La rougeole est une maladie éruptive, très contagieuse, endémique ou épidémique. C’est la plus fréquente des fièvres éruptives de l’enfant. Elle est très rare chez les nourrissons de moins d’un an chez qui elle reste une maladie grave. La rougeole sévit surtout entre 2 et 10 ans, mais tous les êtres humains sont réceptifs [1]. Afin d’améliorer l’immunisation des enfants et de préserver la santé infantile, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a préconisé en 1974 le Programme Elargi de Vaccinations (PEV), des efforts ont été déployés dans beaucoup de pays[2]. A Madagascar, la rougeole a été considérée depuis longtemps comme une maladie obligatoire de l’enfance et de pronostic bénin car la guérison est de règle. Mais à partir de 1962, on a observé une épidémie et en 1978, la rougeole figurait parmi les dix premières causes de décès[3].
RAPPELS ET GENERALITES SUR LA ROUGEOLE
EPIDEMIOLOGIE
Parmi les maladies que la vaccination permet d’éviter, la rougeole est la cause la plus importante de morbidité et de mortalité infantile dans les pays en voie de développement. Presque tous les enfants qui ne sont pas vaccinés contractent la rougeole. La maladie fait plus de deux millions de victimes par an surtout en Afrique et en Amérique Latine .
Malgré ce lourd tribut, il y a beaucoup de personnes qui sous-estiment l’importance de la rougeole et pensent qu’il s’agit d’une maladie banale et bénigne de l’enfance .
DEFINITION ET AGENT CAUSAL
La rougeole est une maladie infectieuse de l’enfance avec des manifestations cutanéo-muqueuses très importantes due à un virus du groupe paramyxovirus à ARN, encore appelé virus morbilleux, isolés dans les sécrétions lacrymales, nasales et oculaires d’un sujet malade. La rougeole se répand facilement et rapidement. On ne connaît aucun traitement spécifique. Comme elle est très contagieuse, l’OMS estime que dans les pays où il n’y a pas de programme d’immunisation, au moins 90% de la population de bas âge contractent la rougeole.
TRANSMISSION
La transmission se fait directement d’un individu à l’autre par la diffusion des gouttelettes de PFLÜGGE virulentes émises par le malade. Mais elle peut paraître indirectement par air contaminé en atmosphère contaminée par le virus de la rougeole. Sont réceptifs au virus tous les sujets qui n’ont pas d’anticorps spécifiques. En pratique, à partir de l’âge de 5 ou 6 mois, l’immunité passive maternelle commence à disparaître. En conséquence, dès cet âge, tous les sujets deviennent réceptifs à la rougeole s’ils ne sont pas vaccinés. La porte d’entrée est représentée par les muqueuses aériennes supérieures et par la conjonctive mais de façon plus rare.
CONTAGIOSITE
Seul l’individu malade est contagieux. Cette contagiosité paraît nulle pendant la période d’incubation mais débute 2 jours avant la phase d’invasion, est maximale pendant la phase d’invasion et persiste au cours des 2 premiers jours de l’éruption. Le pouvoir contaminant est nul ou presque nul 5 jours après le début de l’éruption. Les rassemblements d’enfants (crèche, consultation médicale) sont l’occasion de contamination multiple surtout si beaucoup de ces enfants sont réceptifs.
IMMUNISATION
D’une manière générale, la rougeole est une affection immunisante. Une première atteinte confère une immunité qui dure toute la vie et qui n’a pas besoin d’être entretenue par des contacts répétés avec le virus.
HISTORIQUE
LA DECOUVERTE DE LA VACCINATION
L’ère de la vaccination s’est ouverte en 1796 par un médecin britannique appelé Edouard JENNER qui a inoculé à un garçon de 8 ans des sécrétions provenant d’une lésion de pustule de cowpox. Par la suite, ce garçon a une éruption caractéristique, deux mois plus tard, ce médecin lui a inoculé des germes mortels de variole de l’homme. Le petit n’a présenté aucune réaction, il a été immunisé contre la variole.
En 1798, de nombreux pays européens avaient rendu la vaccination contre la variole obligatoire.
Près d’un siècle plus tard, Louis PASTEUR a découvert le vaccin contre la rage. Il a injecté 14 fois du virus inactivé de la rage à un garçon de 9 ans mordu profondément par un chien enragé : le patient ne fut pas atteint de la rage. Pour honorer les travaux de JENNER, PASTEUR a continué de donner à tous ces agents le nom de « vaccin ».
En 1896, WRIGHT a expérimenté chez l’homme le premier vaccin antithyphoïdique.
En 1915, WIDAL a suggéré l’emploi d’une vaccination triple associant à un bacille d’EBERTH les bacilles paratyphoïdes « A » et « B ».
En 1921, Albert CALMETTE et Camille GUERIN ont mis au point le vaccin antituberculeux (BCG).
En 1923, Gaston RAMON a découvert les anatoxines tétaniques et diphtériques.
En 1925, le vaccin contre la coqueluche a été mis au point par MADSEN.
Pendant les années 1950, on a trouvé deux vaccins contre la poliomyélite : le vaccin injectable appelé communément « vaccin de SALK » employant le virus mort et un vaccin oral appelé « vaccin de SABIN » utilisant un virus vivant atténué. Un grand nombre de vaccins a été mis au point au cours du XXème siècle à savoir les vaccins contre la fièvre jaune, la rougeole, la rubéole, la grippe, les oreillons, la méningococcie etc …
LES VACCINS DU FUTUR
D’ici quelques années, on disposera probablement de vaccins contre le paludisme, les infections respiratoires aiguës, l’infection à rotavirus, le SIDA, la dengue, la bilharziose [32]. Actuellement, il y a un éventail de recherches qui tentent de mettre au point un « super vaccin » administré peu après la naissance en injection unique pour protéger les nourrissons contre les principales maladies de l’enfance pour un prix modique. Il faudra deux décennies pour qu’un tel objectif soit atteint [37]. Des études ont été faites afin de permettre d’immuniser par un nouveau vaccin à libération lente en une seule injection contre le tétanos [38].
LE VACCIN ANTI-ROUGEOLEUX
Le vaccin anti-rougeoleux a été mis au point au cours des années 50 et porte le nom de « vaccin inactivé ». Il se présente en vaccins inactivés complets et incomplets [39]. La première souche immunogène atténuée du virus anti-morbilleux a été obtenue en 1954 aux Etats-Unis (ENDRES et PEABLES). Elle est connue sous le nom de souche EDMONSTON. En URSS, les vaccins anti-morbilleux ont été obtenus à l’Institut Pasteur de Leningrad sous la direction de SMORODINTZER: L-4 (1958) et L-16 (1963). Les deux vaccins sont hautement immunogènes, mais le vaccin L-4 provoquait des réactions cliniques marquées. Le vaccin L-16 est, par contre, moins réactogène. Il est utilisé en Union Soviétique et dans plusieurs autres pays .
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Table des matières
INTRODUCTION
Première Partie : RAPPELS ET GENERALITES SUR LA ROUGEOLE
1- ÉPIDÉMIOLOGIE
1.1- Introduction
1.2- Définition et agent causal
1.3- Transmission
1.4- Contagiosité
1.5- Immunisation
2- MANIFESTATION CLINIQUE
2.1- Incubation
2.2- Période d’invasion
2.3- Période d’état ou éruption
2.4- Les complications
2.5- Pronostic
2.6- Diagnostic
3- PRISE EN CHARGE
3.1- Curative
3.2- Préventive
4- HISTORIQUE
4.1- La découverte de la vaccination
4.2- Les vaccins du futur
4.3- Le vaccin anti-rougeoleux
4.4- Le vaccin anti-rougeoleux dans le PEV
5- PRINCIPE
6- CONDUITE PRATIQUE
6.1- Les différents types de vaccins anti-rougeoleux
6.2- Présentation et mode d’administration du vaccin anti-rougeoleux
6.3- La réaction vaccinale
6.4- Les contre-indications à la vaccination
6.5- L’efficacité du vaccin ROUVAX
7- LA COUVERTURE VACCINALE CONTRE LA ROUGEOLE DEPUIS LE PEV
7.1- Objectifs du PEV
7.2- A Madagascar
7.3- Dans les pays en voie de développement
7.4- Couverture vaccinale contre la rougeole dans le monde
Deuxième Partie : A PROPOS DE 140 CAS DIAGNOSTIQUES ET TRAITES A L’HOPITAL D’AMBOHIMIANDRA
1- MILIEU D’ETUDE
2- MATERIELS ET METHODE D’ETUDE
2.1- Matériels d’étude
2.2- Méthode d’étude
2.3- Etudes statistiques
3- RESULTATS
3.1- Introduction
3.2- Evolution de la morbidité de la rougeole de 1994 à 2000
3.3- L’âge
3.4- Variation annuelle selon le sexe
3.5- Les conditions socio-économiques
3.6- L’état nutritionnel des malades
3.7- Répartition des malades selon la vaccination
3.8- Répartition des malades selon les complications et les pathologies associées
3.9- Répartition des malades selon les vaccinations saisonnières
3.10- Répartition des cas rougeoleux selon la létalité
Troisième Partie : COMMENTAIRES – DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS
1- COMMENTAIRES
1.1- En ce qui concerne la morbidité
1.2- En ce qui concerne l’âge et le sexe
1.3- En matière de couverture vaccinale
1.4- A propos des niveaux de vie et de l’état nutritionnel
1.5- A propos des complications et les pathologies associées à la rougeole
1.6- Concernant les variations saisonnières
1.7- En matière de létalité
1.8- Quelques observations
2- SUGGESTIONS
CONCLUSION