Le rein est un organe vital. Il est impliqué dans plusieurs processus mais sa principale fonction est d’assurer la détoxification de l’organisme en évacuant les déchets par l’urine. Il a ainsi une double fonction : une fonction urinaire ou d’épuration et une autre fonction de régulation du milieu intérieur. Cette double fonction permet de maintenir l’équilibre de l’homéostasie du milieu intérieur en équilibrant les entrées et les sorties de l’eau, des électrolytes, (potassium, sodium, chlore, bicarbonates,…), de l’azote (apporté sous forme de protides par l’alimentation et éliminé sous forme d’urée, de créatinine, et d’acide urique). Elle permet aussi d’éliminer de multiples autres substances, toxiques ou médicamenteuses par exemple. Le rein a également un rôle de dilution ou de concentration de l’urine par rapport au plasma ; son pouvoir de concentration peut avoir des conséquences néfastes lorsqu’il entraine dans l’interstitium rénal une accumulation de substances toxiques [15].
Le rein a en outre une fonction endocrine. Il fabrique des hormones telles que l’érythropoïétine (EPO) qui stimule la fonction des globules rouges au niveau de la moelle osseuse, la rénine qui régule la pression artérielle, les prostaglandines qui régulent les circulations locales et les enzymes qui agissent sur la vitamine D donc le calcium et les os. De nos jours, malgré le développement de la médecine moderne on assiste toujours à une utilisation importante des plantes médicinales. Ces dernières possèdent dans une ou plusieurs parties de leurs organes un certain nombre de composés chimiques qui leur confèrent des propriétés thérapeutiques. Les plantes médicinales sont utilisées pour leur effet analgésique, anti inflammatoire, antiseptique, antispasmodique, astringent, cardiotonique, cholérétique et cholagogue, expectorant, diurétique, dépuratif, hypo et hypertensif, hypoglycémiant, laxatif, sédatif , stimulant, vermifuge…
Rappels sur la structure et le fonctionnement rénal
Le rein a une structure complexe organisée en plusieurs milliers d’unités fonctionnelles appelées néphrons. Un néphron est constitué d’une unité de filtration, le glomérule, suivi par un tubule dans lequel s’effectuent les remaniements de l’urine en cours de formation [51]. Il joue un rôle essentiel pour le maintien de l’homéostasie par le contrôle de l’équilibre hydro-électrolytique, de l’équilibre acido-basique et de la pression artérielle. Son rôle dans l’étape d’excrétion des xénobiotiques a été démontré par plusieurs études [15].
Structure macroscopique
Les reins sont organisés en lobules, chacun d’entre eux correspond à une collection de néphrons séparés par des raies médullaires. Le parenchyme rénal est la partie du rein qui lui permet d’assurer ses fonctions. En effet, ce dernier est formé d’une multitude d’unités anatomiques et fonctionnelles appelées «néphrons». Chaque rein en contient environ 400 à 1000 000 [39]. Les reins sont entourés d’une capsule conjonctive. Sur la coupe sagittale (figure 1) on constate que l’organe comporte une zone corticale périphérique occupant environ 1/3 de la hauteur et une médullaire deux fois plus épaisse. La médullaire est formée de plusieurs pyramides de Malpighi, et se divise en deux parties : une partie externe elle-même subdivisée en deux sous parties et une partie interne (figure 2).
La vascularisation sanguine rénale est assez complexe. L’artère rénale pénètre au niveau du hile et se divise en artères interlobaires longeant les pyramides de Malpighi et se recourbent à la limite cortico-médullaire pour constituer les artères arciformes [18]. À partir de celles-ci, naissent des artères interlobulaires qui cheminent dans la corticale en direction de la périphérie du rein où elles assurent la vascularisation des différents segments par deux systèmes capillaires. Le premier est de type porte artériel et le second est de type classique. Les veines arciformes drainent l’ensemble du sang veineux au sein du cortex et de la médullaire. Elles sont ensuite prolongées par les veines interlobaires puis par la veine rénale [15].
Structure microscopique
Le néphron représente l’unité fonctionnelle du rein. Il permet une filtration plasmatique, participe au maintien de l’équilibre hydroélectrique et assure également l’élimination des déchets via l’urine. Il comprend un corpuscule de Malpighi, un tube contourné proximal, une anse de Henlé avec ses branches descendantes et ascendantes, un tube contourné distal et un tube collecteur. Le néphron est un tube fermé à une extrémité, l’autre extrémité s’ouvrant dans un tube collecteur. L’extrémité fermée, ou aveugle, est identifiée afin de former la capsule glomérulaire (capsule de Bowman) en forme de coupe, qui entoure presque complètement un réseau de capillaires artériels, le glomérule. Le reste du néphron, faisant suite à la capsule glomérulaire, long d’environ 3 cm, comprend trois parties : le tube contourné proximal, l’anse médullaire (anse de Henlé) et le tube contourné distal [45]. La totalité des néphrons constitue donc à la fois le cortex (cortex renalis) et la médulla (medullarenalis). Celle-ci est constituée de segments coniques appelés « pyramides de Malpighi » qui présentent chacune un sommet (ou papille) saillant dans le sinus, vers chaque sommet converge une striation caractéristique des pyramides. Le cortex est large d’environ 1 cm et est situé sous la capsule fibreuse. Il reçoit des stries radiaires provenant de la médulla subdivisant le cortex en éléments pyramidaux appelés « pyramides de Ferrein » (figure 3) [15].
Structure glomérulaire
Le glomérule, de forme sphérique, est limité par une enveloppe appelée la capsule de Bowman. Le glomérule rénal est constitué d’un peloton de vaisseaux capillaires issus des artérioles afférentes et efférentes. Cet ensemble est logé dans une capsule de Bowman, et est composé d’un épithélium simple pavimenteux. Le glomérule est responsable de la filtration glomérulaire qui est la première étape de la formation de l’urine primitive. Au passage du sang dans le glomérule, l’eau et les substances dissoutes sont filtrées hors des capillaires vers la capsule de Bowman. Près de 20 du plasma qui entre dans le glomérule est filtré. Le filtre glomérulaire est composé de trois couches filtrantes: la première couche est composée de cellules endothéliales, qui ont des fenêtres d’ouverture de 50 à 100 nm ; la seconde couche est composée d’une lame basale continue d’environ 300 à 350 nm d’épaisseur, dont la fonction est d’empêcher le passage des grosses protéines ; et la troisième couche est composé d’un épithélium viscéral, laissant des fenêtres d’ouverture d’environ 25 nm entre les prolongements cellulaires, appelés podocytes [67]. La filtration glomérulaire est un processus passif et non sélectif. Le filtrat formé est essentiellement du plasma sanguin dépourvu de protéines plasmatiques. Les protéines et les globules sanguins ne peuvent pas passer à la membrane de filtration qui est constituée de l’endothélium du capillaire glomérulaire, de la membrane basale et du feuillet viscéral de la capsule glomérulaire. La présence de protéines ou de globules sanguins dans l’urine peut traduire une atteinte de la membrane de filtration. On appelle débit de filtration glomérulaire (DFG), le volume de liquide filtré par le rein par unité de temps. Cette mesure sert à quantifier l’activité du rein mais aussi est utilisée pour diagnostiquer une anomalie de la fonction rénale. Le DFG est estimé en ml/min et chez un patient sain, il est normalement compris entre 90 et 140 ml/min et diminue avec l’âge [45].
Système tubulaire
Le système tubulaire est une succession de tubes qui conduisent l’urine du glomérule au tube collecteur. Ce passage au sein des différentes parties s’accompagne de phénomènes de réabsorption et de sécrétion [15]. Ce système est divisé en plusieurs parties (figure 5) constituées sur la base de différences histologiques et fonctionnelles :
● Le tube contourné proximal
Il fait directement suite au glomérule. Le tube contourné proximal peut histologiquement être également divisé en trois parties S1, S2 et S3. Au sein dusegment S1, les cellules ont un cytoplasme acidophile, les microvillosités de la bordure en brosse sont bien développées et de nombreuses mitochondries sont présentes. La transition entre S1 et S2 est progressive. Les cellules deviennent cubiques, la hauteur des microvillosités et la quantité de mitochondrie se réduit. Le segment S3 est composé d’un épithélium cubique simple [45 .
● L’anse de Henlé : elle prolonge la partie terminale du tube proximal sous forme d’une branche à paroi mince, la branche grêle descendante. Après formation d’une boucle en épingle à cheveux, l’anse de Henlé remonte sous forme d’une branche fine ascendante et d’une branche à paroi plus épaisse, la branche large ascendante. L’anse de Henlé joue un rôle important dans la dilution et la concentration de l’urine et réabsorbe environ 25% des ions sodium filtré [61].
● Le tube distal : Il débute par une portion droite qui correspond à la branche large ascendante de l’anse de Henlé et se prolonge par une partie contournée en cheminant entièrement dans la médulla. La réabsorption des ions sodium du liquide tubulaire a lieu à cet endroit sous contrôle de l’aldostérone [57].
● Le tube collecteur : Il se compose de la fin du tubule distal, du canal collecteur cortical et du canal collecteur médullaire externe et interne [9]. Il draine plusieurs néphrons. Il secrète des ions H+ par un mécanisme actif ATPase H+. . Le tube collecteur est aussi perméable à l’urée. La perméabilité à l’eau est sous la dépendance de l’hormone anti diurétique ADH [20].
●L’appareil juxta glomérulaire est formé par l’accolement d’un segment de la paroi de l’artériole afférente du glomérule et d’une portion de celle du tubule contourné distal. Les cellules épithéliales différenciées au contact des artérioles afférentes et efférentes et les cellules juxta glomérulaires.
●La macula densa : segment court, partie intégrante du tube contourné distal comprend des cellules sensibles au débit tubulaire (via la concentration en NaCl dans le tube contourné distal).
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LE REIN
I.1 Rappels sur la structure et le fonctionnement rénal
I.1.1. Structure macroscopique
I.1.2. Structure microscopique
I.1.3. Structure glomérulaire
I.1.4. Système tubulaire
I.1.5. Fonction rénale
I.5.1. La fonction d’épuration
I.5.2. La fonction endocrine
I.2 Nature et caractéristiques des néphropathies
I.2.1. La nécrose tubulaire aigue (NTA)
I.2.2. Les néphrites interstitielles
I.2.2.1. La néphrite interstitielle aigue
I.2.2.2 La néphropathie tubulo-interstitielle chronique
I.2.3. Les néphropathies glomérulaires
I.2.4 Les néphropathies vasculaires
CHAPITRE II : LA NEPHROTOXICITE DES PLANTES MEDICINALES DE LA PHARMACOPEE TRADITIONNELLE
II.1. Généralités sur les plantes médicinales
II.1.1. Définitions
II.1.2. Historique
II.1.3. Classification et propriétés thérapeutiques des plantes médicinales
II.2. TOXICITE DES PLANTES MEDICINALES
II.2.1. Définition
II.2.2. Les facteurs de toxicité des plantes médicinales
II.2.2.1. Les facteurs liés aux principes actifs
II.2.2.2. Les facteurs liés au climat
II.2.2.3. Les facteurs liés au mode de préparation et au dosage
II.2.2.4. Facteurs liés à la tolérance inter individuelle
II.2.2.5. Le polymorphisme génétique inter-espèce et interindividuel
II.2.3. Manifestations cliniques de la toxicité des plantes sur les différentes fonctions de l’organisme
II.3. LA NEPHROTOXICITE DES PLANTES MEDICINALES
II.3.1. Définition de la néphrotoxicité
II.3.2. Les facteurs de risque de la néphrotoxicité des plantes médicinales
II.3.3. Mécanisme de toxicité des plantes médicinales
II.3.4. Manifestations histologiques de la néphrotoxicité
II.3.4.1. Les principales lésions rénales
II.3.4.2 La néphrotoxicité aigue ou à court terme
II.3.4.3 La néphrotoxicité chronique ou à long terme
II.3.5. Données épidémiologiques
II.3.6. Diagnostic biologique de la néphrotoxicité
II.3.6.1 Caractéristiques d’un marqueur d’une atteinte rénale
II.3.6.2. Les biomarqueurs urinaires
II.3.6.3. Les biomarqueurs sanguins
II.3.7. Prise en charge des effets de la néphrotoxicité des plantes médicinales
CONCLUSION
REFERENCES