RAPPEL SUR ANATOMIE DE L’ŒIL, INFECTIONS OCULAIRES ET PREPARATIONS OPHTALMIQUES

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Conjonctivite

Signes cliniques

La conjonctivite est une inflammation de la conjonctive, sans atteinte cornéenne. Sa présentation la plus fréquente est un œil rouge, larmoyant, sans baisse d’acuité visuelle, peu ou pas douloureux, avec sensation degrains de sable dans les yeux. Les étiologies les plus fréquentes sont virales, allergiques ou liées à un syndromesec. Le diagnostic de conjonctivite bactérienne est porté sur la présence de sécrétions purulentes [10,11].
Les critères de gravité d’une conjonctivite bactérienne sont :
– sécrétions purulentes importantes ;
– chémosis (œdème de la conjonctive) ;
– œdème palpébral ;
– larmoiement important ;
– baisse de l’acuité visuelle, même modérée ;
– photophobie.

Etiologie 

Les organismes responsables de la conjonctivite bactérienne ont tendance à différer selon l’âge du patient.
 chez les nouveau-nés, la conjonctivite est principalement bactérienne et l’organisme le plus commun est Chlamydia trachomatis. La conjonctivite à Chlamydia se manifeste généralement par une sécrétion unilatérale ou bilatérale purulente environ une semaine après la naissance chez les enfants nés de mères ayant une infection cervicale à chlamydia. De nombreux nourrissons atteints de conjonctivite à Chlamydia développent une pneumonie à Chlamydia: environ 50% des nourrissons atteints de pneumonite à Chlamydia présentent une conjonctivite concomitante ou des antécédents récents de conjonctivite.
Neisseria gonorrhoeae est une cause rare de conjonctivite néonatale. Le début est quelque peu plus précoce que dans la conjonctivite à Chlamydia, c’est-à-dire dans la première semaine de vie, et cet organisme provoque classiquement une conjonctivite «hyperacute» grave avec écoulement abondant et peut entraîner une atteinte de la cornée et une perforation. La prophylaxie antibiotique de routine à la naissance a nettement réduit son incidence et ses complications. D’autres bactéries pouvant causer une conjonctivite néonatale comprennent Staphylococcus aureus, Haemophilus influenzae etStreptococcus pneumoniae.
 Chez les enfants, la conjonctivite bactérienne est le plus souvent causée par H. influenzae ou S. pneumoniae, qui représentaient respectivement 29% et 20% des cas dans une étude prospective en Israël. La question de savoir si les patients avaient été vaccinés contre H. influenzae dans cette étude n’est pas claire.
Les espèces de Moraxella, S. aureus et les staphylocoques à coagulase négative sont des causes moins fréquentes de conjonctivite bactérienne chez les enfants.
 Chez l’adulte, les causes les plus fréquentes de conjonctivite bactérienne sont S. aureus et H. influenzae. La conjonctivite causée par S. aureus est souvent récurrente et associée à une blépharoconjonctivite chronique (inflammation de la paupière et de la conjonctive). Les conjonctives sont colonisées par S. aureus chez 3,8% à 6,3% des adultes en bonne santé. En outre, environ 20% des personnes hébergent normalement S. aureus dans les voies nasales, et 60% l’hébergent par intermittence; dans les deux cas, la bactérie peut constituer un réservoir d’infection oculaire récurrente. Les autres organismes qui causent fréquemment la conjonctivite chez l’adulte sont S. pneumoniae, les staphylocoques à coagulase négative et les espèces Moraxella et Acinetobacter.

Orgelet

Signes cliniques

L’orgelet communément appelé compère-Loriot, est une infection aigue qui se développe au niveau de la racine, ou follicule, d’un cil d’où l’apparition d’une petite boule rouge et gonflée en périphérie du globe oculairequi au bout de quelques jours, évolue en un point jaunâtre purulent qui peut se perforé spontanément avec écoulement du pus dans l’œil[10,13,14].

Etiologie

En règle générale, un staphylocoque est en cause comme dans les furoncles et plusieurs orgelets peuvent se développer au niveau de l’œil. Il est favorisé par l’utilisation de produit cosmétiques de mauvaise qualité, une mauvaise hygiène, une inflammation chronique des paupières (blépharite) ou encore certains troubles de la vision (myopie, hypermétropie) en raison de mouvements palpébraux excessif [10,13,14].

Chalazion

Signes cliniques

Le chalazion se présente sous la forme d’un nodule inflammatoire sous-cutané, assez ferme à la  palpation, enchâssé dans la paupière [10,13,14].

Etiologie

La cause est l’obstruction de la glande de Meibonius ; il n’y a pas de pus puisqu’il s’agit d’un enkystement de la glande. Par contre, une paupière enflée et douloureuse sera le signe d’une surinfection bactérienne du chalazion [10, 13,14].

Blépharite bactérienne

Signes cliniques

La blépharite correspond à une inflammation du bord libre des paupières. Le patient se plaint d’une gêne voire d’une sensation de brûlure et d’irritation. Les paupières sont rouge-violacées avec présence possible de squames ou de sécrétions au niveau du bort libre [10, 13,14].

Etiologie

Les étiologies sont nombreuses. Il peut exister un foyer infectieux au voisinage de l’œil (rosacée, acné…) ou encore certaine parasitoses comme celle a Demodex folliculinum ou par une pédiculose.
Il peut également s’agir d’allergies aux teintures de cheveux, au verni a ongle, au collyre ou pommade ophtalmique. La blépharite chronique est souvent la complication d’une atteinte de la cornée associé a des troubles visuels [10, 13,14].

Kératite bactérienne

Signes cliniques

La kératite bactérienneest une inflammation de la cornée, le plus souvent unilatérale. Une kératite est une urgence diagnostique et thérapeutique, les signes fonctionnels sont variables ; les plus fréquemment rencontrés sont:
– œil rouge douloureux avec baisse de l’acuité visuelle ;
– larmoiements, photophobie, blépharospasme.
L’examen ophtalmologique montre un cercle périkératique. La complication la plus redoutable est le risque de cicatrices cornéennes opaques [10, 18,19].

Etiologie

Les kératites bactériennes sont secondaires à une ulcération traumatique (port de lentille) ou à une conjonctivite microbienne. Elles sont favorisées par une infection de voisinage (lacrymale, ORL) et peuvent se compliquer d’ulcère.
Les germes en cause sont : Staphylococcus aureus, Streptococcus pneumoniae, Pseudomonas aeruginosa, Klebsiella, Enterobacter, Serratia, Citrobacter, Proteus, parfois les mycobactéries atypiques (Mycobactérium chelonae) qui peuvent être incriminées[10,18,19].

Pharmacocinétique 

Pour administrer correctement les médicaments ophtalmologiques dans la pratique, il faut connaître la pharmacocinétique de leurs différentes formes d’application. Les principaux processus pharmacocinétiques auxquels un médicament est soumis dans l’œil sont l’absorption, la distribution, le métabolisme et l’élimination.

Absorption

L’absorption oculaire est définie comme étant le processus de pénétration du principe actif dans l’humeur aqueuse, dans le corps vitré, à travers la cornée ou la conjonctive/sclérotique. La biodisponibilité y est déterminée par les propriétés physicochimiques de la substance active et la perméabilité des barrières anatomiques. Les facteurs précornéens comme la sécrétion lacrymale ou le drainage nasolacrymal diminuent nettement l’absorption. Le débit continu de la sécrétion lacrymale se situe à 1,2 μl/min, mais il peut s’élever jusqu’à 400 μl/min en cas d’irritation oculaire. Le médicament appliqué est alors soumis à une dilution constante et, en parallèle, à une évacuation accrue hors du cul de sac conjonctival. Le cul de sac conjonctival peut contenir environ 10 μl de liquide au total, soit environ 20% du volume d’une goutte de collyre, et le flux du drainage nasolacrymal est cent fois plus élevé que celui de l’absorption cornéenne. Par conséquent, le médicament ne reste dans le culde sac conjonctival que pendant trois à cinq minutes, et seule une fraction de la dose appliquée pénètre dans la cornée.
Pour pénétrer dans la chambre antérieure, le médicament doit passer trois barrières cornéennes importantes: l’épithélium, le stroma et l’endothélium. La barrière la plus difficile à franchir est celle des jonctions serrées de l’épithélium. Dans l’épithélium, le transport des molécules est transcellulaire ou paracellulaire. En raison du caractère lipophile de ce tissu, la plupart des substances actives suivent un passage transcellulaire. Les médicaments hydrophiles sont les seuls à effectuer le passage de façon paracellulaire, malgré la capacité limitée de cette voie de transport. Le fait que le stroma soit composé de 78% d’eau et que l’endothélium soit une monocouche de cellules facilite la pénétration des médicaments hydrophiles dans ces couches. Le médicament idéal doit par conséquent avoir des propriétés à la fois lipophiles et hydrophiles. Même en conditions optimales, ces barrières empêchent la cornée d’absorber plus de 1 à 10% de la substance active appliquée. L’absence de jonctions serrées rend les barrières de la conjonctive et de la sclérotique plus perméables aux médicaments hydrophiles que l’épithélium de la cornée. De plus, les médicaments appliqués empruntant les réseaux artériels de la conjonctive et de la sclérotique parviennent directement dans le corps ciliaire et l’uvée. Ainsi les substances actives atteignent leur site d’action avec une concentration plus élevée que si elles pénètrent par la cornée.

Distribution 

Dans l’œil, la distribution depuis le compartiment central vers un compartiment périphérique correspond au passage du médicament de l’humeur aqueuse dans les tissus environnants de l’iris, du corps ciliaire, du cristallin, de l’uvée et du corps vitré. En principe, trois processus peuvent faire obstacle à cette distribution: la fixation active du médicament à la mélanine de l’iris et du corps ciliaire, la fixation à des protéines de l’humeur aqueuse, et l’élimination rapide due à la vitesse élevée du renouvellement de l’humeur aqueuse, dont le flux (du corps ciliaire vers la chambre antérieure de l’œil) s’oppose à celui du médicament. Le tissu de l’iris est bien vascularisé, et sa grande surface lui permet d’absorber rapidement les principes actifs de l’humeur aqueuse. La pénétration dans le corps ciliaire est au contraire très lente, ce qui constitue une difficulté thérapeutique car ce dernier représente un tissu cible important du traitement hypotenseur local. L’accumulation dans le cristallin est faible elle aussi, en raison de la structure fibreuse de cet organe. Le corps vitré occupe 80% du volume oculaire, mais il ne reçoit que peu de substances actives en provenance de l’humeur aqueuse. Cela s’explique principalement par sa consistance gélatineuse, qui est associée à une vitesse de diffusion peu élevée. Il s’ensuit que si le corps vitré ou la cornée sont les organes cibles du traitement d’une maladie, il faut administrer le médicament par voie systémique, sous conjonctivale ou intravitréenne.

Métabolisation 

L’œil est un organe qui métabolise faiblement. Les processus de transformation s’y déroulent avant tout dans l’épithélium et l’endothélium de la cornée, dans le corps ciliaire et dans la rétine.

Elimination 

Après avoir pénétré dans la cornée, l’élimination d’un médicament est surtout déterminée par le renouvellement de l’humeur aqueuse. Le taux de renouvellement se situe à 1,5% de l’humeur aqueuse totale par minute, ce qui correspond à une demi-vie de 46,2 minutes. On peut en déduire qu’une fois les collyres appliqués, leur demi-vie se situe entre 30 minutes et 2 heures.

Catégories de préparations ophtalmiques 

La forme sous laquelle on prescrit un médicament dépend de sa capacité de pénétration cornéenne et du site d’action visé. Les pommades ophtalmiques sont généralement appliquées dans les pathologies de la paupière et du bord palpébral, alors que les collyres solutions et les collyres suspensions le sont de préférence dans le traitement de la conjonctive, de la cornée et de la chambre antérieure. En cas de maladies du corps vitré ou de la rétine, les traitements font appel aux voies d’application sous conjonctivale, systémique ou intravitréenne. Ce sont les médicaments topiques qui sont le plus fréquemment utilisés dans les maladies oculaires. Leur application est facile, ils sont peu coûteux et n’exercent presque jamais d’effet toxique sur l’organisme. Nous allons nous pencher de plus près sur trois formes d’application: les collyres solutions, les pommades.

Collyres solutions 

Comme les collyres solutions ne contiennent que des substances entièrement dissoutes, leur application n’entraîne que très peu d’interférences avec la vision. Le désavantage de ces préparations réside dans la durée limitée du contact avec la cornée, la conjonctive et la sclérotique. Par ailleurs, les collyres contiennent différentes substances permettant de contrôler le pH, la tonicité et la viscosité, et d’assurer la conservation sur le plan bactérien. Ces substances sont considérées comme inactives, mais elles peuvent néanmoins exercer un impact sur l’action du médicament. Le pH influence le degré d’ionisation du médicament. Or, plus la fraction de la forme non ionisée est grande, meilleure est la perméabilité transcornéenne. Les collyres qui sont isotoniques par rapport au liquide lacrymal préviennent une irritation oculaire indésirable. Le principe actif demeure ainsi plus longtemps dans le cul de sac conjonctival et l’observance des patients s’améliore.

Pommades ophtalmiques 

La pommade ophtalmique forme un dépôt médicamenteux qui prolonge nettement le temps de rétention du principe actif dans le cul de sac conjonctival. Toutefois, il est fréquent que les patients éprouvent de la difficulté à appliquer la dose appropriée et qu’ils se plaignent d’une vision trouble. De plus, la consistance de la pommade dépend de la température et lorsqu’il fait froid, il est parfois difficile de presser la pommade hors du tube.

Qualités requises 

Les préparations ophtalmiques doivent impérativement répondre aux exigences de tolérance, de stabilité et de stérilité. En effet, elles doivent être stériles et le rester tout au long de leur utilisation. Elles doivent aussi être limpides et tendre vers l’isotonie et la neutralité. Seuls les collyres sous forme de suspension et les préparations ophtalmiques pour injection intraoculaire doivent satisfaire l’essai de taille des particules.

Stérilité 

Elle est obligatoire pour toutes les formes ophtalmiques et assure la sécurité microbiologique de la préparation. Elle est obtenue, en pharmacie hospitalière, par l’utilisation d’une technique de fabrication respectant les règles d’asepsie. Mais cela n’assure pas la conservation de l’état stérile tout au long de la durée d’utilisation de la préparation. Or, un collyre est administré goutte par goutte et au cours de chaque instillation, il peut y avoir contamination microbiologique. Les conséquences possibles sont la culture microbienne, la modification du pH, l’altération des principes actifs et l’infection ultérieure de l’œil. Afin d’éviter cela, des conservateurs sont ajoutés dans les conditionnements multidoses sauf si la préparation présente elle-même des propriétés antimicrobiennes ou si le conditionnement possède des propriétés particulières comme le système COMOD®. Ces excipients ne sont pas obligatoires dans les formes unidoses et lorsque les collyres sont utilisés au cours d’opérations chirurgicales .
L’essai de stérilité est mené en milieu aseptique pour éviter les faux positifs. Il est réalisé selon la technique de filtration sur membrane ou par l’ensemencement direct du milieu nutritif avec la substance active. Lors de la filtration sur membrane, le produit est filtré sur une membrane à 0,22 μm en ester de cellulose. S’il possède une activité antimicrobienne, la Pharmacopée Européenne recommande de rincer au moins trois fois le filtre avec un volume équivalent à la préparation, en filtrant à chaque fois le volume de diluant stérile utilisé dans l’essai d’applicabilité de la méthode. Le filtre est ensuite incubé dans deux milieux de culture, l’un au thioglycolate de sodium, convenant principalement, aux bactéries anaérobies mais également aux bactéries aérobies, à 30-35°C, l’autre à l’hydrolysat de caséine de soja, convenant à la fois aux bactéries aérobies, aux levures et aux moisissures, à 20-25°C, pendant 14 jours.

Limpidité

L’origine des particules est diverse : les récipients, la filtration et le remplissage lors de la fabrication, au cours de la conservation, au moment de l’administration. La recherche de particules visibles se fait à l’œil nu sur la totalité des unités du lot fabriqué. L’essai est non destructif, tandis qu’il l’est pour l’essai de taille et de nombre de particules non visibles. Ce sont des paramètres très importants à prendre en compte pour les collyres en suspension et les préparations ophtalmiques injectables, car ils peuvent affecter la tolérance de la préparation.
En effet, la granulométrie doit être suffisamment fine et homogène afin d’éviter une irritation locale. Les collyres doivent contenir au plus vingt-cinq particules de taille supérieure à 25 μm, au plus deux d’entre elles dépassent 50 μm. Aucune particule ne doit avoir une dimension maximale de 90 μm. La mesure s’effectue sur un échantillon de la préparation correspondant à 10 μg de la phase solide, dans une chambre d’hémocytomètre. Au microscope, les préparations injectables satisfont à l’essai si le nombre moyen de particules présentes dans les unités examinées n’est pas supérieur à 3000 par récipient pour les particules de taille supérieures ou égales à 10 μm et à 300 par récipient pour les particules de taille supérieures ou égales à 25 μm.

Isotonie

Il est conseillé d’ajuster les collyres à une tonicité équivalente à celle du liquide lacrymal, soit 280mOsm/kg, car les muqueuses oculaires sont sensibles aux variations de pression osmotique. Un collyre sera donc mieux supporté et moins douloureux s’il est isotonique. Néanmoins, l’œil peut supporter des osmolalités comprises entre 240 et 550mOsm/kg.
Comme la mesure directe de la pression osmotique est difficile à effectuer, on se réfère habituellement à l’abaissement du point de congélation. Cette mesure est effectuée par un osmomètre. L’inconfort et l’irritation ne durent que quelques minutes mais entraînent un viscosimètre d’Ostwald, via la loi de Poiseuille. Larmoiement éliminant le collyre. Le chlorure de sodium et le glucose sont généralement utilisés afin d’ajuster l’isotonie. Les solutions tampons permettent d’ajuster à la fois l’isotonie et le pH.

Ph 

Les pH du liquide lacrymal et du plasma sanguin sont voisins de 7,4. Le pH des collyres devra se rapprocher de cette valeur afin d’éviter toute gêne ou picotement désagréable, voire douloureux, qui pourrait compromettre l’observance du traitement. Certaines exceptions sont possibles, notamment avec certains principes actifs, comme la vancomycine, qui sont instables, précipitent ou sont inactifs à un pH voisin de la neutralité. Toutefois, le pouvoir tampon des larmes est parfois suffisant pour que l’on puisse instiller une solution dont le pH s’écarte de la neutralité pour permettre au principe actif d’être stable en solution. Ainsi, globalement, les solutions ophtalmiques ont généralement, un pH compris entre 3 et 10. Le choix du pH pour un collyre est donc basé sur un compromis entre la solubilité de la molécule, sa stabilité et la tolérance de la préparation.

Viscosité 

Le choix de la viscosité de la préparation est basé sur un compromis entre la meilleure tolérance possible et un temps de résidence suffisant à la surface de l’œil. En effet, le liquide lacrymal est viscoélastique et un collyre présentant une viscosité élevée va entraîner une irritation locale, une augmentation de la durée de contact. Parmi les agents viscosants les plus répandus en ophtalmologie, on retrouve les dérivés de cellulose, les dérivés vinyliques, l’acide hyaluronique et les carbomers. La viscosité dynamique (η) peut se mesurer grâce à un viscosimètre d’Ostwald, via la loi de Poiseuille.
Il se dégage ainsi différents points critiques au niveau de la formulation, de la préparation et des contrôles des préparations ophtalmiques : la stérilité et la conservation de cet état, la tolérance (PH, isotonie, limpidité et viscosité) et la stabilité (dégradation et précipitation).
 L’utilisation d’agents antibacteriens topiques pour le traitement de patients présentant des infections superficielles a plusieurs avantages par rapport aux schémas systémiques. La plus évidente d’entre elles est que des concentrations élevées peuvent être délivrées directement au site d’infection (ou près de celui-ci). En effet, parce que les épithéliums remplissent une fonction barrière efficace, l’application topique peut être le seul moyen d’obtenir des doses thérapeutiques sur les surfaces corporelles. Cette fonction de barrière assure également que la pénétration des agents appliqués par voie topique vers d’autres sites où ils pourraient exercer un effet toxique est habituellement considérablement réduite par rapport à l’application systémique du même agent; plusieurs agents ayant une toxicité systémique significative ont trouvé un grand marché comme antibactériens topiques. Néanmoins, l’absorption d’antibactériens potentiellement toxiques sur de longues périodes peut être significative, et des réactions défavorables attribuées à l’absorption systémique d’antibactériens appliqués topiquement ont été observées. L’exemple le plus notable de cette pratique ophtalmique est la survenue d’une anémie aplasique suite à l’utilisation du chloramphénicol topique.
Les préparations antibactériennes ophtalmiques sont largement utilisées par voie topique dans le traitement des patients présentant des infections oculaires superficielles, y compris la conjonctivite, la blépharite et les ulcères cornéens. En outre, ils sont fréquemment utilisés pour augmenter le traitement d’une infection intraoculaire administrée par voie systémique ou par instillation locale. Une connaissance de la pharmacocinétique des agents appliqués par voie topique peut être utile pour guider les schémas thérapeutiques, en particulier dans le cas d’une infection cornéenne grave.
Ainsi, nous allons décrire les antibiotiques les plus utilisés dans les préparations ophtalmiques : fluoroquinolones, aminosides, acide fusidique, chloramphénicol, tétracyclines, rifamycines.

Fluoroquinolones

Les quinolones qui comportent un atome de fluor sont appelées les fluoroquinolones et sont des dérivés de l’acide pyridine-β-carboxylique. Elles sont des antibiotiques qui forment une large classe d’antibactérien.
La structure chimique des fluoroquinolones comporte une fonction cétone(C=O)etune fonction acide (COOH), qui ont une grande tendance à piéger les ions divalents comme les ionsCa2+, Fe2+,Mg2+…Elles sont des molécules obtenues par synthèse chimique qui dérivent de l’acide carboxylique hétérocycliques diversement substitués. Tous les composés quinolones actuels présentent une structure bicyclique, avec un atome d’azoteen position 1,un carboxylate en position3,un carbonyle en position4 et un atome de fluor en position 6.Legroupe R est généralement un groupe pipérazine[24].
Les fluoroquinolones sont des antibiotiques de petite taille qui interfèrent avec la synthèse bactérienne d’ADN. Elles sont bactéricides et ont un large spectre d’activité antibactérienne [24]. Elles sont des antibiotiques d’utilisation courante en ophtalmologie, tant pour les infections de surface que pour les infections endoculaires (endophtalmies). Leur utilisation nécessite une bonne connaissance de leur pharmacocinétique, de leurs contre-indications et effets secondaires. L’apport des fluoroquinolones en infectiologie repose actuellement sur le spectre antibactérien et la bonne diffusion oculaire des fluoroquinolones de troisième génération et sur la possibilité de les injecter dans la cavité vitréenne [25].
Nous disposons actuellement au Sénégal trois types de collyres aux quinolones: la norfloxacine, l’ofloxacine, et la ciprofloxacine.

Ciprofloxacine CILOXAN®

Elle appartient à la famille de la deuxième génération des fluoroquinolones.Il existe des spécialités de préparations ophtalmologiques à base de ciprofloxacine: CILOXAN® (Collyre et pommade), CIPRO® (collyre). Toutes sont à des concentrations de 0,3%.

Structure chimique

La ciprofloxacine se distingue par la présence d’un atome de fluor en position 6, un fragment pipérazine en position 7 et un cycle cyclopropyle en position 1.Dans les préparations ophtalmiques, elle est utilisée sous la forme du sel de monochlorhydrate monohydraté de l’acide 1-cyclopropyl-6-fluoro-4-oxo-7-(1-pipérazinyl)-1,4-dihydro-3-quinoléinecarboxylique dont la formule chimique est la suivante : C17H18FN3O3• HCl•H2O ; sa masse moléculaire sous cette forme est de 385,82[26].

Propriétés physicochimiques

Le chlorhydrate de ciprofloxacine est une poudre cristalline jaune pâle à légèrement jaune. Il est pratiquement est soluble dans l’eau à 30 000 mg/l et pratiquement insoluble dans l’éthanol [27].
La solution ophtalmique de chlorhydrate de ciprofloxacine doit être conservée dans des contenants étanches et résistants à la lumière à une température de 2 à 25 °C. Lorsqu’elle est conservée conformément aux instructions, la solution ophtalmique disponible dans le commerce a une date d’expiration de 24 mois. La pommade ophtalmique de chlorhydrate de ciprofloxacine doit être conservée entre 2 et 25 °C [27].

Synthèse chimique

La condensation du 2,4-dichloro-5-fluorobenzoyle (I) avec le malonate de diéthyle(II) par le biais de magnésium éthylate dans l’éther diéthylique donne le 2,4-dichloro-5-fluorobenzoylmalonate (III), qui est partiellement hydrolysé et décarboxylé avec le p-toluènesulfonique, eau acide qui donne le 2,4-dichloro-5-fluorobenzoylacétate d’éthyle(IV). La condensation de ce dernier avec l’orthoformiate de triéthyle(V) dans l’anhydride acétique à reflux donne le 2-(2,4-dichloro-5-fluorobenzoyl)-3-éthoxyacrylate (VI), qui est traité avec de la cyclopropylamine (VII) dans de l’éthanol pour donner du 2-(2,4-dichloro-5-fluorobenzoyl)-3-cyclopropylaminoacrylate(VIII). La cyclisation de 2-(2,4-dichloro-5-fluorobenzoyl)-3-cyclopropylaminoacrylate en présence du NaH donne l’acide 7-chloro-1-cyclopropyl-6-fluoro-1,4-dihydro-4-oxoquinoléine-3-carboxylique (IX), qui est finalement condensé avec de la pipérazine(X) dans du DMSO chaud pour donner la ciprofloxacine [28].
Les études d’absorption chez l’homme avec la pommade ciprofloxacine n’ont pas été menées, cependant, basé sur des études avec la solution de ciprofloxacine, 0,3%, les concentrations maximales moyennes devraient être inférieures à 2,5 ng/ml [26].

Indications

Le Chlorhydrate de ciprofloxacine (collyre et pommade) est indiqué dans le traitement antibactérien local des infections oculaires sévères (conjonctivites sévères, kératites, ulcères cornéens et abcès de cornée) dues à des germes sensibles à la ciprofloxacine [29,30].

Norfloxacine

En ophtalmologie, il existe une spécialité à base de norfloxacine : CHIBROXINE Collyre.

Structure chimique

La norfloxacine, encore appelée l’acide 1-éthyl-6-fluoro-1,4-dihydro-4-oxo-7-(1-pipérazinyl)-3-quinoléinecarboxylique se distingue par un atome de fluor en position 6 et un fragment pipérazine en position 7.Sa formule empirique est C16H18FN3O3 et son poids moléculaire est de 319,34 g/mol[31].

Propriétés physicochimiques

La norfloxacine est une poudre cristalline blanche à jaune pâle ayant un point de fusion d’environ 221 °C. Il est facilement soluble dans l’acide acétique glacial et très légèrement soluble dans l’éthanol, le méthanol et l’eau[31].

Pharmacologie clinique

Après instillation topique, la concentration intracornéenne de la norfloxacine atteint au moins 15 μg/g dans une cornée normale, et plus de 80 μg/g après abrasion épithéliale [32].

Indications

La norfloxacine collyre est indiquée dans le traitement antibactérien local des infections oculaires sévères (conjonctivites sévères, kératites et ulcères cornéens) dues à des germes sensibles à la norfloxacine [33].

Aminosides

Les aminosides sont soit : des molécules naturelles, extraites de cultures de Streptomyces ou de Bacillus ; des produits semi-synthétiques.Leur structure chimique est basée sur un cycle de type aminocyclitol auquel sont ajoutés des sucres aminés formant les molécules polaires polycationiques[34].
Les aminosides sont des antibiotiques polyosidiques qui inhibent la synthèse des protéines bactériennes en agissant sur la transcription ribosomale des protéines. Ils sont bactéricides pour un grand nombre de bactéries incluant les aérobies à Gram négatif et les staphylocoques. Les streptocoques naturellement résistants à des concentrations moyennes, peuvent devenir résistants à un haut niveau de concentration (CMI >500 μg/ml). Les aminosides appliqués par voie topique sont connus comme des molécules diffusant peu. Ils semblent pénétrer dans la chambre antérieure à des concentrations infrathérapeutiques[32].
Les aminosides disponibles par voie locale sont : gentamycine, néomycine et tobramycine.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE RAPPEL SUR ANATOMIE DE L’ŒIL, INFECTIONS OCULAIRES ET PREPARATIONS OPHTALMIQUES
I. Rappel anatomiquede l’œil
I.1. Globe oculaire
I.1.1. Contenant
I.1.2. Contenu
I.2. Annexes de l’œil
I.2.1. Muscles oculomoteurs
I.2.2. Système lacrymal
I.2.3. Conjonctive
I.2.4. Paupières
II. Infections oculaires bactériennes
II.1. Conjonctivite
II.1.1. Signes cliniques
II.1.2. Etiologie
II.2. Orgelet
II.2.1. Signes cliniques
II.2.2. Etiologie
II.3.Chalazion
II.3.1. Signes cliniques
II.3.2. Etiologie
II.4.Blépharite bactérienne
II.4.1. Signes cliniques
II.4.2. Etiologie
II.5. Kératite bactérienne
II.5.1. Signes cliniques
DEUXIEME PARTIE
I. Généralités sur les préparations ophtalmiques
I.1. Définition
I.2. Pharmacocinétique
I.2.1. Absorption
I.2.2. Distribution
I.2.3. Métabolisation
I.2.4. Elimination
I.3. Catégories de préparations ophtalmiques
I.3.1. Collyres solutions
I.3.2. Pommades ophtalmiques
I.4. Qualités requises
I.4.1.Stérilité
I.4.2.Limpidité
I.4.3. Isotonie
I.4.4.Ph
I.4.5.Viscosité
II.Fluoroquinolones
II.1.1. Structure chimique
II.1.2. Propriétés physicochimiques
II.1.3.Synthèse chimique
II.1.4. Pharmacologie clinique
II.1.5. Indications
II.2. Norfloxacine
II.2.1. Structure chimique
II.2.2. Propriétés physicochimiques
II.2.3. Pharmacologie clinique
II.2.4. Indications
III. Aminosides
III.1.1. Structure chimique
III.2.2. Propriétés physico-chimiques
III.2.3. Pharmacologie clinique
III.2.4. Indications
IV. Acide fusidique
IV.1. Structure chimique
IV.2. Propriétés physicochimiques
IV.3. Pharmacologie clinique
IV.4. Indications
V. Chloramphénicol
V.1. Structure chimique
V.2. Propriétés physicochimiques
V.3. Synthèse chimique
V.4. Pharmacologie clinique
V.5. Indications
VI. Tétracyclines
VII. Rifamycines
VIII. Autres antibiotiques
CONCLUSION

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