Qu’est-ce qu’un « stéréotype » ?

Qu’est-ce qu’un « stéréotype » ?

Définition du point de vue psychosocial 

« Les stéréotypes, du point de vue psychosocial, sont considérés […] comme des croyances socialement partagées sur les caractéristiques personnelles (traits de personnalité, comportements, apparence…) des membres d’un même groupe. » (Leyens, Yzerbyt & Shadron, 1996 ; McGarty, Yzerbyt & Spear, 2002, cités par Reeb, Morin-Messabel & Kalampalikis, 2018, p.728.) .

Daréoux (2007) explique que les stéréotypes ont dans un premier temps une fonction puisqu’ils permettent à l’enfant de comprendre plus simplement le monde qui l’entoure. Cependant, elle met en garde sur le fait « qu’il faut dans un deuxième temps pouvoir sortir de ce schéma restrictif qui découpe le réel en catégories pour parvenir à une représentation plus complexe et moins clivée du monde qui nous entoure ». (Daréoux, 2007, p.94.) En d’autres termes, les stéréotypes sont un ensemble de croyances socialement élaborées qui catégorisent un groupe de personnes notamment à travers leur physique, leurs activités ou leurs comportements. Il s’agit des caractéristiques attribuées à un individu faisant partie d’un groupe du fait de son appartenance à ce groupe. Les stéréotypes structurent la pensée des jeunes enfants, les aident à comprendre le monde complexe qui les entoure, mais sont très réducteurs et instaurent des « préjugés ». Ils peuvent donc entrainer de la discrimination.

Discriminations, préjugés et stéréotypes

La discrimination est définie comme « tout traitement injuste ou distinction arbitraire fondé sur la couleur de peau, le sexe, la religion, la nationalité, l’origine ethnique, l’orientation sexuelle, le handicap, l’âge, la langue, l’origine sociale, entres autres, d’une personne ». (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, 2017, p. 10.) La discrimination induit donc un traitement inégalitaire envers les individus d’un groupe d’après des critères différents du groupe ou de la personne qui discrimine. De ce fait, d’après Bossuyt (1976), (cité par Lanquetin sous la direction de Maruani, 2003), la discrimination a une connotation péjorative puisqu’elle renvoie à un traitement défavorable, à une hiérarchisation. En revanche, il existe la discrimination positive : le favoritisme envers certains groupes habituellement discriminés. Selon Benbassa (2010), la discrimination positive est apparue en premier lieu aux Etats-Unis à partir de la fin des années 1960. Ainsi, des dispositions comme la mise en place de quotas opérant par exemple dans les milieux de l’emploi ou encore de l’admission dans les établissements scolaires ont été mises en place afin de remédier à la sous représentation de certaines catégories de population comme les Noirs, les femmes, les Hispaniques et plus tard les asiatiques. En France, la discrimination positive a réellement fait son apparition autour des années 2000 avec Nicolas Sarkozy.

« On l’a invoquée à propos de la suggestion de rendre anonymes les curriculum vitae de candidats à l’embauche ou de la convention passée entre l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris et un certain nombre de lycées classés dans les zones d’éducation prioritaire. » .

Quant à lui, le préjugé a, d’après Legal et Delouvée (2015), une valeur affective : c’est un jugement, une opinion préconçue relative à un individu ou à un groupe d’individus. Il est formé selon des critères personnels et peut avoir une connotation péjorative ou méliorative. En d’autres termes, les trois notions « discriminations », « préjugés » et « stéréotypes » catégorisent un groupe de personnes. Cependant, le stéréotype est inconscient puisque nous sommes tous « imprégné-e-s par notre culture, nos représentations et bien malgré nous, nous véhiculons des valeurs en désaccord avec ce que nous pensons ». (Daréoux, 2017, p.94 à 95.) Les préjugés sont davantage des attitudes, des sentiments envers les membres d’un groupe, qu’un individu pourrait exprimer à cause de stéréotypes ancrés en lui par la société. La discrimination apparait quant à elle comme des comportements négatifs, inégalitaires envers les membres d’un groupe produits notamment à cause de stéréotypes et de préjugés envers ce groupe. D’où la nécessité, d’après Daréoux (2017), d’identifier ces stéréotypes et d’enseigner le sens critique aux élèves. Dans cette étude, ce sont les stéréotypes, croyances sur des caractéristiques (traits de personnalité, physique, comportements) des membres d’un groupe qui vont être analysés à travers « le genre ».

La notion de « genre »

Définition

Détrez (2015) explique que la définition du genre n’a cessé d’évoluer au fil des années. Ainsi, elle en a retracé la chronologie. Elle évoque tout d’abord les études anthropologiques, notamment à travers celle de Mauss (1936), qui s’est interrogé sur le caractère social du corps. Elle relate que, par la suite, à la fin des années 60, la notion de genre a été utilisée en psychiatrie face au transsexualisme et à l’hermaphrodisme, particulièrement par le psychiatre Robert Stoller et le psychologue et sexologue John Money. Elle évoque également l’influence du mouvement féministe sur l’évolution de la définition du genre, défini ultérieurement comme un terme à connotation culturelle, concernant les caractéristiques sociales du masculin et du féminin : « le terme de genre permet ainsi la dénaturalisation et la mise au jour des dimensions construites des rôles ; ainsi que la mise en évidence de la production des différences entre les sexes. » (Détrez, 2015, p.23 à 24.) Le genre s’opposerait alors au « déterminisme biologique » (Détrez, 2015, p.24) : un individu naît, puis il devient un garçon ou une fille, un homme ou une femme « avec tout ce que ces termes impliquent de représentations, d’attendus, de présupposés » (Détrez, 2015, p.25) : caractères, goûts et « leurs conséquences dans les places attribuées aux unes et aux autres, dans l’espace privé comme public ». (Détrez, 2015, p.25.) .

D’après Sironi (2011), il se peut que des individus ne s’identifient pas au genre qu’on leur a assigné à leur naissance du fait de leur sexe : les transgenres. Ceux-ci, contrairement aux transsexuels qui s’identifient au genre opposé à leur sexe, voient au-delà des deux catégories de genre masculin et féminin. Ils peuvent prendre des hormones, mais ne jamais recourir à la chirurgie contrairement aux transsexuels. Ils adoptent ainsi l’apparence et le mode de vie d’un genre qui ne leur a pas été assigné. « La biologie n’est plus une catégorie essentielle. » (Sironi, 2011, p.17.) Le concept de « genre » est très médiatisé ces dernières années, pourtant, il n’est que rarement défini. Les termes « genre » et « sexe » sont encore trop souvent confondus .

Différencier « genre » et « sexe »

« « Sexe et genre » est très exactement le titre d’un colloque organisé en 1989 pour clore l’action thématique programmée du CNRS intitulée « Recherches sur les femmes et recherches féministes ». » (ATP n°6, 1989, 1990, cité par Thébaud, 2003, p.59.) .

« Inscrit dans l’axe d’analyse critique des modes de conceptualisation, il posait, à partir de plusieurs disciplines et pour la première fois en France, la question déjà débattue de la distinction entre sexe et genre et tentait d’expliciter un terme encore mal connu en France, traduit de l’anglais gender [Hurtig et al., 1991]. » (Thébaud, 2003, p.59.) .

D’après Thébaud (2003), la distinction entre le genre et le sexe (sexe biologique et genre social et culturel) apparait dans les années 50-60 grâce à des médecins psychologues américains témoignant des mal-être de certains patients constatant une différence entre leur corps et leur identité. C’est alors qu’émerge ce qu’on a pu qualifier de « Gender studies ». « Sexe est un mot qui fait référence aux différences biologiques entre mâles et femelles. » (Oakley, 1972, p.16, cité par Brugueilles, I.Cromer & S.Cromer, 2002, p.262.) Le sexe s’oppose alors au genre qui a un contenu sociologique et non biologique. Le sexe est donc fixe dès la naissance alors que le genre se construit socialement et culturellement. D’après Thébaud (2003), de nombreux débats subsistent encore notamment aux Etats Unis, non plus pour différencier genre et sexe mais pour défendre leur complémentarité. Ainsi, des critiques autour du genre persévèrent comme « son caractère abstrait et sa capacité d’euphémisation ». (Thébaud, 2003, p.64.) « Le genre permettrait d’oublier la domination masculine et de camoufler le rôle des femmes dans la reproduction biologique et sociale auquel est liée leur subordination. » (Thébaud, 2003, p.64.) De ce fait, la notion de sexe ne doit pas tomber dans l’oubli puisque les femmes sont toujours sujettes à de la discrimination et de la dévalorisation dans la société contemporaine.

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Table des matières

I) Introduction
1) Question de départ
II) Cadre théorique
1) Qu’est-ce qu’un « stéréotype » ?
1.1- Définition du point de vue psychosocial
1.2- Discriminations, préjugés et stéréotypes
2) La notion de « genre »
2.1- Définition
2.2- Différencier « genre » et « sexe »
3) Les stéréotypes de genre
3.1- Définition
3.2- L’impact des stéréotypes de genre dans la construction de l’identité sexuelle des enfants
3.3- Pourquoi lutter contre les stéréotypes de genre ?
3.4- Les stéréotypes de genre dans les programmes scolaires
4) La littérature de jeunesse
4.1- Définition
4.2- L’omniprésence de la littérature de jeunesse dans les programmes
4.3- L’impact de la littérature de jeunesse sur la socialisation de l’enfant
5) Les stéréotypes de genre véhiculés à travers la littérature de jeunesse
5.1- La sous-représentation et la dévalorisation des filles et des femmes dans la littérature de jeunesse
5.2- La stéréotypie des fonctions et activités des personnages dans la littérature de jeunesse
5.3- Le sexe des créateurs de littérature de jeunesse influence-t-il la présence de stéréotypes de genre ?
5.4- Evolution des stéréotypes de genre dans la littérature de jeunesse
III) Problématique et hypothèses
1) Problématique
2) Hypothèses
IV) Méthodologie
1) La population étudiée
2) Les outils utilisés
2.1- Test des ours
2.2- Séquence d’apprentissage
3) La procédure
3.1- Séance 1
3.2- Séances 2, 3 et 4
3.3- Séances 5 et 6
3.4- Séance 7
V) Résultats
1) Pré-test
2) Entretiens collectifs
2.1- Séance 2
2.2- Séance 4
3) Post-test
VI) Analyse des résultats
1) Pré-test
1.1 – Perspective psychanalytique
1.2 – Perspective cognitive et culturelle
1.3 – Perspective d’apprentissage social
2) Entretiens collectifs séances 2 et 4
2.1 – Perspective psychanalytique
2 .2 – Perspective cognitive et culturelle
2.3 – Perspective d’apprentissage social
2.4 – Le sexe des élèves influençant les stéréotypes de genre
2.5 – Des résultats traduisant une réelle évolution des représentations des élèves?
3) Post-test
3.1 – Une évolution des représentations des élèves
3.2 – Des résultats à nuancer
VII) Conclusion
VIII) Bibliographie
IX) Annexes

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