Les espรจces rรฉactives de l’oxygรจne produites dans les cellules comprennent le peroxyde d’hydrogรจne (H2O2), l’acide hypochloreux (HClO), et des radicaux libres tels que le radical hydroxyle (โขOH) et l’anion superoxyde (O2โ ) (Valko et al., 2007). Le radical hydroxyle est particuliรจrement instable et va rรฉagir rapidement et de maniรจre non spรฉcifique avec la plupart des molรฉcules biologiques. Cette espรจce est produite ร partir du peroxyde d’hydrogรจne dans des rรฉactions d’oxydo-rรฉduction catalysรฉe par un mรฉtal, tels que la rรฉaction de Fenton (Stohs et Bagchi, 1995). Ces agents oxydants peuvent endommager les cellules en commenรงant par des rรฉactions chimiques en chaรฎne telle que la peroxydation des lipides, ou par oxydation de l’ADN ou des protรฉines (Sies, 1997). Des dommages ร l’ADN peuvent provoquer des mutations et, รฉventuellement, le cancer, faute de remรจde par des mรฉcanismes de rรฉparation de l’ADN (Nakabeppu et al., 2006; Valko et al., 2004), tandis que les dommages aux protรฉines provoque une inhibition de l’enzyme, la dรฉnaturation et la dรฉgradation des protรฉines (Stadtman, 1992).
Les dommages oxydatifs provoquรฉs par le stress oxydant appelรฉ aussi stress oxydatif sont impliquรฉs dans lโรฉtiologie du cancer, des maladies cardiovasculaires et dโautres maladies dรฉgรฉnรฉratives. La peroxydation lipidique induite par les radicaux libres a รฉtรฉ proposรฉe pour รชtre impliquรฉe de maniรจre critique dans plusieurs รฉtats pathologiques dont le cancer, la polyarthrite rhumatoรฏde et une lรฉsion de la rรฉoxygรฉnation post-ischรฉmique ainsi que dans les processus dรฉgรฉnรฉratifs associรฉs au vieillissement (Kesiฤ et al., 2009).
Au cours de ces derniรจres annรฉes, un nombre croissant de rapports confirment que beaucoup de fruits et lรฉgumes peuvent offrir une protection contre certaines maladies chroniques causรฉes par le stress oxydatif (Sun et al., 2009), et une attention considรฉrable a รฉtรฉ portรฉe aux propriรฉtรฉs antioxydantes des plantes qui peuvent รชtre utilisรฉs pour la consommation humaine. Les composรฉs phรฉnoliques suscitent un intรฉrรชt considรฉrable dans le domaine de l’alimentaire, de la chimie et de la mรฉdecine en raison de leur potentiel antioxydant prometteur (Kalia et al., 2008). Les composรฉs phรฉnoliques ou polyphรฉnols sont largement distribuรฉs dans le rรจgne vรฉgรฉtal et sont les mรฉtabolites secondaires les plus abondants dans les plantes. Ces mรฉtabolites comprennent de nombreuses classes de composรฉs allant des acides phรฉnoliques simples aux flavonoรฏdes complexes (Nawaz et al., 2006). Les รฉventuels avantages de la consommation des polyphรฉnols pour la santรฉ ont รฉtรฉ suggรฉrรฉs de dรฉriver de leurs propriรฉtรฉs antioxydantes et anti-inflammatoires (Queen et Tollefsbol, 2010). Ils ont รฉgalement des activitรฉs anti-ulcรฉreuse (Saito et al., 1998), anti cancรฉrigรจne (Liu et Castonguay, 1991) et anti-mutagรจne (Liviero et al., 1994). La raison de ces activitรฉs est le fort caractรจre antioxydant des polyphรฉnols, qui est basรฉe sur leur capacitรฉ ร absorber les radicaux libres (Nawaz et al., 2006) .
Radicaux libres, stress oxydatif et antioxydants
Les radicaux libres sont produits par divers mรฉcanismes physiologiques car ils sont utiles pour lโorganisme ร dose raisonnable. Cette production physiologique est parfaitement maรฎtrisรฉe par des systรจmes de dรฉfense. Dans les circonstances normales, on dit que la balance antioxydantes/ prooxydants est en รฉquilibre. Si tel nโest pas le cas, que ce soit par dรฉficit en antioxydants ou par suite dโune surproduction de radicaux, lโexcรจs de ces radicaux est appelรฉ Stress oxydatif. Il est maintenant admis que le phรฉnomรจne de stress oxydant est impliquรฉ dans l’รฉtiologie de nombreuses maladies neurodรฉgรฉnรฉratives (Alzheimer, Parkinson, Huntington), de dรฉsordres pathologiques, mais รฉgalement dans les phรฉnomรจnes de vieillissement (Favier, 2003).
Radicaux libresย
Un radical libre est une espรจce chimique possรฉdant un รฉlectron cรฉlibataire sur sa couche pรฉriphรฉrique. La molรฉcule dโoxygรจne (ou dioxygรจne, O2) prรฉsente la particularitรฉ dโavoir la structure dโun biradical libre , en raison de ses deux รฉlectrons cรฉlibataires situรฉs sur les deux orbitales de plus grande รฉnergie.
Ne possรฉdant quโun seul รฉlectron sur ses orbitales, lโoxyde dโazote (NO) est un radical peu rรฉactif, synthรฉtisรฉ ร partir dโun atome dโazote et dโune molรฉcule dโoxygรจne. Dans les phรฉnomรจnes de stress oxydant prenant place dans les milieux biologiques, les radicaux libres qui interviennent, partagent pour caractรฉristique celle dโavoir un รฉlectron cรฉlibataire sur un atome dโoxygรจne ou dโazote. Ceci leur confรจre la dรฉnomination dโespรจces rรฉactives de lโoxygรจne (EOR ou ROS) ou de lโazote (EAR ou RNS).
Espรจces rรฉactives de lโoxygรจne (ERO)ย
On distingue alors deux grands groupes de molรฉcules rรฉactives impliquรฉes dans le stress oxydant: les espรจces radicalaires et les espรจces non-radicalaires. La rรฉactivitรฉ dโun radical libre varie dโun radical ร un autre et dรฉpend de lโenvironnement oรน ils se trouvent. Leurs constantes de vitesse rรฉactionnelle sont trรจs รฉlevรฉes (Delattre et al., 2005a).
Les espรจces oxygรฉnรฉes rรฉactives radicalairesย
* Lโanion radical superoxyde (O2โข- ) est le rรฉsultat de lโapport dโun รฉlectron supplรฉmentaire ร la structure initiale de lโoxygรจne. Malgrรฉ une rรฉactivitรฉ moyenne, ce radical a quelques cibles privilรฉgiรฉes telles que le cytochrome c (Fe 3+), lโascorbate et surtout le superoxyde dismutase.
* Plus rรฉactif que le prรฉcรฉdent, le radical perhydroxyle HO2โข est obtenu aprรจs protonation de ce dernier ร pH infรฉrieur ร 4,8 (pKa (HO2โข/ O2โข- ) = 4,8).
* La rรฉduction monoรฉlectronique du peroxyde dโhydrogรจne H2O2 donne naissance au radical hydroxyle HOโข et ร lโanion basique non radicalaire OHen prรฉsence dโun catalyseur (rรฉaction de Fenton: H2O2 + Fe2+ โ HOโข + Fe3+ + OH- ). Cette espรจce chimique particuliรจrement rรฉactive joue un rรดle majeur dans la peroxydation lipidique et la destruction du matรฉriel gรฉnรฉtique (Hennebelle, 2006).
* Le radical peroxyle RO2โข est un radical secondaire issu de lโaddition de lโoxygรจne sur les radicaux centrรฉs sur le radical Rโข . Sa rรฉactivitรฉ se situe entre lโanion radical superoxyde et le radical hydroxyle.
* Le radical secondaire alkoxyle ROโข est produit suite ร la dรฉcomposition de lโhydroperoxyde RO2H, issu de lโoxydation de substrat RH, par des cations mรฉtalliques.
Les espรจces oxygรฉnรฉes non radicalairesย
Lโoxygรจne singulet 1O2, qui est la forme diamagnรฉtique de lโoxygรจne, est produit en prรฉsence de rayonnement UV ou par les leucocytes. Bien quโil ne soit pas un radical, il joue un rรดle dans le vieillissement cutanรฉ et certaines maladies liรฉes ร lโรขge (Choe et Min, 2005; Hennebelle, 2006).
Sous sa forme molรฉculaire, le peroxyde dโhydrogรจne H2O2 est รฉgalement toxique, en particulier ร cause de sa transformation en radical hydroxyle en prรฉsence de cations mรฉtalliques Fe2+ et Cu+ , lors de rรฉactions de type ยซ Fenton ยป (Wardman et Candeias, 1996). La myรฉloperoxydase convertit le peroxyde dโhydrogรจne en acide hypochlorique (HOCl) ร des concentrations physiologiques. Ce dernier peut rรฉagir avec les fonctions aminรฉes des protรฉines pour former des chloramines (Sumaya Martinez, 2004).
|
Table des matiรจres
Introduction
Partie bibliographique
Chapitre 1: Radicaux libres, stress oxydatif et antioxydants
1. Radicaux libres
1.1. Espรจces rรฉactives de lโoxygรจne (ERO)
1.1.1. Les espรจces oxygรฉnรฉes rรฉactives radicalaires
1.1.2. Les espรจces oxygรฉnรฉes non radicalaires
1.2. Espรจces rรฉactives azotรฉes (ERN)
1.2.1. Espรจces radicalaires azotรฉes
1.2.2. Espรจces non radicalaires azotรฉes
2. Production de radicaux libres
2.1. Production intracellulaire
2.2. Production extracellulaire
3. Rรดle des radicaux libres
3.1. Rรดle des radicaux libres chez lโhomme
3.2. Rรดle des radicaux libres chez les plantes
4. Stress oxydatif
5. Antioxydants et protection cellulaire
5.1. Systรจmes antioxydants enzymatiques endogรจnes
5.2. Systรจmes antioxydants non-enzymatiques
5.2.1. Systรจmes antioxydants endogรจnes
5.2.2. Systรจmes antioxydants exogรจnes
Chapitre 2: Composรฉs phรฉnoliques
1. Gรฉnรฉralitรฉs, structures et classification
2. Flavonoรฏdes
3. Anthocyanosides
4. Tannins
4.1. Tannins hydrolysables
4.2. Tannins condensรฉs ou tannins catรฉchiques ou proanthocyanidols
5. Acides phรฉnoliques et phรฉnols simples
5.1. Acide phรฉnoliques dรฉrivรฉs de lโacide benzoรฏque
5.2. Acide phรฉnoliques dรฉrivรฉs de lโacide cinnamique
5.3. Phรฉnols simples
6. Coumarines
7. Quinones
8. Stilbรจne
9. Lignanes
Chapitre 3: Prรฉsentation des plantes รฉtudiรฉes
1. Marrubium deserti De Noรฉ.
1.1. Place dans le systรฉmatique
1.2. Description botanique
1.3. Habitat et rรฉpartition gรฉographique
1.4. Usage traditionnel
2. Anvillea radiata Coss. & Dur.
2.1. Place dans la systรฉmatique
2.2. Description botanique
2.3. Habitat et rรฉpartition gรฉographique
2.4. Usage traditionnel
3. Cistanche tinctoria (Desf.) Beck
3.1. Place dans la systรฉmatique
3.2. Description botanique
3.3. Habitat et rรฉpartition gรฉographique
3.4. Usage traditionnel
4. Ferula vesceritensis Coss. & Dur
4.1. Place dans la systรฉmatique
4.2. Description botanique
4.3. Habitat et rรฉpartition gรฉographique
4.4. Usage traditionnel
5. Pituranthos chloranthus Coss. & Dur
5.1. Place dans la systรฉmatique
5.2. Description botanique
5.3. Habitat et rรฉpartition gรฉographique
5.4. Usage traditionnel
6.1. Place dans la systรฉmatique
6.2. Description botanique
6.3. Habitat et rรฉpartition gรฉographique
6.4. Usage traditionnel
7. Genista saharae Coss. & Dur.
7.1. Place dans la systรฉmatique
7.2. Description botanique
7.3. Habitat et rรฉpartition gรฉographique
7.4. Usage traditionnel
8. Limoniastrum guyonianum Dur.
8.1. Place dans la systรฉmatique
8.2. Description botanique
8.3. Habitat et rรฉpartition gรฉographique
8.4. Usage traditionnel
9. Periploca laevigata Act.
9.1. Place dans la systรฉmatique
9.2. Description botanique
9.3. Habitat et rรฉpartition gรฉographique
9.4. Usage traditionnel
10. Ammodaucus leucotrichus Coss. & Dur
10.1. Place dans la systรฉmatique
10.2. Description botanique
10.3. Habitat et rรฉpartition gรฉographique
10.4. Usage traditionnel
Partie expรฉrimentale
Chapitre 1: Matรฉriel et mรฉthodes
1. Matรฉriel
1.1. Matรฉriel vรฉgรฉtal
1.2. Choix des plantes
1.3. Produits chimiques
1.4. Souches bactรฉriennes
2. Mรฉthodes
2.1. Objectifs et mรฉthodologie
2.2. Tests phytochimiques
2.3. Prรฉparation des extraits bruts hydromรฉthanoliques (Ebr)
2.4. Extraction de Cistanche violacea et Periploca laevigata
2.4.1. Extraction pour le test de lโactivitรฉ antioxydante
2.4.1.1. Extraction ร froid ou Macรฉration
2.4.1.2. Extraction ร chaud ou extraction au Soxhlet
2.4.2. Extraction et fractionnement pour le test antibactรฉrien
2.5. Calcul de rendement
2.6. Dosage des composรฉs phรฉnoliques
2.6.1. Dosage des composรฉs phรฉnoliques totaux (TCP)
2.6.2. Dosage des flavonoรฏdes
2.7. Evaluation de lโactivitรฉ antioxydante
2.7.1. Test ABTS
2.7.2. Test DPPH
2.7.3. Pouvoir rรฉducteur (FRAP, Ferric Reducing Antioxydant Power)
2.7.4. Pouvoir rรฉducteur (PR)
2.8. Evaluation de lโactivitรฉ antibactรฉrienne
2.8.1. Test de diffusion en milieu gรฉlosรฉ
2.8.2. Dรฉtermination de la CMI et de la CMB
2.9. Analyse statistique
Chapitre 2: Rรฉsultats et discussion
1. Tests phytochimiques
2. Rendement dโextraction et teneur en polyphรฉnols totaux des extraits bruts
3. Activitรฉ antioxydante des extraits bruts hydromรฉthanoliques
4. Corrรฉlation entre teneur en polyphรฉnols totaux et activitรฉ antioxydante
5. Etude des deux espรจces P. laevigata et C. violacea
5.1. Teneur en composรฉs phรฉnoliques
5.2. Evaluation de lโactivitรฉ antioxydante par le test DPPH
5.3. Evaluation de lโactivitรฉ antibactรฉrienne
5.3.1. Activitรฉ antibactรฉrienne des extraits bruts par la mรฉthode des disques
5.3.2. Dรฉtermination de la CMI et la CMB
5.3.3. Activitรฉ antibactรฉrienne des fractions de lโespรจce C. violacea
Conclusion et perspectives
Rรฉfรฉrences bibliographiques