Rappels sur la dent naturelle et ses propriétés

Les résines composites sont des matériaux utilisés en pratique quotidienne par les chirurgiens-dentistes. Leurs utilisations ne se limitent pas uniquement aux soins des lésions carieuses. Bien au contraire, ces matériaux disposent de nombreux atouts permettant de les utiliser de plusieurs façons. Ces dernières années la demande de restaurations ou plus encore de réhabilitations dentaires esthétiques a connu une explosion. Contrairement aux anciennes restaurations non adhésives, la dentisterie adhésive permet de répondre à la problématique de la dentisterie minimale invasive et de créer une continuité anatomo-fonctionnelle entre les tissus dentaires à restaurer et les matériaux de restaurations. L’essor qu’a connu la dentisterie adhésive a permis de développer des nombreux matériaux et de nombreuses améliorations de ces matériaux visant à obtenir un résultat toujours plus pérenne dans le temps et reproduisant au plus près les caractéristiques esthétiques de la dent rendant les restaurations quasiment invisibles parfois. On peut compter parmi ces matériaux, les résines composites. L’intégration des résines composites dans la cavité buccale n’est plus à démontrer du fait de leur résistance à la bio-corrosion et leur compatibilité avec le parodonte.

Rappels sur la dent naturelle et ses propriétés

Histologie des tissus de la couronne dentaire

L’ensemble de la denture d’un individu humain est composé de 32 dents réparties de la façon suivante :
– 12 molaires
– 8 prémolaires
– 4 canines
– 8 incisives .

Les canines et les incisives forment le groupe des dents antérieures et les prémolaires et molaires constituent le groupe des dents postérieures. Les différents tissus constitutifs de la dent sont l’émail, la dentine, la pulpe dentaire et le cément.

Émail

Structure de l’émail

L’émail, couche la plus externe enrobant la couronne dentaire, est une structure minéralisée. L’émail est une structure avasculaire, acellulaire et non innervée. C’est un tissu minéralisé d’origine épithéliale. L’émail ne se renouvelle plus après la formation de la couronne. La structure de l’émail est complexe.

L’émail est constitué par la juxtaposition de structures élémentaires nommées les prismes d’émail entourés de la substance inter-prismatique. L’émail est formé de cristaux d’hydroxyapatite. Ces derniers sont entourés par une gaine de nature organique et imbriqués les uns dans les autres. Il existe dans l’émail une organisation en faisceaux des prismes. Les prismes sont obliques dans les 2/3 internes de l’émail et rectilignes (parallèles) à la surface de la dent.

L’émail est réparti en émail prismatique et en émail aprismatique. Dans l’émail prismatique, les protéines de la matrice de l’émail sont synthétisées et sécrétées par les améloblastes sécréteurs. Ces protéines sont dégradées par des enzymes puis réabsorbées par les améloblastes post sécréteurs. Les cristaux d’hydroxyapatite vont s’assembler pour former une structure nommée les cristallites.

L’émail prismatique est constitué de nombreuses cristallites assemblées les unes aux autres pour former un prisme de quelques microns entouré par la substance inter-prismatique (4). Les cristallites de la substances inter-prismatique forment un angle de 60° avec les prismes. L’émail inter-prismatique est un réseau continu d’émail sécrété par un ensemble d’améloblastes. Les prismes sont issus de la sécrétion d’un seul améloblaste. Les prismes sont regroupés au niveau des bandes de Hunter-Schreger. Ces bandes représentent succession de bandes parallèles. Il y a une alternance de bande claires appelées diazonies et de bandes sombres appelées parazonies. La différence de couleur est dûe à l’orientation des prismes dans la dent.

Composition de l’émail

L’émail sécrété par les améloblastes est la structure la plus minéralisée du corps avec 96% de matière minérale en poids de matière sèche (5). Il est composé de carbonate de calcium et de phosphate de calcium. La substance minérale est principalement composée de cristaux d’hydroxyapatites de calcium (Ca10 (PO4)6 (OH)2). Ces cristaux sont l’unité élémentaire de l’émail. En plus de sa fraction minérale majoritaire, l’émail est constitué de matière organique (0,4%) et d’eau (3,6%). Du fait de sa composition, l’émail est radio-opaque. Il ne contient pas de collagène contrairement aux autres tissus minéralisés comme l’os (5).

Le cristal d’hydroxyapatite a une forme hexagonale pour une dimension de 60-70 nm de largeur, 25-30 nm d’épaisseur et 1 mm de longueur (6). Le degré de minéralisation de l’émail diminue depuis la surface externe de la couronne dentaire jusqu’à la jonction émail-dentine (3). Lors de la formation de la couronne dentaire, il y a une apposition successive de couches d’émail, ces couches successives forment des bandes observables dans l’émail des dents que l’on appelle les stries de Retzius. Ce sont des lignes de croissance incrémentielles d’émail. Les stries de Retzius sont observables au niveau de l’émail des dents. Elles représentent la démarcation entre les différents groupes de prismes formés du bord libre au collet. Les stries de Retzius s’étendent de la jonction amélo-dentinaire à la surface de l’émail. Les stries de Retzius et les bandes de Hunter-Schreger confèrent à la dent une résistance aux contraintes biomécaniques s’exerçant sur la dent. Elles sont responsables de la présence des périkématies à la surface de l’émail. En coupe longitudinale, les périkématies sont des séries de sillons parallèles au collet de la dent espacés d’environ 60 à 120 microns.

Dentine

Structure de la dentine

La dentine est un tissu minéralisé moins dur que l’émail mais plus dur que l’os. La dentine est constituée de tubulis dans lesquels on retrouve les prolongements cytoplasmiques provenant des odontoblastes.

Il existe plusieurs types de dentine de structures différentes. Pour commencer, la prédentine : Il s’agit de la couche la plus interne des dentines. Elle n’est pas minéralisée et est principalement composée de collagène et de protéines non collagéniques. Son épaisseur est comprise entre 10 et 50 microns, elle est plus ou moins épaisse selon la localisation et l’âge de l’individu. Le front de minéralisation représente l’interface entre la prédentine et la dentine qui elle est minéralisée

La dentine primaire :
D’une épaisseur de quelques microns, elle est formée par les odontoblastes différenciés et matures pendant le développement de la couronne dentaire jusqu’à la fin de l’apexogenèse (10). Le manteau dentinaire est la couche la plus externe fabriqué par les premiers odontoblastes, il se prolonge au niveau de la racine par la couche hyaline. La couche primordiale possède des propriétés élastiques et un rôle d’amortisseur (car elle est principalement composée de fibres de collagène de type 1 et est atubulaire). Cette couche est située au niveau de la jonction émail-dentine.

La dentine secondaire :
Elle se forme après l’édification radiculaire et continue de se former durant toute la vie de manière physiologique. Elle est synthétisée par les odontoblastes (de manière lente et continue) et est moins minéralisée que la dentine primaire. La dentine primaire et la dentine secondaire sont des dentines tubulaires mais les tubules changent d’axe au niveau de la jonction entre ces deux dentines. La composition de ces deux dentines est similaire. La disposition de la dentine secondaire n’est pas uniforme et est plus importante au niveau du plancher de la pulpe amenant à une taille asymétrique de la forme de la pulpe. Les tubulis de la dentine secondaire se sclérosent avec le temps permettant de réduire la perméabilité de la dentine et de protéger la pulpe (11).

La dentine tertiaire :
Elle est synthétisée en réponse à une agression de la dent (comme les lésions carieuses) et est produite uniquement en regard du site agressé par les cellules directement atteintes par l’agression. C’est une dentine dont la quantité et la qualité sont liées à la durée et à l’intensité de l’agression. Généralement les tubules de cette dentine sont mal organisés et non fonctionnels. Pour répondre au phénomène dangereux, l’apposition et la production de la dentine tertiaire est plus rapide que pour les dentines physiologiques (12).

Il existe deux types de dentine tertiaire :
– La dentine réactionnelle : Elle est produite en cas d’agression de faible intensité sans destruction des odontoblastes. C’est une dentine peu ou pas tubulaire.
– La dentine réparatrice : Elle est produite lors d’une agression de forte intensité avec destruction ou altération importante des odontoblastes. Elle permet de protéger la pulpe de l’agression en formant une barrière. Cette dentine est synthétisée par les odontoblastes like issus de la différenciation des cellules souches multipotentes de la pulpe car les odontoblastes ne sont plus fonctionnels. L’inflammation pulpaire a un rôle primordial dans le recrutement et la différenciation des cellules souches (13). Cette dentine se développe assez rapidement et est dépourvue de canalicules.

La dentine tertiaire témoigne de la capacité du tissu à s’adapter face à une agression. Le collage sur la dentine tertiaire est moins efficace et durable que sur une dentine saine car la dentine tertiaire est peu ou pas tubulaire.

Composition de la dentine

La dentine est composée à :
– 70% de matière minérale (cristaux d’hydroxyapatite),
– 20% de matière organique (85% de collagène de type 1, et en plus faible proportion les collagènes de type III et V)
– 10% d’eau (14).

La matrice de collagène (notamment type 1) de la dentine englobe les cristaux d’hydroxyapatite qui sont ordonnés et de forme hexagonale.

Le réseau tridimensionnel de collagène aura un impact important lors du collage sur la dentine par exposition de ce réseau de collagène après traitement avec un agent acide (plus ou moins fort selon le système utilisé) et imprégnation par de la résine adhésive. Des différentes dentines, la dentine tertiaire est plus minéralisée que les dentines physiologiques (12). La dentine est un tissu non vascularisé disposant de propriétés élastiques dûes à sa forte composition en collagène de type 1.

Anatomie des dents dans le secteur antérieur

Pour que le résultat d’une restauration soit agréable à observer il faut que la dent se développe harmonieusement dans son environnement et soit en adéquation avec le reste de la denture. Cela nécessite le respect des dimensions et des proportions. Les dimensions d’une incisive centrale maxillaire sont, en moyenne, environ 10,5 mm de hauteur coronaire pour environ 9 mm de largeur mésio-distale. L’incisive latérale maxillaire mesure en moyenne 9 mm de hauteur coronaire, pour 6,5 mm en moyenne de largueur mésio-distale.

Les incisives centrales et latérales sont délimitées au niveau de leur face vestibulaire par les bords mésiaux et distaux, en haut par le collet et en bas par le bord libre. Pour les canines, il n’y a pas de bord libre mais une pointe canine.

Une incisive centrale permanente maxillaire possède un bord libre bombé qui est oblique vers le haut en distal. L’angle distal est donc arrondi alors que l’angle mésial est plus droit. Sur une dent jeune le bord libre est marqué par des lobules qui peuvent s’atténuer avec le temps (usure) et la face vestibulaire est « marquée » par des sillons en relation avec les lobules. La dent n’est pas rectangulaire : les faces proximales convergent en direction cervicale. En position cervicale le collet est concave et son sommet est légèrement déporté en distal. L’incisive latérale est plus petite et plus étroite. L’angle distal est également plus marqué avec un bord libre incurvé en distal. Les dents antérieures possèdent sur leur face linguale/palatine un cingulum.

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Table des matières

Introduction
1 Rappels sur la dent naturelle et ses propriétés
1.1 Histologie des tissus de la couronne dentaire
1.1.1 Émail
1.1.2 Dentine
1.2 Anatomie des dents dans le secteur antérieur
2 Critères de reconstitutions esthétiques
2.1 Analyse esthétique
2.1.1 Dentine
2.1.2 Émail
2.2 Couleur et diffusion de la lumière par l’organe dentaire
2.2.1 Teinte
2.2.2 Luminosité
2.2.3 Saturation
2.2.4 Influence de la lumière : réflexion & réfraction
2.2.5 Translucidité
2.2.6 Fluorescence
2.2.7 Opalescence
2.2.8 Goniochromisme
3 Rappels sur la résine composite et l’adhésion
3.1 La résine composite : définition
3.2 La composition et les différents types de résines composites
3.2.1 La phase organique
3.2.2 Les charges
3.2.3 L’agent de couplage
3.2.4 Les différentes résines composites
3.3 L’adhésion
3.3.1 Les systèmes adhésifs M&R : mordançage et rinçage
3.3.2 Les systèmes adhésifs SAM : auto-mordançant
3.3.3 Les adhésifs universels
3.3.4 La longévité des restaurations
3.4 La digue dentaire : un outil indispensable du collage
4 Utilisation des résines composites dans le secteur antérieur
4.1 La stratification : une technique de reconstitution directe
4.2 Injection molding : reconstitution semi-directe
4.3 Les facettes composites
4.4 La résine composite : un matériau de collage d’assemblage
5 Cas clinique
Conclusion
Bibliographie

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