Définition
La phytothérapie, du grec phuton et thrapein, est l’art de soigner par les plantes médicinales (Ollier, 2000). On peut aujourd’hui la définir comme une thérapeutique par les plantes ou formes dérivées des plantes excluant les principes actifs purs (isolés) et les plantes toxiques (Catier et Roux, 2007).
Historique
Depuis les temps les plus reculés, l’homme a utilisé des plantes, d’abord pour se nourrir, puis pour se soigner. Il a appris, petit à petit, à reconnaitre les plantes comestibles et les plantes toxiques, utilisant certaines d’entre elles à des fins guerrières, criminelles, magiques ou pour faciliter la pêche ou la chasse. Ces connaissances, d’abord transmises oralement, l’ont été ensuite dans des écrits ce qui a permis de retrouver des traces de l’utilisation de plantes dans les plus anciennes civilisations des différentes parties du monde (Sumérienne, Babylonienne, Egyptienne, Chinoise, Hindoue, Aztèque, Incas,…). Plus près de notre époque, les grecs comptaient des médecins célèbres, tel Hippocrate, qui utilisaient, à coté d’animaux et de minéraux, de nombreuses plantes. En 77 après JC, Dioscoride écrit le « De materia medica », un recueil de plus de 500 drogues. Cette œuvre ne décrit pas seulement l’usage de ces drogues mais aussi les doses, les modes de préparation, de conservation,… Certains de ces remèdes sont tombés en désuétude, mais 54 plantes décrites par Dioscoride étaient reprises dans la liste des plantes essentielles de l’OMS en 1978. La traduction et la publication de cet ouvrage au 15éme siècle est une étape importante dans la dissémination des connaissances sur les vertus des plantes. La liste des drogues décrites par Dioscoride est élargie par Celse et Pline l’Ancien, romains du 1er siècle de notre ère, alors que Galien, considéré comme le père de la pharmacie décrit avec plus de détails le mode de préparation de ces « médicaments » (Quetin-Leclercq, 2002).
Notion de médecine traditionnelle
La médecine traditionnelle peut être définie comme la combinaison globale de connaissances et de pratiques, explicables ou non, utilisées pour diagnostiquer prévenir, ou éliminer une maladie physique, mentale ou sociale et pouvant se baser exclusivement sur l’expérience et les observations anciennes transmises de génération en génération oralement ou par écrit (Sofowora, 1996). En Afrique cette définition peut être élargie en y ajoutant une phrase telle que « en tenant compte du concept originel de la nature qui inclut le monde matériel, l’environnement sociologique, qu’il soit vivant ou mort et les forces métaphysiques de l’univers » (Sofowora, 1996).
Qu’est qu’une plante médicinale ?
Selon le groupe consultatif de l’OMS, ce sont toutes les plantes qui contiennent une ou des substances pouvant être utilisées à des fins thérapeutiques ou qui sont des précurseurs dans la synthèse de drogues utiles.
Drogue végétale
On appelle drogue végétale tout matériel végétal utilisé en thérapeutique et n’ayant encore subi aucune préparation pharmaceutique (Catier et Roux, 2007). Le groupe consultatif de l’OMS a recommandé d’employer l’expression « drogue végétale » en référence à une partie de plante médicinale (feuille, écorce, etc.) utilisée à des fins thérapeutiques. Un tel produit possédant une structure cellulaire est appelé en pharmacie « drogue organisée », tandis que des agents médicinaux tels que résine, baume etc. qui n’ont pas de structure cellulaire, sont appelés « drogues non organisées » ou drogues « acellulaires ».
Il ne faut pas confondre drogue et principe actif : en effet, un principe actif est un produit pur, chimiquement défini, dont on a établi sa formule, ayant un nom scientifique et on en reconnu pour ses propriétés physiques, chimiques et pharmacologiques (Catier et Roux, 2007).
Diagnostic en médecine traditionnelle
Le diagnostic dans la médecine traditionnelle se fonde sur une série de composantes méthodologiques : l’anamnèse parfois très approfondie et intéressant tout l’entourage social du malade ; l’observation du malade (son attitude, ses gestes) et de son environnement immédiat ; l’examen clinique sommaire en apparence : exploration par palpation etc. ; le diagnostic biologique : examen des excréta, selles, vomissement, urines ; la divination, apanage des thérapeutes de haut rang qui sert à la fois pour poser le diagnostic, établir un pronostic et orienter le traitement, etc. (Didier et al., 1995).
►L’examen biologique : ses connaissances de médecine scientifique étant limitées ainsi que sa formation en ce qui concerne l’exécution et l’interprétation de test, le praticien traditionnel utilise ses propres organes sensoriels pour effectuer des examens biologiques :
– le goût : gouter l’urine pour déceler la présence de sucre chez les diabétiques ;
– l’odorat : sentir les plaies pour déceler les putréfactions nécessitant des agents antimicrobiens puissants ;
– la vision : observer la couleur d’aliments vomis, qui peut parfois indiquer l’ingestion d’un poison. Les fourmis peuvent aussi être utilisées comme outil de diagnostic dans le diabète. Quand un diabétique urine dans le fond de son jardin et que le site est infesté de fourmis, le praticien traditionnel déduit que le patient a du sucre dans l’urine. En effet les fourmis s’approchent de cette urine sucrée moins d’une heure après la miction (Sofowora, 1996).
►La divination : la consultation d’un oracle à propos d’un patient est un autre moyen d’obtenir le diagnostic d’un mal particulier (surtout dans le cas de sorcellerie) et en même temps aussi le traitement approprié (Sofowora, 1996).
Thérapeutique en médecine traditionnelle
Tout comme les méthodes de diagnostics et de pronostics, les méthodes de traitement découlent des principes de base même de la médecine traditionnelle qui postule dans toutes ses démarches la prise en considération de l’homme dans son intégrité somatique extra matérielle. Les soins même les plus concrets, sont autant d’occasions où le malade participe au jeu d’équilibre des forces qui régissent l’univers. C’est pour cette raison que la cueillette des matières médicales et la confection du médicament s’accompagne presque toujours d’un ensemble de rites ésotériques. Il est à souligner également qu’un thérapeute est à la fois prescripteur, préparateur, dispensateur de soins et de médicament (Didier et al., 1995).
Méthodes d’extraction en médecine traditionnelle
Il existe plusieurs méthodes d’extraction selon Sofowora (1996).
Les concoctions
Ce terme désigne une préparation (soupe, boisson etc.) faite habituellement avec beaucoup d’ingrédients. Le terme « concoction » est parfois confondu avec celui de « décoction ». Un grand nombre de préparations employées en médecine traditionnelle sont des décoctions dans le sens pharmaceutique.
Les décoctions
Une décoction est préparée de la façon suivante : la matière végétale est immergée dans de l’eau froide, amenée à l’ébullition, maintenue à l’ébullition à feux doux pendant environ 15 minutes ou plus (jusqu’à une heure), puis mis à repos pendant encore 15 minutes. D’habitude l’extrait aqueux est décanté ou filtré. Ces préparations sont souvent laissées dans un récipient et réchauffées chaque jour avant l’emploi. Il en résulte que l’extrait aqueux devient plus foncé (et probablement aussi plus fort à cause de l’extraction croissante du composant pendant que l’eau reste en contact prolongé avec la substance végétale. Quand on ajoute de l’eau, le médicament est alors bien dilué, et peut nécessiter d’être à nouveau préparé. Ce type de préparation peut altérer un grand nombre de composants végétaux (par exemple certains glucosides sont facilement décomposés pendant l’ébullition).
Les infusions
Une infusion est préparée en versant de l’eau bouillante sur une quantité spécifique de matière végétale, en laissant reposer la mixture pendant 10 à 15 minutes. Il s’agit d’un procédé semblable à la préparation d’un thé dans une théière.
Les tisanes
Il s’agit d’une préparation aqueuse faite par décoction (voir décoction ou infusion).
Les macérations
Elles sont préparées en plaçant la matière végétale avec la totalité du liquide d’extraction dans un récipient fermé, et en laissant reposer pendant 7 jours de temps à autre. Le contenu est alors filtré avant, en le secouant t de presser le marc. Les extraits liquides ainsi obtenus sont mélangés. La préparation est clarifiée par précipitation ou par filtration. Dans la méthode traditionnelle, la précipitation suivie de décantation est plus courant.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE :ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPTRE I : GENERALITES SUR LA PHYTOTHERAPIE
I.1. Définition
I.2. Historique
I.3. Notion de médecine traditionnelle
I.4. Qu’est qu’une plante médicinale ?
I.5. Drogue végétale
I.6. Diagnostic en médecine traditionnelle
I.7. Thérapeutique en médecine traditionnelle
I.8. Méthodes d’extraction en médecine traditionnelle
CHAPITRE II : RAPPELS PHYSIOPATHOLOGIQUES SUR LES MALADIES ETUDIEES
II.1. LA FIEVRE
II.2. LA DOULEUR
II.3. L’HYPERTENSION ARTERIELLE
II.4. LE DIABETE
II.5. LA PLAIE
II.6. LE DYSFONCTIONNEMENT ERECTILE
CHAPITRE III : PRESENTATION DU SITE D’ENQUETE DEPARTEMENT DE TIVAOUANE
III.1. Situation géographique et administrative
III.2. Cadre physique
III.3. Donnés humaines
III.4. Les activités économiques
III.5. Infrastructures sanitaires
DEUXIME PARTIE : TRAVAUX PERSONNELS
CHAPITRE I : ENQUETES
I.1. Méthodologie
I.2. Echantillonnage
I.3. Questionnaires
I.4. difficultés rencontrées
CHAPITRE II : RESULTATS
II.1. Profil de personnes enquêtées
II.2. Liste des espèces citées par les enquêtés
II. 3. Phytothérapie traditionnelle antipyrétique
II.4. Phytothérapie traditionnelle antalgique
II.5. Phytothérapie traditionnelle antihypertensive
II.6. Phytothérapie traditionnelle antidiabétique
II.7. Phytothérapie traditionnelle cicatrisante
II.8. Phytothérapie traditionnelle des troubles érectiles
II.9. Parties de plantes utilisées selon les enquêtés
II.10. Les modes de préparations utilisées selon les enquêtés
CHAPITRE III : DISCUSSION
III.1. Profil des enquêtés
III.2. Phytothérapie traditionnelle des pathologies étudiées
III.3. Modes de préparation
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES