Qu’est-ce que l’autonomie ?

Qu’est-ce que l’autonomie ?

Hervé Gaudron définit l’autonomie comme : « un travail sur soi dans la confrontation aux autres et la mise à distance de ses propres savoirs. » L’autonomie est alors distanciation, questionnement au sein du groupe. Il propose par la suite, une typologie de l’autonomie qui permet de comprendre le large spectre désigné par ce terme et la multitude de sens qu’il peut recouvrir. Il existerait donc l’autonomie corporelle, l’autonomie affective, l’autonomie matérielle, l’autonomie spatio-temporelle, l’autonomie langagière, l’autonomie dans l’organisation du travail, l’autonomie intellectuelle et l’autonomie morale. Bien que toutes ces composantes possèdent chacune leur importance, il sera question ici majoritairement des deux derniers types d’autonomie cités. L’auteur définit l’autonomie intellectuelle comme l’envie et la capacité à s’interroger, à vérifier une information, à s’appuyer sur son savoir. Il désigne par autonomie morale la capacité à se référer à des règles, qu’il se fixe, pour le choix de ses actions. L’homme autonome ne se laisse pas manipuler, il est lucide.

L’éducation aurait donc pour but de permettre à chacun « d’accomplir sa nature », de devenir autonome. Lorsqu’Edgar Morin aborde l’autonomie il la qualifie de «méthode pour bien conduire son esprit ». Cette idée est précisée par O. Reboul qui écrit qu’être adulte, dans le sens idéal du terme c’est : « faire passer ses désirs après la réalité, c’est assumer être cohérent, respecter ses engagements, trouver son juste équilibre. » En d’autres termes, être éduqué c’est être capable d’examiner les différentes possibilités qui s’offrent à nous et de mettre à profit sa raison pour choisir la meilleure option qui n’est pas forcément celle qui apportera un plaisir immédiat. Il s’agit donc de tenir compte de tout ce que la réalité comporte comme contraintes et de, soi-même, décider ce qui en vaut la peine ou non. Gaëlle Jeanmart écrit que l’autonomie est la position intermédiaire entre liberté et obéissance. Le sujet n’est pas Etre de jouissance ne répondant qu’à ses désirs, mais il n’obéit pas non plus aveuglement à une loi imposée. Il intériorise la loi et y fait face en toute conscience. L’autonomie serait la capacité de penser son action par soi-même, et ce, en tenant compte des réalités extérieures telles la société, la capacité de faire des choix éclairés. Elle suppose donc d’être capable de trouver l’information, de la traiter, d’analyser la situation, de rechercher des solutions, de prendre des décisions.

A. S. Neil, lui, décrit l’autonomie comme « conduite inspirée par le Moi et non par une force extérieure » . Le Moi étant l’instance qui, tenant compte de la réalité, va réguler les pulsions. L’évocation de la force extérieure par A. S. Neil force à interroger la place du maître et celle de l’école.

Qu’est-ce que l’école ?

Pour former ces esprits libres, capables de penser et juger, la société a créé l’Ecole. Cette dernière est par essence une institution. O. Reboul nous en donne la définition suivante : l’institution est « une réalité sociale, relativement autonome stable ou régulière, contraignante selon des règles et qui se spécifie par sa fonction. » Arrêtons-nous sur cette définition et appliquons-la à l’école. L’école est une réalité sociale stable dont la fonction spécifique est de se charger de l’éducation des enfants. L’école est également « contraignante selon des règles ». Chaque enfant français doit être scolarisé de 6 à 16 ans. Pour choisir l’établissement, une carte scolaire est mise en place. La présence est obligatoire 24 heures par semaines, 144 jours par an. Ces horaires et ces jours sont les mêmes pour tous, fixés à l’avance. L’enseignement est régulé par des programmes qui choisissent les sujets qu’il faut étudier. A la fin de chaque année l’enfant doit avoir validé un certain nombre de connaissances et de compétences communes à tous. Le nombre d’heures par discipline est aussi prévu par le ministère. Les professeurs des écoles disposent de la liberté pédagogique mais doivent l’exercer en accord avec les contraintes prévues.

Il est possible ici de parler de contraintes au sens philosophique du terme car les règles instituées par l’éducation nationale et les écoles tendent à réduire la liberté d’action des élèves. Ici la contrainte est exercée par la pression et par la loi. Elle oblige à la fois à faire quelque chose (être présent à l’école, étudier, etc.) et empêche également de faire ce que l’on veut (distraire ces camarades, ne rien faire, etc.).

Autonomie ou Contrainte ? 

L’élève dans la classe est donc soumis à des contraintes qu’il n’a pas choisi alors même que l’on veut l’éduquer à faire ses propres choix. Si le but de l’école est de préparer l’enfant à affronter la vie, les choix qu’elle implique et de le rendre autonome, comment argumenter que cela soit fait par la contrainte ? Comment peut-on considérer que décider pour l’enfant est une façon de lui apprendre à décider par lui-même ? Le problème est, pour le pédagogue, de favoriser le développement de l’autonomie malgré les contraintes.

Kant s’est beaucoup interrogé sur la question. Pour lui, la première période de la vie doit être lieu d’obéissance. L’enfant ne pouvant savoir ce qui est le mieux pour lui, la contrainte est mécanique, appliquée par une force extérieure. Plus tard seulement, l’usage de la réflexion permet d’accorder au jeune une liberté dans ses choix, la contrainte est alors morale. La contrainte doit d’abord être extérieure à l’enfant. C’est celle des parents, du maître. Elle est nécessaire. Lorsque le jeune a appris à se servir de sa raison, qu’il connaît les règles et leurs valeurs il devient apte à agir selon sa conscience. Selon lui, l’autonomie doit donc être l’objet d’un apprentissage. Il est possible de ressortir trois éléments importants à prendre en compte lors de cet apprentissage. Le premier est de laisser dès le plus jeune âge l’enfant libre en toute chose et de le contraindre uniquement à éviter ce qui le met en danger ou entraîne de la gêne pour autrui. Le second est de démontrer la complémentarité entre soi et l’autre. E. Morin écrit à ce sujet : « toute vie personnelle est une aventure insérée dans une aventure sociale, ellemême insérée dans l’aventure de l’humanité ». Il est en effet important que l’enfant comprenne qu’il n’est pas seul et qu’il doit tenir compte de l’autre, des autres. Pour finir, le pédagogue doit toujours légitimer la contrainte. De cette façon l’enfant peut la faire sienne. Si la contrainte externe est comprise et acceptée l’enfant va vers l’autonomie. Il n’y aurait donc pas d’éducation sans contrainte, c’est elle qui permet à l’homme d’apprendre à être libre. L’autonomie ne peut s’acquérir que progressivement.

Olivier Reboul, s’accorde avec Kant pour dire que : « qui a besoin d’être éduqué a besoin d’une autorité. Mais la fin de l’éducation est d’apprendre à s’en passer. » Il distingue deux courants de pensée. Le courant classique qui prône la soumission et les efforts. Le courant novateur qui considère l’effort comme synonyme de mort du désir d’apprendre. Pour ce courant, la non-contrainte permettrait de faire surgir la demande, de susciter l’intérêt. L’enseignement vient ici en réponse à une question, un besoin de l’élève, par opposition au courant classique ou l’enseignement part de ce que l’adulte veut transmettre. Laisser l’enfant libre sans jamais le contraindre ne lui permet pas d’exercer sa volonté or la volonté à une importance colossale dans l’exercice de l’autonomie. En effet, si l’enfant change de tâche quand ça lui plaît, arrête à la moindre difficulté, ne fait que ce qui lui plaît, s’il ne s’exerce pas à la persévérance, alors il ne développe pas sa volonté de réussir, sa capacité à attendre les effets positifs de son action. Or l’exercice de l’autonomie impose de pouvoir diriger son action sans en attendre des effets positifs immédiats, de la volonté.

Le courant novateur a donné lieu à ce nombreuses pédagogies nouvelles, libertaires. Ces pédagogies me semblent présenter des idées importantes pour la formation d’individus libres et autonomes. Cependant, nous l’avons vu, la liberté ne peut s’exercer qu’au regard des contraintes extérieures, au sein d’une communauté de personnes. Il est donc important que l’enfant apprenne à tenir compte de ce qui l’entoure pour que, dans l’exercice de sa liberté, il n’entrave pas celle des autres.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction
1.1. Qu’est-ce que l’autonomie ?
1.2. Qu’est-ce que l’école ?
1.3. Autonomie ou Contrainte ?
1.4. Comment cultiver l’autonomie ?
1.4.1. Le cadre
1.4.2. L’autorité, attitude du pédagogue
1.4.3. Le savoir
1.4.4. La fréquentation des textes
1.4.5. Les choix
1.5. Etude
Les contraintes au service de l’autonomie au quotidien
2.1. Les choix de textes
2.1.1. Observation et analyse
2.1.2. Bilan
2.2. Le cercle de parole
2.2.1. Description
2.2.2. Observations et analyse
2.2.3. Bilan
Les contraintes au service de l’autonomie dans une séquence d’apprentissage
3.1. La séquence
3.2. Méthodologie
3.3. Analyse des productions
3.3.1. Première hypothèse
3.3.2. Deuxième hypothèse
3.4. Bilan de l’étude
3.5. Pistes d’amélioration
3.6. Conclusion
Conclusion
Bibliographie
Annexe

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *