Le pied bot est une déformation permanente du pied tel qu’il ne se repose plus sur le sol par ses points d’appuis normaux (1). Le Pied Bot Varus Equin (PBVEC) est une anomalie tridimensionnelle, immédiatement reconnaissable dès la naissance atteignant les éléments osseux, articulaires et musculaires du pied (2,3). C’est une malformation fréquente du pied (4). La cheville est en flexion plantaire, le talon en varus et, le métatarse en varus adductus (2). Dans le monde, sa prévalence est de 1 cas pour 1000 naissances (4). En Afrique du sud, elle est de 3,5 pour 1000 naissances (5). Au Centre d’appareillage de Madagascar en 2005, il représente 15,7% des patients traités. Le traitement du PBVEC varie mais selon les chirurgiens orthopédiques, le traitement initial doit être des traitements fonctionnels et peut être suivi par des traitements chirurgicaux en cas d’existence des déformations résiduelles durant l’enfance ou, à l’âge adulte (6).
Dans le cas où le pied bot est mal traité ou n’est pas traité, le risque d’ handicap est majeur. Alors il engendre ultérieurement de problèmes physique, psycho-social et financier (7). La chirurgie peut l’éviter. La procédure de la chirurgie est à discuter (8). L’âge d’indication chirurgicale varie d’une équipe à l’autre, selon la préférence et l’expérience des chirurgiens (9). Certains l’ont faite dès la naissance mais dont la réussite peut être remise en question (10). Des enfants ont subi une opération vers leur 4ème ou 5ème mois (11), et les uns entre leurs 8ème à 11ème mois (12), d’autres à partir de leurs 12ème mois (13).
RAPPELS SUR LE PIED BOT VARUS EQUIN CONGENITAL
DEFINITION
Le PBVEC se définit par la fixation du pied dès la naissance en varus, adductus et équin c’est à dire inclinaison du pied à l’intérieur et la pointe de pied se dirige vers le bas .
ANATOMIE DU PIED
Les os du pied
Le pied est l’extrémité de la jambe permettant la station verticale et la marche. C’est un ensemble d’os succédant le talon en arrière, aux orteils en avant. On peut diviser le pied en trois parties le tarse, le métatarse et les phalanges (schéma n°1).
• Le tarse
Il contient les sept os de la cheville qui sont l’astragale, le calcanéum, le cuboïde, l’os naviculaire et les trois cunéiformes: L’astragale assure, avec le calcanéum, la rotation de la cheville et, avec le tibia et le fibulla, la flexion du pied. Le calcanéum forme la saillie du talon et supporte une grande partie du corps. Le cuboïde s’articule avec les métatarsiens des deux derniers orteils. L’os naviculaire s’articule avec l’astragale.
• Le métatarse
Il comprend les cinq os longs, les métatarsiens, constituant la plante du pied et reliant la rangée du tarse aux phalanges proximales.
• Les phalanges
Ce sont des os articulés formant les squelettes des orteils. Chaque orteil en contient trois, à l’exception du gros orteil qui n’en a que deux.
Le métatarse et les phalanges forment l’avant pied, l’astragale et le calcanéum forment l’arrière pied.
Les articulations du pied
Les diverses articulations assurent l’adaptation du pied aux irrégularités du terrain.
✦La tibio-tarsienne
Elle assure la flexion-extension de l’astragale.
✦La sous-astragalienne
Elle assure les triples mouvements du calcanéum :
– l’abduction-adduction dans le plan horizontal,
– la pronation-supination dans le plan frontal,
– la flexion-extension dans le plan sagittal.
✦La médio-tarsienne ou l’articulation de CHOPART
Elle assure le mouvement du tarse antérieur dans le plan frontal (soit inversion, soit éversion).
✦La tarso-métatarsienne (articulation de LISFRANC)
Elle assure les mouvements de métatarse.
✦Les métatarso-phalangiennes
Elles assurent les flexions-extension des phalanges.
L’Architecture
L’architecture osseuse est arrangée de telle façon qu’entre les trois points d’appui du pied, on obtient des « ARCHES » rendues, limitant la voûte plantaire. Ces arches permettent au pied de soutenir le poids corporel et assurent une solidarité lors des mouvements. Le pied présente deux arches principales :
– L’arche longitudinale
Elle est composée d’os tarsiens et métatarsiens disposés de façon à former un arc allant de la partie antérieure à la partie postérieure du pied. La partie médiane de cette arche longitudinale commence dans le calcanéum. Elle monte jusqu’à l’astragale et descend le long de l’os naviculaire, formé de trois cunéiformes et de trois métatarsiens médians. La partie latérale de l’arche longitudinale commence également au niveau du calcanéum. Elle monte le long du cuboïde et descend jusqu’aux deux métatarsiens latéraux. L’os cuboïde constitue le pilier de cette arche.
– L’arche transverse
Elle est formée de calcanéum, d’os naviculaire, de cuboïde et de parties postérieures des cinq métatarsiens.
Les muscles du pied
• Les extenseurs du pied
Le triceps sural, constitué par les jumeaux et le soléaire, se termine sur la face postérieure du calcanéum par un tendon terminal commun, le tendon d’Achille. Le jambier postérieur, le fléchisseur commun des orteils et le fléchisseur propre du gros orteil, du côté interne, sont en même temps adducteurs et supinateurs du pied ; Le court et le long péronier latéral, du côté externe, sont en même temps abducteurs et les pronateurs du pied.
• Les fléchisseurs du cou de pied
En dedans, on distingue l’extenseur propre du gros orteil et le jambier antérieur qui sont en même temps adducteurs et supinateurs du pied. En dehors, l’extenseur commun des orteils et le péronier antérieur qui sont également abducteurs et pronateurs du pied.
• Les muscles adducteurs-supinateurs
Les jambiers qui sont les principaux muscles adducteurs-supinateurs. Le jambier postérieur est très fortement adducteur tandis que le jambier antérieur est plus supinateur qu’adducteur. Le jambier postérieur est aidé par le fléchisseur propre du gros orteil et le fléchisseur commun des orteils dans ses actions d’extension et d’adduction. L’extenseur propre du gros orteil intervient très peu dans ce mouvement d’adduction-supination, il est surtout un muscle fléchisseur.
• Les muscles abducteurs-pronateurs
Ils sont constitués par :
Les muscles péroniers qui sont simultanément extenseurs, abducteurs et pronateurs. Le court péronier latéral qui assure la grande partie de la réalisation de l’abduction. Le long péronier latéral et le triceps sural qui sont des muscles synergiquesantagonistes, synergiques dans l’extension, antagonistes dans l’abduction-pronation, mais ils sont des fléchisseurs.
ETIOLOGIE
La cause de PBVEC est encore inconnue, mais il y a des théories qui expliquent les déformations :
Théorie génétique
Il y a plusieurs arguments qui peuvent plaider l’origine génétique :
– l’existence de plusieurs cas dans une même famille,
– la prédominance masculine,
– il y a des différences de fréquence des pieds bots dans une ethnie à une autre : 7 pour 1000 en Polynésie et 1, 2 en Europe occidentale par exemple.
Théorie musculaire
Des études histologiques ont montré qu’une anomalie neurologique initiale responsable des rétractions des muscles et des tendons et de la déformation consécutive en varus équin pouvait exister .
Théorie de malformation osseuse
Certains auteurs ont émis l’hypothèse qu’une anomalie initiale de l’astragale, touchant surtout le col et la tête pouvait expliquer la déformation en varus équin .
Théorie de l’asymétrie de croissance entre le rayon fibulaire et le rayon tibial
Elle découle de l’observation de la morphogénèse du pied avec un synchronisme entre le côté fibulaire et le côté tibial .
Théorie de l’arrêt de développement
D’âpres Böhm et Claver, le pied bot serait dû à un arrêt de développement à la fin du deuxième mois, c’est la théorie de l’inhibition du pied .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS SUR LE PIED BOT VARUS EQUIN CONGENITAL
I-DEFINITION
II-ANATOMIE DU PIED
II-1-Les os du pied
II-2-Les articulations du pied
II-3-L’architecture
II-4-Les muscles du pied
III-ETIOLOGIE
III-1-Théorie génétique
III-2-Théorie musculaire
III-3-Théorie de malformation osseuse
III-4-Théorie de l’asymétrie de croissance entre le rayon fibulaire et le rayon tibial
III-5-Théorie de l’arrêt de développement
IV-EXAMEN CLINIQUE
IV-1- Inspection
IV-2-Palpation
V-EXAMEN PARACLINIQUE
V-1-Echographie
V-2-La radiographie standard
V-3-Scanner et IRM
VI-TRAITEMENTS
VI-1- Traitement non chirurgical
VI-2-Traitement chirurgical
VII-CRITERES D’INDICATION CHIRURGICALE
VIII-PRONOSTIC
DEUXIEME PARTIE : ETUDE PROPREMENT DITE
I-METHODOLOGIE
II-RESULTATS
II-1-Caractéristiques des patients
II-2-Caractéristiques cliniques du PBVEC
II-3-Traitements antérieurs
II-4-Critères d’indication chirurgicale
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRES-DISCUSSIONS-SUGGESTIONS
I-COMMENTAIRES ET DISCUSSIONS
I-1-Caractéristiques des enfants traités
I-2-Caractéristiques cliniques du PBVEC
I-3-Traitements reçus
I-4-Critères d’indication chirurgicale
II-SUGGESTIONS
CONCLUSION