Au début du troisième millénaire, la malnutrition reste encore l’un des problèmes majeurs de santé publique dans le monde et surtout dans les pays en développement où le pouvoir d’achat de la population reste encore relativement bas et ce sont les enfants qui sont les premiers touchés. La malnutrition est un état pathologique résultant de la carence ou l’excès, relatif ou absolu, d’un ou plusieurs nutriments essentiels (1). Dans le monde, 18 000 enfants décèdent de la malnutrition chaque jour, soit un décès toutes les cinq secondes. Le rapport publié par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) souligne que près de 185 millions des enfants moins de cinq ans présentent une insuffisance pondérale et risquent de mourir à tout moment.
A Madagascar, où plus de 70% de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté, le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans est parmi les plus élevés en Afrique subsaharienne avec 96 pour 1 000 en 1997 (2). Beaucoup de mesures sont pourtant entreprises par l’Etat pour essayer d’améliorer l’état de santé des enfants comme par exemple le programme élargi de vaccination, la mise en place de prise en charge par réhydratation orale pour le traitement de diarrhées, mais le problème subsiste encore malgré des résultats prometteurs.
REVUE DE LA LITTERATURE
Définitions
Nutrition : La nutrition peut se définir de différentes manières ; on retiendra 3 parmi elles :
➤ biologie : c’est la science des nutriments et de leurs utilisations par l’homme pour assurer le maintien de la vie, la croissance, le fonctionnement et la structure du corps de manière normale (3).
➤ biochimie : la nutrition peut se définir comme l’ensemble des réactions au moyen desquels les organismes vivants absorbent, transforment et utilisent les aliments pour assurer le maintien de leur vie, leur croissance et leurfonctionnement (4).
➤ santé publique : C’est la branche consacrée au rapport entre le régime alimentaire, la santé, et les maladies, ainsi qu’à l’amélioration de la nutrition surtout au niveau des collectivités (5).
Malnutrition : l’OMS définit la malnutrition comme « état pathologique résultant de la carence ou l’excès, relatif ou absolu, d’un ou plusieurs nutriments essentiels, que cet état se manifeste cliniquement ou ne soit décelable que par des analyses anthropométriques, biochimiques ou physiologiques » (1).
Allaitement : Mode d’alimentation du nouveau-né par le lait maternel en provenance du sein de la mère dite alors allaitante. La production du lait peut se produire très longtemps, tant que la mère allaite ; mais cesse rapidement si le bébé est sevré (4). L’allaitement est dit « exclusif » si le nouveau-né ou le nourrisson n’est alimenté que du lait du sein de sa mère. S’il y a adjonction d’autres aliments, il est dit « mixte ».
Rappel sur les besoins nutritionnels des enfants
Pour évaluer les besoins de l’organisme, deux aspects sont à prendre en compte : Les besoins quantitatifs : que l’organisme a besoin qu’on lui apporte quotidiennement (énergie). Les besoins qualitatifs : Par jour, l’organisme requiert tous les nutriments qui le constituent.
Les besoins énergétiques
Les besoins énergétiques ont été définis en 1985 par l’OMS comme : « la valeur de l’apport énergétique alimentaire qui équilibre la dépense d’énergie chez un individu dont la corpulence, la composition de masse corporelle et le degré d’activité physique sont compatible avec le maintient durable d’une bonne santé, nécessaire pour satisfaire les besoins énergétiques associés à la croissance tissulaire, et permettre l’exercice d’une activité économique nécessaire et socialement souhaitable » . Les besoins énergétiques varient selon l’age, le poids, le sexe, l’activité physique, ainsi que la condition climatique…
Les besoins qualitatifs
1g de protéine et 1g de glucide pur fournissent chacun environ 4 calories d’énergie; 1g de lipide pur en produit environ 9 calories. La femme enceinte doit avoir des apports riches en protéine, glucide, vitamines, fer, et calcium permettant le développement du fœtus et l’élaboration du placenta .
Les protéines
Les protéines sont nécessaires à l’élaboration du tissu vivant. Elles sont constituées par du carbone, de l’hydrogène, de l’azote et parfois du souffre. L’azote les diffère des glucides et des lipides.
Pour synthétiser les protéines qui lui sont indispensables, chaque espèce a besoin d’un apport régulier de vingt aminoacides principaux qu’il ne peut pas fabriquer que quelques-uns. Ce sont ce qu’on appelle « acides aminés essentiels » et doivent être apportés par la nourriture quotidiennement. Ce sont : la leucine, l’isoleucine, la lysine, la méthionine, la phénylalanine, la tyrosine, le tryptophane et la valine. Une protéine est considérée comme à bonne valeur biologique quand elle fournit, lors de la digestion, tous les acides aminés indispensables et qu’elle le fait dans de proportions bien précises et simultanément, afin de permettre la synthèse de protéines par l’organisme .
Les Lipides
Le terme lipide couvre les triglycérides (présents dans les graisses animales et les huiles végétales), les phospholipides : constituants principaux des membranes cellulaires, les stéroïdes (notamment la vitamine D et les hormones synthétisées à partir du cholestérol), et les caroténoïdes comme le carotène (pigment impliqué, par exemple, dans la photosynthèse). Les lipides jouent un rôle capital pour tous les organismes vivants. Selon leur fonction, on distingue les lipides qui jouent un rôle dans le métabolisme, les lipides de structure et les lipides de réserve. Tel qu’aux protéines, il y a aussi des acides gras dits essentiels qui sont nécessaires à deux processus physiologiques, comme la différenciation cellulaire ou la croissance des organismes. Un régime équilibré doit contenir de 20 à 30 % de calories, apportés par les lipides.
L’eau
Le besoin en eau est le plus important, dans tous les besoins nutritionnels. Il est proportionnellement beaucoup plus élevé chez le nourrisson que chez le grand enfant et l’adulte. L’apport est constitué par les liquides ingérés et l’eau de constitutions des aliments ; et l’élimination se fait par les urines, les matières fécales, la transpiration, la respiration, etc.
Les sels minéraux
Les sels minéraux sont les facteurs indispensables de l’équilibre physicochimique, humoral et tissulaire. Une vingtaine d’entre eux participe à la constitution de l’organisme.
On les classe en deux catégories :
● les macro-éléments ou les électrolytes, ont un rôle plastique ; ce sont : le calcium, le phosphore, le sodium, le potassium et le fer ;
● les micro-éléments ou oligo-éléments, sont nécessaires en très faible quantité, en vue de l’élaboration de certains protéines, hormones et enzymes ; ce sont : le zinc, le souffre, le chrome, le cobalt, le cuivre, le fluor, l’iode, le manganèse.
Les vitamines
Les vitamines sont des substances organiques, sans valeur énergétique, indispensables à l’équilibre vital et en petites quantités. On dénombre treize vitamines indispensables, classées en fonction de leur solubilité dans l’eau ou dans la graisse. Les vitamines liposolubles, A, D, E, K, sont généralement absorbées avec des aliments lipidiques. Les vitamines hydrosolubles, les huit vitamines B et la vitamine C ne peuvent pas être stockées. Il faut donc les consommer régulièrement. Seule la vitamine D peut être synthétisée par l’organisme. Leur déficit entraîne des maladies spécifiques (anémie nutritionnelle, rachitisme, xérophtalmie, scorbut, etc.) Les jeunes enfants sont les plus vulnérables aux insuffisances, déséquilibres, et carences que les adultes. C’est pourquoi, les besoins nutritionnels de l’enfant sont proportionnellement plus élevés que ceux de l’adulte.
Les besoins nutritionnels de l’enfant
Pour définir ce que sont les besoins nutritionnels de l’enfant, il faut distinguer trois notions fondamentales qui s’intriquent entre elles : le « besoin minimum », le « besoin optimum » et ce qu’on appelle « apports recommandés ». Le « besoin minimum » correspond effectivement à la définition propre du terme « besoin » ; c’est à dire « à la plus petite quantité d’un nutriment susceptible de maintenir des fonctions et un état de santé normale ». Pour le nourrisson et l’enfant, cela équivaut à la quantité la plus faible d’un nutriment capable d’assurer une croissance satisfaisante. Le « besoin optimum » est la consommation de référence et résulte de l’observation de la consommation spontanée de groupes de sujets supposés être en bonne santé. Les « apports recommandés » ou « standard de nutrition » sont calculés à partir du besoin minimum dont l’évaluation est très difficile parce qu’elle nécessite des expériences impossibles à mener sur l’espèce humaine. Pour le médecin, pour la diététicienne et pour la puéricultrice, il est important d’avoir constamment à l’esprit l’idée que les « besoins réels » varient considérablement d’une personne à l’autre. Ces variations pouvant aller facilement du simple au double. Les conseils que l’on donne aux mères doivent être adaptés à chaque enfant.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
1. Définitions
2. Rappel sur les besoins nutritionnels des enfants
2.1. Les besoins énergétiques
2.2. Les besoins qualitatifs
2.2.1. Les protéines
2.2.2. Les glucides
2.2.3. Les Lipides
2.2.4. L’eau
2.2.5. Les sels minéraux
2.2.6. Les vitamines
3. Les besoins nutritionnels de l’enfant
3.1. L’alimentation lactée (0 à 6 mois)
3.1.1. L’allaitement maternel
3.1.2. L’allaitement artificiel ou substitut à l’allaitement maternel
3.2. Alimentation de l’enfant de 6 mois à 1 an
3.3. Alimentation de 1 à 5 ans
4. La malnutrition
4.1. Facteurs étiologiques
4.1.1. Les facteurs primaires de la malnutrition
4.1.2. Les facteurs secondaires de la malnutrition
4.2. Physiopathologie des malnutritions
4.2.1. Le marasme
4.2.2. La kwashiorkor
4.3. La classification de la malnutrition
4.3.1. Selon le poids par rapport à l’age
4.3.2. Selon la taille en fonction de l’age ou en fonction du poids
4.4. Les indicateurs de malnutrition
4.4.1. Le rapport poids/age
4.4.2. Le rapport taille/age
4.4.3. Le rapport poids/taille
4.4.4. Le périmètre brachial
4.5. Les formes cliniques de la malnutrition protéino-énergétique
4.6. La prévention de la malnutrition
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
1. Présentation du cadre de l’étude
1.1. La délimitation géographique
1.2. Historique
1.3. Les ressources humaines du dispensaire
2. Matériels et méthodologie
2.1. Matériels
2.2. La population de notre étude
2.3. L’objectif et les paramètres de notre étude
3. Résultats
3.1. Description de l’échantillon
3.1.1. Répartition des enfants selon le sexe
3.1.2. Répartition des enfants selon l’âge
3.1.3. Répartition des enfants selon l’assistance à la naissance
3.1.4. Répartition des enfants selon leur poids à la naissance
3.1.5. Répartition des enfants selon l’arrondissement d’origine
3.1.6. Répartition des enfants selon le motif de consultation
3.1.7. Répartition des enfants selon le niveau intellectuel de leur mère
3.1.8. Répartition des enfants selon la profession des mères
3.1.9. Nombre de fratrie des enfants de l’étude
3.1.10. La proportion d’utilisation des contraceptifs des mères
3.1.11. Statut vaccinal des enfants selon la recommandation du PEV
3.1.12. Répartition des enfants selon leur situation en vitamine A et en mebendazole
3.2. L’alimentation de l’enfant
3.2.1. L’allaitement
3.2.2. La pratique du sevrage
3.2.3. L’alimentation de l’enfant
3.3. Prévalence et facteurs de risque de la malnutrition des enfants
3.3.1. Répartition des enfants selon l’indice P/A
3.3.2. Répartition des enfants selon l’indice P/A et le sexe
3.3.3. Répartition des enfants selon l’indice P/A et leur tranche d’âge respective
3.3.4. Répartition des enfants présentant la malnutrition (à moins de 2 ET de l’indice P/A) et leur tranche d’âge respective et suivant le sexe
3.3.5. Répartition des enfants selon l’indice P/A et le niveau intellectuel des mères
3.3.6. Répartition des enfants selon l’indice P/A et le motif de consultation au dispensaire
3.3.7. Répartition des enfants malnutris en fonction du nombre de fratrie
3.4. Interrelation entre l’indice P/A et P/T chez les enfants malnutris
3.4.1. Répartition des enfants selon l’indice P/A et leur valeur en P/T
3.4.2. Répartition des enfants malnutris selon l’indice P/A et suivant leur tranche d’âge
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRE ET SUGGESTIONS
1. Commentaire
2. Suggestions
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES