Le traitement endodontique a pour objectif de traiter les maladies de la pulpe et du péri apex et ainsi de transformer une dent pathologique en une entité saine, asymptomatique et fonctionnelle sur l’arcade. Son objectif est de rendre la dent affectée, biologiquement acceptable, c’est-à-dire indemne de tout symptôme, fonctionnelle et sans pathologie décelable. Il est constitué de trois phases à savoir le diagnostic, la phase préparatoire et la phase de l’obturation au cours desquelles peuvent survenir des échecs. Ces échecs sont dus non seulement à la complexité canalaire, aux difficultés des traitements endodontiques mais aussi à la longueur et au coût des interventions qu’ils impliquent. En effet, la pratique quotidienne de l’endodontie repose sur trois éléments essentiels qui constituent le trépied de Weine: le diagnostic, la préparation et l’obturation canalaire. Son objectif principal est de maintenir ou de rétablir la dent et le parodonte péri radiculaire dans un état biologique acceptable. Selon Laurichesse[25]:« l’obturation canalaire doit isoler le système canalaire de son environnement parodontal, pour ne laisser au contact de ce dernier que le cément, seul élément vivant susceptible de réparation dans la zone péri apicale, après disparition de la pulpe ».
La revue de littérature nous indique que si les différentes techniques de compactage de la gutta-percha sont toutes plus ou moins considérées comme acceptables, toutes les techniques basées sur l’obturation à la pâte canalaire avec ou sans adjonction de cônes, sont réprouvées. Pourtant le principe reste le même: on associe une pâte canalaire ou un ciment à un noyau dur semi-solide, plus ou moins volumineux et plus ou moins compressif, la pâte assurant dans tous les cas l’étanchéité de l’obturation.
Pour améliorer la qualité des traitements endodontiques, il est indispensable de mettre à la disposition des praticiens, de manière permanente, un certain nombre de paramètres qui peuvent avoir une influence sur le pronostic du traitement endodontique.
RAPPELS SUR L’ANATOMIE CANALAIRE ET LE TRAITEMENT ENDODONTIQUE
ANATOMIE ENDODONTIQUE
Les traitements endodontiques nécessitent toujours l’introduction d’instruments dans le canal. Il y a donc une nécessité thérapeutique de connaître l’anatomie interne de la dent pour que l’ouverture de la chambre pulpaire, le cathétérisme, la préparation et l’obturation canalaire se fassent aisément. En effet, la dent est constituée de tissus durs délimitant une cavité interne dite cavité pulpaire qui abrite la pulpe, organe vital de la dent constitué d’éléments vasculo-nerveux. Sur une coupe longitudinale, la pulpe peut être divisée en deux portions:
– une portion coronaire ;
– et une portion radiculaire.
Portion coronaire ou chambre pulpaire
Elle est toujours unique et a la forme de la dent. Les tubercules et les sillons que l’on voit à la surface de l’émail ont leur correspondance au niveau pulpaire, ce sont les cornes et concavités pulpaires. Longitudinalement, de la couronne à la racine, sur les dents pluriradiculées, la chambre pulpaire est limitée par un plafond et un plancher.
– Le plafond pulpaire
C’est la partie coronaire de la dent qui recouvre la partie occlusale de la cavité pulpaire. Il reproduit la forme extérieure de la face occlusale de la dent. Les cingulums et cuspides ont leur correspondance à ce niveau. Lors des traitements radiculaires, il doit être éliminé favorisant ainsi l’accès direct aux canaux radiculaires.
– Le plancher pulpaire
Il n’existe qu’au niveau des dents pluriradiculées. Il se présente toujours comme une surface convexe dont les entrées canalaires occupent les angles. Il est impératif de le respecter lors des soins radiculaires pour éviter sa perforation.
Portion radiculaire ou système canalaire
Description du système canalaire
Depuis les travaux de Hess [18] en 1925, de Dedeus [8] en 1975, jusqu’à ceux plus récents de Vertucci [61] en (1984), il est établi qu’une racine avec un canal cylindro-conique unique et un foramen apical unique est une exception. Actuellement, tous les auteurs s’accordent sur la complexité de l’anatomie du canal radiculaire. Une représentation tridimensionnelle amène les auteurs à parler de système canalaire ou réseau canalaire. Pour se rendre compte de cette complexité, on distingue :
– le canal principal ;
– le canal latéral ;
– le canal secondaire ;
– et le canal accessoire.
LE TRAITEMENT ENDODONTIQUE
Définition
Le traitement d’endodontie implique un traitement chimique et biomécanique du système canalaire, afin d’éliminer la maladie pulpaire et péri radiculaire pour favoriser la guérison ainsi que le recouvrement des tissus péri radiculaires [45].
But
La finalité de tout traitement endodontique est d’assurer le maintien de l’organe dentaire dépulpé dans un état de santé permanent en prévenant l’apparition de lésions péri apicales ou en les éliminant lorsqu’elles existent [63].
Indications et contre Indications
L’établissement d’un diagnostic correct reste une condition indispensable pour entreprendre le traitement endodontique qui répond à des indications précises. Ces indications comprennent toutes les maladies de la pulpe dentaire, leurs complications et plus généralement tous les évènements pathologiques ou traumatiques qui peuvent affecter la racine dentaire. Les indications majeures sont :
– L’inflammation pulpaire irréversible;
– L’inflammation de la région péri-apicale d’origine endodontique;
– La nécrose pulpaire;
– Les résorptions internes et externes;
– La restauration prothétique;
– Les échecs du traitement endodontique;
– Les fractures coronaires ou corono-radiculaires compliquées avec atteinte pulpaire
– Et les fractures radiculaires avec complication pulpaire, à condition que les deux fragments soient parfaitement alignés .
Temps opératoires
Les préalables : la radiographie préopératoire [27, 47, 37] . Elle participe à l’élaboration du diagnostic ; son apport est déterminant devant certaines affections dont la découverte est souvent fortuite (résorptions internes et externes). Avant de débuter un traitement endodontique la radiographie préopératoire permet de prévoir les difficultés que sont :
– les canaux coudés ;
– les canaux supplémentaires ;
– les canaux calcifiés.
Anesthésie de la dent
C’est le blocage transitoire de la sensation douloureuse par infiltration de solution anesthésique. Elle est indiquée pour les dents à pulpe vivante enflammée de manière irréversible [15].
Pose de la digue
La digue, champ opératoire le plus indiqué en Endodontie, permet d’isoler la ou les dents à traiter. Elle favorise les conditions d’asepsie et met celle(s) -ci à l’abri de toute contamination salivaire. Elle prévient les accidents d’inhalation ou d’ingestion des instruments et produits utilisés mais aussi des déchets engendrés. Enfin, elle facilite le travail du praticien, en augmentant la visibilité et l’accessibilité des instruments et en favorisant l’ouverture constante de la cavité buccale [29].
Dépose des restaurations existantes
La mise en évidence des entrées canalaires suppose la réalisation préalable d’une cavité d’accès répondant à des critères précis [49, 64]. Celle-ci implique la dépose préalable des obturations coronaires et des supra structures prothétiques quand elle est nécessaire. Le démontage, à posteriori, de matériaux résineux ou métalliques, fait en effet courir un risque d’obstruction des orifices par des débris de fraisage [5].
Voie d’accès endodontique (cavité d’accès)
La réalisation d’une cavité d’accès endodontique est une étape importante du traitement endodontique. L’objectif est d’assurer un accès libre aux canaux radiculaires. Sa réalisation doit répondre à des critères précis. Les critères d’une cavité d’accès correcte sont:
– Un accès visuel direct aux entrées canalaires : la cavité d’accès correcte doit permettre une vue entière du plancher et des entrées canalaires. Pour cela, le plafond pulpaire doit être éliminé en supprimant tout ressaut dentinaire ou amélaire.
– Un accès instrumental direct à la région apicale .
– La cavité d’accès correcte doit permettre l’accès des instruments à la région apicale sans interférence avec ses parois.
Ainsi, chaque dent doit répondre à des normes architecturales.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : RAPPELS SUR L’ANATOMIE CANALAIRE ET LE TRAITEMENT ENDODONTIQUE
I. ANATOMIE ENDODONTIQUE
I.1. Portion coronaire ou chambre pulpaire
I.2. Portion radiculaire ou système canalaire
I.2.1. Description du système canalaire
I.2.2. Différents types de configuration canalaire
II. LE TRAITEMENT ENDODONTIQUE
II.1.Définition
II.2.But
II.3.Indications et Contre Indications
II.4.Temps opératoires
II.4.1. Anesthésie de la dent
II.4.2. Pose de la digue
II.4.3. Dépose des restaurations existantes
II.4.4. Voie d’accès endodontique (cavité d’accès)
II.4.5. Nettoyage et mise en forme canalaires
II.4.5.1. Définition
II.4.5.2. Objectifs
II.4.5.3. Principes
II.4.5.4. Concept de la mise en forme canalaire
II.4.6. Irrigation
II.4.6.1. Objectifs
II.4.6.2. Solutions d’irrigation
II.4.6.3. Séquences d’irrigation recommandée
II.4.7. L’obturation canalaire
II.4.7.1. Définition
II.4.7.2. Historique
II.4.7.3. Principe
II.4.7.4. Objectifs
II.4.7.5. Les moyens
II.4.7.6. Conditions de réalisation
II.4.7.7. Les différentes techniques d’obturation canalaire
II.4.7.7.1. Techniques classiques
II.4.7.7.2. Techniques modernes
II.4.8. Restauration coronaire des dents dépulpées
II.4.8.1. Restaurations directes au composite
II.4.8.2. Restaurations indirectes au composite
II.4.8.3. Restauration à l’amalgame
II.4.8.4. Couronne prothétique
PARTIE II : INFLUENCE DE L’OBTURATION CANALAIRE SUR LE PRONONSTIC DU TRAITEMENT ENDODONTIQUE INITIAL :ETUDE RADIOGRAPHIQUE (REVUE DE LA LITTERATURE )
I. JUSTIFICATION
II. METHODE
II.1. Recherche documentaire
II.2. Sélection des articles
III. RESULTATS
III.1. Types d’étude
III.2. Critères d’évaluation du traitement endodontique
III.2.1. Traitement endodontique évalué comme succès
III.2.2. Traitement endodontique évalué comme échec
III.2.3. Traitement endodontique évalué comme un résultat incertain
III.3. Qualité de l’obturation canalaire
III.4. Qualité de la reconstruction coronaire
IV. DISCUSSION
IV.1. Evaluation du traitement endodontique
IV.1.1. Traitement endodontique évalué comme succès
IV.1.2. Traitement endodontique évalué comme échec
IV.1.3. Traitement endodontique évalué comme un résultat incertain
IV.2. Erreur par excès et par défaut
IV.3. Importance de la restauration coronaire
CONCLUSION
REFERENCES