Rappels anatomo-physiologiques de l’organe dentaire

Selon le Larousse le déplacement est « l’action d’aller d’une place à une autre ». Au niveau dentaire il peut être spontané ou provoqué par les forces orthodontiques. Le déplacement dentaire est la résultante de deux composantes:
– une composante biologique faisant intervenir la dent et son parodonte;
– une composante mécanique: les systèmes qui permettent d’appliquer les forces.

Ces systèmes cherchent à obtenir une force optimale, c’est-à-dire une force permettant un déplacement le plus rapide possible sans lésion de la dent. Afin d’obtenir une occlusion équilibrée et fonctionnelle, l’orthodontie utilise des forces mécaniques agissant directement sur les dents et indirectement sur le parodonte. Ces forces permettent ainsi un déplacement des dents dans leurs structures de soutien grâce à des réactions cellulaires qui provoquent un remaniement desmodontal et un remodelage osseux.

Le traitement orthodontique consiste à appliquer des forces dont l’intensité, la direction et la fréquence diffèrent des contraintes « physiologiques » liées à la mastication, la déglutition et aux conditions de migration physiologique spontanée. Ce traitement va viser à instaurer un nouvel équilibre biologique grâce à la réorganisation complète des tissus de soutien de la dent. Or, les objectifs de toute thérapeutique doivent rester dans les limites physiologiques. Le déplacement dentaire est fonction des conditions anatomiques et physiologiques, mais aussi de la qualité et de la quantité de force appliquée. La connaissance des conséquences tissulaires permet de mieux maîtriser le phénomène, de respecter l’intégrité vitale de la dent, de son périodonte et de mettre la dent en position stable.

L’optimisation du déplacement orthodontique permet d’améliorer l’efficacité du traitement en ayant le maximum de déplacement en un minimum de temps. Cela dans le but de diminuer au maximum toute lésion dentaire et/ou tissulaire et de limiter les effets parasites des appareils. La durée moyenne d’un traitement orthodontique est de deux ans, période durant laquelle le risque carieux est plus élevé et les problèmes parodontaux plus fréquents si des précautions particulières ne sont pas prises. La durée de traitement relativement longue peut constituer un frein chez l’adulte qui vit son traitement contrairement à l’enfant qui lui, le subit.

RAPPELS ANATOMO-PHYSIOLOGIQUES DE L’ORGANE DENTAIRE

L’organe dentaire est le seul tissu minéralisé de l’organisme à présenter un ancrage osseux et une accessibilité orale. Il est constitué de l’odonte et du parodonte.

➤ L’odonte
L’odonte est aussi appelée « la dent », elle est constituée par l’émail, la dentine et la pulpe .

➤ Le parodonte
Le parodonte est l’ensemble des tissus de soutien de la dent. Il comprend la gencive, le cément, le desmodonte et l’os alvéolaire . Au cours du déplacement provoqué de la dent c’est ce parodonte qui est sollicité. En effet c’est au niveau du parodonte que se produisent tous les phénomènes qui autorisent le déplacement dentaire, notamment au niveau du desmodonte et de l’os alvéolaire. Par conséquent aucun mouvement dentaire n’est possible en l’absence d’os et de ligament alvéolo-dentaire.

La gencive

La gencive désigne l’ensemble des tissus épithéliaux et conjonctifs qui protègent l’os alvéolaire. C’est un épithélium pavimenteux, stratifié plus ou moins kératinisé. On distingue trois zones :
– La gencive libre ou marginale.
– La gencive interdentaire ou papillaire.
– La gencive attachée.
●La gencive libre ou gencive marginale est une bande étroite qui suit le collet des dents et délimite le sillon gingivo-dentaire au fond duquel se situe l’attache épithéliale.
●La gencive interdentaire ou papillaire est le prolongement de la gencive libre entre deux dents adjacentes.
●La gencive attachée est située entre la gencive marginale et la muqueuse buccale. Cette région de la gencive adhère fortement à l’os alvéolaire sous-jacent par l’intermédiaire des fibres collagènes du tissu conjonctif.

De par sa fonction, sa structure et sa physiologie, cette fibromuqueuse présente à l’état sain des caractéristiques précises qui définissent la normalité. Pour ces caractéristiques nous avons :
– La couleur qui est rose, mais cette couleur peut varier selon la race du sujet.
– La texture en « peau d’orange » traduit la présence de faisceaux collagéniques qui ancrent solidement les tissus superficiels au périoste ou au cément sous-jacent.
– La forme : le bord gingival est toujours mince, épousant parfaitement le collet anatomique des dents [87].

La gencive renseigne sur l’état de santé des tissus sous-jacents à savoir l’os alvéolaire et le desmodonte . La gencive joue un rôle déflecteur lors de la mastication des aliments.

Le cément
Il est constitué d’un tissu minéralisé, et calcifié qui recouvre la surface radiculaire . C’est le plus mou des tissus de la dent. Il n’est ni vascularisé, ni innervé, il ne subit pas de résorption physiologique ni de remodelage mais il est caractérisé par une apposition progressive tout au long de la vie.

Il existe deux types de cément : le cément acellulaire (fibrillaire) et le cément cellulaire (contenant des cémentocytes). Le cément situé au niveau des deux tiers cervical de la racine est un tissu mince acellulaire laminé fixé par les cémentoblastes, qui ne sont pas incrustés dans letissu lors de l’apposition de couches supplémentaires. Le cément du tiers apical de la racine a un caractère cellulaire et est largement comparable à l’os dans sa structure générale [65]. Dans ce cément viennents’insérer les fibres de SHARPEY qui lient la dent à l’os alvéolaire. Ce cément est doté de pouvoir de réparation, de régénération et d’apposition.

Le desmodonte

Le desmodonte occupe l’espace entre l’os alvéolaire et la racine (Figure 1). Il comporte essentiellement les fibres d’attache ostéodentaires ou ligament. Ces fibres de collagène sont entrecroisées, elles s’entrelacent, et se présentent groupées en faisceaux qui suspendent la dent dans son alvéole. [37] Le desmodonte joue un rôle:

❖ mécanique à cause des fibres de collagène qui ne sont pas élastiques ; il permet de garder l’espace desmodontal invariable (35).
❖ de formation : par sa constitution cellulaire (cémentoblastes, ostéoblastes, ostéoclastes, fibroblastes, histiocytes et macrophages) nous avons la formation des précémentium par les cémentoblastes qui sont des cellules mésenchymateuses hautement spécialisées ; la substance pré-osseuse par les ostéoblastes, les pré-collagènes par les fibroblastes qui donnent à leur tour les fibres de collagène. Les ostéoclastes sécrètent des substances protéolytiques qui libèrent des déchets minéraux évacués par les macrophages dans le sang.
❖ nutritif : Le système artério-veineux issu des artères alvéolaires, pulpaires et gingivales assure la nutrition du tissu conjonctif desmodontal et des tissus minéralisés qui le bordent.
❖ sensoriel : L’innervation du ligament alvéolo-dentaire est sensitive et proprioceptive. Cette innervation proprioceptive fournit au système nerveux central toute information sur les positions et les mouvements des dents. Ce système joue un rôle de veille et de surveillance pour la dent et pour le tissu de soutien en cas de surcharge occlusale.

L’os alvéolaire

Les dents sont implantées dans l’os alvéolaire  qui est en continuité avec l’os basal maxillaire et mandibulaire. L’os alvéolaire naît et meurt avec les dents. On lui distingue :
– Une paroi interne ou lamina dura ou s’insèrent les fibres de Sharpey en provenance du cément.
– Une corticale externe
– Un tissu spongieux situé entre les deux corticales plus ou moinsabondant suivant la région.

Intimement lié à la dent, il est l’objet de remaniement constant. Entre ces deux corticales se trouvent des travées osseuses, formant l’os trabéculaire ou os spongieux, délimitant des espaces médullaires. [35] Cet os voit s’ancrer profondément les fibres du desmodonte face à l’espace desmodontique [37].

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. RAPPELS ANATOMO-PHYSIOLOGIQUES DE L’ORGANE DENTAIRE
L’odonte
Le parodonte
I.1. La gencive
I.2. Le cément
I.3. Le desmodonte
I.4. L’os alvéolaire
II. HISTOIRE DE L’ORTHODONTIE DU Xème SIECLE av. JC A NOS JOURS
II.1. Du Vème au XVIIIème siècle après J.C
II.2. Naissance de l’orthodontie moderne (Du XIXème siècle à nos jours)
DEUXIEME PARTIE
III. DEPLACEMENT DENTAIRE PROVOQUE
III.1. Notion de force optimale
III.2. Les effets biologiques du déplacement dentaire physiologique
III.2.1. La réponse cellulaire
III.2.1.1. Effets biologiques à court terme
III.2.1.2. Effets biologiques à long terme
III.3. La réponse physique
III.3.1. Effets mécaniques immédiats
III.3.2. L’inflammation
III.4. Les facteurs influençant la vitesse de déplacement dentaire provoqué
III.4.1. Les facteurs liés au patient
III.4.1.1. Les facteurs anatomiques
III.4.1.1.1 La densité osseuse
III.4.1.1.2. Anatomie de la morphologie radiculaire
III.4.1.2. L’âge
III.4.1.3. Les rapports occlusaux
III.4.2. Les facteurs extrinsèques
III.4.2.1. Les facteurs mécaniques
1. La technique vestibulaire
2. La technique linguale
3. Les fils orthodontiques
4. Application clinique optimale des fils orthodontiques
A. Phase initiale: alignement, nivellement
B. Phase de correction de la denture
B.1. Correction intra-arcade : glissement
a) Phase de recul prémolaire et canins
b) phase de rétraction incisive
B.2. Correction inter-arcade : correction des décalages et stabilisation
B.3. Phase de finition : phase de rétablissement de la proprioception
III.4.2.2. Les facteurs médicamenteux
III.4.2.2.1. Le nitrate d’oxyde
III.4.2.2.2. Effets des AINS et des antalgiques pures
III.4.2.2.3 Facteurs alimentaires et hormonaux intervenant dans le contrôle physiologique du tissu osseux
III.4.2.2.3.1. Les apports alimentaires
III.4.2.2.3.2 Les facteurs hormonaux
TROISIEME PARTIE
IV. COMMENT ACCELERER LE DEPLACEMENT DENTAIRE PROVOQUE ?
IV.1. Les moyens non chirurgicaux
IV.1.1. Thérapie au laser à faible énergie
IV.1.2. Courant électrique
IV.1.3. Champ électromagnétique pulsé
IV.2. Techniques chirurgicales
IV.2.1. Fibrotomie supracrestale
IV.2.2. Les distractions dento-alvéolaires
IV.2.3. Les distractions ligamentaires
IV.2.4. La piézocision
IV.2.5. Les corticotomies alvéolaires
CONCLUSION

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