Les affections ostéo-articulaires constituent un groupe assez large et universellement répandu de pathologies qui touchent aussi bien les sujets jeunes que les personnes âgées . Il s’agit en effet de pathologies ou affections qui vont toucher particulièrement les os et les articulations (cartilage, ligament, capsule, liquide synovial, etc.,) et quipeuvent être d’ordretraumatique (ex: entorses) ou métabolique (ex: l’arthrite). Ces pathologies, vu leurs chronicité, ont un retentissement aussi bien sur le plan personnel qui se manifeste par une perte d’autonomie, que sur le plan collectif par une augmentation de l’économie de santé (traitement prolongé et coûteux). De nos jours le traitement de ces pathologies s’est résumé à un traitement conventionnel contre la douleur plutôt symptomatique et le recours à la chirurgie n’est limité qu’à certaines situations. La découverte d’un potentiel thérapeutique dans les plantes et les problèmes dus aux médicaments actuels (effets indésirables, contre-indications) a redonné de l’importance aux plantes, dans le traitement des pathologies ostéo-articulaires légères à modérées. Le recours à la médecine alternative et complémentaire, en particulier la phytothérapie, semble aujourd’hui prendre de plus en plus d’importance chez les praticiens et les patients. En effet, l’EuropeanScientificCooperative en Phytotherapy (ESCOP) et l’Organisation Mondiale de Santé (OMS)ont travaillé à la mise en conformité de préparations de plantes médicinales en tant que médications, par la mise au point de différentes monographies. Parmi ces plantes, certaines ont reçu une validation clinique et scientifique dans leurs indications[50, 51, 60, 62,70]. Notre travail, est une mise au point sur la prise en charge l’arthrose par l’utilisation des plantes médicinales en traitement alternatif ou complémentaire. Il s’agit d’étudier le rôle des plantes et leurs effets aussi bien dans les manifestations douloureuses légères à modérées que dans les pathologies lourdes, tout en précisant les différentes plantes couramment et traditionnellement employées.En outre, on tentera de préciser l’importance de la phytothérapie seule dans les affections ostéo-articulaires. On s’intéressera principalement dans ce travail aux plantes ayant une validation dans les affections ostéo-articulaires tels que l’arthrose. On citera essentiellement les plantes désignées comme « traditionnellement utilisées dans les manifestations articulaires douloureuses et accessoirement les plantes connues pour leurs propriétés anti inflammatoires et antalgiques largement utilisées.
Rappels anatomique et physiologique du système ostéo-articulaire
L’appareil ostéo-articulaire comprend l’ensemble du squelette et ses structures de fixation : os, articulation, structure péri-articulaire, muscles et tissu conjonctif.
Structure de l’os
L’os adulte est formé de 2 types d’os :
– L’os compact qui constitue la diaphyse des os longs, entoure la cavité médullaire et représente le 4\5 de la masse osseuse totale.
– L’os spongieux ou trabéculaire présent dans les os plats et l’épiphyse des os longs et représente le 1\5 de la masse osseuse.
L’os se compose de types cellulaires et d’une matrice organique. On note la présence de cellules peu ou pas différenciées comme les fibroblastes et les cellules mésenchymateuses ainsi que des cellules différenciées que sont :
– Les Ostéoblastes qui déterminent la synthèse de la matrice osseuse.
– Les Ostéocytes qui dérivent des ostéoblastes prisonniers de l’os minéralisé.
– Les Ostéoclastes qui déterminent la résorption de l’os.
Tandis que la matrice organique contient de la collagène qui est une protéine fibreuse synthétisée par les ostéoblastes et représente 90% de la matrice osseuse, ainsi qu’une fraction non collagénique représentée par les protéoglycanes, et l’ostéocalcine qui assure le lien indispensable entre les phases organique et minérale, dont deux vitamines (vitamines D et K)sont nécessaires à sa synthèse.
Structures des articulations
Le cartilage
Il contient un seul type de cellule (le chondrocyte) et constitue une matrice non minéralisée riche en eau, et se caractérisant par une absence de vascularisation.
La synoviale :
Tissu conjonctif limitant la cavité articulaire, il assure la trophicité de l’articulation par l’élaboration du liquide synovial, phagocyte et élimine les déchets. Contrairement au cartilage, il est caractérisé par une riche vascularisation.
Le Liquide synovial :
Aux propriétés lubrifiantes par sa forte teneur en acide hyaluronique, nutritive et protectrice du cartilage [1].
Structures péri-articulaires
Les Tendons : sont des cordons fixés sur les parties du squelette offrant une prise au muscle. De couleur blanche, et d’aspect plutôt large et épais, ils possèdent une forte résistance du à leur structure en faisceaux de fibres de collagène. Le Ligament : est une courte bande de tissu conjonctif fibreux composée principalement de longue molécule de collagène. C’est une structure extrêmement solide. Les ligaments connectent les os à d’autres os dans les articulations. La bourse séreuses : c’est une cavité fermée constituer de tissu conjonctif et contenant du liquide synovial, lubrifiant facilitant le glissement des organes (muscles, tendons) auxquelles elle est annexée.
Rôle de l’appareil ostéo-articulaire
L’appareil ostéo-articulaire possède une fonction locomotrice et une fonction minérale. La fonction locomotrice consiste à assurer l’immobilité et le mouvement avec en corollaire la permanence du mouvement au cours du repos et la permanence de la posture au cours du mouvement.[1] La fonction minérale est due à la présence de minéraux. L’os contient 99% du calcium totale et 66% du phosphore total de l’organisme. Ces deux minéraux assurent par l’ossification la minéralisation structurelle de l’organisme mais aussi ils jouent un rôle important dans l’équilibre acido-basique.
Le pH plasmatique modifie l’affinité du Ca2+ envers les protéines. Une acidose métabolique réduit la fraction liée à l’albumine, donc augmente la teneur enCa2+ dans le sang, d’où un effet adaptatif, à l’orientation musculaire. Une alcalose métabolique donne l’effet inverse, effet structurel à orientation osseuse[2]. Par ailleurs, le phosphate joue un rôle tampon dans l’organisme qui subit une charge acide quotidienne très importante venant des déchets métaboliques (CO2+,ions H+).La respiration cellulaire produit 13000 moles de CO2,le métabolisme des acides aminés soufrés des protéines alimentaires produit quant à lui 70mmoles de H+ , d’où l’importance de l’élimination de la charge acide pour le maintien homéostasique du pH par les fonctions régulatrices (poumon à court terme et rein à long terme) L’importance des systèmes tampons auxquelles participent les phosphates d’où la variation de la phosphorémie, permettent une concentration en calcium stable. La gestion de la minéralisation de l’organisme est assurée par un système endocrinien au travers de la spécificité de ses composantes glandulaires. Parmi celles-ci, on distingue des éléments de mobilisation tels que la PTH, la vitamine D3, la thyroïde par la T4 et les glucocorticoïdes, et des éléments de construction comme les œstrogènes, la thyroïde par la calcitonine et l’hormone de croissance (GH)[2]. La PTH agit en réalité sur les ostéoblastes et provoque une réactivité ostéocalcique (libération de Ca2+) par action lytique de la T4, se traduisant donc par une augmentation de la TSH et une réduction du rétrocontrôle de la T4 sur la TSH. La PTH agit aussi sur l’intestin en augmentant l’absorption de calcium et sur le rein en augmentant la résorption du calcium et en diminuant celle du phosphate. La PTH a une action hypercalcémiante[2]. Quant à la vitamine D3 ou calcitriol 1-25 di hydroxy cholécalciférol, qui est une vitamine liposoluble, son activation se fait d’abord par passage hépatique puis par passage rénal sous l’influence de la PTH. Elle se comporte comme une hormone par son interrelation physiologique avec les autres hormones agissant sur le métabolisme osseux. Elle fait ainsi partie des éléments interférentiels cataboliques qui permettent d’augmenter la libération du calcium ou de la prolonger. Son action sur l’intestin et le rein dans l’absorption et la réabsorption du calcium est la même que celle de la PTH. La vitamine D s’oppose à l’activité ostéoblastique de la calcitonine en empêchant son action immédiate. A côté de la vitamine D3, on a les vitamines K1 et K2 qui permettent la synthèse de l’ostéocalcine[2]. Les corticosurrénales inhibent l’activité des ostéoblastes, diminuent l’absorption intestinale et la réabsorption rénale du calcium donc la calcémie par l’utilisation au niveau organique de ce dernier en fonctions des besoins[2]. Enfin, concernant la calcitonine dont la libération est permise par la diminution de la vitamine D, elle arrête l’ostéoclasie mise en place par la T4 par une action directe sur les ostéoclastes.
Le remodelage osseux
C’est un phénomène de renouvellement constant du tissu osseux par une coopération entre les ostéoblastes et les ostéoclastes qui se déroulent en 4 phases :
– la phase d’activation se traduit par une mise àdisposition des matériaux (facteurs ostéorésorbants) et un accès des ostéoclastes à la matrice osseuse.[2]
– La phase de résorption consiste en une dissolution de la phase minérale par acidification et une dégradation de la matrice organique par l’activité des enzymes protéolytiques.
– La phase d’inversion porte sur une apoptose des ostéoclastes.
– La phase de formation du tissu osseux se manifeste par une production de la matrice par les ostéoblastes différenciés.On obtient un tissu ostéoïdenon encore minéralisé, qui sera par la suite minéralisé par l’ostéocalcine qui augmente la concentration de Ca2+ et favorise sa fixation sur le tissu ostéoïde[2].
Rappels physiopathologiques sur l’arthrose
Le corps humain comporte plus d’une centaine d’articulations. L’articulation est en fait le point d’union entre deux ou plusieurs os. Le cartilage, qui se trouvegénéralementà l’extrémité de l’os, est une surface dure et résistante qui permet d’absorber les contraintes mécaniquescausées par des mouvements ou des postures. Il est primordial de maintenir le cartilage en bonne santé car il permet lafluidité des mouvements articulaires et empêche ainsi l’usure prématurée de l’os[3]. Les os forment le squelette qui fournit un support aux tissus mous, auxviscères, aux organes et servent d’attache auxdifférents muscles du corps. De plus, ils sont une source de calcium, de phosphore, de sodium et d’autresminéraux indispensables au maintien de leur santé, sans compter la production de cellules sanguines par la moelle osseuse de certains os. Parmi les différentes pathologies du système ostéo-articulaire, l’arthrose est la plus courante.
Définition de l’arthrose
L’arthrose est une affection dégénérativecaractérisée par un ensemble de désordres aboutissant à un défaut structural et fonctionnel d’une ou de plusieurs articulations. C’est une altération lente du cartilage s’accompagnant de modifications morphologiques représentées par le pincement de l’interligne articulaire, les ostéophytes et la sclérosé sous-chondrale [3,4] avec présence de géodes dans les zones d’hyperpression et une réaction synoviale avec douleurs d’épanchements.
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Table des matières
INTRODUCTION
I- Rappels anatomique et physiologique du système ostéo-articulaire
I.1-Structure de l’os
I.2-Structures des articulations
I.3-Structures péri-articulaires
I.4-Muscle et tissu conjonctif
II – Rappels physiopathologiques sur l’arthrose
II.1- Définition de l’arthrose
III La prise en charge de l’arthrose
III.1- Le drainage en pathologie arthrosique
III.1.1-Généralités sur le drainage
III.1.2-Définition du drainage
III .1.3-Le couple fonctionnel : Appareil ostéo-articulaire /émonctoires
III.1.3.1-Drainage l’appareil ostéo-articulaire
III.2-Les plantes utilisées pour le drainage
III.3-Le traitement phytothérapique de l’arthrose
IV- Etudes de quelques monographies
IV.1-Harpagophytum procumbens (burch.) D.C
IV.1.1-Dénominations et synonymes
IV. 1.2-Situation botanique
IV.1.3-Description botanique
IV.1.4-Composition chimique
IV.1.5-Usages traditionnels
IV.1.6-Propriétés pharmacologiques
IV.1.8-Effets indésirables
IV.1.9-Toxicité
IV.1.10-Contre-indication
IV.1.11-Emploisthérapeutiques
IV.1.11.1-Indications
IV.1.11.2- Formes d’utilisation
IV.1. 11.3- Posologies
IV.1.11.4-Spécialités
IV.2-Filipendula ulmaria (L.) Maxim
IV.2.1-Dénominations et synonymes
IV.2.2-Situations botaniques
IV.2.3-Description botanique
IV .2.4-Compositions chimiques
IV .2.5-Usages traditionnels
IV.2.6-Propriétés pharmacologiques
IV.2.6.1- Propriétés anti-inflammatoire et antalgique
IV.2.7-Validation clinique
IV.2.8-Effets indésirables et toxicité
IV.2.9-Contre-indications
IV.2.10-Emplois en thérapeutique
IV.2.10.1-Indication
IV.2.10.2-Formes d’utilisation
IV.2.10.3-Posologie
IV.2.10.4-Spécialités
IV.3-Urtica dioica l
IV.3.1-Dénominations et synonymes
IV.3.2- Situation botanique
IV.3.3-Description botanique
IV.3.4- Composition chimique
IV.3.5- Historique et usages traditionnels
IV.3.6- Propriétés pharmacologiques
IV.3.7- Validation clinique
IV.3.8- Effets indésirables
IV.3.9- Toxicité
IV.3.10-Contre-indication
IV.3.11- Emploi thérapeutique
IV.3.11.1- Indications
IV.3.11.2-Formes d’utilisation et posologie
IV.3.11-3 Spécialités
IV.4-Equisetum arvense
IV.4.1-Dénominations et synonymes
IV.4.2- Situation botanique
IV.4.3-Description botanique
IV.4.4-Composition chimique
IV.4.5- Usages traditionnels
IV.4.6- Propriétés pharmacologiques et validation clinique
IV.4.6.1- Effets analgésiques et anti-inflammatoire
IV.4.6.2-Effet sur le métabolisme de l’os
IV.4.7- Effets indésirables
IV.4.8- Toxicité
IV.4.9- Contre-indication
IV.4.10.1- Indications
IV.4.10.3-Spécialités
IV.5-Ribes nigrum. L
IV.5.1- Dénomination et synonymes
IV.5.2- Situation botanique
IV.5.3- Description botanique
IV.5.4- Composition chimique
IV.5.5- Usages traditionnels
IV.5.6- Propriétés pharmacologiques
IV.5.6.1-L’activité anti-inflammatoire
IV.5.6.2- Activité analgésique
IV.5.7- Effets indésirables et Toxicité
IV.5.8-Contre-indications
IV.5.8-Emploi thérapeutique
IV.5.8.1- Indications
IV.5.8.2- Formes d’utilisation
IV.5.8.3- Posologie
IV.5.8.4- Spécialités
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE