Le paludisme est la premiรจre maladie parasitaire humaine au monde et constitue de nos jours un vรฉritable problรจme de santรฉ publique. Il touche non seulement la santรฉ de millions dโindividus mais affecte le dรฉveloppement des pays pauvres. Il sรฉvit de maniรจre endรฉmique en Afrique Sub-saharienne et ce sont les trรจs jeunes enfants qui payent le plus lourd tribut ร cette maladie en termes de gravitรฉ des cas et de mortalitรฉ (Carneiro I., 2010). En 2015, selon le rapport de lโOMS 214 millions de cas de paludisme ont รฉtรฉ enregistrรฉ dont 80% en Afrique Sub-saharienne, 3,2 milliards รฉtaient exposรฉs au paludisme soit prรจs de la population mondiale et la mortalitรฉ associรฉe au paludisme รฉtait estimรฉe ร 438000 dรฉcรจs dont plus des 2/3 chez les enfants de moins de 5 ans (OMS, 2015).
Au Sรฉnรฉgal le paludisme constitue un problรจme sanitaire public important. En effet, il sรฉvit de maniรจre quasi permanente avec une recrudescence saisonniรจre pendant lโhivernage. En 2009, le taux de morbiditรฉ proportionnelle รฉtait de 3,07% de cas confirmรฉ et le taux de mortalitรฉ proportionnelle de 4,07% (PNPL Sรฉnรฉgal, 2011-2015). Le traitement de cette maladie a รฉtรฉ fait pendant plus de 30 ans par la chloroquine puis une rรฉsistance du parasite ร cette molรฉcule est apparue accompagnรฉe dโune augmentation drastique de la mortalitรฉ (WHO, 2015).
Ainsi, en Afrique, des taux รฉlevรฉs de chloroquino-resistance ont conduits certains pays endรฉmiques dont le Sรฉnรฉgal ร utiliser la sulfadoxinepyrimรฉthamine (SP) en premiรจre ligne vers les annรฉes 2000 avec apparition de souches rรฉsistances dans certaines rรฉgions (Gaye O, 2002 ; Nuwaha F, 2001 ; Shretta R, 2000). Au Sรฉnรฉgal, le programme national de lutte contre le paludisme (PNPL) a changรฉ sa politique nationale de traitement de lโaccรจs palustre simple en introduisant lโassociation sulfadoxine-pyrimรฉthamine-amodiaquine en 2003 (PNLP Sรฉnรฉgal, 2003). Depuis 2006, lโOMS a recommandรฉ lโutilisation de combinaisons thรฉrapeutiques ร bases de dรฉrivรฉs dโartรฉmisinine (CTA) et de retirer progressivement du marchรฉ les monothรฉrapies ร base dโartรฉmisinine (PNLP Sรฉnรฉgal, 2007).
RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES SUR LE PALUDISME
Dรฉfinition
Le paludisme est une maladie transmise par un moustique hรฉmatophage du genre anophรจles, et est causรฉ par un petit parasite protozoaire du genre Plasmodium qui infecte alternativement lโhomme et le moustique. Cโest une maladie trรจs ancienne qui est probablement originaire dโAfrique et a suivi les migrations humaines vers les cรดtes de la Mรฉditerranรฉe, jusquโen Inde et en Asie du Sud-Est. Dans le passรฉ, le paludisme รฉtait frรฉquent dans les marais Pontins, autour de Rome et son nom a รฉtรฉ tirรฉ de lโitalien (mal-aria ou ยซ mauvais air ยป). Il รฉtait aussi connu sous le nom de fiรจvre romaine (Doucet K.G., 2006).
Epidรฉmiologie
Agent pathogรจne
Classification
Les agents pathogรจnes du paludisme sont des protozoaires appartenant au phylum des Apicomplexa, ร la classe des Sporozoea, ร la sous-classe des Coccidia, ร lโordre des Eucoccidiida, au sous ordre des Haemosporina, ร la famille des Plasmodiidae et au genre Plasmodium (Khalaj A., 2001). Les cinq espรจces plasmodiales parasites de lโhomme sont : Plasmodium falciparum : cโest lโespรจce la plus redoutable responsable de la fiรจvre tierce maligne. Elle parasite toutes les hรฉmaties quel que soit leur รขge, responsable aussi de lโaccรจs pernicieux et indirectement de la fiรจvre bilieuse hรฉmoglobinurique. Plasmodium malariae est lโagent de la fiรจvre quarte : cโest lโespรจce qui parasite les hรฉmaties รขgรฉes.
P. ovale et P. vivax responsables de la fiรจvre tierce bรฉnigne parasitent les plus jeunes hรฉmaties (Ambroise-Thomas-P., 1984).
P. knowlesi, actuellement la cinquiรจme espรจce zoonotique du singe est reconnue responsable dโun nombre important dโinfections humaines en Asie du Sud-Est (Danis M., 1991 ; Moor D.V., 1961).
Biologie
Habitat
Le Plasmodium est un parasite intracellulaire retrouvรฉ chez lโhomme au niveau du foie et du sang. Chez lโanophรจle on le retrouve au niveau du systรจme digestif et au niveau de la trompe (Fig 1).
Cycle รฉvolutif du parasite
Il est le mรชme pour les quatre espรจces ร part quelques particularitรฉs. Il comprend un cycle sporogonique (sexuรฉ) avec multiplication chez lโanophรจle femelle et un cycle schizogonique (asexuรฉ) chez lโhomme (Desowitz R.S., 1991).
โค La schizogonie
Elle se dรฉroule en deux phases : une phase hรฉpatique et une phase sanguine.
โย Phase hรฉpatique
Lโhomme est infectรฉ lors dโune piqure de moustique du genre Anopheles femelle, qui lui injecte le parasite sous forme de ยซ sporozoites ยป qui gagnent le foie en moins de 30 minutes. Ils pรฉnรจtrent dans la cellule hรฉpatique (hรฉpatocyte), ou ils se divisent trรจs activement pour donner naissance, en quelques jours, ร des dizaines de milliers de nouveaux parasites : les ยซ merozoites ยป. Lโhรฉpatocyte รฉclate en libรฉrant ces parasites dans le sang, qui pรฉnรจtrent et se multiplient ร lโintรฉrieur des globules rouges.
Les espรจces de P. vivax et P. ovale donnent parfois des rechutes tardives, 4 ร 5 ans aprรจs la primo-infection, car le parasite peut subsister sous une forme latente ยซ hypnozoite ยป dans la cellule hรฉpatique.
โย Phase sanguine ou รฉrythrocytaire
Les mรฉrozoites pรฉnรจtrent dans les hรฉmaties, se transforment en trophozoites puis par multiplication en schizontes. Lorsque ces derniers รฉclatent les ยซ merozoites ยป ainsi libรฉrรฉs infectent de nouveaux globules rouges. Pour lโespรจce P.falciparum, le nombre de merozoites est plus รฉlevรฉ, et dure soit 48 heures (P.falciparum, P. vivax, P. ovale), soit 72 heures (P.malariae), rendant compte de la pรฉriodicitรฉ frรฉquemment notรฉe au cours des accรจs fรฉbriles. La plupart des antipaludiques nโagissent que sur les formes erythrocytaires. Aprรจs plusieurs cycles, apparaissent dans les hรฉmaties des gamรฉtocytes mรขles et femelles.
โคย La sporogonie
Lors dโune piqรปre chez un paludรฉen, le moustique absorbe les gamรฉtocytes. Seuls les gamรฉtocytes, aprรจs diffรฉrenciation en gamรจtes mรขle et femelle et aprรจs fรฉcondation, donnent un ลuf ou ยซ ookinรจte ยป qui sโimplante sous la paroi de lโestomac du moustique en formant lโoocyste, dans lequel vont se dรฉvelopper des sporozoites. Ces sporozoites gagnent prรฉfรฉrentiellement les glandes salivaires du moustique ; ร partir de ce rรฉservoir, ils pourront ร leur tour รชtre inoculรฉs ร un sujet rรฉceptif. Cette รฉtape, selon les conditions climatiques et les espรจces plasmodiales, dure environs de 10 ร 30 jours. Elle nรฉcessite des tempรฉratures dโau moins 17 ยฐC ร 20 ยฐC et une hygromรฉtrie supรฉrieure ร 60 %.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
GENERALITES SUR LE PALUDISME ET LES TRIAZENES
Chapitre I. RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES SUR LE PALUDISME
I. Dรฉfinition
II. Epidรฉmiologie
II.1. Agent pathogรจne
II.1.1 Classification
II.1.2 Biologie
II.1.2.1 Habitat
II.1.2.2 Cycle รฉvolutif du parasite
II.1.3 Culture du Plasmodium
II.2. Vecteur du paludisme
II.3. Modes de transmission
II.4 Rรฉservoir de parasite
II.5 Facteurs favorisants
III. Aspects cliniques du paludisme
III.1 Paludisme de primo invasion
III.2. Paludisme ร Plasmodium falciparum
III.2 .1. Accรจs palustre ร fiรจvre pรฉriodique
III.2.2. Paludisme grave
III.2.2.1. Accรจs pernicieux
III.2.2.2. Paludisme viscรฉral รฉvolutif
III.2.2.3. Fiรจvre bilieuse hรฉmoglobinurique
III.3. Paludisme et grossesse
IV. Diagnostic biologique
IV.1. Diagnostic direct
IV.2.Diagnostic indirect
V. Traitements
V.1 Antipaludiques naturels
V.2 Antipaludiques de synthรจses
V.3 Antimรฉtaboliques
V.4. Gamรฉtocytocides
V.5. Antibiotiques
V.6. Associations
VI. Chimiorรฉsistance de Plasmodium falciparum
VI.1 Dรฉfinition
VI.2 Nature de la chimiorรฉsistance
VI.3 Apparition de la chimiorรฉsistance
VI.4 Propagation
VI.5 Facteurs favorisant l’apparition et la diffusion de la chimiorรฉsistance
VI.6 Mรฉthodes dโรฉtudes
VI.6.1 Mรฉthodes in vivo
VI.6.2 Mรฉthodes in vitro
VII. Prophylaxie
VII.1 Chimioprophylaxie
VII.2 Protection du sujet sain
VII.3 Vaccin
CHAPITRE II : RAPPELS SUR LES TRIAZENES
I. Structure gรฉnรฉrale
II. Mรฉthodes de synthรจse
III. Classification
IV. Utilisations thรฉrapeutiques des triazรจnes
V. Autres utilisations des triazรจnes
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL EXPERIMENTAL
I- CADRE BIOGEOGRAPHIQUE : LA REGION DE THIES
I.1 Prรฉsentation de la rรฉgion de THIES
I.2 Endรฉmicitรฉ palustre
I.3 Situation sanitaire
II- Matรฉriel et mรฉthodes
II.1 Matรฉriel
II.2 Mรฉthodes
II.2.1 Mรฉthodes dโobtention des composรฉs
II.2.2 Mรฉthodes dโรฉvaluation des tests
II.2.2.1 Pรฉriode dโรฉtude
II.2.2.2 Population dโรฉtude
II.2.2.2.1 Critรจres dโinclusion et de non inclusion
II.2.2.2.1.1 Critรจres dโinclusion
II.2.2.2.1.2 Critรจres de non inclusion
II.2.2.2.2 Les prรฉlรจvements
II.2.2.3 Technique de SYBR Green
II.2.2.3.1 Dรฉfinition
II.2.2.3.2. Principe
II.2.2.3.3 Mode opรฉratoire
II.2.2.3.3.1-Prรฉparation et conservation des antipaludiques pour les tests
II.2.2.3.3.2 Prรฉparation et supplรฉmentation du milieu RPMI
II.2.2.3.3.3 Prรฉparation de la solution tampon
II.2.2.3.3.4 Prรฉparation de la solution tampon SYBR green
II.2.2.3.3.5 Prรฉparation des sรฉries de dilution sur les plaques de culture
II.2.2.3.3.6 Prรฉparation des isolats
II.2.2.3.3.7 Lecture des plaques aprรจs 48 heures dโincubation
III. Rรฉsultats
III.1 Echantillon
III.2 Rรฉsultats de la chimiosensibilitรฉ in vitro de Plasmodium falciparum
III.2.1 Rรฉsultats des tests de sensibilitรฉ in vitro aux 1, 2, 3-triazoles
III.2.2 Rรฉsultats des tests de sensibilitรฉ des dรฉrivรฉs triazolรฉs de la vitamine D2
COMMENTAIRE
IV. Commentaires
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES