Rappel sur les coccidioses digestives de l’homme

Les parasitoses intestinales font partie des affections les plus fréquentes en Afrique tropicale et constituent un problème majeur de santé publique. Ils constituent une menace permanente pour le développement socio-économique dans les pays en voie de développement où leurs taux de morbidité et de mortalité restent encore très élevés. Les conséquences sont énormes :
– sur le plan médical, par les troubles qu’elles occasionnent chez les sujets parasités,
– sur le plan économique, par les mesures thérapeutiques et préventives coûteuses qu’elles imposent.

Au Sénégal, les parasitoses représentent la deuxième cause de consultation après le paludisme. Ainsi Fall D avait retrouvé une prévalence de 62,86% pour le paludisme et 36,44% pour les parasitoses intestinales au centre de santé Nabil Choucair en 2006 (38). Ces parasitoses intestinales sont la cause de plusieurs affections dont les maladies diarrhéiques. Depuis le lancement du programme mondial de lutte contre les maladies diarrhéiques par l’OMS en 1980, des progrès considérables ont été réalisés, notamment dans le domaine de la recherche étiologique. Les coccidioses intestinales font partie des causes de maladies diarrhéiques. Ce sont des affections liées à la présence dans la muqueuse intestinale de coccidies appartenant à 4 genres : Cryptosporidium, Isospora, Sarcocyste, Cyclospora. Avant les années 1980 les coccidioses intestinales étaient considérées comme des maladies parasitaires rares et bénignes. Mais depuis l’apparition du SIDA, ces parasitoses ont connu un regain d’intérêt du fait de leur grande fréquence et de leur gravité chez ces malades. Au Sénégal, les premiers cas de coccidioses intestinales ont été observés chez les sidéens en 1990 par Seck D qui avait diagnostiqué 7 cas (dont 6 cas de cryptosporidiose et un cas d’isosporose) dans 3 hôpitaux de Dakar (hôpital principal, CHU A. LE Dantec, et CHU de Fann) (97). Parmi ces affections la cryptosporidiose occupe une place importante et constitue une affection classante du VIH/SIDA. La cryptosporidiose est une parasitose due à un protozoaire intracellulaire du genre Cryptosporidium, infectant le tube digestif de l’homme et de nombreuses espèces animales. Chez les sujets immunocompétents le Cryptosporidium est responsable de diarrhée bénigne spontanément résolutive. En revanche chez l’immunodéprimé, il est responsable de diarrhées sévères, incoercibles menaçant gravement le pronostique vital. En dehors des formes diarrhéiques, Cryptosporidium peut être responsable chez l’immunodéprimé d’infections respiratoires à type de trachéite, de bronchite, de déciliation et de métaplasie de l’épithélium respiratoire ; de cholécystite aigue et de gastrite chronique. Le diagnostic parasitologique de Cryptosporidium sp reste cependant difficile du fait de la complexité relative de la méthode diagnostique de référence qui est la technique de Ziehl Neelsen modifiée. Ce qui rend faible sa réalisation dans les structures de santé. Le test ELISA pourrait être d’un grand apport diagnostique. Malheureusement, son usage reste faible dans les pays en voie de développement. En Afrique la prévalence de la cryptosporidiose chez les personnes vivant avec le VIH varie entre 8,7% et 48% (26). Beaucoup d’études ont été menées sur les aspects parasitologiques de coccidioses. Cependant, les aspects cliniques et biologiques chez les personnes vivants avec le VIH ne sont pas assez documentés notamment au Sénégal et méritent une attention particulière. C’est ainsi qu’il nous a paru intéressant de faire une réévaluation des aspects parasitologiques de ces infections chez les personnes vivants avec le VIH en y associant les aspects cliniques et biologiques. Cette étude a été menée au Centre de Promotion de la Santé Cardinal Hyacinthe Thiandioum qui est un centre de suivi et de traitement des PVVIH.

RAPPEL SUR LES COCCIDIOSES DIGESTIVES DE L’HOMME

Historique

La présence des coccidioses parasitaires de l’intestin est connue depuis longtemps.En effet, c’est en 1860 à Berlin au cours d’une autopsie, que Kjelbord découvre dans les villosités intestinales, des parasites déjà décrits par Virchow chez le chien et dénommés Psorospermies (27). Emer en 1870 et Rivalta en 1872 retrouvent ces parasites dans des biopsies de muqueuse intestinale du chien. C’est en 1882 que Balbiani leur donne le nom de Sarcosporidia en raison de la localisation des kystes parasitaires dans les tissus musculaires de la souris (10). Raillet et Lucet en 1890 (93) mettent en évidence, pour la première fois, les occystes d’Isospora belli dans les selles humaines. Le genre Cryptosporidium a été découvert par les vétérinaires. En 1907 Tyzzer (63) l’observe pour la première fois dans des coupes histologiques de glandes gastriques de la souris et le nomme Cryptosporidium muris. Par la suite, des Cryptosporidies ont été mis en évidence chez huit espèces animales (souris, lapin, cobaye, veau, chevreau, agneau, jeune singe, oie). En 1915, Wenyon donne une description précise d’Isospora belli (10). En 1970, Brandborg et ses collaborateurs décrivent les diverses formes du cycle évolutif d’Isospora belli (11). Ce sont les vétérinaires allemands (Rommel, Heydorn, Gruber et Geisel) (63) qui démontrent que le cycle de Sarcocystis hominis doit passer obligatoirement par un hôte intermédiaire. La preuve est ainsi faite que les coccidies ont des cycles différents, Isospora belli et Cryptosporidium sp avec un cycle monoxène et Sarcocystis hominis avec un cycle hétéroxène. Depuis 1973 la microscopie électronique a permis l’étude ultra structurale des différentes formes évolutives de ces parasites.

Chez l’homme, la découverte du parasite est une acquisition récente. C’est en 1976 que les deux premiers cas ont été décrits par Meisel et Nime (74) et depuis cette date, de nombreux articles concernant le diagnostique de Cryptosporidium ont été publiés surtout chez les immunodéficients. Selon Deluol, la présence de Cryptosporidium chez les malades suspects du SIDA est un élément important des critères qui régissent le syndrome (27). C’est en 1977 que le pouvoir pathogène de Cyclospora est reconnu pour la première fois .

Classification des coccidioses digestives

❖ Dans la famille des Cryptosporiidae on retrouve :
➨ le genre Cryptosporidium avec une vingtaine d’espèces dont les deux principales espèces identifiées chez l’homme sont :
– Cryptosporidium parvum
– Cryptosporidium hominis

❖ Dans la famille des Emeriidae on retrouve trois genres :
➨ le genre Isospora avec plusieurs espèces, mais la seule espèce retrouvée chez l’homme est Isospora beli.
➨ le genre Cyclospora avec dix-sept espèces, mais seule Cyclospora cayetanensis a été mise en évidence chez l’homme.
➨ le genre Sarcocystis avec plusieurs espèces, mais seule Sarcocystis hominis est retrouvé chez l’homme.

Répartition géographique

Répartition géographique des Cryptosporidii

La cryptosporidiose est une affection cosmopolite dont les agents infectieux appartiennent au genre Cryptosporidium. Les espèces responsables de l’infection chez l’homme sont principalement C. parvum et C.hominis. Elle a été retrouvée dans de nombreux pays : Australie, Amérique du Nord, du Sud et du Centre, Asie, Afrique noire, Soudan, Lybie. Il existe une dissociation de la prévalence de Cryptosporidium entre pays en développement et pays industrialisés, mais aussi entre les VIH+ et les VIH-.

Répartition géographique d’Isospora belli 
Isosporose est une parasitose due à Isospora belli, parasite spécifique de l’homme. C’est une affection cosmopolite assez fréquente dans les zones tropicales et subtropicales d’Afrique, d’Amérique du sud et dans le bassin méditerranéen. La prévalence est variable mais peut atteindre plus de 10% chez les patients infectés par le VIH dans des zones de très faible niveau d’hygiène.

Répartition géographique de Cyclospora cayetanensis 
Cyclospora cayetanensis est un agent pathogène émergent ; il est responsable de la cyclosporose. En fonction des enquêtes épidémiologiques, la distribution géographique de Cyclospora semble très étendue : Amérique du Sud, Amérique Centrale, Amérique du Nord, Asie du Sud-Est, Afrique du Nord et du Sud, Australie. Les zones d’endémies correspondent essentiellement aux zones tropicales et intertropicales où les conditions environnementales sont favorables au parasite.

Répartition géographique de Sarcocystis hominis 
La Sarcocystose est due à Sarcocystis hominis ; c’est une parasitose ubiquiste. La prévalence des Sarcocystes est difficile à préciser, car ils ne font pas toujours l’objet d’examens de laboratoire.

Réservoir de parasites

Réservoir de parasite des Cryptosporidiums

Les porteurs asymptomatiques ou porteurs sains, parmi les animaux ou les humains, constituent des réservoirs insidieux de la maladie puisqu’ils excrètent des oocystes sans présenter de signes cliniques. Le principal réservoir jouant un rôle important dans l’entretien du cycle de Crystosporidium est constitué par les ruminants qui contaminent l’environnement avec de grosses quantités d’oocystes (1). D’autres animaux (mollusques, oiseaux migrateurs) peuvent véhiculer ou accumuler dans leur organisme le parasite qui reste viable et conserve son infectiosité sans porter atteinte à son hôte.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPEL SUR LES COCCIDIOSES INTESTINALES, SUR LES DIFFERENTS PARASITES OBSERVÉS AU COURS DE L’ETUDE ET SUR LE VIH/SIDA
I-RAPPEL SUR LES COCCIDIOSES DIGESTIVES DE L’HOMME
Historique
I.1. Historique
I.2.Classification des coccidioses digestives
I.3. Répartition géographique
I.3.1. Répartition géographique des Cryptosporidiums
I.3.2. Répartition géographique d’Isospora belli
I.3.3. Répartition géographique de Cyclospora cayetanensis
I.3.4. Répartition géographique de Sarcocystis hominis
I.4.Réservoir de parasites
I.4.1.Réservoir de parasite des Cryptosporidiums
I.4.2. Réservoir de parasite d’Isospora belli
I.4.3.Réservoir de parasite de Cyclospora cayetanensis
I.4.4. Réservoir de parasite de Sarcocystis hominis
I.5. Les modes de contamination
I.5.1. Les modes de contamination des Cryptosporidiums
I.5.2. Les modes de contamination d’Isospora belli
I.5.3. Les modes de contamination de Cyclospora cayetanensis
I.5.4. Les modes de contamination de Sarcocystys hominis
I.6. Cycle évolutif
I.6.1.Cycle évolutif des Cryptosporidium
I.6.2. Cycle évolutif d’Isospora belli
I.6.3. Cycle évolutif de Cyclospora cayetanensis
I.6.4. Cycle évolutif de Sarcocystis hominis
I.7. Diagnostique clinique
I.7.1. La cryptosporidiose
I.7.2. L’isosporose
I.7.3. La cyclosporose
I.7.4. Sarcocystose
I.8. Diagnostique biologique
I.8.1. Diagnostique parasitologique
I.8.1.1. Le prélèvement
I.8.1.2. Recherche des oocystes dans les selles
I.8.1.3. Recherche des oocystes dans les autres prélèvements
I.8.2. Diagnostic histopathologique
I.8.3. Diagnostic immunologique
I.9. Traitement
I.9.1. Buts
I.9.2. Les moyens
I.9.3. Indications
I.9.3.1. Traitement symptomatique
I.9.3.2. Traitement étiologique
I.10. Prophylaxie et prévention
II-Rappel sur les différents parasites observés au cours de l’étude
III-RAPPEL SUR VIH/SIDA
III.1. Epidémiologie du VIH\SIDA
III.2. Agent pathogène
III.3. Les modes de transmissions du VIH
III.3.1. La transmission sexuelle
III.3.2. La transmission materno-fœtale (transmission verticale)
III.3.3. La transmission sanguine
III.4. L’histoire naturelle de l’infection à VIH
III.4.1. La phase de primo-infection
III.4.2. La phase chronique de latence clinique avec séropositivité
III.4.3. La phase symptomatique avec apparition d’infection opportuniste
III.5. Classification de la maladie à VIH
III.5.1. Classification de la maladie à VIH (stades clinique de l’OMS)
III.5.2. Classification CDC 1993 selon le statut immunologique du patient
III.6. Description des méthodes d’analyses
III.7. Traitement ARV (Antirétroviral) de l’infection à VIH chez l’adulte et l’adolescent
III.7.1. Pharmacologie des ARV
III.7.1.1. Les inhibiteurs de la transcriptase inverse et les inhibiteurs de la protéase
III.7.1.2. Les nouvelles classes en essais
III.7.2. Schéma thérapeutique actuelle chez l’adulte et l’adolescent
III.7.2.1. Quand démarrer un traitement ARV ?
III.7.2.2. Traitement de première ligne
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I Cadre d’étude
I.1. Description du Centre de Promotion de la Santé Cardinal Hyacinthe Thiandoum
I.1.1. Le pôle des activités spécialisées : IEC (information, éducation, communication), formation et accompagnement
I.1.2. Le pôle du laboratoire, des consultations médicales et d’hospitalisation
I.2. Les activités du Centre
II Matériel et méthodes
II.1. Les conditions de prélèvements
II.2. L’examen parasitologique des selles
II.2.1. L’examen macroscopique
II.2.2. L’examen microscopique
II.2.3. Examen après enrichissement
II.2.4. La coloration
II.3. ANALYSES STATISTIQUES
III-Résultats
III.1. Caractéristique de la population d’étude
III.1.1. Répartition de la population en fonction de l’âge
III.1.2. Répartition de la population en fonction du sexe
III.1.3 Répartition de la population selon le statut matrimonial
III.1.4 Répartition de la population selon la profession
III.1.5.Répartition de la population selon le lieu de résidence
III.1.6. Répartition de la population en fonction du type d’infection
III.2. Les signes cliniques
III.3. Résultat des examens biologiques
III.3.1. Classification des patients en fonction du taux de CD4
III.3.2. Classification des patients en fonction du taux d’éosinophilie et du taux hémoglobine
III.4.Répartition des patients en fonction du schéma thérapeutique
III.5. Résultats de l’examen direct des selles KAOP et de la méthode de Ziehl Neelsen modifiée
III.5.1. Résultat global de l’examen direct des selles KAOP et de la méthode de Ziehl Neelsen modifiée
III.5.2. Résultats de l’examen direct des selles (KAOP) et de la méthode de Ziehl Neelsen modifiée en fonction des espèces parasitaire
III.5.3. Résultats de l’examen direct des selles (KAOP) et de la méthode de Ziehl Neelsen modifiée en fonction de la catégorie d’âge
III.5.4. Résultats de l’examen direct des selles (KAOP) et de la méthode de Ziehl Neelsen modifiée en fonction du sexe
III.5.5 Résultats de l’examen direct des selles (KAOP) et de la méthode de Ziehl Neelsen modifiée en fonction des signes cliniques
III.5.6 Résultats de l’examen direct des selles (KAOP) et de la méthode de Ziehl Neelsen modifiée en fonction du type d’infection
III.5.7 Résultats de l’examen direct des selles (KAOP) et de la méthode de Ziehl Neelsen modifiée en fonction du taux de CD4
III.5.8 Résultats de l’examen direct des selles (KAOP) et de la méthode de Ziehl Neelsen modifiée en fonction du taux éosinophilie
III.5.9 Résultats de l’examen direct des selles (KAOP) et de la méthode de Ziehl Neelsen modifiée en fonction du schéma thérapeutique
IV Discussion
CONCLUSION
REFERENCES

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *