Rappel historique du virus de l’hépatite B
La première épidémie enregistrée et provoquée par le virus de l’hépatite B a été observée par Lurman en 1885 chez les employés des chantiers navals vaccinés avec la lymphe d’autres personnes qui présentaient un ictère. C’est en 1963 que le VHB a été découvert quand Blumberg a mis en évidence une réaction entre le sérum d’individus polytransfusés et celui d’un aborigène australien. Ce sérum contenait un antigène qui n’existait pas dans les autres lots ; Blumberg le baptise « antigène Australia » (Allen et Blumberg en 1966). A la fin des années 1966, après plusieurs études Blumberg montre la relation entre cet antigène et l’hépatite B. La structure de ce virus aujourd’hui appelé VHB est vite élucidée. L’antigène Australia est connu aujourd’hui sous le nom d’antigène de surface du VHB (AgHBs) (Blumberg, 1967). Par la suite, des découvertes provenant du monde entier n’ont cessé d’accroitre les connaissances sur le virus, notamment depuis l’avènement de la biologie moléculaire. En 1970, Dane découvre la particule qui porte son nom, d’un diamètre de 40 à 42 nm et qui correspond aux virions (Derdabi, 2010). En 1972 MAGNIUS découvre l’antigène HBe soluble qui est le témoin de la multiplication virale. Au début des années 1980 le génome du virus a été séquencé (Galibert et al., 1979) et les premiers vaccins ont été expérimentés.
Caractéristiques
Structure
Le virus de l’hépatite B a été mis en évidence très tôt par microscopie électronique grâce à la forte concentration de particules virales dans le sérum des malades. Trois types de structures peuvent être observés (Dane et al., 1970) .
➤ Les particules virales infectieuses, appelées particules de Dane correspondant au virion complet. Elles sont les moins fréquentes et ont une forme sphérique de 40 à 45 nm de diamètre. La structure du virion est composée d’une enveloppe formée d’une bicouche lipidique, d’une nucléocapside centrale de 27 nm de diamètre et d’une polymérase virale du VHB qui possède une activité de transcription inverse et d’ADN polymérase (Mason et al in Fauquet et al., 2005) .
➤ Les particules sphériques, très nombreuses, de 18 à 25 nm de diamètre et des filaments de 20 nm de diamètre sur 50 à 250 nm de longueur qui pourraient être des sphères agrégées. Ces deux derniers éléments ont la même structure de l’enveloppe virale et portent l’AgHBs. Ces sphérules et filaments, non infectieux, sont produits en excès. Il peut y avoir en moyenne 3.10¹³ sphères pour 2.10¹² filaments et 2.10¹⁰ particules de Dane dans 1 millilitre de sérum d’un sujet infecté (Tiollet et Chen Zhu, 2010).
Organisation génomique du virus et protéines
Le génome du VHB est formé d’une molécule d’ADN circulaire relâché partiellement double brin (ADNdb ou ADNrc) d’environ 3200 nucléotides. Il est composé d’un brin négatif d’environ 3200 bases, maintenu sous forme circulaire par son extrémité 5’ où se fixe l’ADN polymérase (Claudine, 2008) et un brin positif complémentaire de longueur variable. L’organisation génomique de cette molécule d’ADN est compacte. Elle comprend quatre (4) cadres de lecture ou régions se chevauchant, permettant la transcription et la traduction des gènes viraux, pour aboutir à la synthèse des 7 protéines différentes (D’après WHO, 2008) . Le cadre de lecture S qui délimite les régions pré-S1, S2 et le gène S, code pour trois protéines de surfaces : la protéine L (Large), la protéine M (Middle) et la protéine S (Small) (Charnay et al., 1979). Celle-ci détermine l’antigénicité HBs. Ces 3 protéines partagent le domaine S formé de 4 domaines transmembranaires notés de I à IV. La protéine M contient en plus du domaine S, une extension N-terminale hydrophile, le domaine pre-S2. La protéine L contient, en plus des domaines S et Pre-S2, un domaine supplémentaire pre-S1 qui est myristillé au niveau du résidu glycine en position 2 à l’extrémité N-terminale . A chaque région correspond un codon permettant la lecture des 3 gènes.
o La protéine L correspond à l’expression du gène pré-S1 + pré-S2 + S ;
o La protéine M à l’expression du gène pré-S2 + S ;
o La protéine S à l’expression du gène S.
Le cadre de lecture C avec la région C et le gène C qui code pour 2 protéines : l’antigène HBe et l’antigène HBc (protéine de la capside), protéine cytoplasmique encore appelée protéine de core, détectable dans les hépatocytes infectés mais non secrété dans le plasma. Le cadre de lecture P code l’ADN polymérase, une enzyme permettant la synthèse d’ADN viral. Le cadre de lecture X code la protéine X. Cette dernière joue un rôle important dans la transactivation de la transcription virale (augmentation des ARN messagers) et dans l’augmentation de l’activité de gène de la croissance cellulaire, contribuant ainsi au processus d’oncogenèse de la cellule infectée. Les positions indiquées par les différents cadres de lecture ou Open Reading Frames (ORFs) sont susceptibles de varier en fonction du génotype du VHB.
Cycle de réplication
Les évènements précoces du cycle viral (fixation et pénétration du virion dans la cellule) sont encore mal connus. Les cellules cibles sont les hépatocytes mais aussi certaines cellules sanguines (lymphocytes). Cependant, les études avec des explants d’hépatocytes humain ou de canard, ont suggéré que la région pré-S1 du domaine L de la protéine d’enveloppe est impliqué dans l’attachement du VHB à la cellule hôte (Glebe et al., 2003). Une fois le virus pénètre par endocytose, il libère la nucléocapside dans le cytoplasme (Kann et al., 1997). Après la décapsidation, l’ADN VHB pénètre dans le noyau grâce à des signaux de localisation nucléaire portés par l’AgHBe. Le brin court S (+) complété par l’ADN asymétrique ouvert dans la particule devient double brin circulaire. On parle alors d’ADNccc (covalency closed circular DNA) qui s’associe à des histones cellulaires pour former un « mini chromosome » (Weiser et al., 1982).
La transcription est initiée dans le noyau par une ARN polymérase II qui à partir du brin L (-) de cet ADN super enroulé, produit un ARN pré génomique (ARN pg) de 3,3 kb et des ARN messagers subgénomiques de 2,4 ; 2,1 et 0,5 kb qui codent les protéines de capside, d’enveloppe préS2-S, préS1-S mais aussi P et X.
Dans le cytoplasme, l’ARN pg et la polymérase virale sont incorporés dans les capsides néoformées, où le brin L (-) d’ADN est synthétisé par un processus de transcription inverse par l’ADN polymérase virale. Ce brin L (-) d’ADN sert de matrice pour la synthèse du brin court S (-) alors que l’activité RNase H de la polymérase dégrade l’ARN pré génomique. Les nucléocapsides vont être envoyées vers le réticulum endoplasmique où elles vont acquérir leur enveloppe. Les particules virales infectieuses ainsi formées vont sortir de la cellule par bourgeonnement (Weiser et al., 1982). Certaines nucléocapsides ne sont pas enveloppées et retournent dans le noyau où elles sont désassemblées entrainant la libération du génome viral et redémarrage d’un nouveau cycle de multiplication. Cette étape permet le maintien d’un « pool » d’ADNccc dans le noyau de l’hépatocyte, ce qui rend difficile l’élimination totale du virus par les traitements antiviraux. Les virions sont libérés sans doute par exocytose à partir des vésicules de Golgi (Figure 5). Les protéines d’enveloppe produites en excès s’assemblent en particules sous formes de sphères et de bâtonnets vides (Weiser et al., 1982).
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I: SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
I.1 Rappel historique du virus de l’hépatite B
I.2 Caractéristiques
I.2.1 Structure
I.2.2 Organisation génomique du virus et protéines
I.2.3 Cycle de réplication
I.3 Epidémiologie du virus de l’hépatite B
I.3.1 Répartition géographique du VHB
I.3.2 Situation au Sénégal
I.3.3 Nature et mode de contamination du virus de l’hépatite B
I.4 Evolution de l’hépatite B
I.4.1 L’hépatite B aiguë
I.4.2 L’hépatite B chronique
I.5 Diagnostic au laboratoire d’une infection par le virus des hépatites
I.5.1 Diagnostic virologique du virus de l’hépatite B
I.5.1.1 Recherche des marqueurs non spécifiques
I.5.1.1.1. Transaminases
I.5.1.1.2. Bilirubine
I.5.1.2 Recherche des marqueurs spécifiques
I.5.1.2.1. Diagnostic direct
I.5.1.2.2. Diagnostic indirect
I.5.2 Recherche de L’ADN viral
I.5.3 Méthodes de génotypage
I.5.4 Diagnostic de l’infection par le virus de l’hépatite C
I.5.5 Interprétation des sérologies
I.6 Co-infection hépatite B et C
CHAPITRE II: MATERIEL ET METHODES
II.1. Cadre et population d’étude
II.1.1 Critères d’inclusions
II.1.2 Critères d’exclusions
II.2. Type et période d’étude
II.3. Matériel
II.3.1 Centrifugeuse
II.3.2 L’automate d’immunoanalyse Architect Pus Abbott i-système Ci 9000
II.3.3 Autres matériels utilisés
II.4 Méthode
II.4.1 Variables étudiées
II.4.2 Conditions pré-analytiques
II.4.3 Dosage des marqueurs sur la Plateforme Architect system Abbott Diagnostics, USA
II.4.3.1 Recherche de l’AgHBs par la trousse AgHBs Qualitative II
II.4.3.2. Titrage des Ac anti-HBs par la trousse anti-HBs
II.4.3.3 Recherche de l’AgHBe
II.4.3.4 Recherche des Ac anti HBe, Ac anti HBc et Ac anti VHC
II.5 Analyses statistiques
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
III.1 RESULTATS
III.1.1 Population d’étude
III.1.2 Répartition de la population d’étude en fonction des intervalles d’âge:
III.1.3. Répartitions des patients en fonction des marqueurs sérologiques recherchés:
III.1.4. Distribution de la population d’étude en fonction des intervalles d’âges et du sexe
III.1.5. Répartitions des patients dont le marqueur AgHBs est positif en fonction du motif de prescription
III.1.6. Répartition de la population d’étude selon le statut de la maladie
III.1.7. Répartition des femmes enceintes selon le statut virologique de l’infection
III.1.8. Résultat de la co-infection VHB et VHC
III.2. DISCUSSION
III.2.1 Caractéristique de la population d’étude
III.2.2 Infection par le VHB
III.2.3 Hépatite B et femme en état de grossesse
III.2.4 Hépatite B et insuffisants rénaux
III.2.5 Hépatite B et complication à type CHC
CONCLUSION, RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Webographies