-azynobis-[3-ethylbenzothiazoline-6-sulfonic acid])
II. 2.3. Rรจduction du fer (FRAP: Ferric Reducing Ability of Plasma)
CHAPITRE II : ETUDE DE MANGIFERA INDICA
I. Taxinomie, origine et distribution
II. Description botanique
II.1. Position dans la systรฉmatique
II.2. Noms africains
II.3. Diffรฉrentes variรฉtรฉs de mangue
II.4. Description de la plante
III. Donnรฉes phytochimiques
III.1 Racines
III.2 Tiges
III.3 Pulpe de fruits et noyau
III.4 Feuilles
IV. Donnรฉes pharmacologiques
IV.1 Propriรฉtรฉs antiparasitaires
IV.2 Propriรฉtรฉs antibactรฉriennes
IV.3 Propriรฉtรฉs antifongiques
IV.4 Propriรฉtรฉs antivirales
IV.5 Propriรฉtรฉs anti-inflammatoires et antalgiques
IV .6 Propriรฉtรฉs anti-oxydantes
CONCLUSION