Pourquoi et comment avoir confiance en ses élèves ?
Avoir confiance en quelqu’un renvoie selon le dictionnaire Larousse, au «sentiment de quelqu’un qui se fie entièrement à quelqu’un d’autre, à quelque chose» . Il semble donc nécessaire, voire évident, de créer un lien entre soi, en tant que professeur des écoles, et les élèves mais aussi entre les élèves eux-mêmes pour créer un climat de classe propice aux apprentissages. Ils doivent se sentir assez en confiance pour oser participer en classe aux débats ou pour donner leurs opinions ainsi que leurs idées. Il est très difficile pour un enseignant de lâcher prise et d’offrir de l’espace à ses élèves pour qu’ils puissent réfléchir et apprendre. En effet, en tant que professeur des écoles,nous avons tendance à vouloir diriger nos élèves pour les amener à faire ce que nous souhaitons. Notre but étant que tous réussissent, il peut nous arriver de les amener à penser dans notre direction et selon nos envies et ainsi les empêcher de développer leur esprit critique. Il est cependant très important de leur apprendre à raisonner par eux-mêmes et cela passe en partie par avoir confiance en eux et à développer la confiance en soi.
Le cinéma d’animation
Qu’est-ce que le cinéma d’animation ?
Le cinéma d’animation peut être défini comme une suite d’images qui provoque une illusion dans notre cerveau. Une seconde de film d’animation contient entre 12 et 24 images. Chaque nouvelle image subit une légère modification de la précédente. Lorsque toutes ces photos ou dessins sont mis bout à bout, on obtient cette illusion de mouvement. Le thaumatrope (annexe 1) est un instrument inventé par le physicien londonien John Ayrton Paris qui permet de visualiser cet effet. Deux disques de papier sont collés dos à dos et une ficelle les traverse. Sur un des disques de papier est dessiné un oiseau et sur l’autre une cage. Lorsque l’on fait tourner très vite la ficelle, nous avons l’impression que l’oiseau est dans la cage. Ce mouvement de rapidité est celui observé et reproduit dans le cinéma d’animation. Dans ce projet, nous réaliserons un court métrage de trois minutes qui peut s’apparenter au cinéma d’animation. Ce film sera filmé non pas en stop motion (c’est-à-dire image par image) mais en courtes vidéos mises les unes après les autres. On pourra alors parler d’un mix entre un court métrage et un film d’animation. Un court métrage peut être défini par le CNC (Centre National du Cinéma) comme un film de moins de vingt minutes qui peut prendre la forme « d’une fiction, [d’un film d’]animation, de documentaire de création,d’essai et [d’expérimentation] » .
Pourquoi l’utiliser en classe ?
Le cinéma d’animation peut être utilisé en classe pour travailler différentes disciplines et ainsi favoriser l’interdisciplinarité. L’audiovisuel fait partie intégrante de la vie des élèves en 2019. Beaucoup ont des tablettes dès le CP et d’autres des téléphones à partir du CM. Il est donc nécessaire de leur apprendre à devenir des utilisateurs responsables mais aussi de leur montrer à eux ainsi qu’à leurs parents qu’il existe un usage pédagogique à ces objets de la vie quotidienne. Le numérique peut être utilisé lors d’une séance de français pour aider les élèves en difficultés (lecture guidée avec un dictaphone) ou en histoire pour créer la carte d’identité d’un personnage par exemple.
Le numérique, et notamment la vidéo, entoure les élèves à travers différents supports tels que la télévision et les plateformes de partages de vidéo (YouTube de Google ou encore Dailymotion). En tant que professeur des écoles, nous devons les motiver et les amener à s’impliquer dans le travail en trouvant des inducteurs qui les concernent. J’ai choisi ici le court-métrage car la plupart des élèves de CP regardent des dessins animés et n’en comprennent ou ne cherchent pas en à en comprendre le fonctionnement.Cependant, j’ai remarqué lors de mes stages qu’ils aimaient apprendre de nouvelles choses etcomprendre comment fonctionnaient certains objets. De la maternelle au cycle 2, on assiste àla périodedes «pourquoi?». Le cinéma reste pour beaucoup d’entre eux des images que l’on filme avec une caméra et que l’on retransmet de façon magique à la télévision ou sur leur tablette.
Comment l’utiliser en classe (CANOPÉ)
Sur le site Internet de Canopé, il est possible de trouver plusieurs dispositifs mis en place dans des classes de primaire impliquant le cinéma et les films d’animation avec un travail sur le contenu et la création d’un film d’animation. La grande majorité de ces procédés se déroulent en fin de cycle 2 ou en cycle 3 ; le fait de vouloir réaliser un film avec des CP (début cycle deux) est donc une nouveauté. En effet, à partir de la fin du cycle 2, il est plus facile de réaliser un film d’animation puisque les élèves savent normalement déjà lire, ont acquis le geste graphique et ont déjà l’expérience du travail en groupe. J’ai cependant pu trouver quelques exemples de projets réalisés en CP que je vais vous présenter. Le film d’animation peut être réalisé grâce à des tablettes ou des appareils photos pour faire les prises de vue. Au fil de mes recherches, j’ai pu découvrir un projet similaire au mien dans lequel des élèves de CP et de CE1 sont initiés au film d’animation. Tous les propos qui suivront seront tirés du site de la CNDP (Centre National de Documentation Pédagogique) sur lequel on peut lire les origines du projet, les apports des TICE et les compétences mises en œuvre. L’idée est née des élèves lors d’un pique-nique où ils sedemandaient comment se déroulait la réalisation d’un film d’animation. Leur professeurYanek Husianycia a donc décidé de leur projeter en classe plusieurs vidéos expliquant les coulisses du cinéma d’animation. Puis il leur a fait écrire un script afin qu’ils le réalisent en autonomie étayée, lorsque cela s’avérait nécessaire. Les compétences mises en œuvre relèvent du français (avec la composition d’une histoire courte, les élèves développent des compétences en grammaire et au niveau du lexique), du numérique (avec l’utilisation de matériel informatique pour les prises de vue), les mathématiques (pour réaliser un stop motion ou film d’animation, il faut douze images par seconde, les élèves devront donc choisir en calculant le nombre d’images nécessaires à la réalisation de ce projet) et pour finir des compétences sociales (avec le travail de groupe et l’entraide entre élèves).J’ai pu trouver un de ces projets évoquant le développement des compétencesdisciplinaires mais également l’importance de l’aspect humain. Bien évidemment, ce projetmet en lien le français (coécriture du film sur le thème de l’espace avec les CP) maiségalement les mathématiques(les élèves de CM2 ont calculé le nombre d’images qu’il faudrait en tout. La notion de double et des suites de nombres de deux en deux ou de trois en trois en CP). Les domaines de l’histoire des arts, les arts visuels, l’éducation musicale ainsi que les sciences ont été abordés avec la découverte du cinéma d’animation, la confection des décors, l’écoute de morceaux en lien avec leur thème et le visionnage d’un « C’est pas sorcier » sur le système solaire. Cette expérience a permis aux parents de découvrir le travail réalisé par leur enfant à l’école, en effet le film a été posté sur le blog de l’école ainsi que sur le site de Canopé à côté des projets des autres établissements souhaitant partager leur travail. Nous pouvons retenir de ces deux expériences que la réalisation d’un film en classe est possible et qu’il peut permettre de travailler la transdisciplinarité ainsi que des compétences sociales.
Le développement de compétences à travers le travail de groupe
Qu’est-ce que travailler en groupe ?
D’après le décret de 31 mars 2015 définissant le socle commun de connaissances, de compétences et de culture, travailler en groupe signifie « partager des tâches, s’engager dans un dialogue constructif, accepter la contradiction tout en défendant son point de vue, faire preuve de diplomatie, négocier et rechercher un consensus.» Travailler en équipe peut s’avérer difficile pour des enfants qui ont l’habitude de jouer les uns à côtés des autres sans réellement travailler ensemble. La théorie de l’esprit , qui intervient chez l’enfant de quatre à cinq ans, correspond à la période à laquelle il prend conscience que l’autre peut avoir ses propres opinions et idées. C’est un grand changement pour eux, ils vont devoir collaborer et coopérer pour répondre à un problème et/ou pour réaliser une tâche.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. CADRE THÉORIQUE
A. LE CINÉMA D’ANIMATION
i. Qu’est-ce que le cinéma d’animation ?
ii. Pourquoi l’utiliser en classe ?
iii. Comment l’utiliser en classe (CANOPÉ)
B. LE DÉVELOPPEMENT DE COMPÉTENCES À TRAVERS LE TRAVAIL DE GROUPE
i. Qu’est-ce que travailler en groupe ?
1. Le travail coopératif
2. Le travail collaboratif
ii. Les compétences disciplinaires
1. Français
a. Comprendre et s’exprimer à l’oral
b. Lire
c. Écrire
2. Questionner le monde
a. Imaginer, réaliser
b. Pratiquer des langages
c. Se situer dans l’espace et le temps
iii. Les compétences sociales
1. L’autonomie
2. Le travail de groupe
C. LE RÔLE DE L’ENSEIGNANT
i. La constitution des groupes
ii. Autres rôles
II. PROTOCOLE EXPÉRIMENTAL
A. LE DÉROULEMENT PRÉVISIONNEL DU PROJET
B. LE DÉROULEMENT EFFECTIF DU PROJET
III. ANALYSE DES RÉSULTATS
A. LE QUESTIONNAIRE
i. Retranscription des entretiens avec les élèves
ii. Les observations
B. PROBLÈMES RENCONTRÉS LORS DE LA RÉALISATION DU COURT MÉTRAGE
i. Avant les séances
ii. Pendant les séances
iii. Après les séances
C. ANALYSE
i. Premier élève : R
ii. Deuxième élève : E
iii. Troisième élève : A
iv. Le groupe classe
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
SITOGRAPHIE
ANNEXES