RADICAUX LIBRES ET ANTIOXYDANTS
Radicaux libresย
Dรฉfinition
Un radical libre est une molรฉcule ou un fragment molรฉculaire qui contient un รฉlectron (ou plus) non appariรฉ [5]. Ainsi, le radical se trouve, dotรฉ dโune rรฉactivitรฉ particuliรจre et peut rรฉagir avec dโautres atomes ou molรฉcules et se comporter, selon le cas, comme un oxydant ou comme un rรฉducteur, afin dโapparier son รฉlectron cรฉlibataire. Il aura donc tendance soit ร donner son รฉlectron, soit ร crรฉer une liaison pour combler son orbitale [6].
Nature des radicaux libres
Espรจces rรฉactives dรฉrivรฉes de lโoxygรจne
Lโoxygรจne doit sa grande rรฉactivitรฉ ร sa structure particuliรจre. En effet, il possรจde deux รฉlectrons radicalaires non appropriรฉs sur sa couche orbitale externe. Cette molรฉcule est essentielle au bon fonctionnement de lโorganisme [7]. Les mitochondries utilisent la plus grosse part de lโoxygรจne inspirรฉ pour la production dโรฉnergie. Cependant 2 ร 3% de cet oxygรจne utilisรฉ par les mitochondries lors de lโactivitรฉ mรฉtabolique normale est inรฉvitablement ร lโorigine de radicaux libres oxygรฉnรฉs, hautement toxiques.
Ion superoxyde : O2ยฐ-
La majeure partie de l’oxygรจne que nous respirons subit une rรฉduction tรฉtravalente (addition de 4 รฉlectrons) conduisant ร la production d’eau. Cette rรฉaction est catalysรฉe par la cytochrome oxydase, accepteur terminal dโรฉlectrons prรฉsents dans le complexe IV de la chaรฎne de transport des รฉlectrons situรฉe dans la membrane interne mitochondriale.
O2 + 4 e- + 4 H+ โ 2H2O
Toutefois, cette chaรฎne de transport peut laisser ยซ fuir ยป une certaine proportion d’รฉlectrons qui vont rรฉduire l’oxygรจne, mais en partie seulement. C’est ainsi qu’environ 2% de l’oxygรจne subit une rรฉduction monoรฉlectronique (addition d’un seul รฉlectron) conduisant ร la formation du radical superoxyde O2ยฐ- [1].
ยฐO-Oยฐ + e- โ O-Oยฐ (O2ยฐ-)
Lโion superoxyde (O2ยฐ- ) est un dรฉrivรฉ trรจs rรฉactif de lโoxygรจne. Relativement stable, il nโest pas trรจs toxique pour lโorganisme. Mais il est ร lโorigine de cascades de rรฉactions conduisant ร la production de molรฉcules trรจs nocives [5].
Radical libre hydroxyle : OHยฐ
Le radical libre hydroxyle (OHยฐ) est trรจs rรฉactif. Son temps de demi-vie en milieu aqueux est de 10โปโถ secondes. Il peut rรฉagir avec de nombreuses molรฉcules comme lโADN, les glucides, les nuclรฉotides, les protรฉines et รชtre ร lโorigine de lรฉsions de nรฉcrose [5]. Cโest un dรฉrivรฉ de lโion superoxyde. Il peut รชtre produit ร la suite de diverses rรฉactions.
Autres espรจces rรฉactives dรฉrivรฉs dโoxygรจneย
Il existe, dans la cellule, dโautres oxydants trรจs puissants, quโils soient des radicaux libres ou non. Par exemple, des oxydants chlorรฉs (HOCl) sont libรฉrรฉs par les macrophages et ont une activitรฉ bactรฉricide importante. Par ailleurs, le radical monoxyde dโazote (ยฐNO) est un radical libre qui est surtout rรฉputรฉ pour ses propriรฉtรฉs physiologiques. Or, le ยฐNO interagit avec lโanion superoxyde pour donner le peroxynitrite, composรฉ extrรชmement rรฉactif et toxique. ยฐNO et peroxynitrite interagissent avec des protรฉines et peuvent altรฉrer leurs propriรฉtรฉs. Dโautres molรฉcules comme les hydroquinones se retrouvent sous forme de radicaux libres aprรจs leur rรฉaction avec le radical OHยฐ, et, de par leur structure, stabilisent leur รฉlectron cรฉlibataire (radical semi-quinonique). Elles sont ainsi susceptibles de diffuser dans la cellule et dโoxyder dโautres molรฉcules ร distance, propageant ainsi une chaรฎne de rรฉactions radicalaires [10].
Espรจces libres non oxygรฉnรฉesย
Les espรจces libres non oxygรฉnรฉes sont les produits des rรฉactions de certaines molรฉcules avec les ERO. Ils peuvent ร leur tour rรฉagir avec dโautres molรฉcules et รชtre ร lโorigine de la multiplication des rรฉactions dโoxydation et de la propagation de dommages oxydatifs. Par exemple, les acides gras peroxydรฉs, rรฉsultats de lโaction des espรจces oxygรฉnรฉes sur les membranes biologiques (figure 1). Les fractions protรฉiques, les acides aminรฉs et les acides nuclรฉiques peuvent aussi rรฉagir avec les ERO gรฉnรฉrant des molรฉcules rรฉactives et nocives [9].
Production des radicaux libresย
La production de ces espรจces oxydantes est une consรฉquence inรฉvitable du mรฉtabolisme aรฉrobie. En effet, lโorganisme a besoin dโO2 pour produire de lโรฉnergie au cours des rรฉactions dites de respirations oxydatives. Cependant, une faible partie de lโoxygรจne รฉchappe ร sa rรฉduction en eau, au niveau de la mitochondrie. Elle peut alors รชtre ร lโorigine de la production de radicaux libres oxygรฉnรฉs [11].
Les autres sources de production de radicaux libres peuvent รชtre classรฉes en deux catรฉgories :
– les sources endogรจnes : les radicaux libres sont des produits des rรฉactions de lโorganisme,
– les sources exogรจnes : les รชtres vivants sont exposรฉs quotidiennement ร des polluants (fumรฉe de cigarette, rayons ultraviolets, radiationsโฆ) susceptibles dโรชtre ร lโorigine de la production de radicaux libres, une fois dans lโorganisme.
Cibles biologiques et lรฉsions cellulaires associรฉes aux radicaux libres
Les radicaux libres sont instables et cherchent ร sโapparier avec un รฉlectron dโune autre molรฉcule. Ils sont ร lโorigine de rรฉactions en chaรฎne qui conduisent ร des destructions cellulaires. La plupart des molรฉcules biologiques y sont sensibles : acides gras et lipides complexes, acides aminรฉs et protรฉines, bases puriques et acides nuclรฉiques.
Protรฉines
Les acides aminรฉs sont trรจs sensibles au radical hydroxyle (OHยฐ ), en particulier :
– les soufrรฉs : la cystรฉine sโoxyde en cystine ou en acide cystรฉique et la mรฉthionine en sulfoxyde ou sulfone ;
– les basiques : histidine, lysine, arginine en dรฉrivรฉs carbonylรฉs ou hydroxylรฉs semi-aldรฉhydes ;
– les aromatiques : la phรฉnylalanine en ortho-tyrosine, le tryptophane en cynurรฉnine, la tyrosine en DOPA, ou encore nitration par les peroxynitrites [13].
Les radicaux libres peuvent rรฉagir avec les diffรฉrents acides aminรฉs et donc altรฉrer la structure des protรฉines. Les fonctions de multiples enzymes, de rรฉcepteurs et de protรฉines de transport cellulaire peuvent ainsi รชtre modifiรฉes. Toute la machinerie cellulaire peut รชtre affectรฉe.
Glucides
Les radicaux libres peuvent aussi agir sur le glucose et gรฉnรฉrer des intermรฉdiaires rรฉactifs ; les dommages oxydatifs peuvent alors se propager via lโattaque des radicaux formรฉs sur dโautres molรฉcules [14].
Lipides
Les radicaux libres peuvent attaquer les lipides et notamment les acides gras monoinsaturรฉs (AGMI) et polyinsaturรฉs (AGPI) des phospholipides membranaires. Ils sont ร lโorigine de rรฉaction de peroxydation. Il sโagit dโune succession de rรฉactions radicalaires ร lโorigine de la libรฉration de molรฉcules rรฉactives.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
CHAPITRE I : RADICAUX LIBRES ET ANTIOXYDANTS
I. Radicaux libres
I.1. Dรฉfinition
I.2. Nature des radicaux libres
I.2.1. Espรจces rรฉactives dรฉrivรฉes de lโoxygรจne
I.2.1.1. Ion superoxyde : O2ยฐ-
I.2.1.2. Radical libre hydroxyle : OHยฐ
I.2.1.3. Oxygรจne singulet : 1O2
I.2.1.4. Radical peroxyde : H2O2
I.2.1.5. Autres espรจces rรฉactives dรฉrivรฉs dโoxygรจne
I.2.2. Espรจces libres non oxygรฉnรฉes
I.3. Production des radicaux libres
I.4. Cibles biologiques et lรฉsions cellulaires associรฉes aux radicaux libres
I.4.1. Protรฉines
I.4.2. Glucides
I.4.3. Lipides
I.4.4. ADN
I.5. Effets bรฉnรฉfiques des radicaux libres
I.6. Stress oxydant
I.7. Stress oxydant et pathologie
II. Antioxydants
II.1.Dรฉfinition
II.2.Mode dโaction des antioxydants
II.3.Diffรฉrentes localisations cellulaires des antioxydants
II.4.Classification des antioxydants
II.4.1. Classification par rapport au mรฉcanisme dโaction
II.4.1.1.Systรจme de dรฉfense primaire
II.4.1.2.Systรจme de dรฉfense secondaire
II.4.2. Classification suivant la nature chimique
II.4.2.1.Antioxydants enzymatiques
II.4.2.2.Antioxydants dโorigine naturelle non enzymatique
II.4.3. Classification des antioxydants selon leur origine
II.4.3.1.Systรจmes antioxydants endogรจnes
II.4.3.1.1. Superoxyde dismutase (SOD)
II.4.3.1.2. Catalase
II.4.3.1.3. Glutathions peroxydases et rรฉductases
II.4.3.2.Antioxydants exogรจnes
II.4.3.2.1. Vitamine C
II.4.3.2.2. Tocophรฉrol (vitamine E)
II.4.3.2.3. ฮฒ- carotรจne
II.4.3.2.4. Sรฉlรฉnium
II.4.3.2.5. Polyphรฉnols
II.4.3.2.6. Lignanes
II.4.3.2.7. Mรฉdicaments
II.5.Effets des antioxydants sur certaines pathologies
II.5.1. Cancer
II.5.2. Cataracte
II.5.3. Athรฉrosclรฉrose
II.5.4. Diabรจte
II.6.Mรฉthodes analytiques de dรฉtermination de lโactivitรฉ antioxydante
II.6.1. Mรฉthode TEAC (Trolox Equivalent Antioxidant Capacity)
II.6.2. Mรฉthode TRAP (Total Radical-trapping Antioxidant Parameter)
II.6.3. Mรฉthode FRAP (Ferric Reducing-Antioxidant Power)
II.6.4. Mรฉthode ORAC
II.6.5. Mรฉthode DPPH (1, 1, Diphenyl-2-picryl- hydrazyl)
CHAPITRE II : MANGIFERA INDICA 34
I. Gรฉnรฉralitรฉs
I.1. Taxonomie
I.2. Nomenclature
I.3. Description et botanique
I.3.1. Appareil vรฉgรฉtatif
I.3.1.1. Racines
I.3.1.2. Tronc
I.3.1.3. Feuilles
I.3.2. Appareil reproducteur
I.3.2.1. Fleur
I.3.2.2. Fruit
II. Composition chimique
II.1.Composรฉs phรฉnoliques
II.2.Principaux composรฉs en dehors des composรฉs phรฉnoliques
III. Propriรฉtรฉs nutritives
IV. Propriรฉtรฉs pharmacologiques
IV.1. Propriรฉtรฉ hypoglycรฉmiante
IV.2. Propriรฉtรฉ anti cancรฉreuse
IV.3. Propriรฉtรฉ antibactรฉrienne
IV.4. Propriรฉtรฉ antioxydante
IV.5. Propriรฉtรฉ anti inflammatoire
IV.6. Propriรฉtรฉ anti-diarrhรฉique
V. Principaux usages traditionnels du manguier
V.1. Pathologies de lโappareil digestif
V.2. Pathologie Oto-Rhino-Laryngologie (ORL)
V.3. Paludisme
V.4. Anรฉmie
V.5. Autres pathologies
VI. Utilisation cosmรฉtique de la mangue
CONCLUSION