Rappels juridiques du cadre du lotissement et historique de la loi ALUR

LES DIFFERENTES AUTORISATIONS Dโ€™URBANISME ET Lโ€™APPORT DE LA LOI ALUR

Dรฉclaration prรฉalable

Gรฉnรฉralitรฉs

La dรฉclaration prรฉalable est par dรฉfinition lโ€™acte administratif qui donne les moyens ร  lโ€™administration de vรฉrifier que le projet de construction ou dโ€™amรฉnagement respecte bien les rรจgles dโ€™urbanisme en vigueur. Cโ€™est une procรฉdure simplifiรฉe, dont le champ dโ€™application est fixรฉ ร  lโ€™article L.442-3 du Code de lโ€™Urbanisme : ยซ Les lotissements qui ne sont pas soumis ร  la dรฉlivrance dโ€™un permis dโ€™amรฉnager doivent faire lโ€™objet dโ€™une dรฉclaration prรฉalable. ยป Il convient au constructeur ou ร  lโ€™amรฉnageur dโ€™envoyer, outre des piรจces de dossier (plan topographique, plan de situation, pรฉrimรจtre du terrainโ€ฆ) un formulaire ร  lโ€™administration pour dรฉclarer le projet. Le contenu de ce dernier peut changer au fil des annรฉes, selon lโ€™รฉvolution de la rรจglementation. Celui qui concerne la rรฉalisation de lotissements et les divisions fonciรจres est le formulaire cerfa nยฐ13702*04.
Le dรฉlai dโ€™instruction par la Mairie de la commune concernรฉe est dโ€™un mois.
Lorsque la dรฉclaration prรฉalable a รฉtรฉ acceptรฉe, la Mairie rend une dรฉcision de nonopposition et lโ€™amรฉnageur, sous condition de non recours par les tiers dans les 2 mois suivant, dispose de deux ans pour commencer les travaux. Dรจs que les travaux ont commencรฉ, il neย peut pas y avoir une interruption de plus dโ€™un an. Il est cependant possible de prolonger la validitรฉ de la dรฉclaration prรฉalable pendant un an, en faisant une demande auprรจs de la Mairie deux mois avant lโ€™expiration du dรฉlai initial. Lโ€™absence de rรฉponse et donc dโ€™opposition de la part de la Mairie vaut dรฉcision tacite de non-opposition ร  la rรฉalisation du projet.

Dรฉfinition et constitution du lotissement : gรฉnรฉralitรฉs

Dรฉfinition

Le lotissement est dรฉfini par lโ€™article L 442-1 du Code de lโ€™Urbanisme: ยซ Constitue un lotissement la division en propriรฉtรฉ ou en jouissance dโ€™une unitรฉ fonciรจre ou de plusieurs unitรฉs fonciรจres contiguรซs ayant pour objet de crรฉer un ou plusieurs lots destinรฉs ร  รชtre bรขtis. ยป. Cette dรฉfinition est issue de lโ€™ordonnance nยฐ2011-1916 du 22 dรฉcembre 2011, et du dรฉcret 2012-274 du 28 fรฉvrier 2012. Elle a donc รฉvoluรฉ au fil des annรฉes : en effet, la notion de propriรฉtรฉ fonciรจre a รฉtรฉ remplacรฉe par celle dโ€™unitรฉ fonciรจre, et lโ€™opรฉration dโ€™amรฉnagement, quโ€™est le lotissement en soi, nโ€™est plus abordรฉe.La rรฉfรฉrence au nombre de lots nโ€™est pas รฉcrite, la procรฉdure de lotissement sโ€™applique donc ร  partir du premier dรฉtachement en vue de lโ€™implantation de bรขtiments.

Unitรฉ fonciรจre et pรฉrimรจtre

La notion dโ€™unitรฉ fonciรจre repose sur le principe dโ€™un tรจnement unique. Pour pouvoir rรฉaliser un lotissement, il faut la prรฉsence de plusieurs parcelles cadastrales qui soient dโ€™un seul tenant et qui appartiennent ร  un mรชme propriรฉtaire, ou ร  la mรชme indivision.
Dans le cas oรน un propriรฉtaire achรจterait plusieurs terrains contigus et souhaite diviser en vue de lโ€™implantation de bรขtiments, il rentre alors dans la procรฉdure de lotissement.
Cependant, plusieurs unitรฉs fonciรจres, appartenant ร  des propriรฉtaires diffรฉrents, et obligatoirement contiguรซs, peuvent รชtre rรฉunies pour obtenir lโ€™autorisation de crรฉer un lotissement.
Si les parcelles dโ€™une propriรฉtรฉ ne sont pas contiguรซs, la cession de chacune dโ€™elle ne peut pas faire lโ€™objet dโ€™un lotissement. Quelques rรจgles issues de la jurisprudence permettent de prรฉciser la non-contiguรฏtรฉ selon les cas :
– Un chemin privรฉ ou un cours dโ€™eau non domanial quisรฉpare deux terrains ne fait pas obstacle au principe du tรจnement unique (CE 18-11-1988 nยฐ81673).
– Une chemin public, mรชme impraticable et non entretenu, entraรฎne la distinction entre deux terrains (CE 14-12-1984 nยฐ 46301). Il y aura tรจnement unique seulement si le chemin est fermรฉ par un portail et quโ€™il se situe entiรจrement sur lโ€™une des parcelles vendues (CE 24-7-1987 nยฐ 54573).
– Si une parcelle appartient au mari et lโ€™autre (contiguรซ) ร  la communautรฉ, il nโ€™y a pas tรจnement unique mais bien deux propriรฉtรฉ distinctes (Rรฉp. Richomme : AN 15-12-1980 nยฐ36282). Il en est de mรชme dans le cas dโ€™une indivision.
Concernant le pรฉrimรจtre du lotissement, il inclut le ou les lots destinรฉs ร  รชtre bรขtis, et รฉventuellement les espaces communs ร  ces lots et les voies de desserte, sโ€™ils ont รฉtรฉ prรฉvus.
Il peut ne porter que sur une partie de lโ€™unitรฉ fonciรจre.
Le lotisseur peut aussi inclure dans le pรฉrimรจtre les parcelles dรฉjร  bรขties de lโ€™unitรฉ fonciรจre, afin dโ€™augmenter la surface constructible (C. urb. Art.L 442-1-2).

Loi ALUR : historique et objectifs

Avant son entrรฉe en vigueur le 27 mars 2014, la loi ALUR a fait lโ€™objet de dรฉbats ร  lโ€™Assemblรฉe Nationale.
Le projet de loi a รฉtรฉ adoptรฉ en premiรจre lecture quelques mois auparavant, le 17 septembre 2013. Les sujets abordรฉs รฉtaient les suivants : PLU intercommunal, mise en conformitรฉ avec les dispositions de la loi Grenelle II en 2017, renforcement du SCOT. De plus, la rรฉforme de lโ€™urbanisme commercial a suscitรฉ des questions. Les diffรฉrentes ministres (celle du Logement et celle de lโ€™Artisanat et du commerce) se sont entendu es pour intรฉgrer peu ร  peu lโ€™urbanisme commercial ร  lโ€™urbanisme de droit commun.
Le 28 octobre 2013, lโ€™Assemblรฉe Nationale adopte en deuxiรจme lecture le domaine de lโ€™urbanisme de la loi ALUR. Les sรฉnateurs ont limitรฉ le transfert du PLU aux intercommunalitรฉs, en proposant aux communes concernรฉes de sโ€™y opposer par un vote, composรฉ dโ€™un quart des communes reprรฉsentant plus de 10% de la population totale de lโ€™intercommunalitรฉ. Concernant lโ€™รฉtalement urbain, il a รฉtรฉ votรฉ lโ€™interdiction dโ€™urbaniser des secteurs en lโ€™absence de SCOT. Ont รฉtรฉ adoptรฉes aussi des nouvelles dispositions ร  propos du droit de prรฉemption : contenu de la DIA prรฉcisรฉ, renforcement du rรดle du Prรฉfetโ€ฆ
Enfin, des modifications sur les procรฉdures dโ€™amรฉnagement, en lotissement ou en ZAC.
Le 11 fรฉvrier 2014, la Commission mixte paritaire a adoptรฉ le projet de loi. Aprรจs dรฉbat entre lโ€™Assemblรฉe Nationale et le Sรฉnat, il a รฉtรฉ votรฉ finalement que la minoritรฉ de blocage pour le transfert du PLU soit composรฉe dโ€™un quart des communes reprรฉsentant au moins 20% de la population de lโ€™intercommunalitรฉ.

Lโ€™implantation de bรขtiments

Le lotissement รฉtant une opรฉration dโ€™amรฉnagement visant la division pour lโ€™implantation de bรขtiments, il faut vรฉrifier la propriรฉtรฉ dโ€™origine et les capacitรฉs de constructibilitรฉ : un terrain situรฉ en zone inconstructible du PLU ne pourra pas faire lโ€™objet dโ€™un lotissement. Le maire devra alors sโ€™opposer ร  la demande de permis dโ€™amรฉnager ou de dรฉclaration prรฉalable.
Par ailleurs, la notion de bรขtiment inclut toutes sortes de bรขtiments : habitation, commercial, agricole, industriel, et mรชme les maisons mobiles (si elles ne sont pas dรฉmontables). Seule lโ€™extension dโ€™une construction existante ne constitue pas une implantation de bรขtiment.

Opรฉrations exclues de la procรฉdure de lotissement

Ne constitue pas un lotissement les divisions rรฉalisรฉes dans le cadre dโ€™une opรฉration de remembrement, si celle-ci est effectuรฉe par une association fonciรจre urbaine autorisรฉe ou constituรฉe dโ€™office.
Les divisions effectuรฉes dans les ZAC par son amรฉnageur sont exclues de la procรฉdure du lotissement (C. urb. Art. R 442-1,c). En revanche, ne le sont pas les subdivisions ultรฉrieures par les diffรฉrents acquรฉreurs.

Rรจgles dโ€™urbanisme

Tout lotissement doit รชtre conforme aux rรจgles dโ€™urbanisme sโ€™appliquant sur la zone: PLU, RNUโ€ฆElles sont relatives ร  lโ€™implantation de bรขtiments, leur aspect, leur desserte etc. Si des complรฉments ร  ces rรจgles doivent รชtre ajoutรฉs, il est tout ร  fait possible de crรฉer un rรจglement du lotissement, tant que le contenu respecte le ou les documents dโ€™urbanisme en vigueur (et qui par consรฉquence sont souvent moins contraignants).

Permis de construire valant division

Objectif

Bien que la loi ALUR nโ€™ait pas de consรฉquence directe (rรจglementairement) sur le permis de construire valant division, il convient de lโ€™aborder dans cette รฉtude, car cโ€™est un outil de division efficace mais souvent remis en question et pointรฉ du doigt, notamment par lโ€™Ordre des Gรฉomรจtres-Experts qui en 2013 en a interdit son utilisation dans un cas prรฉcis.
Lโ€™objectif premier du permis de construire valant division (PCVD) est dโ€™รฉviter le rรฉgime du lotissement et toutes les contraintes qui y sont liรฉes. En effet, lโ€™article L. 442-1 du Code de lโ€™Urbanisme prรฉvoit un certain nombre de modes de divisions (en vue de construire) non soumises au rรฉgime du lotissement, dont celui du PCVD. Cet outil est prรฉvu ร  lโ€™article R.431-24 du Code de lโ€™Urbanisme.

Fonctionnement et contraintes

Le permis de construire valant division รฉtait auparavant rรฉgi par les dispositions de lโ€™ancien article R.421-7 du Code de lโ€™Urbanisme, qui ont รฉtรฉ applicables jusquโ€™au 31 mars 2007.

Le schรฉma ci-contre illustre de maniรจre simple lโ€™intรฉrรชt du PCVD

Supposons que les acquรฉreurs dโ€™unterrain, deux particuliers, dรฉposent un permis de construire valant division pour construire chacun sur leur parcelle respective une maison individuelle ร  usage dโ€™habitation.
Lโ€™assiette du permis est alors la totalitรฉ de lโ€™unitรฉ fonciรจre, soit les parcelles A et B.
Ainsi, les rรจgles dโ€™urbanisme applicables (PLU par exemple) sโ€™imposent au pรฉrimรจtre de cette assiette, soit au contour en rouge, et non ร  chacune des parcelles A et B. Les rรจgles de prospect (recul notamment) nโ€™empรชchent donc aucunement le propriรฉtaire de la parcelle A de construire sa maison ร  1 mรจtre de la limite avec la parcelle B, ou au propriรฉtaire dela parcelle B de construire en limite. Seul les reculs depuis lโ€™assiette du permis sโ€™appliquent et doivent รชtre respectรฉs.
Lโ€™intรฉrรชtdu PCVD est donc notable : il permet de sโ€™affranchir de la procรฉdure de lotissement et donc de permis dโ€™amรฉnager ou de dรฉclaration prรฉalable.
Mais il ne va pas sans risque : en effet, on est en prรฉsence dโ€™une co-titularitรฉ du permis. Si, pendant les travaux de construction, le propriรฉtaire de la parcelle B cesse de construire (pour raisons financiรจres), et que la maison dโ€™en face est terminรฉe, le propriรฉtaire de la parcelle A ne pourra pas obtenir le certificat de conformitรฉ demandรฉ par sa banque pour rembourser son prรชt : le permis comprenant lโ€™ensemble des bรขtiments (les deux maisons), il faut que les deux maisons soient achevรฉes pour respecter les engagements du permis global et obtenir un certificat de conformitรฉ.
Cette directive pose un problรจme dโ€™interprรฉtation de la part des Gรฉomรจtres-Experts, qui se demandent si lโ€™interdiction du PCVD concerne un lot de lotissement, oรน un constructeur dรฉposerait un PCVD au nom de deux particuliers. Pour lโ€™Ordre, cโ€™est la cotitularitรฉ du permis qui comprend de vรฉritables risques.
La question avait รฉtรฉ posรฉe en mai 2010 par le dรฉputรฉ M. Vauzelle, et dont la rรฉponse ministรฉrielle รฉtait publiรฉe au JO le 22/03/2011.
Suite ร  cela, le Conseil supรฉrieur de lโ€™OGE a approuvรฉ le 10 dรฉcembre 2013 une directive ordinale, qui indique que : ยซ Dans lโ€™intรฉrรชt des consommateurs, le gรฉomรจtre-expert sโ€™interdit de prรชter son concours ร  tout montage dโ€™opรฉrations visant la cession de droits ร construire une maison individuelle provenant du transfert partiel de lโ€™assiette fonciรจre dโ€™un permis de construire valant division, notamment ร  un particulier. ยป.
Cette nouvelle rรจgle interdit donc lโ€™utilisation de lโ€™article R.431-24 du Code de lโ€™Urbanisme dans le cas dโ€™un particulier souhaitant construire une maison individuelle ร  usage dโ€™habitation. Seuls les professionnels de lโ€™immobilier pourront avoir recours au PCVD lors dโ€™opรฉrations rรฉalisรฉes en VEFA.

INCIDENCES REGLEMENTAIRES DE LA LOI ALUR EN LOTISSEMENT

Consรฉquences sur lโ€™occupation du sol

Coefficient dโ€™occupation du sol

Lโ€™objectif premier de la loi ALUR concernant le Coefficient dโ€™Occupation du Sol (COS) est sa suppression, immรฉdiate ou reportรฉe, selon les rรจgles dโ€™urbanisme applicables sur la zone considรฉrรฉe.
En effet, le COS รฉtait vu depuis quelques annรฉes comme un vรฉritable obstacle ร  un amรฉnagement urbain de qualitรฉ et ร  la densification. Il est dรฉfini comme รฉtant la densitรฉ de construction admise, cโ€™est-ร -dire le rapport exprimant le nombre de mรจtres carrรฉs de surface de plancher par mรจtre carrรฉ de terrain.
Le COS รฉtait dรฉfini ร  lโ€™article R.123-10 du Code de lโ€™Urbanisme. La loi ALUR supprime alors tout type de COS, quโ€™il soit volumรฉtrique, global ou diffรฉrenciรฉ selon la superficie du terrain concernรฉ ou la destination des constructions.
Ainsi, lโ€™article L. 123-1-5-13ยฐ du Code de lโ€™Urbanisme est revu et la nouvelle rรฉdaction indique lโ€™illรฉgalitรฉ de toute rรจgle (ancienne ou nouvelle) fondรฉe sur lโ€™existence dโ€™un COS, que celui-ci soit unique ou diffรฉrenciรฉ selon la situation du terrain, sa surface et la destination des bรขtiments. Dans le cas dโ€™un PLU, ses dispositions ultรฉrieures en lien avec le COS doivent รชtre supprimรฉes par une procรฉdure de modification simplifiรฉe. En outre, les services instructeurs ont lโ€™obligation de ne pas appliquer les nouvelles dispositions illรฉgales ou sans objet instruites aprรจs lโ€™entrรฉe en vigueur de la loi ALUR (article 16-1 de la loi nยฐ2000-321 du 12/04/2000). En revanche, dans le cas dโ€™un POS, la suppression immรฉdiate du COS nโ€™est pas applicable, pour รฉviter des effets sur ce document antรฉrieur ร  la loi SRU de 2000. Le POS doit obligatoirement รชtre transformรฉ en PLU dans un dรฉlai prรฉcis et encadrรฉ (avant le 24 mars 2017).
Si la suppression du COS a des rรฉpercussions sur lโ€™ensemble des constructions quel que soit le territoire, il en va de mรชme concernant le lotissement, sujet de lโ€™รฉtude. Les incidences sont telles que citรฉes ci-dessous sโ€™appliquent bien sรปr lors dโ€™une opรฉration soumise aux dispositions dโ€™un PLU et non dโ€™un POS. Il y a donc des consรฉquences sur la surface constructible dans les lots, sans oublier que perdurent les rรจgles du PLU sur lโ€™implantation des bรขtiments (prospect, hauteur, emprise, gabarit etc.).

Cahier des charges

Le cahier des charges est un document renseignant sur les droits et les obligations des diffรฉrents colotis. Cโ€™est un contrat de droit privรฉ, non obligatoire, qui fixe les rรจgles internes du lotissement (implantation, destination du bรขtiment, clรดtures, plantations etc.) et rรฉgit la vie collective du lotissement concernรฉ. Il peut รชtre beaucoup plus contraignant que les rรจgles prรฉvues dans le PLU applicable sur le secteur.
Historiquement, le cahier des charges dโ€™un lotissement pouvait avoir une valeur rรจglementaire aprรจs approbation par le Prรฉfet. Entre 1924 et 1978, il existait un document unique, le cahier des charges, approuvรฉ par lโ€™administration, qui comprenait des dispositions rรจglementaires mais aussi contractuelles. Mais depuis le 1 er janvier 1978, le cahier des charges nโ€™est plus approuvรฉ par le Prรฉfet et les dispositions rรจglementaires sont inscrites dans le rรจglement du lotissement. Ainsi, seuls les cahiers des charges antรฉrieurs ร  1978 sont รฉventuellement dotรฉs dโ€™une valeur rรจglementaire. Une fois quโ€™un cahier des charges a perdu sa valeur rรจglementaire, il nโ€™est en fait plus opposable aux autorisations dโ€™occupation du sol, les services instructeurs nโ€™ayant pas ร  en tenir compte lors dโ€™instruction de demandes.
On peut donc se trouver en prรฉsence de deux types de cahier des charges : un ayant une valeur rรจglementaire et contractuelle (approuvรฉ), ou un ayant uniquement une valeur contractuelle (non approuvรฉ) mais avec des clauses qui revรชtent un caractรจre rรจglementaire en raison de leur nature mรชme.
La consรฉquence principale de la loi ALUR concernant le cahier des charges est la nouvelle rรฉdaction de lโ€™article L.442-9 du Code de lโ€™Urbanisme (qui concerne de la mรชme maniรจre le rรจglement du lotissement (voir II.2.1.2.)).

Ancienne rรฉdaction

ยซ Les rรจgles d’urbanisme contenues dans les documents approuvรฉs d’un lotissement deviennent caduques au terme de dix annรฉes ร  compter de la dรฉlivrance de l’autorisation de lotir si, ร  cette date, le lotissement est couvert par un plan local d’urbanisme ou un document d’urbanisme en tenant lieu. Toutefois, lorsqu’une majoritรฉ de colotis, calculรฉe comme il est dit ร  l’article L. 442-10, a demandรฉ le maintien de ces rรจgles, elles ne cessent de s’appliquer qu’aprรจs dรฉcision expresse de l’autoritรฉ compรฉtente prise aprรจs enquรชte publique rรฉalisรฉe conformรฉment au chapitre III du titre II du livre Ier du code de l’environnement. ยป
Pour comprendre, prenons des exemples concrets :
โ€ข Un permis dโ€™amรฉnager est dรฉlivrรฉ en juin 2003 (avant le 27/03/2004) :
– Sโ€™il yโ€™a dรฉcision en 2008 des colotis pour le maintien du rรจglement : 10 ans aprรจs la dรฉlivrance du PA, soit en juin 2013, le rรจglement est maintenu. En revanche, le 27/03/2014, il devient caduc, par application pure de lโ€™article L.442-9, et surtout de lโ€™alinรฉa 2qui indique que mรชme lorsque quโ€™une majoritรฉ de colotis en a demandรฉ le maintien de ces rรจgles , elles cessent de sโ€™appliquer immรฉdiatement au jour du 27/03/2014.
– Sโ€™il nโ€™y a pas dรฉcision des colotis dans le dรฉlai de 10 ans : le rรจglement devient caduc en juin 2013.
รฐ Dans les deux cas, le rรฉsultat est le mรชme (caducitรฉ du rรจglement), mais les moyens dโ€™y arriver sont diffรฉrents : lโ€™un par application de lโ€™alinรฉa 2 de lโ€™article L.442-9, lโ€™autre par application du dรฉlai de 10 ans.
โ€ข Maintenant, prenons un permis dโ€™amรฉnager dรฉlivrรฉ en juin 2005 (aprรจs le 27/03/2004) :
– Sโ€™il y a dรฉcision des colotis en 2010 pour le maintien du rรจglement : cโ€™est le mรชme cas quโ€™avec le PA dรฉlivrรฉ en 2003, cโ€™est-ร -dire la caducitรฉ du rรจglement le 27/03/2014.
– En revanche, sโ€™il nโ€™y a pas de dรฉcision des colotispour le maintien avant le 27/03/2014, le dรฉlai de 10 ans continue de courir, et lโ€™alinรฉa 2 ne sโ€™applique pasdans ce cas-lร , car il nโ€™y a pas eu dรฉcision de maintien. La caducitรฉ du rรจglement se fera donc en juin 2015, et non le 27/03/2014.
On pourrait mรชme prendre un cas extrรชme : un permis dโ€™amรฉnager est dรฉlivrรฉ en 2012.
Supposons que les colotis, qui nโ€™ont aucune connaissance du projet de loi ALUR, dรฉcident de voter le maintien du rรจglement en 2013, en prรฉvision du dรฉlai de 10 ans. Dans ce cas-lร , il deviendra caduc le 27/03/2014 (soit 1 an aprรจsโ€ฆ), par application du L.442-9. Alors que sโ€™ils nโ€™avaient pas votรฉ pour le maintien, lโ€™alinรฉa 2 du L.442-9 ne se serait pas appliquรฉ et le rรจglement aurait รฉtรฉ caduc 10 ans aprรจs la dรฉlivrance du PA, soit en 2022โ€ฆ Les consรฉquences ne sont effectivement pas les mรชmes dans les deux cas.

Conclusion

Cette รฉtude a permis aux Gรฉomรจtres-Experts du cabinet dโ€™apporter des รฉlรฉments de rรฉponse aux questions quโ€™ils se posaient concernant la loi ALUR. Elle pose les bases du lotissement et des formes de divisions et dรฉcrit la rรจglementation en vigueur, qui a รฉvoluรฉ depuis le 27/03/2014.
Les nouvelles versions des articles se rejoignent dans un seul but de la part du lรฉgislateur, celui de mobiliser du terrain pour densifier, et dans notre cas, celui des lotissements, par souci de dรฉgager du foncier sur les territoires peu denses.
Cependant, en regardant les articles de plus prรจs, on se rend compte quโ€™il y a des incertitudes qui sont toujours dโ€™actualitรฉ, et des questions qui devront nรฉcessiter des rรฉponses, soit par des modifications directes de la loi, soit par les dรฉcisions des juridictions que reprรฉsente la jurisprudence. Particuliรจrement, lโ€™identification de la nature hybride du cahier des charges reste encore aujourdโ€™hui une tรขche trรจs complexe, que ce soit pour les professionnels du foncier tels le Gรฉomรจtre-Expert, le notaire ou lโ€™avocat.
Si lโ€™on fait un bilan sur la nouvelle lรฉgislation, on est en mesure de se demander quelles seraient les perspectives โ€” dans lโ€™avenir โ€”pour pouvoir รฉdifier des rรจgles dans les lotissements qui ne tomberaient pas sous le rรฉgime de la caducitรฉ instaurรฉ dans le Code de lโ€™Urbanisme. Lโ€™une dโ€™entre elles serait non pas de crรฉer un rรจglement ou un cahier des charges, mais dโ€™รฉtablir des servitudes entre colotis, avec un fond servant et un fond dominant. En effet, celles-ci ne seraient pas sous le ressort des documents du lotissement et ne seraient donc pas impactรฉes par une quelconque caducitรฉ. Reste ร  voir la rรจglementation future pour ce type de solution, son adรฉquation avec les documents dโ€™urbanisme tels les PLUet son application concrรจte. De plus, la rรฉdaction des servitudes et son analyse pourrait se rรฉvรฉler complexe : contrairement au cahier des charges, ces servitudes ne concerneraient non pas lโ€™ensemble des colotis mais quelque uns seulement, et pourraient occasionner des contentieux. Partant de lร , quelles solutions apporter ?
Le Gรฉomรจtre-Expert, dans le cadre des lotissements, se heurte ร  la difficultรฉ de lier le droit privรฉ, celui du lotisseur et des colotis entre eux, avec le droit public, qui est celui de lโ€™urbanisme. En effet, les colotis ont plutรดt tendance ร  se protรฉger dโ€™opรฉrations qui pourraient nuire ร  leur cadre de vie, tandis que le lรฉgislateur fait tout pour faciliter la densification et mobiliser du terrain.
Cette รฉtude dans le cadre du TFE mโ€™a permis de bien comprendre lโ€™intรฉrรชt et lโ€™enjeu de se renseigner sur la loi et particuliรจrement sur son รฉvolution constante, pour les activitรฉs du Gรฉomรจtre-Expert, profession que je souhaite exercer plus tard. Plus prรฉcisรฉment, lโ€™รฉtude de la loi ALUR sur les lotissements se rรฉvรจle รชtre trรจs pertinente au vu des activitรฉs du cabinet et de la demande dโ€™informations sur le sujet de la part de ses associรฉs.
Cette tรขche qui mโ€™a รฉtรฉ confiรฉe mโ€™a obligรฉ ร , dโ€™une part, me plonger dans les articles du Code de lโ€™Urbanisme modifiรฉs par la loi ALUR, et ร  en analyser les intรฉrรชts notables et les lacunes persistantes, et dโ€™autre part de tenter derรฉsumer les remaniements rรจglementaires par des tableaux schรฉmatiques plus concrets. De plus, il a fallu aborder dโ€™autres notions, sans trop sโ€™รฉcarter du sujet dโ€™รฉtude de base, qui permettent de comprendre le contexte de la densification et des divisions, quโ€™elles soient ou non dans les lotissements.
Il faut bien noter que la finalitรฉ de mon รฉtude, et particuliรจrement les outils schรฉmatiques, correspondent ร  une illustration purement thรฉorique des nouveaux articles du Code de lโ€™Urbanisme,et sont donc le plus objectif possible. Mais ils demeurent selon mon interprรฉtation et peuvent รชtre compris diffรฉremment selon le point de vue ; enfin ils seront sources de questions qui, dans tous les cas, resteront pertinentes ou contestables, et dont les rรฉponses seront non dรฉnuรฉes de sens.
Je peux donc en conclure quโ€™il sera nรฉcessaire de suivre constamment lโ€™รฉvolution de la loi concernant le sujet dโ€™รฉtude, pour que le cabinet de Gรฉomรจtres-Experts puisse rรฉpondre aux attentes des clients ou dโ€™autres professionnels du foncier, et ne pas se mรฉprendre lors de diffusion dโ€™informationsou dโ€™argumentation. Ce TFE รฉtant un sujet juridique, il sera trรจs sรปrement obsolรจte dans quelques annรฉes, partiellement voire totalement. Il faudra donc rester attentif ร  lโ€™รฉvolution de la rรจglementation sur tous les รฉlรฉments รฉtudiรฉs ici pour ne pas commettre dโ€™erreur dโ€™application de la loi.

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Table des matiรจres
Remerciements
Liste des abrรฉviationsย 
Glossaire
Table des matiรจres
Introductionย 
Rappels juridiques du cadre du lotissement et historique de la loi ALUR
I LES DIFFERENTES AUTORISATIONS Dโ€™URBANISME ET Lโ€™APPORT DE LA LOI ALUR13
I.1 Dรฉclaration prรฉalable
I.1.1 Gรฉnรฉralitรฉs
I.1.2 Incidences de la loi
I.2 Permis dโ€™amรฉnager
I.2.1 Gรฉnรฉralitรฉs
I.2.2 Incidences de la loi
I.2.3 Diffรฉrence entre dรฉclaration prรฉalable et permis dโ€™amรฉnager: exemples
I.3 Permis de construire valant division
I.3.1 Objectif
I.3.2 Fonctionnement et contraintes
II INCIDENCES REGLEMENTAIRES DE LA LOI ALUR EN LOTISSEMENT
II.1 Consรฉquences sur lโ€™occupation du sol
II.1.1 Coefficient dโ€™occupation du sol
II.1.2 Surface minimale dโ€™unitรฉ fonciรจre
II.1.3 Suppression du contrรดle des divisions des terrains bรขtis
II.2 Une รฉvolution des documents rรจglementaires
II.2.1 Rรจglement du lotissement
II.2.1.1 Lโ€™opposition des colotis
II.2.1.2 Caducitรฉ du rรจglement
II.2.2 Cahier des charges
II.3 Analyse et commentaires
III PROPOSITION Dโ€™OUTILS Dโ€™AIDE A LA COMPREHENSION DE LA NOUVELLE REGLEMENTATION
III.1 Rรจglement : schรฉma rรฉcapitulatif
III.2 Cahier des charges : schรฉma rรฉcapitulatif
III.3 Procรฉdure de dรฉtachement dโ€™un terrain
Conclusion
Bibliographie
Table des annexes
Liste des figuresย 
Rรฉsumรฉย 

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