Qu’est-ce qu’une alimentation durable ?

 Qu’est-ce qu’une alimentation durable ?

Retour sur la notion de durabilité

Par définition, la durabilité est le qualificatif de ce qui est durable c’est-à-dire « de nature à durer longtemps, qui présente une certaine stabilité, une certaine résistance» (Dictionnaire Larousse en ligne, consulté en 2014). À l’origine ce terme est donc essentiellement synonyme de pérennité. Mais depuis les années 1980 il renvoie davantage au concept de développement durable. Ce dernier étant souvent utilisé de manière abusive et se retrouvant dans tous les discours, il a perdu de son sens premier. Il nous a donc semblé important de revenir sur ses fondements avant de pouvoir l’appliquer à la thématique alimentaire. Le concept de développement durable, a été défini en 1987 par le rapport Brundtland comme étant « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. » (Brundtland pour la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’Organisation des Nations unies, 1987) Ce concept repose sur trois piliers : la durabilité sociale, la durabilité écologique et la durabilité économique, rappelant les 3P (people, profit, planet) associés au concept international de « sustainable development ».
➩ La durabilité sociale : « il s’agit de construire une civilisation de l’être fondée sur un partage plus équitable et la satisfaction des besoins matériels, fondements du développement humain » (F. Moore Lappé, 1976) ;
➩ La durabilité économique : « il faut sortir d’une logique économique fondée sur les seuls critères de l’entreprise pour évaluer l’efficacité économique en termes globaux et instaurer un système mondial plus efficace (éviter les dettes, les détériorations de l’échange,…) » (F. Moore Lappé, 1976) ;
➩ La durabilité écologique : « elle suppose la limitation de la consommation des ressources non renouvelables, la réduction de la pression des plus riches sur les ressources, l’amélioration de l’efficacité dans l’utilisation des ressources non renouvelables et renouvelables ». (F. Moore Lappé, 1976) .

A ces trois piliers s’est ajouté plus récemment un enjeu transversal, celui de la gouvernance, indispensable à la mise en œuvre d’actions relatives au développement durable. Cette idée a notamment été développée par Christian Brodhag qui indique que « si l’objectif est compréhensible, cette intégration des sphères sociales, économiques et environnementales, le triptyque du développement durable, pose des problèmes méthodologiques difficiles et nécessite de nouveaux cadres de décision que l’on a tendance à proposer comme le quatrième pilier du développement durable, sous un terme aujourd’hui consacré : la gouvernance » (Brodhag, 1999).

Ce besoin d’un cadre décisionnel a ensuite été appuyé lors du Sommet Mondial du Développement Durable qui s’est tenu du 26 août au 4 septembre 2002 à Johannesburg. Le plan d’action rédigé à la suite de ce sommet prévient la nécessité de « la mise en place à tous les niveaux d’un cadre institutionnel efficace du développement durable » de manière à « assurer le suivi des résultats du Sommet mondial pour le développement durable et relever les nouveaux défis du développement durable » (ONU, 2002, p.78).

Nous comprenons donc ici la nécessité d’intégrer la gouvernance à cette notion de développement durable mais également pourquoi il est indispensable que nous la traitions de manière à part entière ultérieurement.

Définition d’une alimentation durable 

Lorsque l’on applique la notion de durabilité à l’alimentation, nous nous confrontons à de nombreux concepts. Selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), une alimentation durable est « une alimentation qui protège la biodiversité et les écosystèmes, est acceptable culturellement, accessible, économiquement loyale et réaliste, sûre, nutritionnellement adéquate et bonne pour la santé, optimise l’usage des ressources naturelles et humaines » (FAO, 2010). Cette définition est conforme aux principes de la durabilité. En effet, elle comporte les trois dimensions inhérentes au développement durable : l’équité sociale, la protection de l’environnement et la viabilité économique. Une alimentation durable est également définie comme une alimentation qui « intègre à la fois la capacité à assurer la satisfaction des besoins vitaux et les conditions d’une orientation du système alimentaire mondial vers le respect des trois piliers d’un développement durable » (Esnouf et al., 2011). Dans ces deux premières définitions nous retrouvons de manière explicite les 3 piliers du développement durable dans un objectif mondial de satisfaire les besoins des générations futures. D’autres concepts orientent la définition d’alimentation durable vers une prise en compte de l’ensemble de la chaîne alimentaire. En effet, une étude du CREDOC (Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de Vie) présente la chaîne alimentaire comme l’objet d’étude nécessaire à l’alimentation durable puisque c’est durant celle ci qu’il y a « utilisation de ressources naturelles et production de déchets » (Mathe, 2009, p.26). On entend alors ici la chaîne alimentaire comme l’ensemble des actions suivantes : « cultiver – produire – conditionner – transporter – distribuer – préparer – consommer – jeter » (Mathe, 2009, p.26). En ce sens, « l’alimentation durable implique une alimentation saine et équilibrée, répondant aux besoins nutritionnels, produite (agriculture), transformée (industrie) et distribuée (transport) tout en préservant l’environnement (terres, air, eau, climat) et les ressources naturelles (réserves d’eau, etc.), sans dénaturer (saveur, goût), et assurant la pérennité des producteurs et des sociétés » (Mathe, 2009, p.26). Dans la continuité de cette prise en compte de l’ensemble de la chaîne alimentaire, l’alimentation durable « est entendue ici en tant qu’ensemble de pratiques, de la production à la consommation de biens alimentaires, économiquement viables, socialement soutenables et écologiquement responsables. » (Redlingshöfer, 2006). Enfin, le gouvernement français définit l’alimentation durable comme « une alimentation de saison, qui privilégie les produits locaux issus d’une agriculture raisonnée, les circuits courts et le bio » (Ministère français de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, 2014), l’agriculture raisonnée n’ayant pas de définition arrêtée comme peut l’avoir l’agriculture certifiée Bio. Il est ici davantage de moyens plutôt que de principes. Toutefois, il est intéressant de remarquer que les notions de « local » et de « circuits courts » sont mentionnées dans cette définition. On commence à percevoir le lien entre alimentation durable et territoire. L’ensemble de ces définitions et la diversité de leurs origines nous permettent d’appréhender l’alimentation durable comme une alimentation qui respecte, tout au long de la chaîne alimentaire, les piliers fondamentaux du développement durable, grâce à différents modes de production et de consommation. De plus, elle ne pourra être mise en application sans avoir conscience de la multi-dimensionnalité de la thématique alimentaire.

Qu’est-ce qu’une alimentation locale ?

À la différence de l’alimentation issue de l’agriculture biologique, l’alimentation locale n’a pas de définition stricte, ni officielle. Pour définir le terme d’alimentation locale, nous nous baserons sur des définitions ministérielles ou militantes puisqu’aucune définition n’a été trouvée dans l’état actuel par la recherche académique. L’approche par le concept géographique de la distance est finalement le seul consensus. Il est tout de même important de préciser qu’il est spécifiquement question de la distance entre les producteurs et les consommateurs. « It is a geographical concept related to the distance between food producers and consumers. » (USDA, 2010, p.3). Outre l’approche par la géographie, l’alimentation locale est également définie à travers la perception des consommateurs.

L’alimentation locale : un concept géographique

L’alimentation locale renvoie à la consommation de produits conçus et transformés dans une espace géographique restreint. Le produit devant être consommé le plus près possible de son lieu de production. « Le produit local se différencie du produit localisé par la proximité géographique qui existe entre l’activité de production et l’activité de consommation » (Merle et al., 2012, p.2). Par « proximité géographique», les chercheurs (Peters et al., 2008) ayant travaillé sur le concept de l’alimentation local entendent une consommation aux environs immédiats du lieu de production. De là apparait la notion de distance, à la base de la définition de l’alimentation locale. En géographie, la notion de distance peut être entendue comme l’intervalle séparant deux ou plusieurs lieux. « La distance est la marque d’une séparation, son franchissement nécessite obligatoirement une dépense énergétique. » (Tabarly, 2006) Dans le cas de l’alimentation locale, il y n’a pas de définition stricte concernant la distance qui doit séparer les acteurs puisque « la notion de proximité géographique est contingente aux caractéristiques d’un territoire donné (étendue, topographie, accessibilité, etc.) » (Merle A. et al., 2011). En France, derrière le terme « local », il y a une variation de la distance allant de « de 80 à 100 km maximum » (Merle et al., 2012, p.2), évoqués par les AMAP, à l’échelle nationale. Cette limitation diffère dans les pays anglosaxons où, le consensus trouvé varie autour de 100 miles (soit 160 km). Une distance qu’on retrouve dans le mouvement 100 miles Diet ou dans le mouvement Locavore (soit une distance variant entre 100 km et 200 km). Audelà, l’alimentation locale, peut également renvoyer à un territoire administratif comme un département ou une région. Les chercheurs anglo-saxons Ilbery et Maye parlent de « flexible localism » (Ilbery, Maye, 2006, p.365) pour définir cette pratique propre aux territoires cherchant à développer une alimentation locale. Le terme « flexible localism » reflète l’incertitude qui existe derrière le mot « local » lorsque l’on parle d’alimentation locale. Le local peut référer à une distance entre les producteurs et les consommateurs (parfois distributeurs), mais peut également qualifier à la fois l’origine et la destination d’un produit dans un espace géographique donné. Tandis que d’autres vont rajouter une valeur temporelle à cette notion de distance.

« Some businesses define local based on the maximum time that product is allowed to be in transit from the producer to the individual sales outlet. » (USDA, 2010, p.7). Cette « souplesse » témoigne de l’absence de définition officielle. Par ailleurs, la proximité géographique n’est pas l’unique composante de la définition de l’alimentation locale (Thompson et al., 2008), puisque « local » peut également faire référence à un espace défini par les acteurs qui y vivent ou y travaillent, selon leur perception.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE 1 : TENDRE VERS UNE ALIMENTATION PLUS DURABLE ET PLUS LOCALE, UN OBJECTIF AMBITIEUX POUR LES TERRITOIRES LOCAUX
A. CONCEPTUALISATION DE L’ALIMENTATION DURABLE ET LOCALE
1. Qu’est-ce qu’une alimentation durable ?
a. Retour sur la notion de durabilité
b. Définition d’une alimentation durable
2. Qu’est-ce qu’une alimentation locale ?
a. L’alimentation locale : un concept géographique
b. L’alimentation locale : une perception par les consommateurs
c. L’alimentation locale : un élément identitaire
3. Réunir les concepts de durabilité et de proximité pour aboutir à la définition de l’alimentation durable et locale
B. DES ENJEUX MAJEURS A LA FOIS GLOBAUX ET LOCAUX
1. La réduction de l’impact écologique
a. Diminution de la pression sur les ressources
b. Diminution des émissions de GES
c. Préservation de la biodiversité
d. Paysages
2. La reconquête de la confiance du consommateur envers la qualité des produits
a. Une réponse à un affaiblissement de la confiance des consommateurs
b. L’alimentation durable et locale, un gage de qualité gustative pour les consommateurs
c. L’alimentation durable et locale, un gage de qualité sanitaire
d. L’identification par les labels, un moyen de restaurer cette confiance
3. Le soutien à l’économie locale
4. La création de liens sociaux
a. Producteur-consommateur
b. Producteur-producteur
c. Consommateur-consommateur
5. Le maintien d’une identité alimentaire
6. La participation à la sécurité alimentaire
C. DES CONSEQUENCES DIRECTES SUR LES PRATIQUES ALIMENTAIRES DES CONSOMMATEURS
1. Une modification de l’assiette
a. Manger mieux et un peu moins
b. Trouver un nouvel équilibre entre protéines animales / végétales
c. Réduire le calcium apporté par les produits laitiers
2. Un changement des modes de consommation
a. Consommer local
b. Consommer des produits de saison
c. S’orienter vers des « productions écologiques »
d. Gaspiller moins recycler plus
D. LES FREINS A L’ALIMENTATION DURABLE ET LOCALE
1. Le facteur socio-culturel
2. Le facteur prix
E. LA GOUVERNANCE ALIMENTAIRE, UNE CONDITION SINE QUA NONE
1. Retour sur la notion de gouvernance
a. Définition de la gouvernance
b. Les composantes de la gouvernance : le réseau et la participation
2. L’absence de gouvernance alimentaire, un frein à la mise en place d’actions communes et cohérentes
a. Le système alimentaire actuel ou le système agro-industriel
b. Le jeu d’acteurs dans le système agro-industriel
3. Vers une gouvernance alimentaire
a. Les principes mise en place de la gouvernance alimentaire
b. Deux exemples de stratégies alimentaires
PARTIE 2 : ETUDE DE CAS : TENDRE VERS UNE ALIMENTATION PLUS DURABLE ET PLUS LOCALE SUR LA COMMUNAUTE DE COMMUNES DU PAYS DE BOURGUEIL
A. ETAT DES LIEUX : UN TERRITOIRE A CULTIVER
1. Un territoire riche d’initiatives
a. Répartition des initiatives de la CCPB dans le système alimentaire « local »
b. Analyse thématique des initiatives de la CCPB
2. Un jeu d’acteurs ramifié
a. Des proximités géographiques
b. Des liens déjà existants entre les acteurs à travers leur activité mais aussi leur consommation personnelle
B. NOTRE EXPERIENCE : PLANTER LES GRAINES D’UNE POSSIBLE COOPERATION
1. Définir les thèmes d’une possible coopération
a. L’alimentation dans la CCPB : de quoi parle-t-on ?
b. Définir ensemble des axes prioritaires de réflexion
2. Vers de nouvelles coopérations ?
a. Des pistes de coopérations majoritairement orientées autour du thème de l’éducation
b. Un impact sur le réseau d’acteurs initial à pondérer
CONCLUSION

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