Brève présentation de la Bibliothèque de Nyon Adultes
La Bibliothèque de Nyon Adultes est une bibliothèque communale à rayonnement régional qui se situe sur 2 sites distincts au centre ville de Nyon1. La section adultes est logée dans un bâtiment historique datant du XVIème siècle fortement remanié au XVIIIème siècle, communément nommé par les Nyonnais « Maison Richard », du nom de son dernier propriétaire avant sa donation à la Ville de Nyon en 1972. Elle compte 1’036 lecteurs actifs2 , plutôt dans des tranches d’âges élevées (1’500 à la section Jeunes publics3). Si cette magnifique bâtisse est très appréciée du public nyonnais pour son aspect patrimonial, elle est en revanche clairement inappropriée à l’accueil d’une bibliothèque accessible à tous les publics ; ses trois étages ne sont desservis que par des escaliers et l’enfilade de différentes pièces complique la circulation des usagers ainsi que la visibilité des collections.
Environ 20’000 documents (romans, romans en langues étrangères, documentaires, bandes dessinées, presse, livres parlés et CD musicaux) sont en libre-accès moyennant une cotisation annuelle d’emprunt entre 5. – frs et 40. – frs par usager. La Bibliothèque de Nyon (Adultes et Jeunes publics) fait partie du réseau vaudois et de RERO depuis 2013 et quittera dès 2017 RERO pour intégrer le nouveau réseau vaudois, dans le cadre du projet de migration « RenouVaud ». Ces dernières années ont donc été chargées en changements de gestion pour les bibliothécaires et pour les usagers. Depuis le printemps 2015 la section Adultes propose à ses usagers le prêt de livres numériques grâce au projet E-Bibliomedia. Ce service, mis en place par Bibliomedia, soutenu financièrement par la Confédération en 2015, propose aux bibliothèques de lecture publique romandes l’adhésion à leurs lecteurs à un catalogue (Numilog) contenant au départ environ 500 titres. Dès 2016 il sera entièrement financé par Bibliomedia et les bibliothèques adhérentes au projet4 et le catalogue sera régulièrement enrichi de nouveaux titres.
Objectifs du travail
Les objectifs de ce travail sont les suivants:
Justifier du choix de créer une BiblioBox dans le cadre du travail final du CAS
Présenter le concept de BiblioBox et ses usages possibles en bibliothèque de lecture publique
Présenter le choix et la provenance de textes numériques placés sur la BiblioBox, en adéquation avec les usages et les collections de la Bibliothèque de Nyon Adultes
Expliquer concrètement la mise en service du routeur et l’utilisation du logiciel Calibre
Présenter les projets de médiation autour de la BiblioBox auprès des publics de la Bibliothèque et auprès des collègues
Proposer des critères d’évaluation du projet.
Dès le départ ma volonté a été d’effectuer un travail concret, débouchant sur une BiblioBox mise à disposition des usagers de la Bibliothèque de Nyon. Non pas qu’un travail de réflexion sur un nouvel outil de médiation numérique tel que la BiblioBox ne m’ait pas intéressée, mais ce travail a déjà été fait récemment, par Maaike Vautier, dans le cadre de son travail de bachelor HES en 20145. Ce travail brillant et très complet présente de manière approfondie toutes les possibilités qu’offre une Bibliobox aux bibliothèques, ainsi que tout l’historique des PirateBox et des BiblioBox. Je n’ai donc nul besoin ici de refaire la théorie.
Mon idée de départ était de mettre en place une BiblioBox « voyageuse » avec des contenus musicaux, afin de promouvoir les collections musicales de la Bibliothèque. Comme chacun(e) le sait, le prêt de CD musicaux est en chute libre dans toutes les bibliothèques et discothèques depuis de nombreuses années, aussi il m’apparaissait bienvenu de sortir des murs de la Bibliothèque et de faire connaître ce service aux non-usagers. Mais il s’est avéré rapidement que ce projet, aussi passionnant soit-il, ne pouvait être réalisé en quelques semaines. Placer une BiblioBox en dehors de la Bibliothèque présuppose un projet de coopération avec d’autres structures ou services de la Ville, et les contenus musicaux libres de droits sont difficiles à trouver. Ces paramètres m’ont donc orientée vers une simplification du projet, à savoir l’installation d’une BiblioBox dans les murs de la Bibliothèque. C’est tout naturellement vers des contenus littéraires que je me suis tournée ; la Bibliothèque ayant adhéré au projet E-Bibliomedia, nous avons un public d’usagers acquis à la lecture numérique à qui proposer des sélections de textes littéraires.
Enfin la BiblioBox permet également de poser un objectif de renforcement de la présence des contenus numériques à la Bibliothèque de Nyon Adultes.
Qu’est-ce qu’une BiblioBox et pour quels usages ?
Présentation et définition de la BiblioBox
La BiblioBox est directement issue de la PirateBox, qui est née aux Etats-Unis en 2011 grâce à David Darts, un enseignant qui désirait partager des contenus artistiques en dehors de l’Internet. Une PirateBox est un routeur diffusant son propre réseau Wi-Fi, recalibré pour y placer des contenus numériques afin que toute personne possédant un smartphone ou une tablette puisse y charger le contenu mis à disposition, et/ou en mettre à disposition pour les autres utilisateurs. On le comprend bien, dans PirateBox il y a le mot « pirate » ! Car, hors de l’Internet, la PirateBox permet théoriquement de charger n’importe quoi et de faire fi des droits de copyright et d’auteurs. David Darts s’est inspiré d’un site d’échange de fichiers « peer-to-peer » nommé « The Pirate Bay » pour nommer son concept, mais son idée était davantage tournée vers l’accessibilité et le partage pour tous, gratuitement, de données sous licences libres ou issues du domaine public.
Assez rapidement les bibliothèques se sont intéressées à ce concept apparemment attrayant6 et peu coûteux financièrement parlant. Dans le monde anglo-saxon on parlera de LibraryBox et dans le monde francophone de BiblioBox (c’est ce dernier terme que l’on a généralement retenu en Suisse romande et en France), mais le concept est identique quelle que soit la terminologie retenue.
Pourquoi des bibliothécaires se sont-ils sentis concernés par ce concept ? D’abord pour les multiples applications possibles des BiblioBox. Notre principale mission étant, dans l’idéal, la diffusion gratuite de l’information pour tous, la BiblioBox, mobile, adaptable à plusieurs types de contenus numériques, nous permet de diffuser, en bibliothèques ou hors les murs, des contenus choisis en fonction des publics. Les bibliothèques scolaires en trouvent très rapidement un usage pédagogique, en mettant, par exemple, à disposition des BiblioBox dans les salles de classe. Les bibliothèques académiques pourront en créer pour diffuser des contenus numériques autour de la vie universitaire dans divers lieux du campus.
Un des avantages indéniables de la BiblioBox est qu’elle peut être mise à disposition dans des lieux isolés et déconnectés d’Internet: les bibliothèques des pays en voie de développement ou des zones rurales éloignées y verront également de larges usages. Il me semble intéressant de noter que le site collaboratif Wikipédia se soucie d’apporter la consultation de son encyclopédie dans les territoires peu, mal ou non desservis par l’Internet, grâce au projet Kiwix7. Kiwix, par l’intermédiaire de la Fondation Wikimédia, promet de mettre à disposition toute l’encylopédie Wikipédia sans connexion internet ce qui prouve que Wikipédia a les mêmes finalités que les bibliothèques et institutions patrimoniales: « partager la somme des connaissances humaines, sans restrictions »8, et gratuitement. Tout comme les PirateBox et les BiblioBox, ce projet s’insère dans la diffusion des connaissances hors des circuits commerciaux de la grande toile.
A partir du moment où les bibliothèques se sont appropriées le concept de PirateBox, elles en ont fait des usages propres, tout en prenant un peu de distance avec les PirateBox. Le nom a changé, et de manière générale, les usages se sont, pourrait-on dire, « assagis ». En effet, les contenus mis à disposition sur les BiblioBox sont toujours issus du domaine public ou sont libres de droit (l’idée n’étant pas de se créer des problèmes avec les droits d’auteurs…). De plus, ce sont les bibliothécaires qui mettent à disposition des contenus, les utilisateurs n’étant pas appelés à y déverser eux-mêmes d’autres contenus.
Usages de la BiblioBox en bibliothèques de lecture publique
L’entrée du numérique dans les collections des bibliothèques publiques est somme toute assez récente, et toutes les bibliothèques publiques de Suisse romande n’ont pas pris le train en route en même temps. Le but de ce travail n’étant pas de faire l’état de l’arrivée des contenus numériques dans les bibliothèques romandes, je ne vais pas entrer dans les détails. Disons simplement que dans les grandes bibliothèques publiques romandes, une politique claire autour du numérique semble s’être mise en place ces dernières années, mais qu’a contrario les plus petites bibliothèques municipales ou scolaires n’ont généralement pas eu, ou mis les moyens, pour mettre en place une politique autour du numérique. Les exemples de mise en place de projets numériques existent bien entendu, mais il ne semble pas qu’une coordination existe au sein de ces bibliothèques, ce qui donne une impression de non-uniformisation de l’introduction du numérique dans les bibliothèques publiques. Par exemple, la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel vient d’introduire le prêt de liseuses auprès de son public, alors qu’elle n’a pas adhéré au projet d’ E-Bibliomedia.
Qu’apportent donc les BiblioBox aux bibliothèques publiques, en plus du prêt de liseuses et/ou de tablettes, de l’adhésion à une plateforme de livres électroniques, de presse numérique, ou de l’introduction de QR codes mettant à disposition des livres électroniques issus du domaine public ?
Elles permettent de s’affranchir de la notion de prêt, et ainsi d’offrir gratuitement des contenus, ce qui est finalement inhabituel: on peut ainsi attirer des usagers appréciant peu le fait de devoir gérer un système de prêt-retour des documents, avec les contraintes que l’on connaît (gestion des dates de retour, amendes éventuelles à payer en cas de retard, etc.).
En deuxième lieu, la possibilité de proposer des contenus numériques bien choisis hors des murs de la Bibliothèque, mais matériellement présents ailleurs, la BiblioBox étant un objet concret pouvant être remarqué, si on se donne la peine de le mettre en valeur. A la piscine, dans un musée, un conservatoire ou lors d’un festival, il suffit de mettre en lieu sûr une BiblioBox, de la mettre en valeur, et vous mettez en place à moindre frais une promotion dynamique de votre institution.
C’est le troisième avantage de la BiblioBox: elle donne une image novatrice et moderne des bibliothèques, qui continuent de souffrir d’une image vieillotte et dépassée auprès des publics jeunes notamment. Le fait de devoir associer à la BiblioBox l’usage d’un smartphone, d’un i-Pad ou d’une tablette « connecte » la Bibliothèque au XXIème siècle plutôt qu’à l’ère des fiches papier.
Enfin, la BiblioBox permet de mettre en valeur le patrimoine de la Bibliothèque ou des bibliothèques en général. Qu’elle se trouve dans les murs ou hors les murs, la BiblioBox pourra servir à diffuser des documents issus de collections diverses (cartes postales, affiches, textes numérisés issus du domaine public, etc.), ainsi que des contenus produits par la Bibliothèque elle-même, par exemple des textes lus lors d’une animation ou des photographies prises lors d’une soirée littéraire ou de l’Heure du conte par exemple.
Une BiblioBox apportera donc une pièce supplémentaire au « patchwork » de l’offre numérique actuelle dans les bibliothèques publiques romandes, mais ne peut être en aucun cas l’unique moyen de proposer des contenus numériques aux usagers ! Elle restera un moyen relativement simple et très peu onéreux de mettre en place un projet numérique qui devrait, dans l’idéal, se situer dans une perspective de réflexion de mise à disposition de contenus numériques au sein d’une institution.
Le projet BiblioBox à la Bibliothèque de Nyon Adultes
Les contenus numériques existant à la Bibliothèque de Nyon Adultes
Sise dans un bâtiment historique peu adapté et fréquentée par un public plutôt âgé, la Bibliothèque de Nyon Adultes n’est pas une institution « locomotive » dans le train du numérique en bibliothèques (c’est le moins que l’on puisse dire) ! Aussi le projet de la mise en place d’une BiblioBox ne s’insère-t-il que dans le début d’un processus d’introduction du numérique. Les lecteurs les plus actifs étant majoritairement également les plus âgés, il n’y a pas eu de pression ou de demande d’introduire des contenus numériques ces dernières années. La migration de la Bibliothèque (sections Adultes et Jeunes publics) au sein de RERO ayant monopolisé les forces de travail en termes de projets à large échelle ces 4 dernières années, les bibliothécaires ne se sont pas particulièrement senties concernées non plus par l’arrivée des livres électroniques en bibliothèque, ou de tous autres supports numériques.
Aussi le projet initié par Bibliomedia, E-Bibliomedia, projet subventionné par la Confédération jusqu’à fin 2015, est-il tombé « à point » pour permettre une introduction du numérique à la Bibliothèque Adultes. Le fait que Bibliomedia s’occupe de la gestion de la plateforme numérique (Cantookstation) et offre ainsi d’effectuer le gros du travail à la place des bibliothécaires, y est certainement pour beaucoup dans la volonté de démarrer le prêt de livres numériques, plutôt que de s’atteler d’abord à un autre projet numérique ! Démarré en janvier 2015 à la Bibliothèque Nyon Adultes, l’adhésion à E-Bibliomedia a démontré rapidement que certains utilisateurs n’attendaient que cela pour étendre leurs habitudes de lecture. Soit que certains possédaient déjà des tablettes, i-Pad ou liseuses et se passaient jusqu’à présent de la Bibliothèque pour se fournir en livres électroniques, soit que certains en aient profité pour découvrir la lecture sur support numérique.
Les raisons du choix de proposer des livres numériques sur la BiblioBox
*Au vu du relatif succès de l’introduction du prêt de livres numériques à la Bibliothèque Adultes, et devant me passer d’objectifs à atteindre en terme de contenus numériques, précis, pensés et discutés au sein de l’équipe, il m’a semblé naturel et logique de me positionner en parallèle de ce qui a été initié récemment. De plus, le web nous offre de multiples possibilités de télécharger gratuitement des textes numériques, fictions ou documentaires, dont les contenus peuvent être diffusés sans inquiétude. Il suffit de les repérer ! C’est sur ce principe que la démarche est intéressante à proposer pour le public adepte de livres numériques.
Car il est souvent mal aisé de retrouver des livres gratuits sur Internet: les sites sont certes nombreux à les proposer, mais avant de mettre la main sur ce que l’on recherche, on aura parcouru de nombreux sites. Aussi la BiblioBox offre-t-elle un choix de livres construit sur des thématiques choisies, telles qu’on les retrouve de manière classique dans les rayons: livres policiers, littérature par pays, romans historiques, etc. Ces classifications ont prouvé depuis bien longtemps que les utilisateurs ont besoin de repères au sein des collections, qu’elles soient sous forme papier ou sous forme numérique.
Enfin, le choix de se tourner vers des livres numériques issus du domaine public nous permet d’échapper à l’obsolescence des données (le contenu des textes n’étant plus appelé à être modifié), nous laissant ainsi le temps d’évaluer la BiblioBox, de la mettre en valeur auprès du public, sans se soucier de devoir vérifier ou modifier régulièrement son contenu.
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Table des matières
Contexte et cadre du projet de BiblioBox
1.1 Contexte du projet dans le cadre du CAS de Fribourg
1.2 Brève présentation de la Bibliothèque de Nyon Adultes
2. Objectifs du travail
3. Qu’est-ce qu’une BibioBox et pour quels usages ?
3.1 Présentation et définition de la BiblioBox
3.2 Usages de la BiblioBox en bibliothèques de lecture publique
4. Le projet BiblioBox à la Bibliothèque de Nyon Adultes
4.1 Les contenus numériques existant à la Bibliothèque de Nyon Adultes
4.2 Les raisons du choix de proposer des livres numériques sur la BiblioBox
4.3 Les possibilités d’autres BiblioBox à la Bibliothèque de Nyon Adultes
4.4 Les possibilités de BiblioBox hors les murs
5. Installation de la BiblioBox
5.1 Choix et « mise en service » du routeur
5.2 Le « réseau » des utilisateurs de BiblioBox et son utilité
6. Les contenus de la BiblioBox
6.1. Cohérence des contenus de la BiblioBox avec les collections papier de la Bibliothèque de Nyon Adultes
6.2 Les livres électroniques issus du domaine public
6.3 Les livres électroniques libres de droits
6.4 Les formats des livres électroniques
6.5 Présentation graphique des contenus de la BiblioBox et utilisation de Calibre
7. Médiation
7.1 Former ses collègues
7.2 Informer les publics et promouvoir la BiblioBox
7.3 Signaler la BiblioBox et former les publics
8. Critères d’évaluation du projet BiblioBox
9. Conclusion
Bibliographie et webographie
Annexes
1. Projet de mode d’emploi de la BiblioBox
2. Liste des livres électroniques chargés sur la BiblioBox
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