Une tumeur osseuse se définit comme étant un tissu néoformé résultant d’un processus tumoral se développant au niveau de l’os (1). Qu’elles soient primitives ou métastatiques, ce sont des pathologies rares, et de ce fait, mal connues. Cependant, elles constituent une part non négligeable de la pathologie ostéo-articulaire de l’enfant et de l’adulte. Sa gravité réside sur la mise en jeu du pronostic fonctionnel du membre et du pronostic vital du patient.
Dans les pays industrialisés, le traitement des tumeurs osseuses a connu un progrès au cours des dernières décennies grâce à la précocité du diagnostic dans lequel l’imagerie, dont les modalités techniques se sont enrichies pendant la même période, a un rôle considérable (2). A Madagascar, peu de réflexions ont été consacrées aux tumeurs osseuses en général. A Fianarantsoa, la prise en charge des tumeurs osseuses rencontre encore beaucoup d’obstacles. D’où l’importance de cette étude dont le but est de déterminer les problèmes qui empêchent de réaliser une prise en charge correcte des tumeurs osseuses. Les objectifs de cette étude sont de :
– Décrire les aspects épidémio-cliniques, paracliniques et thérapeutiques des tumeurs osseuses vues au CHU de Fianarantsoa.
– Analyser les difficultés rencontrées dans leur prise en charge.
– Proposer des suggestions afin d’améliorer cette prise en charge.
RAPPEL SUR LES TUMEURS OSSEUSES
DEFINITION- NOMENCLATURE- CLASSIFICATION
Une tumeur osseuse se définit comme étant un tissu néoformé résultant d’un processus tumoral se développant au niveau de l’os .
On distingue :
• Les tumeurs productrices du tissu osseux :
o Bénignes : ostéome, ostéome ostéoïde, ostéoblastome
o Malignes : ostéosarcome
• Les tumeurs productrices du tissu cartilagineux :
o Bénignes : chondrome, ostéochondrome, fibrome chondro- myxoïde
o Malignes : chondrosarcome
• Les tumeurs à cellules géantes
• Les tumeurs de la moelle osseuse : Sarcome d’Ewing et réticulosarcome, lymphosarcome osseux, myélome
• Les tumeurs vasculaires
• Les tumeurs du tissu conjonctif : fibrome desmoïde, lipome osseux, fibrosarcome
• Les autres tumeurs osseuses : chordome, adamantinome, neurofibrome
• Les lésions pseudo tumorales : kyste osseux, kyste anévrysmal, lacune métaphysaire, granulome éosinophile, dysplasie fibreuse
• Les cancers secondaires des os .
EPIDEMIOLOGIE
Les tumeurs osseuses qu’elles soient primitives ou secondaires sont des pathologies rares. Comparées aux autres tumeurs, elles sont inhabituelles (5). Une étude sur les tumeurs osseuses menée au Nigéria a rapporté une fréquence de 0,53% par rapport aux autres maladies cancéreuses (6) (7). Aux Etats-Unis (4), les tumeurs osseuses constituent 6 à 10% des tumeurs de l’enfant. Le nombre annuel de nouveaux patients touchés par ces tumeurs est estimé à 8,7 cas par an et par million d’habitants de moins de 20 ans dont :
– 4,8 en moyenne pour l’ostéosarcome,
– 2,9 pour la tumeur d’Ewing,
– et de 0,5 pour le chondrosarcome.
Globalement, ces tumeurs sont plus fréquentes chez l’adolescent autour de l’âge de 15 ans, par comparaison aux enfants plus jeunes. La fréquence des tumeurs osseuses diminue chez l’adulte, puis augmente à nouveau autour de l’âge de 65 ans. L’incidence est plus élevée chez les garçons (9,6 cas/an) que chez les filles (8,2 cas/an) (4) et chez les gens de couleur noir que les blancs (8), sauf pour les tumeurs d’Ewing qui se rencontrent quasi exclusivement chez les sujets de peau blanche et y sont 9 fois plus fréquentes par comparaison aux sujets de peau noire .
DIAGNOSTIC DES TUMEURS OSSEUSES
Circonstances de découverte
Douleur
Bien qu’elle puisse manquer, la douleur constitue, le plus souvent, la circonstance révélatrice des tumeurs osseuses. D’intensité variable, permanente ou transitoire, elle est généralement localisée à la zone tumorale mais peut aussi être projetée et sera alors rattachée à l’os par l’examen clinique et l’imagerie.
Masse cliniquement perceptible
La perception d’une masse clinique est inconstante. Elle n’est pas spécifique des tumeurs malignes et peut se voir dans certaines tumeurs bénignes. Dans les tumeurs d’Ewing, qui s’accompagnent de tumeurs des parties molles, la masse est souvent très volumineuse, en particulier, au niveau des os plats.
Autres symptômes
Les autres symptômes dépendent de l’atteinte des organes de voisinage :
– Les lésions du sacrum ou du bassin peuvent évoluer sans douleur jusqu’à provoquer des troubles moteurs de la miction ou de la défécation, par compression nerveuse ou mécanique.
– Une tumeur d’une côte qui se développe uniquement dans le thorax peut se manifester par des troubles respiratoires ou par un épanchement dans la plèvre.
– Une tumeur vertébrale peut se manifester par des signes de compression de la moelle épinière ou d’une racine nerveuse.
– Les fractures consécutives à un traumatisme mineur sur un os fragilisé par une tumeur ne sont pas exceptionnelles.
Découverte radiologique
Il faut également citer la possibilité de découverte radiologique fortuite, sous forme d’une plage d’ostéolyse, d’ostéocondensation ou encore d’une image mixte.
Examens cliniques
Signes généraux :
Une altération de l’état général, en particulier la fièvre, peut être présente.
Signes fonctionnels :
La douleur, quand elle est présente, son rythme mécanique ou inflammatoire permet d’orienter vers la bénignité ou la malignité.
Signes physiques :
Les signes physiques peuvent varier en fonction des différents types des tumeurs osseuses.
➤ Les ostéosarcomes :
Ils siègent essentiellement entre l’extrémité et la partie centrale des os longs (la métaphyse) . Les localisations aux genoux (extrémité inférieure du fémur et extrémité supérieure du tibia ou du péroné) représentent environ 60% des cas. Les métastases lorsqu’elles existent sont pulmonaires et plus rarement osseuses.
➤ Les tumeurs d’Ewing :
Elles sont plus fréquemment localisées au niveau des os plats (60% des cas), en particulier au niveau du bassin et des côtes, mais peuventégalement intéresser les os longs (40% des cas). Dans ce cas, la partie centrale de l’os (diaphyse) est plus souvent atteinte que les extrémités.
➤ Les chondromes :
Les chondromes solitaires se développent sur les os longs des membres et ils sont toujours métaphysaires. Les chondromes distaux concernent le plus souvent la main que le pied. Ils s’y repartissent surtout du côté ulnaire que radial, plus sur la première phalange et les métacarpiens que sur les phalanges distales. Les localisations au niveau des os des ceintures sont rares.
➤ Le fibrome chondromyxoïde :
Ce type de tumeur osseuse est rare, et se localise le plus souvent au niveau de la métaphyse des os longs. Dès fois, il peut se rencontrer au niveau de la voûte crânienne .
➤ L’ostéome ostéoïde :
La lésion est ubiquitaire. Elle atteint préférentiellement la corticale des diaphyses des os longs des membres inférieurs (tibia et fémur) dans 50% des cas et le rachis dans 10% des cas. La localisation épiphysaire est très rare : 12 casont été rapportés .
➤ Les tumeurs à cellules géantes :
Elles siègent habituellement sur les os longs, en situation épiphysaire chez l’adulte et métaphysaire avant la fin de la croissance(15) (16) (17) (18) (19). L’extrémité inférieure du fémur constitue le siège de prédilection. Mais elles sont également les tumeurs les plus fréquentes du radius distal .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPEL SUR LES TUMEURS OSSEUSES
I RAPPEL SUR LES TUMEURS OSSEUSES
I.1 DEFINITION- NOMENCLATURE- CLASSIFICATION
I.2 EPIDEMIOLOGIE
I.3 DIAGNOSTIC DES TUMEURS OSSEUSES
I.3.1 Circonstances de découverte
I.3.2 Examens cliniques
I.3.3 Examens paracliniques
I.4 TRAITEMENT DES TUMEURS OSSEUSES
I.4.1 Buts
I.4.2 Moyens
I.4.3 Indications
I.4.4 Résultats et pronostics
DEUXIEME PARTIE : MATERIELS ET METHODE, RESULTATS
II. MATERIELS ET METHODE, RESULTATS
II.1. MATERIELS ET METHODES
II.1.1 CADRE DE L’ETUDE
II.1.2 TYPE DE L’ETUDE
II.1.3 PERIODE DE L’ETUDE
II.1.4 POPULATION D’ETUDE
II.1.5 MODE D’ECHANTILLONNAGE
II.1.6 PARAMETRES A EVALUER
II.1.7 MODE D’ANALYSE DES DONNEES
II.2 RESULTATS
II.2.1 Résultats globaux
II.2.2 Résultats selon les paramètres étudiés
2.2.1 Répartition selon la tranche d’âge
2.2.2 Répartition selon le sexe
2.2.3 Répartition selon la localisation
2.2.4 Répartition selon les signes révélateurs
2.2.5 Répartition selon les examens anatomo-pathologiques effectués
2.2.6 Répartition selon les résultats histologiques
2.2.7 Répartition selon les moyens de diagnostic d’extension
2.2.8 Répartition selon les moyens thérapeutiques utilisés
2.2.9 Les difficultés rencontrées au cours de la prise en charge
TROISIEME PARTIE : DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS
III. DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS
III.1. DISCUSSIONS
III.1.1. Epidémiologie
1.1.1 Incidence
1.1.2 Type
1.1.3 Tranche d’âge
III.1.2 Clinique
1.2.1 Circonstances de découverte
1.2.2 Diagnostic
1.2.3 Localisations
III.1.3 Paraclinique
1.3.1 Imagerie
1.3.2 Histologie
III.1.4 Traitement
1.4.1 Nos ressources
1.4.2 Traitement proprement dit
III.2 SUGGESTIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE