Les zones humides sont des écosystèmes complexes, elles sont le produit de processus écologiques, hydrologiques et climatiques auxquels s’est associée l’action des organismes vivants y compris celle de l’homme. Elles sont parmi les ressources naturelles les plus précieuses de la planète, mais aussi parmi les plus fragiles. Elles présentent ainsi une importance majeure pour la conservation de la biodiversité, en raison de leur très grande richesse spécifique, autant floristique que faunistique (CUCHEROUSSET, 2006) ; elles assurent en outre différentes fonctions et procurent de nombreux services pour les populations locales. Cependant, ces importantes ressources ont été considérablement dégradées au cours des dernières décennies à cause de plusieurs contraintes, souvent sociales ou économiques. La biodiversité de l’Algérie est très variée du fait de sa situation géographique, de son potentiel en zones humides de grande valeur écologique, culturelles et économiques et de la grande variété de ces habitats (QUEZEL & MEDAIL, 2003). En effet le pays, ayant ratifié la convention Ramsar en 1982, a procédé depuis, au classement de 50 zones humides sur la liste Ramsar des zones humides d’importance internationale, totalisant une superficie globale de plus de 2,99 millions d’hectares soit 50% de la superficie totale estimée des zones humides en Algérie ; dont 762 sont naturelles et 689 sont artificielles(APS, 2011).
Cet inventaire a ainsi mis en évidence des zones humides réparties dans différentes zones climatiques. Cependant, la plus grande concentration de ces milieux se situe dans la région d’El Kala qui constitue un véritable complexe humide abritant plusieurs sites classés par la convention de Ramsar. Les zones humides de cette région se caractérisent non seulement, par des dimensions importantes mais également, par la diversité des conditions, de profondeur et de salinité favorisant ainsi une richesse biologique particulièrement importante. Mis à part le complexe lacustre (Lac Tonga, Oubeïra et Mellah) ainsi que quelques marais (marais de Bourdim, marais de la Mekrada, etc.), certaines zones humides ont évolué vers des aulnaies. L’aulnaie est une formation végétale qui se fait rare, dû, d’une part, au réchauffement climatique, mais d’autre part, à l’action anthropique, cause la plus visible par ces dégâts à caractère irréversible nuisant à son évolution et à sa biodiversité.
Qu’est ce qu’une zone humide ?
Les zones humides sont « des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur a marée basse n’excède pas six mètres » (Article 1.1, RAMSAR, 1971). Cette définition, tirée de la convention sur les zones humides d’importance internationale (RAMSAR, Iran, 1971) signée par 98 états, peut servir de référence, mais il n’existe pas, a l’heure actuelle, de définition universelle (YIN & LU, 2006) principalement en raison de la grande diversité des types de zones humides, de la variabilité de leur durée d’inondation et de leur évolution au cours du temps. Il est cependant admis de tous, qu’elles sont des interfaces entre milieux terrestres et milieux aquatiques proprement dits. Aussi, comme le souligne MITSCH & GOSSELINK, (1986), les zones humides s’agissent d’un cas particulier à gradient continu entre les terres hautes et l’eau libre.
Situation géographique et répartition
Dans le monde :
Les premières estimations réalisées indiquent que les zones humides recouvriraient 6% de la surface continentale soit 8,6 millions de Km2 (MALTBY & TURNER, 1983).
On constate que les zones humides tropicales et subtropicales représentent plus de la moitié du total (56 %), soit environ 4,8 millions de km². Une des grandes originalités de la répartition des zones humides à la surface du globe est d’intéresser l’ensemble des zones bioclimatiques (figure N°1), puisque, littorales ou continentales, elles se développent dès que le bilan hydrique est, momentanément au moins, excédentaire (LOINTIER, 1996).
En Méditerranée
Les zones humides du bassin Méditerranéen partagent des caractéristiques similaires, du fait de leur climat, de leur topographie et de leur géologie, ainsi que des particularités liées à la Mer Méditerranée (BRITTON & CRIVELLI, 1993). Cela explique que, dans ces pays, les zones humides doivent faire face à des problèmes semblables. Les zones humides méditerranéennes sont d’une nature très dynamique. Elles peuvent être inondées, soit par intermittence, soit durant une partie de l’année seulement (CAESSTEKER, 2007). Les paysages typiques des zones humides de cette région comportent des deltas, des lagunes côtières et des marais salés, des lacs et des salines, etc. (PEARCE & CRIVELLI, 1994). Les zones humides influencées par la marée se limitent aux côtes atlantiques du Portugal, de l’Espagne et du Maroc, ainsi qu’à quelques endroits particuliers, sur la côte méditerranéenne.
En Algérie
l’Algérie possède une très grande superficie, une grande diversité de climat et une côte de qui lui permettent de jouir de cette large gamme de biotopes favorisant une faune et une flore remarquables (STEVENSON & al., 1989 ; SAMRAOUI & DE BELAIR, 1997). En Algérie, on parle plus volontiers de complexe de zones humides (BABA AHMED, 1994). En effet, dans la partie Nord-Est de l’Algérie, la plus arrosée, renferme le complexe de zones humides d’El Kala, (SAMRAOUI & DE BELAIR, 1998) , ainsi que celui des Hautes Plaines (appelé souvent »Constantinois » ou complexe de zones humides d’Oum El Bouaghi) d’une grande valeur ecologique (JACOBS & OCHANDO, 1979). La frange Nord-Ouest moins arrosées, se caractérise par des plans d’eau salée tels que ; les marais de la Macta, et la sebkha d’Oran. Dans les hautes plaines steppiques on rencontre des chotts et des sebkhas, tel que chott El Hodna, chott Chergui et chott Melghir. Les massifs montagneux de l’Ahaggar et du Tassili renferment quant a eux des Gueltas qui témoignent encore d’une période humide au Sahara (ANONYME 1, 2010).
Dans le cadre de la préservation de la biodiversité, et du développement socio-économique des populations riveraines d’une façon durable, la direction générale des forêts a élaboré plusieurs plans de gestion intégrée des zones humides sur les cinquante sites classées Ramsar.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
Chapitre I : Synthèse bibliographique : problématique des zones humides
I-1 Introduction
I-2 Qu’est ce qu’une zone humide ?
I-3 Situation géographique et répartition
I-3-1 Dans le monde
I-2-2 En Méditerranée
I-2-3 En Algérie
I-4 Typologie des zones humide
I-4-1 Classification Ramsar
I-4-2 Classification COWARDIN & al
I-4-3 Typologie MedWet
I-4-4 Typologie Corine-Biotopes
I-5 Généralités sur les Tourbières
I-5-1 Qu’est-ce qu’une tourbière ?
I-5-2 Les conditions d’apparition des tourbières
I-5-3 Propriétés physiques et hydriques de sols tourbeux et organiques
I-5-4 Evolution de la tourbière
I-6 Généralités sur l’aulne glutineux (Alnus glutinosa L. Gaertn)
I-6-1 Distribution géographique et aire naturelle
I-6-2 Exigences stationnelles
a Chaleur
b Eau
c Eléments minéraux
I-7 Généralités sur les sols hydromorphes
I-7-1 Définition de l’hydromorphie
I-7-2 Caractéristiques d’un sol d’hydromorphe
I-7-3 Types de sols hydromorphes
I-8 Fonctions et valeurs des zones humides
I-9 Biodiversité des zones humides
I-10 Les menaces qui pèsent sur les zones humides
I-11 Plan d’action en faveur des zones humides
Chapitre II : Le Parc National d’El Kala : Bilan des connaissances
II-1 Introduction
II-2 Cadre général et localisation géographique
II-3 Contexte géomorphologique
II-4 Contexte géologique
II-5 Contexte hydrologique
II-5-1 Le complexe lacustre
II-5-1-1 Le lac Tonga
a Description générale et localisation
b Caractéristiques physiques
b-1 Géomorphologie
b-2 Géologie
b-3 Hydrologie
b-4 Pédologie
b-5 Végétation du lac et de son bassin versant
II-5-1-2 Le lac Oubeïra
a Description générale et localisation
b Caractéristiques physiques
b-1 Géomorphologie
b-2 Géologie
b-3 Hydrologie
b-4 Pédologie
b-5 Végétation du lac et de son bassin versant
II-5-1-3 Le lac Mellah
a Description générale et localisation
b Caractéristiques physiques
b-1 Géomorphologie
b-2 Géologie
b-3 Hydrologie
b-4 Pédologie
b-5 Végétation du lac et de son bassin versant
II-6 Contexte climatique
II-6 Le bioclimat et la végétation
II-8 Contexte pédologique
II-9 La biodiversité au sein du P.N.E.K
Chapitre III : Matériel et Méthodes
III-1 L’étude préliminaire
III-2 La technique d’échantillonnage
III-3 Présentation des sites d’étude et de leurs points d’échantillonnage
III-3-1 L’aulnaie de Tonga (Nechaà Tonga)
a Localisation générale
b Description générale
c Caractéristiques physiques
III-3-2 L’aulnaie de Boumalek
a Localisation générale
b Description générale
c Caractéristiques physiques
III-3-3 L’aulnaie de Souk Erriguibet
a Localisation générale
b Description générale
c Caractéristiques physiques
III-3-4 L’aulnaie d’oued Mellah
a Localisation générale
b Description générale
c Caractéristiques physiques
III-3-5 L’aulnaie de Boumerchène
a Localisation générale
b Description générale
c Caractéristiques physiques
III-3-6 L’aulnaie de Demnet Errihane
a Localisation générale
b Description générale
c Caractéristiques physiques
III-4 Etude in-situ
III-4-1 Etude morphologique stationnelle
III-4-2 Description morphologique et prélèvement des échantillons
III-5 Du terrain au laboratoire : itinéraire d’un échantillon
III-5-1 Les analyses physico-chimiques
CONCLUSION GENERALE