DEFINITION
Les mycoses sont des infections cosmopolites dues à des champignons eucaryotes qui se développent par un système de filaments ramifiés appelé thalle et se reproduisent par l’intermédiaire de spores. Ces champignons sont des organismes hétérotrophes qui ne possèdent pas de pigment assimilateur. Ils sont saprophytes, parasites ou symbiotes. Les mycoses superficielles de la peau et des phanères sont dues à des champignons microscopiques se développant sur la couche cornée de l’épiderme et des phanères (poils, cheveux, ongles) .
EPIDEMIOLOGIE
Les agents pathogènes
Les principaux champignons microscopiques responsables de mycoses de la peau et des phanères sont représentés par :
– Les dermatophytes du genre Trichophyton, Microsporum, Epidermophyton
– Les levures : genres Candida, Malassezia
– Les moisissures : genres Fusarium, Aspergillus, Scytalidium, Scopulariopsis, Acremonium, Onychocola .
Taxonomie
Les levures
Le genre Candida
Phylum : Ascomycotina
Classe : Ascomycètes
Ordre : Saccharomycètales
Famille : Saccharomycetaceae
Genre : Candida
Espèces : Candida albicans, Candida tropicalis, Candida parapsilosis, Candida glabrata…
Le genre Malassezia
Phylum : Deuteromycotina
Classe : Blastomycètes
Ordre : Cryptococcales
Famille : Cryptococcaceae
Genre : Malassezia
Espèces : Malassezia furfur, Malassezia globosa, Malassezia sympodialis, Malassezia restricta .
Les dermatophytes
Phylum : Ascomycotina
Classe : Ascomycètes
Ordre : Onygènales
Famille : Arthrodermataceae
Genre : Microsporum, Trichophyton, Epidermophyton .
Espèces du genre Microsporum
✓ Microsporum langeronii
✓ Microsporum canis
✓ Microsporum ferrugineum…
Espèce du genre Epidermophyton
✓ Epidermophyton floccosum
Espèces du genre Trichophyton
✓ Trichophyton rubrum
✓ Trichophyton soudanense
✓ Trichophyton violaceum
✓ Trichophyton verrucosum…
Les moisissures
Le genre Fusarium
Ses filaments mycéliens sont constitués de petits agrégats parfois colorés d’où naissent des conidiophores courts et souvent ramifiés. Ces derniers portent des phialides qui peuvent avoir un ou plusieurs sites de bourgeonnement pour la production de conidies. Souvent les phialides présentent un site de bourgeonnement unique situé à l’extrêmité d’un col allongé (Fusarium solani) ou à l’extrémité d’un col court et trappu (Fusarium oxysporum). D’autres phialides présentent plusieurs sites de bourgeonnement (Fusarium proliferatum) .
Les conidies produites par les phialides sont de 2 types :
– Les microconidies uni ou bi cellulaires de 2 à 4 µm de long allongées, ovales ou cylindriques, isolées, solitaires ou groupées, disposées en verticilles ou plus rarement en chainettes (Fusarium moniliforme)
– Les macroconidies : pluricellulaires à cloisons seulement transversales et mesurent 18 à 80 µm de long. Elles sont groupées en paquet fusiformes, courbées, assez pointues aux extrémités avec une cellule podale formant une sorte de talon plus ou moins visible.
Enfin les chlamydospores sont parfois présentes terminales ou intercalaires.
Le genre Acremonium
Ce sont des moisissures à filaments septés, isolés ou disposés parallèlement les uns aux autres. Les phialides naissent directement des filaments végetatifs. Elles sont fines et cylindriques, plus étroites à l’extrémité apicale qu’à la base. Les phialides sont solitaires ou plus rarement groupées par 2 ou 3. Les conidies sont cylindriques ou elliptiques regroupées en amas à l’extrémité des phialides. Elles sont généralement unicellulaires et hyalines.
Le genre Aspergillus
Moisissures à filaments hyalins septés et ramifiés constitués d’une tête aspergillaire et de conidiophores qui prennent naissance des filaments végetatifs. La tête aspergillaire est composé de vésicule de forme variable, de métules qui peuvent être présentes ou absentes, de phialides et enfin de conidies.
Le genre Scopulariopsis
La cellule conidiogène est une phialide particulière : chaque spore nouvellement formée laisse une cicatrice sur la phialide sous forme d’un anneau. Les phialides sont groupées en bouquets et portées par des conidiophores isolées ou ramifiées. Les spores sont unicellulaires à paroi lisse ou échinulée et à base tronquée, disposées en chaine basipétale.
Le genre Onychocola
Constitué de filaments toruloïdes et verruqueux formant des chaines d’arthrospores souvent articulées à angle droit. Ces arthrospores sont ovales à cylindriques uni ou bicellulaires et mesurent 2,5 à 4 µm de diamètre.
Le genre Scytalidium
Présente des hyphes réguliers septés et hyalins. Ils produisent au départ des arthroconidies unicellulaires de 5 à 12 µm de long sur 2,5 à 3,5 µm de large, plus tardivement ces arthroconidies peuvent s’élargir et présenter une cloison centrale.
Onychomycoses
Onychomycoses à dermatophytes
Sans atteinte matricielle
Le traitement est local et à base de solution filmogène pendant au moins 3 mois pour les ongles des mains et 6 mois pour les ongles des pieds.
● Ciclopiroxolamine (MYCOSTER®) 8 % 3 fois/j
● Amorolfine (LOCERYL®) 1 fois/semaine .
L’avulsion chimique peut être utile. Elle est réalisée grâce à une association de bifonazole et d’urée (AMYCOR-ONYCHOSET®) .
Avec atteinte matricielle
Elle nécessite un traitement par voie générale :
– Terbinafine (LAMISIL®) administré à la dose de 250 mg/j pendant 3 mois pour les ongles des mains et pendant 3 à 6 mois pour les ongles des pieds chez l’adulte Le traitement par voie générale sera associé à un traitement local à base de solution filmogène comme décrit plus haut.
Onychomycoses à Candida
● Mycoster®, Loceryl® vernis pendant 6 mois pour les ongles des mains et 9 à 12 mois pour les ongles des pieds.
● Imidazolé tel le miconazole (DAKTARIN®) en crème est appliqué chaque jour sur le périonyxis jusqu’à régénération complète des ongles. Ce traitement doit être poursuivi pendant au moins 1 mois.
● Un traitement à base de fluconazole (TRIFLUCAN®) peut être instauré à raison de 1 cp/semaine pendant 3 à 6 mois en association avec un traitement local.
Onychomycoses à moisissures
Plus rare que les précédentes et la plupart des espèces sont insensibles aux antifongiques. Deux antifongiques sont utilisées l’itraconazole (SPORANOX®) efficace surtout sur les aspergillus mais sa délivrance est hospitalière et le kétoconazole en topique local.
Pityriasis versicolor
● Sulfure de sélénium à 2,5% (SELSUN®) à appliquer 2 fois par semaine pendant 6 semaines. Après la douche se laver avec du mercuryl laurylé, rincer et sur la peau encore humide, du cou aux orteils appliquer le sulfure de sélénium, laisser en contact 15 minutes et rincer abondamment
● Imidazolé en spray ou en lotion à appliquer 1 jour sur 2 pendant 6 semaines sur les lésions en alternance avec le traitement ci-dessus
● Kétoconazole à 2 % gel moussant dans les formes peu extensives en raison de 2 applications/semaine, de la tête aux pieds après avoir humidifié toute la surface du corps y compris le cuir chevelu.
● Fluconazole ou terbinafine par voie générale dans les formes étendues.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPEL SUR LES MYCOSES DE LA PEAU ET DES PHANERES
I. DEFINITION
II. EPIDEMIOLOGIE
II.1. Les agents pathogènes
II.1.1. Taxonomie
II.1.1.1. Les levures
II.1.1.2. Les dermatophytes
II.1.1.3. Les moisissures selon Hawksworth, Sutton, et Ainsworth modifiée
II.1.2. Morphologie
II.1.2.1. Les levures
II.1.2.2. Les dermatophytes
II.1.2.3. Les moisissures
II.1.3. Habitat
II.1.3.1. Les levures
II.1.3.2. Les dermatophytes
II.1.3.3. Les moisissures
II.1.4. Pouvoir pathogène
II.1.4.1. Les levures
II.1.4.2. Les dermatophytes
II.1.4.3. Les moisissures
II.2. Mode de contamination
II.2.1. Les levures
II.2.1.1. Le genre Candida
II.2.1.2. Le genre Malassezia
II.2.2. Les dermatophytes
II.2.3. Les moisissures
II.3. Facteurs favorisants
II.3.1. Les levures
II.3.1.1. Le genre Candida
II.3.1.2. Le genre Malassezia
II.3.2. Les dermatophytes
II.3.3. Les moisissures
II.4. Répartition géographique
II.4.1. Les levures
II.4.1.1. Le genre Candida
II.4.1.2. Le genre Malassezia
II.4.2. Les dermatophytes
II.4.3. Les moisissures
III. MANIFESTATIONS CLINIQUES
III.1. Mycoses du cuir chevelu
III.1.1. Les teignes
III.1.1.1. Les teignes tondantes microsporiques
III.1.1.2. Les teignes tondantes trichophytiques
III.1.1.3. Les teignes inflammatoires
III.1.1.4. Les teignes faviques
III.2. Les sycosis
III.3. Les folliculites à dermatophytes
III.4. Les mycoses de la peau glabre
III.4.1. Epidermophytie circinée
III.4.2. Pityriasis versicolor
III.4.3. Intertrigo des grands plis anciennement appelé Eczéma marginé de Hébra
III.4.4. Intertrigo des petits plis ou intertrigo interdigito- plantaire
III.4.5. Lésions palmaires et plantaires ou kératodermies palmo-plantaires
III.4.6. Dermatophytides
III.5. Les onychomycoses
III.5.1. Les onychomycoses sous unguéales distales
III.5.2. Les onychomycoses proximales
III.5.3. Les leuconychies superficielles
III.5.4. Les onychomycodystrophies totales
III.5.5. Périonyxis et onyxis à Candida
IV. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL CLINIQUE
IV.1. Teigne du cuir chevelu
IV.2. Epidermophytie circinée
IV.3. Pityriasis versicolor
IV.4. Kératodermie palmo-plantaire
IV.5. Onyxis
IV.6. Mycoses des plis
V. DIAGNOSTIC MYCOLOGIQUE
V.1. Conditions de prélèvement
V.2. Matériel
V.3. Modalités du prélèvement
V.3.1. Teigne du cuir chevelu
V.3.2. Lésions cutanées
V.3.3. Les onyxis
V.3.4. Intertrigo
V.4. Examen direct au microscope optique
V.4.1. Squames et fragments d’ongle
V.4.2. Scotch test
V.4.3. Cheveux ou poils
V.4.3.1. Parasitisme endo-ectothrix
V.4.3.2. Parasitisme endothrix
V.5. Culture
V.6. Identification après culture
V.6.1. Identification des levures du genre Candida
V.6.2. Identification des dermatophytes
V.6.2.1. Genre Epidermophyton
V.6.2.2. Genre Microsporum
V.6.2.3. Genre Trichophyton
V.6.3. Identification des moisissures
V.6.3.1. Onychocola sp
V.6.3.2. Scytalidium sp
V.6.3.3. Acremonium sp
V.6.3.4. Fusarium sp
V.6.3.5. Scopulariopsis sp
V.6.3.6. Aspergillus sp
VI. TRAITEMENT
VI.1. Teignes du cuir chevelu
VI.2. Onychomycoses
VI.2.1. Onychomycoses à dermatophytes
VI.2.1.1. Sans atteinte matricielle
VI.2.1.2. Avec atteinte matricielle
VI.2.2. Onychomycoses à Candida
VI.2.3. Onychomycoses à moisissures
VI.3. Pityriasis versicolor
VI.4. Epidermophytie circiné et intertrigos peu étendus
VI.5. Kératodermie palmo-plantaire
VII. PROPHYLAXIE
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I. CADRE D’ETUDE
II. PATIENTS ET METHODES
II.1. Patients
II.2. Méthodes
II.2.1. Type d’étude
II.2.2. Collecte des données
II.2.3. Diagnostic mycologique
II.2.3.1. Prélèvement
II.2.3.2. Examen microscopique
II.2.3.3. Ensemencement et culture
II.2.3.4. Identification
II.2.4. Analyse des données
III. RESULTATS
III.1. Caractéristiques de la population étudiée
III.1.1. Répartition selon l’âge et le sexe
III.1.2. Répartition selon la profession
III.1.3. Répartition selon l’origine géographique
III.1.4. Répartition selon le mode de vie
III.1.5. Répartition selon le prise ou non de traitement
III.1.6. Répartition selon l’indication de la demande d’examen mycologique
III.1.7. Répartition selon la nature et la localisation du prélèvement mycologique effectué
III.2. Aspects épidémiologiques
III.2.1. Pourcentage d’examens mycologiques positifs
III.2.1.1. Pourcentage global
III.2.1.2. Pourcentage de patients présentant un examen mycologique positif selon l’âge et lesexe
III.2.1.3. Pourcentage d’examens mycologiques positifs selon l’indication de la demande
III.2.2. Répartition des mycoses confirmées selon l’âge et le sexe
III.2.3. Répartition des mycoses confirmées selon la profession
III.2.4. Répartition des mycoses confirmées selon l’origine géographique
III.2.5. Répartition des mycoses confirmées selon le mode de vie
III.2.6. Répartition des mycoses confirmées selon la prise ou non de traitement
III.3. Aspects cliniques
III.3.1. Répartition des teignes du cuir chevelu selon le type de teigne
III.3.2. Répartition des onychomycoses selon la localisation de l’atteinte de l’ongle
III.3.3. Répartition des mycoses de la peau glabre selon la localisation de la lésion
III.4. Aspects étiologiques
III.4.1. Espèces fongiques globalement isolées
III.4.2. Espèces fongiques isolées des prélèvements du cuir chevelu
III.4.3. Espèces fongiques isolées des ongles
III.4.4. Espèces fongiques isolées des squames
III.5. Recherche des facteurs associés aux mycoses de la peau et des phanères
III.5.1. Facteurs associés aux teignes du cuir chevelu
III.5.2. Facteurs associés aux onychomycoses
III.5.3. Facteurs associés aux atteintes de la peau glabre
IV. DISCUSSION
IV.1. Limites de la méthodologie
IV.2. Aspects quantitatifs et qualitatifs
IV.2.1. Teigne du cuir chevelu
IV.2.2. Atteintes de la peau glabre
IV.2.3. Onychomycoses
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES