Les parasitoses intestinales sont des affections dues à la présence de parasites dans l’intestin grêle ou le colon. Ces parasites peuvent être des protozoaires (uni cellulaires) ou des métazoaires (pluri cellulaires) particulièrement les helminthes.
Ce sont des affections très répandues dans le monde notamment en zone tropicale où il existe plusieurs facteurs favorisants (température, humidité, pauvreté, manque d’eau potable, promiscuité, insuffisance d’infrastructures sanitaires, manque d’éducation sanitaire…). Certains auteurs considèrent même la prévalence de ces parasitoses intestinales comme étant un indicateur du niveau de développement socio économique des populations.
Le plus souvent à l’origine d’un fort taux de morbidité et de mortalité, ces parasitoses intestinales occupent une place très importante parmi les problèmes de santé publique. En effet, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S) : d’une part, le nombre de sujets infectés par des parasites intestinaux s’évaluait à 3,5 milliards et à 450 millions le nombre de malades en 2002 et d’autre part , les ascaris, les ankylostomes et l’amibe dysentérique occasionnent, à eux seuls chaque année, 195000 décès dans le monde [19 ; 20]. Le Sénégal, et en particulier Dakar, de par sa position géographique, son explosion démographique, ses tendances à l’urbanisation, n’est pas épargné par ces pathologies à caractère endémique pour les pays tropicaux. Dés lors, nous nous sommes proposés de mener une étude sur les parasitoses intestinales à Dakar particulièrement au centre hospitalier universitaire Aristide LE DANTEC de Dakar. Ainsi, nous nous sommes fixés comme objectif général dans cette étude : de déterminer la prévalence des parasitoses intestinales à l’hôpital Aristide LE DANTEC et comme objectifs spécifiques : d’évaluer les espèces les plus fréquemment rencontrées, d’étudier leur répartition en fonction de l’âge, du sexe et éventuellement de leur mode d’association.
Rappel sur les parasitoses intestinales les plus fréquentes au Sénégal
Dans cette approche nous rappelons les parasitoses dues à : Ankylostoma duodenale Dubini, 1843 – Necator americanus Stiles, 1902 ; Ascaris lumbricoides Linnaeus, 1758; Cryptosporidium sp Tyzzer, 1907 ; Dicrocoelium dendriticum Rudolphi, 1819 ; Entamoeba histolytica Schaudinn, 1903 ; Giardia intestinalis Lambl, 1859 ; Hymenolepis nana Siebold, 1852; Schistosoma mansoni Sambo, 1907 ; Strongyloides stercoralis ; Taenia saginata Goeze, 1782; Taenia solium Linnaeus, 1758; Trichomonas intestinalis Leuckart, 1879 et Trichuris trichiura Linnaeus, 1771.
Les protozooses
On entend par protozooses l’ensemble des pathologies causées par des protozoaires. Cependant seuls quelques cas (amibiase, giardiase, trichomonose intestinale, cryptosporidiose) seront étudiés.
L’amibiase
Définition:
L’amibiase ou amoebose est l’état dans lequel l’organisme humain héberge Entamoeba histolytica avec ou sans manifestations cliniques. La pathologie est souvent colique mais peut devenir, par migration, hépatique ou pulmonaire.
Morphologie du parasite :
Entamoeba histolytica peut se présenter sous 3 formes dont deux formes végétatives (forme histolytica et forme minuta) et une forme kystique.
● Entamoeba histolytica histolytica (30 à 40 µm), forme pathogène, hématophage, plus mobile que minuta, présente un endoplasme granuleux et un ectoplasme hyalin avec un noyau périphérique, avec comme particularité la présence d’hématies dans le cytoplasme (figure 1).
● Entamoeba histolytica minuta (10 à12 µm), forme non pathogène et non hématophage, a la même forme que histolytica.
● Le kyste, non pathogène, est arrondi, immobile et mesure 12 à 14 µm. Il a deux noyaux à l’émission et 4 noyaux après maturation dans le milieu extérieur.
Biologie :
Entamoeba histolytica se multiplie dans la paroi du colon. Son cycle évolutif se déroule en deux temps: un cycle non pathogène et un cycle pathogène.
● Cycle non pathogène
Une fois ingérés, les kystes perdent leur coque dans l’intestin grêle et libèrent une amibe à 4 noyaux qui va donner 8 amoebules. En se multipliant par scissiparité au contact de la muqueuse colique, elles donnent naissance à des formes minuta qui vont à leur tour se diviser en d’autres formes minuta ou s’enkyster.
● Cycle pathogène
Suite à l’influence de plusieurs facteurs tels qu’une baisse de l’immunité naturelle, une modification de la flore bactérienne ou une irritation de la muqueuse intestinale, des formes minuta se transforment en formes histolytica. Une fois dans la sous – muqueuse colique, les amibes histolytiques se multiplient activement entrainant ainsi des abcès coliques. Cette forme est éliminée dans les selles glairosanguinolentes mais peut passer dans la circulation sanguine ou lymphatique pour atteindre le foie, les poumons ou le cerveau (amibiase extra-hépatique).
Symptomatologie
L’amibiase peut rester longtemps asymptomatique et peut être découverte à l’occasion d’un examen des selles ou se manifester brutalement sous forme dysentérique ou non. La triade caractéristique de la dysenterie amibienne associe: des épreintes, un ténesme et des évacuations rectales anormales faites de 5 à 10 selles quotidiennes, afécales, glaireuses, parfois muco-sanglantes de faible abondance réalisant les classiques « crachats rectaux ». En l’absence de traitement, l’évolution se fait vers des complications intestinales (péritonites, hémorragies intestinales, tumeurs, gangrène) ou extra intestinales (abcès amibien du foie, abcès du poumon …).
Traitement
Le traitement associe un amoebicide tissulaire actif contre la forme histolytica et un amoebicide de contact qui tue les formes minuta et arrête la formation des kystes.
– Métronidazole (Flagyl®) :1 à 2g/j pendant 7 à 10 jours chez l’adulte et 10 à 30mg/kg/j pendant 7 à 10 jours chez l’enfant.
– Diphétarsone (Bémarsal®) : 2g/j pendant 10 jours chez l’adulte et 50 mg/kg/j pendant 10 jours chez l’enfant.
La giardiase ou lambliase
Définition :
La giardiase est une parasitose intestinale, cosmopolite due au parasitisme d’un protozoaire flagellé Giardia duodenalis, essentiellement localisé au duodénum.
Morphologie du parasite :
Ce flagellé se présente sous deux formes:
– une forme végétative ou trophozoïte piriforme possédant 2 noyaux, un axostyle médian et 4 paires de flagelles qui assurent sa mobilité.
– une forme kystique, ovoïde ou sphérique, immobile, contenant 2 ou 4 noyaux et des débris flagellaires .
Biologie
Lorsque l’homme se contamine en ingérant des kystes mûrs par l’intermédiaire des mains sales, de l’eau de boisson ou d’aliments souillés, la coque est dissoute ; puis, il y a libération de trophozoïtes dans le duodénum et le jéjunum où ils se nourrissent du contenu intestinal par pinocytose. Les trophozoïtes s’y multiplient par scissiparité et donnent des kystes. Ces formes de résistance, éliminées avec les selles, assurent la dissémination du parasite.
Symptomatologie :
Souvent asymptomatiques, surtout chez l’adulte, ces manifestations cliniques, d’intensité variable (souvent plus marquées chez l’enfant) se présentent sous forme d’anorexie, de dyspepsie, de nausées, de douleurs épigastriques, de syndrome de mal- absorption et surtout de diarrhées parfois abondantes.
Traitement :
– Métronidazole (Flagyl®) :1,5 g/j en 3 prises chez l’adulte pendant 5 à 7 jours et 40 mg/kg/j chez l’enfant pendant 5 à 10 jours.
– Secnidazole, Tinidazole, Ornidazole : 2 g/j chez l’adulte et 30 mg/kg/j chez l’enfant en une prise unique.
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Table des matières
INTRODUCTION
Chapitre I: Synthèse bibliographique
I -1 Rappel sur les parasitoses intestinales les plus fréquentes au Sénégal
I-1-1 Classification des principaux parasites rencontrés
I-1-2 Les protozooses
I-1-2-1 L’amibiase
I-1-2-1-1 Définition
I-1-2-1-2 Morphologie du parasite
I-1-2-1-3 Biologie
I-1-2-1-4 Symptomatologie
I-1-2-1-5 Traitement
I-1-2-2 La giardiase ou lambliase
I-1-2-2-1 Définition
I-1-2-2-2 Morphologie du parasite
I-1-2-2-3 Biologie
I-1-2-2-4 Symptomatologie
I-1-2-2-5 Traitement
I-1-2-3 La trichomonose intestinale
I-1-2-3-1 Définition
I-1-2-3-2 Morphologie du parasite
I-1-2-3-3 Biologie
I-1-2-3-4 Symptomatologie
I-1-2-3-5 Traitement
I-1-2-4 La cryptosporidiose
I-1-2-4-1 Définition
I-1-2-4-2 Morphologie du parasite
I-1-2-4-3 Biologie
I-1-2-4-4 Symptomatologie
I-1-2-4-5 Traitement
I-1-3 Les helminthiases à némathelminthes: nématodoses
I-1-3-1 L’ascaridiose
I-1-3-1-1 Définition
I-1-3-1-2 Morphologie du parasite
I-1-3-1-3 Biologie
I-1-3-1-4 Symptomatologie
I-1-3-1-5 Traitement
I-1-3-2 La trichocéphalose
I-1-3-2-1 Définition
I-1-3-2-2 Morphologie du parasite
I-1-3-2-3 Biologie
I-1-3-2-4 Symptomatologie
I-1-3-2-5 Traitement
I-1-3-3 L’ankylostomiase
I-1-3-3-1 Définition
I-1-3-3-2 Morphologie des parasites
I-1-3-3-3 Biologie
I-1-3-3-4 Symptomatologie
I-1-3-3-5 Traitement
I-1-3-4 L’anguillulose ou strongyloïdose
I-1-3-4-1 Définition
I-1-3-4-2 Morphologie du parasite
I-1-3-4-3 Biologie
I-1-3-4-4 Symptomatologie
I-1-3-4-5 Traitement
I-1-4 Les helminthiases à plathelminthes
I-1-4-1 La bilharziose intestinale
I-1-4-1-1 Définition
I-1-4-1-2 Morphologie du parasite
I-1-4-1-3 Biologie
I-1-4-1-4 Symptomatologie
I-1-4-1-5 Traitement
I-1-4-2 Les taenasis à Taenia saginata et à Taenia solium
I-1-4-2-1 Définition
I-1-4-2-2 Morphologie des parasites
I-1-4-2-3 Biologie
I-1-4-2-4 Symptomatologie
I-1-4-2-5 Traitement
I-1-4-3 La taeniasis à Hymenolepis nana
I-1-4-3-1 Définition
I-1-4-3-2 Morphologie du parasite
I-1-4-3-3 Biologie
I-1-4-3-4 Symptomatologie
I-1-4-3-5 Traitement
I-1-4-4 La distomatose à Dicrocoelium dendriticum
I-2 Prophylaxie des parasitoses intestinales
I-2-1 Prophylaxie individuelle
I-2-2 Prophylaxie collective
Chapitre II : Matériel et Méthodes d’étude
II-1 Cadre d’étude
II-2 Population d’étude
II-3 Matériel ŔAppareillage ŔRéactifs
II-4 Méthodes d’étude
II-4-1 Prélèvement
II-4-2 Examen parasitologique des selles
II-4-2-1 Examen macroscopique
II-4-2-2 Examen microscopique
II-4-2-2-1 Examen direct
II-4-2-2-2 Examen après concentration
II-4-3 Analyse des données
Chapitre III : Résultats et Discussion
III-1 Résultats
III-1-1 Répartition mensuelle des examens positifs et prévalences
III-1-2 Répartition selon l’âge
III-1-3 Répartition selon le sexe
III-1-4 Répartition des espèces rencontrées
III-1-5 Répartition en fonction du type de parasitisme
III-2 Discussion
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Références bibliographiques