L’exemple du militantisme féministe
Selon la définition du Larousse le féminisme est un : « Mouvement militant pour l’amélioration et l’extension du rôle et des droits des femmes dans la société ». C’est au XIXe siècle que fut entendu pour la première fois le terme « féminisme ». Puis dans les années 1880, Hubertine Auclert donnera au mot féminisme son sens moderne. « Le féminisme devient alors l’emblème du droit des femmes, le porte-drapeau de l’égalité »4 Cependant, de nombreux récits démontrent que bien avant cela, des femmes tout comme des hommes écrivaient déjà sur le sujet de l’égalité des sexes. Ces quelques dates ne permettent donc pas de vérifier précisément les prémices de l’émergence du mouvement. Par contre, elles permettent de se rendre compte que les premières réactions datent de quelques siècles auparavant. En 1791, une femme nommée Olympe de Gouges rédigea la « déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ». Le texte fut refusé et ses nombreuses actions militantes finiront par la diriger, en 1793, vers l’échafaud. En Suisse, les premières associations féminines se créent à la fin du XIXe siècle. Les trois courants principaux sont les milieux évangéliques et philanthropiques, les associations ouvrières et les associations bourgeoises.
Puis, peu avant la 1ere guerre mondiale des associations féministes se créèrent pour défendre différentes causes. Selon un article de Pascal Fleury5, en 1868, une femme nommée Marie Goegg-Pouchoulin crée une association féministe qui a pour but d’améliorer la condition féminine dans tous les domaines (sociaux, économiques, politiques..) dont le droit de vote des femmes en Suisse. En 1909, un premier groupe de « suffragettes » se forme en Suisse pour militer pour le droit de vote des femmes. Malgré de nombreuses tentatives et une pétition en 1929, les femmes auront finalement dû patienter durant un siècle pour que ce droit leur soit enfin accepté, en 1971.
À partir des années 1920, une loi est votée en France pour l’interdiction de l’avortement. La contraception, à cette époque, peut également être passible d’une amende, ou pire encore d’une peine de prison. Le but de l’état étant d’augmenter le taux de natalité et cela, au détriment des femmes. Dans les années 1942, l’avortement est déclaré « Crime contre l’État ». La sanction ira jusqu’à la peine de mort pour les femmes l’ayant ou voulant le pratiquer. Des lettres ouvertes, des initiatives sont alors menées par les féministes pour faire annuler cette décision. Des groupes de femmes s’unissent et créent des organisations pour lutter pour l’égalité totale des sexes. En 1945, les femmes peuvent voter pour la première fois en France. En 1949, la sortie du livre « le deuxième sexe » de Simone de Beauvoir fait scandale dans la presse. Certains journaux et auteurs dénoncent les propos écrits par l’auteure et le livre finira par être retiré de certaines librairies. Dans les années suivantes, l’usage de la contraception va se répandre et les plannings familiaux passeront de 10’000 en 1962 à 100’000 adhérents en 1966. Plus tard, dans le contexte de mai 68, de nouveaux mouvements contestataires surgissent dans l’espace public. Les mouvements féministes s’amplifient et deviennent toujours plus contestataires.
C’est au travers de réunions secrètes, d’articles dans les journaux, de manifestations dans l’espace public que, de plus en plus, le mouvement se fait connaitre du grand public. En 1970, des manifestations et rassemblements sont organisés autour des universités, puis, en août 1970, en solidarité avec une grève new-yorkaise des femmes, des françaises déposent une gerbe à l’Arc de Triomphe en hommage symbolique à la femme du soldat inconnu. Cela pour dénoncer le manque de reconnaissance vis-à-vis des femmes. Les féministes seront arrêtées par la police mais cet événement donnera naissance au « Mouvement de libération des femmes MLF ». Sans leader, cette organisation va gérer plusieurs groupes de différentes tendances politiques, philosophiques ou sociologiques. La presse restera le principal outil de communication. Le groupe se fera rapidement une place dans l’espace public, les actions de chaque groupe tourneront autour de la lutte des droits des femmes, contre les violences faites aux femmes, ainsi que pour le droit à l’avortement. Après de nombreuses pétitions signées par des femmes qui assumaient avoir recouru à l’avortement mais aussi par des médecins qui ont assumé avoir effectué ce geste sur des femmes, l’avortement sera finalement légalisé en 1974 par 284 voix contre 189. En Suisse, l’avortement sera dépénalisé à partir de l’année 2002.
Militer aujourd’hui
Aujourd’hui les formes de militantisme sont différentes mais ne se sont pas éteintes. A l’époque, on parlait surtout d’idéologie. Aujourd’hui, selon Birgitta Orfali (2011), l’idéologie a laissé place à la force des idées : « La fin des idéologies maintes fois annoncée n’équivaut sans doute pas à la fin du militantisme mais correspond à l’émergence de nouvelles formes de participation citoyenne6 ». De nos jours, le militantisme syndical et politique s’est peu à peu transformé en engagement associatif. Les mouvements sociaux et protestataires des années 60-70 se sont considérablement effacés. L’individualisme, la mondialisation, l’accès rapide à l’information ont relativement transformé les sociétés ainsi que les modes d’engagement politique. Non seulement les modes ont évolué mais l’implication elle aussi n’est plus la même, désormais les domaines associatifs humanitaires ou écologiques sont beaucoup plus représentés que l’univers de la politique. Dorénavant les engagements sont beaucoup plus « soft » et accessibles. Adhérer à une association est même devenu un loisir que l’on peut partager durant son temps libre. Malgré cela, de nombreuses associations luttent pour défendre les droits, et dénoncer les inégalités. L’une des associations les plus connues en termes de droits humains est Amnesty International. Amnesty International détient une antenne en Suisse et se bat chaque jour pour dénoncer et lutter contre les violences faites sur des hommes dans le monde entier. Ce combat au quotidien se fait entendre par des actions dans l’espace public, des « marathons de lettres » dont le but est d’envoyer des milliers de lettres signées à un gouvernement pour leur demander de libérer une personne emprisonnée pour ses idées, mettre fin à la torture, prévenir une exécution ou encore permettre de retrouver une personne disparue. Amnesty suisse se compose de nombreux « groupes de militants » dans tout le pays qui travaillent bénévolement au quotidien pour défendre les droits humains. Le travail effectué par les militants est remarquable et les résultats sont visibles.
Militantisme et travail social
Alors que pour certains il est évident qu’un travailleur social ou une travailleuse sociale est un-e militant-e dans l’âme, il suffit de faire quelques recherches internet pour se rendre compte que cet avis n’est pas partagé par tout le monde. En effet, la question du militantisme dans la profession a, à plusieurs reprises, été choisie comme thème principal lors de colloques ou débats sociaux en France. Pour comprendre le lien entre militantisme et travail social, il faut tout d’abord connaitre l’histoire du travail social. « Par travail social nous entendons d’abord toute action organisée qui vise à réduire une inadaptation quelconque ou qui est préventive de l’inadaptation d’un individu ou d’un groupe.7» Bien que le terme de « travail social » soit assez récent, les conceptions qui le construisent datent déjà des civilisations antiques. Le travail social, tel que nous le connaissons aujourd’hui n’est pas une démarche nouvelle mais il repose sur des bases de solidarité et d’altruisme qui, au fil des années, ont beaucoup évolué. A l’époque de l’antiquité naissaient déjà les premiers « hôpitaux » qui accueillaient les plus démunis, les vieillards ou encore les orphelins. On assiste alors, à l’époque, à l’apparition d’une société de secours mutuel.
Plus tard, avec l’avènement du Christ, aider son prochain devient un principe et de nombreuses institutions sont créées en faveur des lépreux, des orphelins, des voyageurs ou encore des prisonniers. A cette époque, la dîme, qui est un impôt sert à financer ces lieux. C’est à la fin du XIXe siècle qu’apparait pour la première fois le terme « social » puis, c’est aux alentours des années 1911-1912 que sont fondées en France les premières écoles sociales. Au lendemain de la guerre, des mouvements de solidarité et de charité naitront dans les pays en pleine reconstruction. « Le travail social s’est constitué historiquement à partir d’un engagement bénévole intégrant une action caritative, selon trois types de position sociale qui s’entremêlent : religieuse (essentiellement le catholicisme), syndicaliste (essentiellement ouvrier catholique) et professionnelle (essentiellement la médecine, la magistrature et le haut fonctionnariat). Ces racines identitaires expliquent que la militance soit très souvent revendiquée chez les professionnels du Travail Social. Il est ainsi répandu de militer pour que le travailleur social demeure…un militant » .
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Table des matières
1. Introduction
1.1. Préambule
2. La problématique
2.1. La question de recherche
2.2. L’objectif de ce travail de recherche
3. Motivation et choix du thème
4. Le cadre théorique
4.1. Le militantisme
4.1.1. Qu’est-ce que le militantisme ?
4.1.2. L’exemple du militantisme féministe
4.1.3. Militer aujourd’hui
4.1.4. Militantisme et travail social
4.1.5. Les travailleurs sociaux doivent-ils être militants ?
4.1.6. Travailleuse sociale et militante : les arguments contre
4.2. L’action collective et les mouvements sociaux
4.2.1. Le mouvement social
5. Assistante sociale en militante qu’en est-il réellement
6. Les Hypothèses de la recherche
7. L’enquête de terrain
7.1. La méthodologie
7.1.1. Le choix du terrain
7.1.2. La population
7.1.3. Les techniques de récoltes
7.1.4. Les risques et limites
8. Analyse des résultats
8.1. Introduction
8.2. Le questionnaire destiné aux étudiantes
8.3. Le questionnaire destiné aux assistantes sociales
9. Vérification des hypothèses
10. Conclusion
10.1. Les perspectives professionnelles
10.2. Les limites de la recherche
10.3. Les nouveaux questionnements
10.4. Conclusion personnelle
11. Bibliographie et cyberographie
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