Le monde au 21ème siècle est confronté à deux types de difficultés en matière de santé publique à savoir les maladies non transmissibles et les maladies transmissibles. Le plus grand défi est représenté par les maladies non transmissibles car elles ont connu une croissance exponentielle avec l’urbanisation et l’essor industriel. Les maladies non transmissibles (MNT), également appelées maladies chroniques, ne se transmettent pas d’une personne à une autre contrairement aux maladies transmissibles. Elles sont de longue durée et évoluent en général lentement. Parmi ces MNT nous avons « les TUMEURS OU CANCERS ». [15] Le terme tumeur désigne, en médecine, une augmentation de volume d’un tissu, sans précision de cause. C’est une néoformation de tissus corporels (néoplasie) qui se produit à la suite d’un dérèglement de la croissance cellulaire, de type bénin ou malin. Les tumeurs bénignes sont des tumeurs souvent sans gravité, c’est-à-dire ne pouvant donner lieu à des tumeurs filles (métastases) Les tumeurs malignes sont souvent désignées sous le terme de cancer. En plus d’attaquer les tissus environnants, elles produisent des tumeurs filles (métastases) qui se propagent à travers le sang ou la lymphe. Notre travail portera sur une étude des cas de tumeurs du cuir chevelu. En effet le cuir chevelu est une zone anatomique unique. Son contact étroit avec la boîte crânienne et sa concentration en poils terminaux font ses particularités. Elles représentent une entité assez fréquente. Elles sont dominés essentiellement par les carcinomes basocellulaires et spinocellulaires. L’histoire naturelle, la topographie et l’évolution lente de ces tumeurs initialement asymptomatiques entraînent un retard de détection, augmentant ainsi leur risque de dissémination.
RAPPEL ANATOMOHISTOLOGIQUE DU CUIR CHEVELU
Généralités
Le cuir chevelu présente des particularités anatomiques car il s’agit d’une région pileuse, dont la pilosité est très variable tant sur le plan de la répartition que de la structure. Il s’agit d’une zone peu expansive, richement vascularisée, épaisse, dont les follicules pileux sont situés à la partie profonde du derme, à la fois adhérente aux régions périphériques et mobile dans la région centrale, recouvrant une boîte crânienne décrite classiquement comme sphérique, mais présentant des zones de convexité variable [11].
Anatomie descriptive et chirurgicale
Le cuir chevelu présente une convexité sphérique, sous-tendue par un plan fibreux, et un plan dur osseux ; la conjonction de ces trois éléments en fait une structure non plastique. Il est constitué de 5 couches : la peau, le tissu cellulaire sous-cutané, la galéa, l’espace décollable de Merkel et le périoste crânien.
La Peau : est épaisse, en moyenne 2,5 mm. Elle contient les bulbes des cheveux et se compose de 4 régions superposées qui sont de la superficie vers la profondeur : l’épiderme, la jonction dermo-épidermique, le derme et l’hypoderme. L’épiderme est un épithélium de revêtement, il contient 4 types cellulaire : les kératinocytes, les mélanocytes, les cellules de Langerhans et les cellules de Merkel. Le derme est répartie en : zone superficielle (derme papillaire) et une zone plus profonde (derme réticulaire). L’hypoderme est constitué de lobes séparés par des septums inter lobulaires servant de passage aux vaisseaux et nerfs destinés au derme.
Les annexes de la peau regroupent les poils, des glandes sébacées et des glandes sudorales (eccrines et apocrines). Ces éléments sont d’origine ectoblastique mais logés en grande partie dans le derme et l’hypoderme.
Le tissu cellulaire sous-cutané unissant le derme et la galéa. Il existe entre la peau et le tissu cellulaire sous-cutané un riche réseau vasculaire anastomotique, sous dermique, qu’il faut absolument respecter lors du décollement.
La galéa(ou épicrâne) est une aponévrose inextensible, fibreuse, constituant une lame tendineuse, tendue en arrière entre le muscle occipital, insérée sur la ligne courbe occipitale supérieure, et en avant, le muscle frontal inséré dans le derme des régions sourcilières. Latéralement, elle se poursuit dans le fascia temporopariétal, située au-dessus du muscle temporal et de son aponévrose, et rejoint l’arcade zygomatique. C’est une structure résistante, inextensible, dont la face superficielle est parcourue par les vaisseaux. La dissection doit donc être réalisée dans un plan sous-galéal, afin de préserver la vascularisation.
La striation ou section de ce plan fibreux permet une augmentation de surface de l’ensemble des tissus sous-jacents par extension, mais doit être prudente, afin de préserver cette vascularisation. L’épaisseur de ce scalp chirurgical est d’environ 5 à 8 mm.
L’espace sous aponévrotique de MERKEL est un plan avasculaire, plan de glissement du cuir chevelu sur le périoste, constitué de conjonctive très lâche.
Le périoste, ou péricrâne, est un élément mince, adhérant au niveau des sutures dans lesquelles parfois il s’insinue, et peu adhérant aux autres zones de la table externe de la voûte crânienne. C’est un élément présentant une vascularisation autorisant la greffe, en l’absence de dessiccation. En conclusion, le plan superficiel dermo-épidermique présente une très faible résistance, il ne pourra supporter une suture sous traction. C’est sur le plan fibreux de la galéa que doivent porter les tensions. Ce plan limite en dessous une zone avasculaire de glissement qui sera largement utilisée pour le décollement. Les gains de mobilité ne sont possibles que par la mobilisation des régions frontières occipitales mastoïdiennes et frontales.
Anatomie vasculaire
Vascularisation artérielle
Le cuir chevelu présente une vascularisation riche, anastomotique, permettant de réaliser de nombreux lambeaux et l’ensemble du cuir chevelu peut être revascularisé par un des éléments vasculaires artériels dominants. Cinq pédicules sont présents de chaque côté [37,11] :
– l’artère temporale superficielle dont le calibre est d’environ 2 mm
– l’artère auriculaire postérieure, branche collatérale de la carotide externe
– l’artère occipitale
– l’artère frontale interne
– l’artère frontale externe (supraoculaire et supraorbitaire issue de l’artère ophtalmique, branche de la carotide interne) .
Les vaisseaux abordent le cuir chevelu à la périphérie, dans un plan superficiel par rapport aux muscles peauciers, puis ils se répartissent à la face superficielle de la galéa. Ces vaisseaux se ramifient verticalement pour vasculariser le réseau sous-dermique, à travers l’hypoderme. Il existe donc un double réseau anastomotique riche, superficiel au niveau des plexus sous-dermiques, profond au niveau de la galéa.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. RAPPEL ANATOMOHISTOLOGIQUE DU CUIR CHEVELU
I.1.Généralités
I.2. Anatomie descriptive et chirurgicale
I.3.Anatomie vasculaire
I.4.Drainage lymphatique
I.5. Innervation
II. RAPPEL PHYSIOPATHOLOGIQUE DES TUMEURS DU CUIR CHEVELU
II.1. Facteurs cancérigènes de la peau
II.1.1.Facteurs de risque constitutionnels
II.1.1.1. Le phototype
II.1.1.2. Affections génétiques avec sensibilité aux UV
II.1.2. Facteurs de risque environnementaux
II.1.2.1. L’exposition chronique ou intermittente aux UV
II.1.2.2. Les papillomavirus humains (HPV)
II.1.2.3. L’exposition à certains carcinogènes
II.2. Les lésions précancéreuses
II.2.1 Les kératoses actiniques
II.2.2. La radiodermite
II.2.3. La maladie de Bowen
II.2.4. Les lésions cicatricielles
II.3. Histoire naturelle des cancers
III. LES DIFFERENTS TYPES HYSTOLOGIQUES DE TUMEURS DU CUIR CHEVELU
III.1.Tumeurs épithéliales bénignes
III.1.1 Tumeurs épidermiques
III.1.2. Les naevi pigmentaires
III.1.3. Tumeurs pilaires et sébacées
III.1.4.Tumeurs sudorales
III.2.Tumeurs épithéliales malignes
III.2.1. Carcinome basocellulaire
III.2.2. Carcinome spinocellulaire
III.2.3. Carcinome neuro endocrine
III.3. Tumeurs conjonctives benignes
III.3.1. Lipomes
III.3.2. Chéloïdes
III.3.3. Neurofibrome
III.4. Angiomes
III.5. Sarcomes
III.5.1. Angio sarcomes
III.5.2. Dermato fibrosarcomes de DARIER FERRAND
III.6. Mélanomes
III.7. Lymphomes
III.8. Métastases de cancers visceraux
IV.1. Tumeurs épithéliales
IV.1.1. Tumeurs épithéliales bénignes
IV.1.1.1. Verrues séborrhéiques
IV.1.1.2.Harmatomes verruco sébacé
IV.1.1.3. Naevi pigmentaires
IV.1.1.4. Kystes dermoides et épidermoides
IV.1.2. Tumeurs épithéliales malignes
IV.1.2.1. Carcinomes basocellulaires
IV.1.2.2. Carcinomes spinocellulaires
IV.2. Tumeurs conjonctives
IV.2.1 Lipomes
IV.2.2. Chéloides
IV.2.3 Neurofibromes
IV.3. Sarcomes
IV.3.1.Angiosarcomes
IV.3.2. Dermatofibrosarcome de DARIER FERRAND
IV.4. Angiomes
IV.5. Mélanomes
CONCLUSION