Le cancer de la prostate (CaP) est le deuxiรจme cancer le plus diagnostiquรฉ chez lโhomme aprรจs celui des poumons avec 13,7% des cas. Il passe en premiรจre position, en termes dโincidence, chez les hommes รขgรฉs de plus de 55 ans.(1) Lโincidence du cancer de la prostate, standardisรฉe sur la population mondiale, a fortement augmentรฉ entre 1980 et 2005, passant de 25 ร 127 cas pour 100 000 hommes annรฉes (HA), du fait du dรฉpistage individuel par le dosage du taux de lโantigรจne spรฉcifique de prostate (PSA). Lโincidence a ensuite diminuรฉ pour atteindre 99 cas pour 100 000 HA en 2009 : aprรจs plusieurs annรฉes de dรฉpistage, une partie des cancers prรฉvalant รฉtait diagnostiquรฉ et la prudence sโest instaurรฉe vis-ร -vis du dรฉpistage individuel par la prise de conscience dโun risque de sur-diagnostic et de sur-traitement.(2) La mortalitรฉ diminue rรฉguliรจrement depuis 1990, avec un taux standardisรฉ sur la population Mondiale passant de 18.1 ร 10.2 pour 100 000 HA entre 1990 et 2012, grรขce ร lโamรฉlioration des traitements et ร lโaccรจs au dรฉpistage permettant un diagnostic prรฉcoce.(3) En Guadeloupe, sur la pรฉriode 2008-2012, lโincidence et la mortalitรฉ รฉtaient respectivement de 192,9 et 25,1 pour 100 000 HA (4). Sa prise en charge est multidisciplinaire, avec essentiellement comme moyens curatifs la chirurgie et la radiothรฉrapie. La radiothรฉrapie des CaP est lโutilisation des radiations ionisantes dans le traitement des prolifรฉrations รฉpithรฉliales glandulaires malignes primitives de la prostate. Une radiothรฉrapie est dite conformationnelle quand la dose de rayonnements ionisants utilisรฉe est dรฉlivrรฉe de faรงon homogรจne dans un volume tumoral dรฉfini avec prรฉcision tout en รฉpargnant le plus possible les tissus sains et les organes environnants, cela grรขce ร une imagerie tridimensionnelle initiale de repรฉrage et de repositionnement. Le calcul prรฉcis de la dose ร distribuer est rรฉalisรฉ par l’intermรฉdiaire de collimateurs multilames contrรดlรฉs par ordinateur. Grรขce aux progrรจs rรฉalisรฉs par la radiothรฉrapie conformationnelle, les rรฉsultats obtenus deviennent similaires en termes de contrรดle de la maladie ร ceux de la chirurgie, comme l’ont montrรฉ plusieurs sรฉries comparatives. La radiothรฉrapie est donc actuellement devenue une rรฉelle alternative ร la chirurgie qui doit รชtre proposรฉe ร tout patient porteur d’un cancer de prostate (5). Malgrรฉ les importantes avancรฉes, la disponibilitรฉ des techniques est plutรดt hรฉtรฉrogรจne. Nous avons rรฉalisรฉ une รฉtude rรฉtrospective, dans le service de radiothรฉrapie du CHU de Pointe-ร -Pitre en Guadeloupe oรน nous avons sรฉjournรฉ, dans le cadre de notre formation en radiothรฉrapie, pendant une annรฉe.
Gรฉnรฉralitรฉsย
Epidรฉmiologieย
Epidรฉmiologie descriptiveย
Le cancer de la prostate (CaP) est le deuxiรจme cancer le plus frรฉquemment diagnostiquรฉ et la sixiรจme cause de dรฉcรจs par cancer chez les hommes dans le monde, avec environ 1 276 000 nouveaux cas de cancer et 359 000 dรฉcรจs en 2018(1).
Aprรจs une forte augmentation de lโincidence entre 1980 (20 000 cas โ 24,8/100 000 hommes-annรฉes) et 2005 (64 457 cas โ 124,5/100 000) du fait de lโusage large de lโantigรจne spรฉcifique de prostate (PSA) et de lโamรฉlioration des moyens diagnostiques, on a observรฉ une baisse trรจs nette de celle-ci en 2011 (53 917 cas โ 97,7/100 000) (6). Les taux d’incidence estimรฉs les plus รฉlevรฉs ont รฉtรฉ observรฉs en Australie / Nouvelle-Zรฉlande, en Amรฉrique du Nord, en Europe occidentale et septentrionale et dans les Caraรฏbes, et les taux les plus faibles en Asie centrale du Sud, en Afrique du Nord et en Asie du Sud-Est et de l’Est (7). Aux Antilles franรงaises, lโincidence du cancer de la prostate et sa mortalitรฉ sont plus รฉlevรฉes quโen France mรฉtropolitaine (50 % des cas incidents masculins โ 140/100 000), ร lโinverse de toutes les autres localisations des cancers (tant chez lโhomme que chez la femme). Ceci est en lien avec lโorigine ethnique africaine de la majoritรฉ de cette population insulaire et probablement la pollution environnementale au chlordรฉcone (8). Sur la pรฉriode 2008-2012, en Guadeloupe on a un taux standardisรฉ sur lโรขge de la population mondiale pour 100 000 personnes/an ร 192,9 et une mortalitรฉ ร 25,1 (9).
Epidรฉmiologie analytique
Facteurs de risque
Lโรขge :
Le cancer de la prostate est rare avant 50 ans (< 0,1 % des cas) mais son incidence croรฎt fortement ensuite et plus de 75 % des nouveaux cas de cancers sont diagnostiquรฉs aprรจs 65 ans (10).
Susceptibilitรฉ gรฉnรฉtique
Une forme familiale de la maladie est suspectรฉe lorsquโau moins trois cas ont รฉtรฉ diagnostiquรฉs chez le pรจre et/ou les frรจres dโune mรชme famille. On considรจre que 5 ร 10 % des cas de cancers de la prostate diagnostiquรฉs en France sont dโorigine hรฉrรฉditaire. Certaines mutations de gรจnes prรฉdisposeraient ร ce type de cancer telle que la mutation du gรจne BRCA2 (Breast Cancer gene 2) (11).
Origine ethnique et gรฉographique
Aux รtats-Unis la plus grande incidence est observรฉe chez les Afro-Amรฉricains (137/100 000) chez qui elle est supรฉrieure de plus de 30 %, par rapport aux Amรฉricains caucasiens (100,8/100 000). Lโincidence la plus basse est observรฉe en Chine, au Japon et en Inde. En France lโincidence est de 56,4 nouveaux cas par an pour 100 000 personnes. Dans les dรฉpartements franรงais dโoutre-mer, la Guadeloupe aurait un taux dโincidence proche de celui des populations afro-amรฉricaines (10).
Environnement et alimentation
Certains environnements professionnels comme celui de lโagriculture semblent exposer les hommes ร un sur-risque de cancer de la prostate : des polluants chimiques comme les pesticides, le cadmium, les hydrocarbures polycycliques aromatiques pourraient ainsi รชtre impliquรฉs, mais ces donnรฉes demandent encore ร รชtre confirmรฉes (12). Plusieurs observations permettent de suspecter le rรดle combinรฉ de facteurs gรฉnรฉtiques et dโenvironnement pour expliquer ces variations. Lโaugmentation de la frรฉquence des cancers de la prostate chez les hommes qui ont รฉmigrรฉ des pays dโAsie vers les รtats-Unis suggรจre le rรดle de facteurs environnementaux : les Asiatiques vivant aux รtats-Unis ont un risque de cancer de la prostate plus รฉlevรฉ que leurs homologues qui vivent en Asie (13). Lโalimentation aurait un rรดle potentiel (augmentation du risque avec une consommation excessive en viande rouge ou en graisses animales ou une alimentation insuffisante en fruits et lรฉgumes).
Prรฉvention
A ce jour, il nโexiste aucun mรฉdicament capable de prรฉvenir le risque de cancer de la prostate et aucune recommandation nโest validรฉe dans la prรฉvention de cette pathologie.
En revanche des mesures hygiรฉno-diรฉtรฉtiques se sont rรฉvรฉlรฉes efficaces durant des รฉvaluations :
โย limiter la consommation de viande rouge ;
โย limiter la consommation de graisses animales ;
โย limiter la consommation de calcium.
Rappels anatomiquesย
Description
La prostate est la glande exocrine la plus volumineuse de lโappareil urogรฉnital masculin. Elle est situรฉe au croisement des voix gรฉnitales et urinaires, en sous pรฉritonรฉale, entre la vessie au-dessus, la symphyse pubienne en avant, Le plancher pelvien en dessous, autour de lโurรจtre proximal, le rectum en arriรจre. Ce qui en fait une glande profonde dans la cavitรฉ pelvienne. (Figure 3). De forme conique, elle prรฉsente 4 faces : antรฉrieure, postรฉrieure et latรฉrales, une base et un sommet ou apex. Elle mesure Environ 30 mm de hauteur, 20 mm de largeur 25 mm dโรฉpaisseur en moyenne et pรจse entre 15 et 25 grammes ร Lโรขge adulte, lorsquโelle est saine.
Anatomie zonale : Modรจle de Mc Neal
Plus orientรฉe vers la chirurgie, il dรฉcrit deux zones principales reprรฉsentant 95 % de la glande (zone pรฉriphรฉrique et zone centrale). Les 5% restant sont constituรฉs par la zone transitionnelle, une zone fibro-musculaire antรฉrieure et une zone pรฉri-urรฉtrale (15).
Vascularisation
Vascularisation artรฉrielle
La vascularisation artรฉrielle de la prostate est variable mais gรฉnรฉralement assurรฉe par lโartรจre iliaque interne par lโintermรฉdiaire de lโartรจre vรฉsicale intรฉrieur. Celle-ci donne des branches capsulaires antรฉrieurs et postรฉrieures qui vascularisent la prostate pรฉriphรฉrique et des branches urรฉtrale qui vascularisent le col vรฉsical et la prostate pรฉri-urรฉtrale. Lโartรจre pudendale interne participe aussi ร la vascularisation de la prostate, de mรชme que lโartรจre rectale moyenne de maniรจre accessoire.
Drainage veineux
Le Drainage veineux de la prostate est assurรฉ par les veines iliaques internes par lโintermรฉdiaire du plexus de SANTORINI parcourant le fascia prรฉ-prostatique pour rejoindre les veines iliaques internes.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
1. Gรฉnรฉralitรฉs
1.1. Epidรฉmiologie
1.1.1. Epidรฉmiologie descriptive
1.1.2. Epidรฉmiologie analytique
1.1.2.1. Facteurs de risque
1.1.2.2. Prรฉvention
1.2. Rappels anatomiques
1.2.1. Description
1.2.2. Vascularisation
1.2.2.1. Vascularisation artรฉrielle
1.2.2.2. Drainage veineux
1.2.2.3. Drainage lymphatique
1.2.3. Innervation
1.3. Extension
1.4. Rappels anatomo-pathologiques
1.4.1. Score de Gleason
1.4.2. Classification ISUP 2014
2. Bases diagnostiques
2.1. Circonstances de dรฉcouverte
2.2. Examen clinique
2.3. Examens para-cliniques
2.3.1. Biologie
2.3.2. Biopsie prostatique
2.3.3. Bilan dโextension
2.4. Classification
2.4.1. Classification de DโAmico
2.4.2. TNM de 2010. (AJCC)
3. Traitement
3.1. Moyens et mรฉthodes
3.1.1. Radiothรฉrapie externe
3.1.1.1. Technique de radiothรฉrapie
3.1.2. Curiethรฉrapie
3.1.3. La prostatectomie totale (PT)
3.1.4. Surveillance active
3.1.5. Les traitements focaux
3.1.5.1. Ultra-sons focalisรฉs ร haute intensitรฉ (HIFU)
3.1.5.2. Cryothรฉrapie
3.1.6. Hormonothรฉrapie (HT)
3.1.7. La chimiothรฉrapie
3.2. Indications
3.2.1. Cancer localisรฉ
3.2.2. Cancer localement avancรฉ
3.2.3. Cancer mรฉtastatique
DEUXIEME PARTIE
1. Matรฉriel et mรฉthode
1.1. Cadre dโรฉtude
1.2. Type dโรฉtude et pรฉriode
1.3. Objectifs
1.4. Population รฉtudiรฉe
1.5. Recueil des donnรฉes
1.6. Mรฉthodes dโanalyse
1.7. Considรฉrations รฉthiques
2. Rรฉsultats
2.1. Donnรฉes รฉpidรฉmiologiques
2.1.1. Population et รขge
2.2. Donnรฉes cliniques
2.2.1. Comorbiditรฉs
2.2.2. Les circonstances de dรฉcouverte
2.2.3. Rรฉpartition selon lโรฉtat gรฉnรฉral
2.2.4. Rรฉsultat du toucher rectal (TR)
2.3. Le taux de PSA
2.4. Donnรฉes anatomopathologiques
2.4.1. Le type histologique
2.4.2. Le score de Gleason
2.5. Donnรฉes de lโimagerie
2.5.1. Bilan dโextension local
2.5.2. Bilan dโextension ร distance
2.6. Classification
2.7. Traitement
2.7.1. La radiothรฉrapie
2.7.1.1. Dรฉlai de mise en traitement
2.7.1.2. Donnรฉes de la radiothรฉrapie
2.7.2. Lโhormonothรฉrapie
2.8. Rรฉsultats du traitement
2.8.1. Toxicitรฉ
2.8.2. Rรฉponse thรฉrapeutique
3. Discussion
3.1. Epidรฉmiologie
3.2. Aspects cliniques
3.3. Aspects paracliniques
3.3.1. La biologie
3.3.2. Lโhistologie
3.3.3. Le bilan dโextension
3.4. Traitement et rรฉsultats
3.4.1. Place de la radiothรฉrapie dans le traitement du CaP
3.4.2. La survie
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES