Généralités sur l’hypertension artérielle
Qu’est-ce que l’hypertension artérielle ?
Définition
La pression artérielle correspond à la force qu’exerce le sang sur la paroi des artères. Son amplitude oscille de façon périodique et synchrone de la systole du ventricule gauche entre une valeur maximale, la pression artérielle systolique (PAS), et une valeur minimale, la pression artérielle diastolique (PAD). Celles-ci s’expriment en millimètres de mercure. De nombreuses études prouvent qu’au-delà de 115 millimètres de mercure pour la maxima et 75 millimètres pour la minima, le risque de morbidité mortalité cardio-vasculaire augmente, et ce selon une relation continue(3). En réalité, ce seuil est extrêmement bas et ne peut par conséquent servir de référence pour définir l’hypertension artérielle. Les experts internationaux ont donc fixé de façon arbitraire des « normes » pour lesquelles les risques vasculaires sont minimes et acceptables. Ainsi, l’hypertension artérielle peut se définir de façon plus consensuelle par une pression artérielle systolique supérieure à 140 millimètres de mercure et/ou une pression artérielle diastolique supérieure à 90 millimètres de mercure (telles qu’elles sont mesurées au cabinet médical).
Trois consultations s’étalant sur une période de trois à six mois et comportant chacune deux mesures sont nécessaires afin de mettre en évidence le caractère permanent de l’élévation tensionnelle. Ce caractère chronique peut également être décelé à domicile, par l’automesure et la mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA). Cependant, les normes tensionnelles définies selon ces méthodes sont alors légèrement revues à la baisse, .
La mesure de la pression artérielle
Conditions générales de mesure
La qualité de la mesure dépend essentiellement du respect des recommandations déterminées notamment par le Cespharm(6). Ainsi, les précautions suivantes doivent être prises :
Avant toute mesure
❖ Pas de prise d’alcool huit heures avant la mesure.
❖ Pas de caféine, de tabac ni de repas trente minutes avant la mesure.
❖ Eviter toute source de stress ou d’angoisse.
❖ Oter tout vêtement susceptible de comprimer le bras.
❖ Observer cinq à dix minutes de repos, assis(e) ou couché(e), dans une pièce calme.
❖ L’appareil de mesure doit être homologué : le marquage CE constitue à ce titre un gage de sécurité. L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) a d’ailleurs dressé une liste accessible au grand public des auto tensiomètres validés sur les sites internet suivants : http://ansm.sante.fr, www.comitehta.org.
❖ Le brassard huméral doit être adapté à la circonférence du bras et être installé dans le bon sens ainsi qu’à la bonne hauteur, c’est-à-dire au même niveau que le cœur et à deux doigts de la fossette antécubitale. Pour les automates à poignet, il est conseillé de croiser les bras de façon à ce que le brassard se trouve sur le même plan que le cœur.
Mesure au cabinet médical : la méthode auscultatoire ou stéthacoustique
Méthode de référence par excellence, elle repose sur l’analyse des bruits de Korotkoff lors d’une consultation médicale et nécessite l’utilisation d’un sphygmomanomètre manuel et d’un stéthoscope. Le praticien gonfle le brassard huméral jusqu’à disparition du pouls radial. A cet instant, la pression du brassard est supérieure à la pression artérielle systolique. La circulation sanguine est alors interrompue. L’examinateur dégonfle lentement le brassard, et avec l’aide d’un stéthoscope disposé à l’aplomb de l’artère humérale, surveille les cinq bruits liés aux turbulences circulatoires .
Le premier son correspond à la pression artérielle systolique. Le sang commence à circuler de nouveau dans l’artère humérale. Parallèlement à la décompression du brassard, différentes sonorités sont perçues grâce au stéthoscope à chaque battement cardiaque : intenses et secs lors de la phase 2, longs et accompagnés d’un souffle lors de la phase 3, ils s’assourdissent progressivement jusqu’à disparition totale. Ce retour à la normale de la circulation sanguine correspond à la valeur de la pression artérielle diastolique.
Divers outils sont à la disposition du médecin pour effectuer cette mesure. Les tensiomètres à mercure et les appareils anéroïdes ont un mode de fonctionnement reposant sur la méthode auscultatoire. Les valeurs de la PAS et de la PAD sont déterminées à l’aide du manomètre ou de la colonne à mercure .
De nos jours, l’abandon du mercure, produit toxique, conduit à la généralisation des appareils anéroïdes. Outre la détection et la confirmation d’un trouble tensionnel, cette mesure permet de mettre en évidence une hypotension orthostatique ainsi qu’une asymétrie tensionnelle. Une hypotension orthostatique doit être recherchée avant et après la mise en place d’un traitement médicamenteux. Elle se définit par une différence de pression artérielle systolique supérieure à 20 millimètres de mercure (et/ou une différence de plus de 10 millimètres de mercure pour la diastolique) entre la position assise ou couchée (clinostatique) et debout (orthostatique). Les personnes âgées ainsi que les diabétiques sont sensibles à ce phénomène. L’asymétrie tensionelle, également appelée anisotension, se caractérise par une différence de pression artérielle entre les deux bras supérieure à 20 millimètres de mercure pour la systolique .
Mesure à domicile : la méthode oscillométrique
Le principe de cette mesure s’apparente à celui de la méthode auscultatoire mais ne requiert pas l’utilisation d’un stéthoscope. Ainsi, cette méthode semi-automatique dispense de la présence d’une tierce personne. Le flux sanguin artériel est brièvement interrompu au moyen d’un brassard disposé autour du bras ou du poignet. La dépression progressive du brassard engendre des oscillations visibles sur le schéma ci-dessous. Celles-ci sont enregistrées par un capteur électronique de pression.
L’oscillation dont l’amplitude est la plus élevée correspond à la pression artérielle moyenne. La maxima et la minima sont ensuite déterminées par un algorithme de calcul et sont affichées sur l’écran à cristaux liquides. L’automesure à domicile et la mesure ambulatoire de la pression artérielle fonctionnent sur le principe oscillométrique.
L’automesure à domicile
Les tensiomètres électroniques utilisés dans le cadre de l’automesure à domicile sont de deux types : les appareils à bras et les appareils à poignets.
Bien que caractérisés par leur simplicité d’utilisation, ces outils automatisés nécessitent au préalable une période d’éducation de l’utilisateur auprès d’un professionnel de santé. Il est ainsi préférable d’acquérir ce tensiomètre en pharmacie, en vue d’éviter l’acquisition d’un appareil non homologué et de bénéficier de l’enseignement des modalités optimales d’utilisation. Ces conseils sont également accessibles au grand public à l’adresse internet suivante : http://www.automesure.com. Il est également recommandé, pour des raisons de précision, d’acquérir des appareils utilisant un brassard huméral plutôt que des appareils à poignets(3). Les mesures doivent être effectuées dans la semaine précédant la consultation médicale et respecter la règle dite « des trois », c’est-à-dire trois fois de suite à une minute d’intervalle, matin et soir, pendant trois jours de suite. Les mesures s’effectuent de préférence le matin avant le petit déjeuner et avant toute prise médicamenteuse. A l’inverse, le soir, l’individu répètera les mêmes gestes avant de se coucher mais après avoir pris son traitement(7) . Les mesures quotidiennes, source d’anxiété, sont déconseillées. Dix-huit valeurs, exprimées en millimètres de mercure, doivent être idéalement communiquées au médecin traitant. Il est fortement conseillé de tenir un journal tensionnel, en précisant notamment les valeurs, sans les arrondir, ainsi que la date, et l’heure de la prise des médicaments. Des feuilles de relevés sont téléchargeables à partir du site http://www.automesure.com.
Cette méthode présente néanmoins certaines limites. Elle ne doit pas, par exemple, conduire à un auto-ajustement thérapeutique sans contrôle médical. De même l’automesure n’est pas utilisable chez les enfants, les femmes enceintes, ainsi que chez les personnes dont le tour de bras dépasse 32 centimètres de circonférence. Ces restrictions concernent également les individus atteints d’arythmie ou d’anxiété prononcée(6). Lorsque l’automesure n’est pas réalisable ou lorsqu’il existe une incohérence avec les mesures effectuées au sein du cabinet médical, le praticien peut faire appel au holter tensionnel.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 : Généralités sur l’hypertension artérielle
1. Qu’est-ce que l’hypertension artérielle ?
1.1. Définition
1.2. La variabilité de la pression artérielle
2. La mesure de la pression artérielle
2.1. Conditions générales de mesure
2.1.1. Avant toute mesure
2.1.2. Pendant la mesure
2.2. Mesure au cabinet médical : la méthode auscultatoire ou stéthacoustique
2.3. Mesure à domicile : la méthode oscillométrique
2.3.1. L’automesure à domicile
2.3.2. Le holter tensionnel
2.4. Les erreurs de diagnostics
2.4.1. L’effet « blouse blanche »
2.4.2. L’hypertension artérielle masquée
3. Etiologies
3.1. L’hypertension artérielle « secondaire »
3.2. L’hypertension artérielle « essentielle »
4. Les conséquences préjudiciables de l’hypertension artérielle
4.1. Les symptômes
4.2. Les atteintes des organes cibles (AOC)
PARTIE 2 : Le traitement de l’hypertension artérielle essentielle
1. Les précautions à respecter avant de débuter un traitement
1.1. Les règles hygiéno-diététiques
1.2. La recherche d’autres facteurs de risques cardio-vasculaires
1.3. Quand initier un traitement ?
2. La mise en place d’un traitement antihypertenseur
2.1. L’objectif à atteindre
2.2. Le choix du traitement
2.2.1. Dans l’hypertension artérielle « essentielle » non compliquée
2.2.2. Dans l’hypertension artérielle essentielle compliquée
2.3. Les associations de molécules
3. Le suivi thérapeutique dans l’hypertension artérielle essentielle
3.1. A court terme : dans les six premiers mois de traitement
3.2. A long terme : après six mois de traitement
PARTIE 3 : les enjeux de la prise en charge de l’hypertension artérielle
1. Quelques données à l’échelle mondiale
1.1. Prévalence de l’hypertension artérielle
1.2. Une évolution disparate de l’hypertension artérielle selon les pays
1.3. Poids des autres facteurs de risques cardiovasculaires générateurs d’hypertension artérielle
1.4. Le coût humain de cette maladie non transmissible
1.5. Le coût économique de l’hypertension artérielle
2. La situation française
2.1. Prévalence de l’hypertension artérielle en France
2.2. Des disparités territoriales
2.3. Le cas particulier des Départements et Régions d’Outres Mers(DROM)
2.4. Importance des autres facteurs de risque cardio-vasculaires
2.4.1. Le diabète
2.4.2. Les dyslipidémies
2.4.3. Les surcharges pondérales
2.4.4. La sédentarité excessive
2.4.5. L’intoxication tabagique
2.4.6. L’alcoolisme chronique
2.4.7. Une consommation excessive de sel
3. Le contrôle de la pression artérielle et ses enjeux en France
3.1. Le poids humain de l’hypertension en France
3.2. Le poids économique de l’hypertension en France
3.2.1. Coût direct de l’hypertension artérielle
3.2.1.1. Les dépenses liées aux médicaments
3.2.1.2. Les dépenses liées aux soins ambulatoires
3.2.1.3. Les dépenses liées aux soins hospitaliers et aux urgence
3.2.2. Coût indirect de l’hypertension artérielle
PARTIE 4 : Les facteurs conditionnant le succès thérapeutique
1. La stratégie thérapeutique et les professionnels de santé
1.1. L’apport des nouvelles publications depuis 2005
1.1.1. La persistance et l’observance
1.1.2. La tolérance
1.1.3. L’efficacité
1.2. Evolution des prescriptions des médicaments antihypertenseurs
1.2.1. Première mutation : l’essor des sartans
1.2.2. Seconde mutation : le recours plus fréquent à la bithérapie et aux combinaisons fixes
1.3. Les probables changements à venir
1.3.1. La prise en compte du critère d’efficience
1.3.2. L’avenir des β-bloquants
1.3.3. Lutter contre l’inertie thérapeutique
2. Le comportement de l’hypertendu
2.1. Attitude de l’hypertendu vis-à-vis des règles hygiéno-diététiques
2.2. Attitude de l’hypertendu vis-à-vis des médicaments antihypertenseurs
2.2.1. Les problèmes d’observance
2.2.2. Le cas particulier des génériques
2.3. L’hypertendu et l’automesure à domicile
PARTIE 5 : Réalisation d’une enquête en officine auprès de patients sous antihypertenseurs
1. Objectif
1.1. Matériels et méthodes
1.2. Définition de la population
1.3. Formulation des questions
1.4. Codification et interprétation des résultats
1.5. Les thèmes abordés
2. Résultats
2.1. L’âge
2.2. Le Sexe
2.3. Thème 1 : Capacité de l’hypertendu sur l’objectif tensionnel à appréhender l’objectif tensionnel et la dangerosité de l’hypertension artérielle
2.4. Thème 2 : La qualité du suivi thérapeutique
2.5. Thème 3 : Les facteurs pouvant interférer avec l’observance et le contrôle tensionnel
2.6. Thème 4 : Comportement de l’hypertendu vis-à-vis du traitement antihypertenseur
2.7. Thème 5 : Connaissance de l’hypertendu sur les règles hygiéno-diététiques
3. DISCUSSION
CONCLUSION