Rappels sur la bilharziose

La bilharziose ou schistosomiase est une parasitose causée par un helminthe du genre Schistosoma transmis à l’homme par passage transcutané lors d’un bain dans une eau douce. C’est la deuxième maladie parasitaire la plus répandue dans le monde. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a défini cette maladie tropicale comme étant négligée. Elle serait responsable de plus de 200 000 décès par an à travers le monde. La bilharziose est endémique dans cinq Régions définies par l’OMS : l’Afrique, l’Amérique, l’Asie du Sud-Est, la Méditerranée orientale et le Pacifique occidental. Cette parasitose est un problème de santé publique majeur en Afrique, continent le plus affecté avec 43 pays d’endémie. Au Sénégal, des enquêtes ont révélé que 12 régions sur 14 et 59 districts sur 76 étaient touchées de manière endémique par la bilharziose. La zone nord reflète davantage cet état de fait. En effet, dans la ville de Richard-Toll, l’infestation à Schistosoma haematobium est de 87 % [43]. Il existe de nombreuses complications liées à cette infestation, notamment cardiaques. Un travail a été fait au Sénégal en ce qui concerne les complications cardiaques et la physiopathologie qui la sous-tend. L’objectif de ce travail fut d’évaluer l’atteinte cardiaque au cours de la bilharziose chez les enfants d’âge scolaire précisément les aspects échocardiographiques. Il s’agit d’un travail d’analyse à partir d’étude de cas afin d’en extrapoler des enseignements. Une enquête transversale a été réalisée en juin et juillet 2017. Elle s’est déroulée à Richard-Toll puis à Dakar et a été menée en plusieurs étapes : d’abord à Richard Toll où nous avons travaillé dans deux différents daraas ainsi qu’une école française, ensuite à Dakar où le sous-groupe était constitué d’élèves du daraa Abdoulay Ben Massoud.

RAPPELS SUR LA BILHARZIOSE 

Définition

La bilharziose est une maladie parasitaire tropicale atteignant plus de 240 millions de personnes à travers le monde. Elle est causée par un helminthe sanguinole du genre Schistosoma transmis à l’homme par voie transcutanée lors d’un bain en eau douce. La bilharziose est responsable de plus de 200 000 décès par an. Cette maladie tropicale négligée fait depuis plusieurs années l’objet de programmes de lutte dans différents pays d’endémie [67].

Historique

C’est en 1851 que « Theodor Bilharz », un médecin allemand exerçant à l’hôpital du Caire (Figure 1), décrit pour la première fois les vers découverts dans les veines mésentériques d’un égyptien [49]. Il démontra que ces vers pondaient des œufs éliminés par les urines, sans faire de différence entre les espèces S. haematobium et S. mansoni. En 1858, Weinland nomme ce ver S. haematobium et Cobbold créel’espèce Bilharzia. En 1903, Manson s’aperçoit qu’il existedifférentes formes d’œufs en fonction de la position de l’éperonet il décrit ainsi S. mansoni[49].

Au Sénégal, le premier cas de bilharziose fut signalé par Aristide Le Dantec à Bordeaux, chez un malade originaire de Casamance, et la première enquête menée par Bouffard et Neveux [47] en 1908 près de Bakel, aboutit à la mise en évidence de S. Haematobium. En 1957, on estime que sur 1 192000 habitants du Sénégal, 15 % étaient atteints de bilharziose vésicale à S. haematobium. Depuis le début des années soixante-dix, de nombreuses enquêtes ont été menées à travers le pays [48].

Épidémiologie

Historique

L’Egypte est considérée comme le foyer originel des deux espèces principales retrouvées en Afrique : S. haematobium et S. mansonii [49]. Des hiéroglyphes représentant probablement le symptôme principal de la bilharziose (alors appelée maladie « aaa »), l’hématurie, ont été retrouvés sur des papyrus datant de 1500 à 1900 avant notre ère (Figure 2). La signification de ces hiéroglyphes n’est pas précise mais il est cependant certain que la bilharziose existait à cette époque : des œufs calcifiés de S. haematobium ont été retrouvés dans la vessie de vyurgmomies embaumées [57].

Situation mondiale

En 2015, l’OMS fait état de 78 pays d’endémie [69]. Dans 19 de ces pays, la transmission pourrait être interrompue mais ceci reste à confirmer. De plus, dans 7 pays, la transmission est faible. La bilharziose n’en reste pas moins un problème de santé publique majeur pour 52 pays, notamment situés en Afrique, où la prévalence est supérieure à 10 %. Dans ces pays, la transmission est intense et l’instauration de campagnes de chimioprophylaxie est nécessaire. L’Afrique est le continent le plus touché par la bilharziose. À travers le monde en 2012, 5 pays ont une prévalence supérieure à 50 %, ils sont tous situés en Afrique : Tanzanie, Mozambique, Ghana, Madagascar et Sierra Leone [30] (Figure 3). Le pays dans lequel le nombre de personnes infectées est le plus élevé en Afrique est le Nigeria (29 millions de personnes atteintes) [2].

Sur les 78 pays d’endémie [50], 43 sont en Afrique, 15 en Méditerranée Orientale, 10 en Amérique, 6 en Pacifique occidental, 3 en Asie du Sud-Est et 1 en Europe (Figure 3). Ainsi, plus 50 % des pays d’endémie sont localisés en Afrique.

À travers le monde, ce sont plus de 218 millions de personnes qui sont atteintes de bilharziose et plus de 700 millions de personnes qui vivent en zone d’endémie [68]. La parasitose est surtout endémique dans les zones tropicales et subtropicales, où l’accès à l’eau potable et l’assainissement de l’eau ne sont pas satisfaisants [67].

Situation de l’infestation au Sénégal

La cartographie de la schistosomiase a connu plusieurs étapes au Sénégal. Elle a débuté en 1996 et a été complétée en 2013. Les résultats de ces enquêtes de cartographie ont révélé que 12 régions sur 14 et 59 districts sur 76 sont endémiques.

La région de Saint-Louis a fait l’objet de plusieurs prospections en raison de son étendue, des barrages construits sur le fleuve Sénégal et des aménagements hydro-agricoles en cours. C’est ainsi que WATSON (1969), en évaluant la situation sanitaire dans le bassin du fleuve Sénégal, note des indices d’infestation de l’ordre de 3 à 12 % pour les villages en bordure du lac de Guiers, 15 % pour les femmes et 20 % pour les hommes à Podor, 2,6 % à Boghé, 9,7 % à Kaédi, 11,8 % à Matam, 11,1 % à Maghama et 42,5 % à Diama. Aujourd’hui, on voit que ces taux ont nettement augmenté. En effet, une évaluation d’impact sur la prévalence et l’intensité des infestations a été effectuée du 25 juillet au 06 août 2016. Les tests diagnostiques de confirmation (filtration et Kato Katz) ont montré que les prévalences de la schistosomiase urinaire sont restées élevées après 5 à 6 tours de traitement dans les différentes zones écologiques.
– 54% dans le Haut Bassin (Kédougou, Dianke Makha, Koumpentoum, Tambacounda)
– 96% dans la vallée (Kanel, Ranerou, Pete, Podor)
– 64% dans le Delta (districts de Keur Momar Sarr, Linguère, Richard Toll) .

Populations à risque

Les enfants d’âge scolaire (âgés de 5 à 14 ans) sont un des groupes les plus à risque d’être infectés par la bilharziose. Ceci est notamment dû au manque d’hygiène et aux jeux réalisés dans l’eau [67]. Les enfants jouent principalement dans des eaux peu profondes à température élevée, des lieux où sont préférentiellement localisés les hôtes intermédiaires. Dans certaines zones, la prévalence de la bilharziose urinaire parmi les enfants d’âge scolaire peut atteindre 80 % [64]. Les femmes enceintes ou allaitantes forment également un groupe de population à risque. De même, tous les professionnels amenés à être en contact avec de l’eau contaminée sont des personnes à risque : il peut s’agir des pêcheurs ou des agriculteurs par exemple. Les femmes réalisant leurs tâches domestiques dans l’eau sont à risque également. De manière plus générale, une activité de loisir, domestique ou professionnelle réalisée dans l’eau rend les personnes qui les exécutent à risque.

Facteurs humains et environnementaux

Le manque d’éducation sanitaire est responsable de la propagation et de l’augmentation des cas. Une personne atteinte de bilharziose peut créer un nouveau point de contamination en excrétant dans une eau douce contenant l’hôte intermédiaire correspondant à l’espèce en cause. Les moyens d’assainissement ne sont également pas satisfaisants dans les pays d’endémie. La construction de systèmes d’irrigation, de réservoirs et de barrages pour le développement de l’agriculture et la production d’électricité est un facteur pouvant augmenter le risque de transmission de la bilharziose à l’avenir [15]. Selon une étude réalisée en Côte d’Ivoire [10], il a été montré que la construction de barrages peut être associée à une recrudescence de la bilharziose en zone d’endémie. En effet, cela peut engendrer des habitats favorables à la prolifération des hôtes intermédiaires. Ainsi, cela aura pour conséquence d’augmenter les contacts entre l’homme et l’eau. Ceci s’est produit en Côte d’Ivoire où un nouveau foyer de contamination est attribuable à la construction d’un nouveau barrage. La proximité d’un point d’eau est un facteur de risque important de la bilharziose. En Afrique sub-saharienne, 76 % de la population vit à proximité d’un lac, d’une rivière ou d’un étang dans lequel vit un des hôtes intermédiaires d’une espèce de schistosomes. Les enfants pour lesquels un point d’eau se trouve à proximité de l’école sont plus à risque d’infection [2].

Agents pathogènes

Les schistosomes sont des vers parasites de l’homme et d’autres animaux. Le parasitisme se définit comme l’association temporaire ou définitive entre un être vivant et un parasite dont seul ce dernier tire profit. Un parasite est un être vivant pouvant évoluer à la surface (on parle alors d’ectoparasite) ou à l’intérieur (il peut s’agit d’un endoparasite ou d’un mésoparasite, cas des schistosomes) d’un autre être vivant. Pour permettre sa survie, il va créer chez cet hôte un dommage plus ou moins sévère pouvant aller jusqu’au décès. Parmi les espèces du genre Schistosoma, six sont des parasites de l’homme :
• Schistosoma haematobium
• Schistosoma mansoni
• Schistosoma japonicum
• Schistosoma mekongi
• Schistosoma intercalatum
• Schistosoma guineensis

Cycle biologique

Le cycle biologique des schistosomes (Figure 7) est hétéroxène, c’est-à-dire qu’il nécessite le passage chez un hôte intermédiaire avant de pouvoir infester l’hôte définitif [11]. Les œufs de schistosomes sont émis par l’hôte définitif (l’homme pour les espèces étudiées ici mais d’autres animaux peuvent être hôtes définitifs) dans les urines ou les fèces selon l’espèce en cause. Comme on peut le voir sur la figure 5 représentant un œuf de S. haematobium.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
CHAPITRE 1 : RAPPELS SUR LA BILHARZIOSE
I-Définition
II- Historique
III- Épidémiologie
III.1 – Historique
III.2 – Situation mondiale
III.3 – Situation de l’infestation au Sénégal
III.4 – Populations à risque
III.5 – Facteurs humains et environnementaux
IV– Agents pathogènes
V– Cycle biologique
VI – Hôtes intermédiaires
VII – Physiopathologie de la bilharziose
VIII – Clinique
VIII.1 – Phase d’incubation
VIII.2 – Phase d’invasion
VIII.3 – Phase d’état
VIII.4 – Complications
IX – Diagnostic
IX.1 – Diagnostic direct
IX.2 – Diagnostic indirect
X – Traitement de la bilharziose
X.1 – Praziquantel
X.2 – Oxamniquine
XI – Moyens et structures
CHAPITRE 2 : HYPERTENSION PULMONAIRE ET BILHARZIOSE
I-Définition
II- Epidémiologie
III- Physiopathologie de l’hypertension pulmonaire bilharzienne
III.1- Superfamille du TGF-β
III.2- Rôle de l’endothéline
III.3- Rôle du monoxyde d’azote
III.4- Rôle de la sérotonine
III.5- Rôle des prostaglandines
III.6- Rôle des canaux potassiques
III.7- Rôle de l’angiogenèse
III.8- Rôle de l’inflammation
IV- Manifestations cliniques
V-Diagnostic
VI- Traitement
VI.1-Traitements conventionnels
VI.2-Traitements spécifiques médicamenteux
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
CHAPITRE 1 : DESCRIPTION DE L’ÉTUDE
I- Cadre d’étude
I.1-Population de Richard-Toll
I.2-Population de Dakar
II-Type d’étude
III- Période d’étude
IV- Population et critères d’inclusion
V- Matériel de l’étude
VI- Paramètres étudiés
VI.1-Symptômes et antécédents
VI.2 -Données de l’examen général
VI.3-Données de l’examen physique
VI.4- Données de l’examen biologique
VI.5-Données de l’électrocardiogramme
VI.6- Données de l’échocardiographie Doppler
VII- Méthode de travail
VII.1- Recueil des données et déroulement de l’enquête
VII.2- Modalités de l’examen et conduite de l’étude
VII.3-Calcul de la taille de l’échantillon
VII.4-Saisie et traitement des données
VIII- Aspects éthiques et réglementaires
CHAPITRE 2 : RESULTATS
I- Caractéristiques socio démographiques
I.1- Répartition en fonction du sexe
I.2- Répartition en fonction de l’âge
II- Antécédents médicaux
II.1- Fréquence de la dyspnée
II.2- L’hémoptysie
II.3- L’hématurie
III – L’examen général
III.1- Fréquence cardiaque
III.2- Indice de masse corporelle (IMC)
III.3- Surface corporelle
III.4- Température
IV- Examen physique
V- Examen biologique
VI- Electrocardiogramme
VII –Echocardiographie Doppler
VII.1- Dimensions cavitaires
VII.1.1- Cavités droites
VII.1.2- Artère pulmonaire
VII.1.3-Cavités gauches
VII.2- Pression artérielle pulmonaire systolique (PAPS)
CHAPITRE 3 : DISCUSSION
I- Méthodologie
II. Caractères socio-démographiques
III. Antécédents de la population d’étude
IV-Biologie
V- Données de l’échocardiographie
V.1- Diamètres cavitaires et artériels pulmonaires
V.2- L’HTAP
CONCLUSION

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