Rappels immunologiques sur l’hypersensibilité , l’allergie et l’anaphylaxie

Les Apidae et Vespidae

Les hyménoptères les plus fréquemment rencontrés en France, représentés par les Apidae et les Vespidae, sont organisés en sociétés constituées d’une reine (reproductrice), de mâles (reproducteurs), et d’ouvrières (femelles stériles)4. Les reproducteurs quittent le nid à la fin de l’été pour la reproduction. Chez les guêpes, la reine est la seule à survivre en hiver, le reste de la colonie disparaissant. Les abeilles s’organisent en groupe pour se réchauffer et passer l’hiver. Au printemps, la reine fabrique plusieurs cellules afin d’y pondre ses oeufs. Les larves sont nourries par la reine (de proies pour les guêpes, de nectar et de miel pour les abeilles).

Les premiers adultes deviennent les ouvrières et sont chargés de l’entretien et de la défense de la ruche, du nourrissement des nouvelles larves ainsi que la recherche de pollen ou nectar (pour les abeilles). Ces tâches évoluent en fonction de l’âge de l’ouvrière. La seule activité de la reine sera alors de pondre pour donner naissance à de nouvelles ouvrières, à des mâles ou à des femelles reproductrices. Seule une reproductrice survivra pour devenir reine après avoir tué les autres reproductrices6. La taille de la colonie peut aller de quelques centaines d’individus pour les frelons et les bourdons jusqu’à plusieurs dizaines de milliers pour les abeilles et les guêpes.

La guêpe

Comme chez les Apidae, le venin de guêpe est un mélange d’enzymes, d’amines biogènes et de protéines. Les protéines sont représentées par des kinines comme la bradykinine et par l’antigène 5. L’antigène 5 est considéré comme le troisième allergène majeur de ce venin et est appelé Ves v5. Il s’agit d’une protéine de 28 kDa dont la fonction, aujourd’hui, n’est pas totalement définie. On y retrouve également le MCD-peptide comme dans le venin d’abeille26. Parmi les enzymes, on trouve la phospholipase A1 appelée Ves v1 et constitue un allergène majeur du venin de guêpe. Elle permet de potentialiser l’effet des autres molécules.

La seconde enzyme d’importance, constituant également un allergène majeur malgré son homologie avec celle du venin d’abeille, est la hyaluronidase appelée Ves v224. D’autre enzymes sont présents dans le venin d’abeille, telles que la phosphatase acide ou la cholinestérase25. Enfin, concernant les amines biogènes, elles sont en quantités plus importantes que chez l’abeille. En effet, l’histamine représente en moyenne 4 % du poids sec du venin contre 1 % chez l’abeille. On trouve également de la sérotonine ainsi que de la dopamine ou de l’acétylcholine, de l’adrénaline et de la noradrénaline en plus faible quantité25. Le volume d’une piqûre chez la guêpe est d’environ 2 à 7 microgrammes.

Réaction spécifique du venin de Vespidae

Les mécanismes d’action des molécules présentes dans le venin de Vespidae sont mal connus notamment pour l’antigène 5 et la phospholipase A126. L’antigène 5 aurait des propriétés neurotoxiques, mais est surtout connu pour son allergénicité. La phospholipase A1 est capable de cliver l’acide hyaluronique présent dans les phospholipides membranaires cellulaires, sur un site proche de la phospholipase A2, et de potentialiser l’action des autres molécules en améliorant la diffusion du venin.

En plus de l’histamine, citée précédemment, les amines biogènes comme la dopamine, la sérotonine ou la noradrénaline auront un effet vasomoteur lors de la piqûre et seront responsables de la réaction locale inflammatoire (douleur, brûlure, démangeaisons)11. Les kinines présentes dans le venin sont les responsables principales de la douleur lors de la piqûre, notamment chez le frelon, dont le venin plus riche en kinines provoque des réactions douloureuses particulièrement importantes. Elles agissent de la même façon que les bradykinines endogènes sécrétées par les cellules en cas de traumatisme et qui vont stimuler les nocicepteurs, récepteurs spécifiques de la douleur.

Le dosage des IgE sériques spécifiques

Le sérum du patient mis en contact avec un ou plusieurs allergènes des différents venins permet de déterminer l’hyménoptère en cause. Ces tests possèdent une bonne sensibilité mais manquent de spécificité. En effet, comme nous l’avons vu auparavant, il existe une forte analogie de structure entre les allergènes des Apidae ou des Vespidae provoquant des réactions croisées. Cette double positivité est retrouvée chez 30 à 50 % des patients ayant fait une réaction systémique. Cela semble montrer une double sensibilisation qui est cependant très rare. Ces réactions croisées peuvent être également dues aux déterminants carbohydrates (CCD). Ces CCD sont des glycoprotéines pouvant être responsables d’une réactivité IgE-glucidique.

La plupart des allergènes, comme la hyaluronidase, sont glycosylés et donc potentiellement réactifs aux IgE anti-CCD. Ces IgE n’ont pas de rôle dans la réaction allergique mais peuvent être un biais dans le diagnostic, car elles ne sont pas spécifiques d’un venin. Une autre méthode d’inhibition de ces IgE est possible mais elle n’est réalisée que par des laboratoires spécialisés43. L’autre méthode utilisée depuis 2010 est le dosage des IgE dirigées contre les allergènes recombinants et bénéficiant d’une meilleure spécificité42. Comme les TC, le seuil de positivité du dosage des IgE sériques spécifiques ne prédit en aucun cas la gravité des réactions aux piqûres d’hyménoptères ultérieures.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I :
LES HYMENOPTERES
PRESENTATION DES HYMENOPTERES
I.PRESENTATION GENERALE
II.MODE DE VIE
MORPHOLOGIE DES HYMENOPTERES
I.FAMILLE DES APIDAE
II.FAMILLE DES VESPIDAE
COMPOSITION DES VENINS
I.VENINS DES APIDAE
II.VENINS DES VESPIDAE
PARTIE II :
LES PIQURES D’HYMENOPTERES
EPIDEMIOLOGIE
LA PIQURE ET SES EFFETS
I.REACTION NON SPECIFIQUE
II.REACTION SPECIFIQUE DU VENIN D’APIDAE
III.REACTION SPECIFIQUE DU VENIN DE VESPIDAE
IV.EVOLUTION DES SYMPTOMES
LE CHOC ANAPHYLACTIQUE
I.RAPPELS IMMUNOLOGIQUES SUR L’HYPERSENSIBILITE, L’ALLERGIE ET L’ANAPHYLAXIE
II.MANIFESTATIONS CLINIQUES
LE CHOC TOXIQUE
DIAGNOSTIC DE LALLERGIE
I.L’ANAMNESE
II.LES TESTS CUTANES (TC)
III.LE DOSAGE DES IGE SERIQUES SPECIFIQUES
IV.DOSAGE DES IGE DIRIGEES CONTRE LES ALLERGENES RECOMBINANTS
V.LE TEST D’ACTIVATION DES BASOPHILES (TAB)
VI.CAS PARTICULIER DE LA MASTOCYTOSE
PARTIE III :
TRAITEMENTS
TRAITEMENTS DES REACTIONS LOCALES OU LOCOREGIONALES
TRAITEMENTS DES REACTIONS SYSTEMIQUES
I.L’ADRENALINE
II.TRAITEMENTS DE SECOND RECOURS DES REACTIONS SYSTEMIQUES
LA DESENSIBILISATION OU IMMUNOTHERAPIE SPECIFIQUE
I.DEFINITION
II.INDICATIONS DE LA DESENSIBILISATION
III. PROTOCOLES DE DESENSIBILISATION
IV.EFFETS SECONDAIRES
V.CAS PARTICULIERS DE LA DESENSIBILISATION
PARTIE IV :
ROLE DU PHARMACIEN D’OFFICINE
RECONNAISSANCE DES HYMENOPTERES
MESURES PROPHYLACTIQUES
TRAITEMENT
I.PREMIERS SOINS
II.CONSEILS
III. APPEL DES SERVICES D’URGENCE
CONCLUSION
ANNEXES
TABLE DES MATIЀRES
INDEX DES TABLEAUX
INDEX DES FIGURES
BIBLIOGRAPHIE

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