Qu’est-ce que l’attention en milieu scolaire ?

Qu’est-ce que l’attention en milieu scolaire ? 

Nous avons dans un premier temps cherché à comprendre comment la science et l’institution traitaient la question de l’attention, de la concentration et de l’apprentissage au sens large. Trois thèmes se dégagent rapidement. Tout d’abord, les sciences de l’éducation, s’intéressant aux pathologies pouvant impacter la concentration. Ensuite, les travaux en neurosciences permettant de comprendre comment fonctionnent les deux mécanismes complémentaires que sont l’attention et la concentration, en lien avec l’apprentissage. Enfin, le domaine de la psychologie cognitive qui explique comment jouer sur la concentration et l’attention en mettant en place des procédés pour l’améliorer. De la mobilisation de ces trois champs, deux grands axes émergent. Le premier est l’influence et l’impact que peuvent avoir des facteurs comme le stress ou les émotions sur l’attention de l’élève. Le second renvoie aux leviers mobilisables en éducation afin de pallier au manque d’attention et de concentration que peuvent avoir les élèves au sein de sa classe. Nous pouvons partir des propos d’Amade-Escot (1989) qui définit l’apprentissage en EPS comme « l’acquisition de pouvoirs moteurs nouveaux, articulant savoir-faire et savoirs sur le faire, et s’exprimant dans des habiletés motrices plus efficaces parce que plus rapides et plus stables ».

Dans un premier temps, on peut parler de l’attention comme un phénomène automatique qui joue un rôle de filtrage afin d’analyser, de rechercher, de sélectionner, de contrôler, d’activer ou encore d’enregistrer des informations (UQÀM, 2019). Dans le cas de la concentration, il s’agit davantage d’une action volontaire qui permet à l’élève de se centrer dans la durée sur une tâche précise à accomplir, fixée au préalable avec un objectif précis à poursuivre (UQÀM, 2019). JeanPhilippe Lachaux (2017) exprime le fait que « se concentrer nécessite de multiples activités cérébrales : définir un objectif, sélectionner les informations pertinentes pour y parvenir, mettre en place une série d’actions dans ce but et, surtout, savoir résister à la dispersion ». La concentration, contraire à l’attention, n’est pas une fonction quasi automatique. En effet, elle nécessite plus de ressources et d’efforts, ce qui, face à une situation très complexe, rend l’apparition de la fatigue plus rapide. Ces deux fonctions sont consommatrices de beaucoup d’énergie pour la personne. L’effort physique sollicité en EPS puise déjà dans les ressources des élèves, et cela pourrait expliquer en partie le manque d’attention des élèves. De plus, le facteur âge peut lui aussi entrer en jeu. En effet, des collégiens ont peut-être davantage de difficultés à rester attentifs et concentrés que des lycéens, notamment grâce à l’acquisition de routines scolaires permettant d’être plus à l’écoute. Ainsi, cette acquisition prouve que l’enseignant n’est sans doute pas le seul responsable de l’attention des élèves en classe (Berger, 2010).

Si nous centrons notre propos sur le phénomène d’attention, en nous essayant à une définition, nous pouvons partir de la définition de William James (1890) qui présente l’attention comme une « prise de possession par l’esprit, sous une forme claire et vive, d’un objet ou d’une suite de pensées parmi plusieurs qui sont présents simultanément ». Il évoque également l’idée que l’attention « implique le retrait de certains objets afin de traiter plus efficacement les autres ». Concernant l’attention en milieu scolaire, nous pouvons dire qu’il s’agit d’un état psychologique de l’élève mettant à disposition ses ressources afin d’extraire et d’enregistrer des informations nécessaire à la compréhension des connaissances abordées au sein de la leçon (Boujon et Quaireau, 1997). L’attention est également un facilitateur d’écoute des informations diffusées par l’enseignant ou par un autre élève. Cette attention peut se décliner en quatre types (Boujon et Quaireau, 1997) : L’attention conjointe, généralement chez les nourrissons, correspondant à se représenté ce qu’autrui se représente : l’attention maintenue, correspondant à l’attention que l’on maintient sur une longue période (un cours magistral en amphithéâtre par exemple) : l’attention divisée, correspondant au partage de son attention entre différentes tâches (en EPS réaliser et écouter par exemple): l’attention sélective, qui est la plus mobilisée selon nous en milieu scolaire, consistant à se focaliser sur une seule information sans se laisser distraire par d’autres sollicitations (par exemple écouter l’enseignant sans prendre en compte un camarade qui tente de communiquer).

Deux autres thématiques sont intimement liées dans le domaine scolaire aux phénomènes d’attention et de concentration : La thématique de l’engagement et du désengagement de l’élève au sein de la leçon et la thématique de la relation entre l’élève et l’intervention de l’enseignant.

La problématique du désengagement des élèves dans les apprentissages 

François Dubet (2018) expose cette problématique de façon très synthétique en déclarant que « sans engagement du sujet, il n’y a tout simplement pas d’apprentissage ». L’engagement est un « acte par lequel on s’engage à accomplir quelque chose ; promesse, convention ou contrat par lesquels on se lie » (Larousse). En EPS, il s’agit d’un processus complexe, pouvant être appréhendé selon trois axes : les possibilités corporelles de l’élève, ses disponibilités pour apprendre et son environnement éducatif (Dossier EP&S n°85, 2018). Il est juste de faire lien avec le phénomène d’attention définit précédemment comme un « état psychologique de l’élève mettant à disposition ses ressources ». Étymologiquement, l’engagement signifie l’action d’adhérer ou de se lier à un contrat, une convention. L’engagement va alors dépendre de l’implication des élèves au contrat scolaire. Ben M’Barek et Floirac (2018) s’appuient notamment sur le numérique, la posture de l’enseignant ou encore les stratégies pédagogiques pour permettre les conditions idéales d’engagement des élèves. De plus, au sein de la circulaire du bulletin officiel du 17 juillet 2014, le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse met l’accent sur cette notion d’engagement. Des mesures comme la mise en place des semaines de l’engagement lycéen promeuvent « la participation des lycéens à la vie de leur établissement » (Circulaire du 16 juillet 2014, Ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse).

À contrario, le désengagement, action de « cesser son engagement » (selon le dictionnaire Larousse) peut-être explicité dans le milieu scolaire comme un phénomène dans lequel les élèves se laissent distraire, se dispersent, où ils rencontrent des difficultés à maintenir un niveau d’investissement suffisant, à atteindre les transformations visées et donc à « se motiver, donner du sens à leurs études » (François Dubet, 2018). Pour Alcorta (2008), le désengagement « consiste à ne plus accorder d’importance à une tâche ou à un domaine ». De ce fait « si l’élève estime que l’école ne représente pas d’intérêt pour lui, peu lui importe d’échouer dans ce domaine » (Alcorta, 2008). Pour aller plus loin, la notion de décrochage scolaire peut se placer comme un prolongement du désengagement. Pour Bernard (2011), le décrochage apparaît comme un processus de désengagement. Il voit l’engagement comme « un système d’attentes réciproques » où la réussite des élèves dans leur apprentissage est le facteur déterminant. Par conséquent, en cas d’échec, Bernard (2011) nous propose l’exemple suivant : « incompétence à répondre aux exigences de l’institution, sanction par l’institution de cette incompétence, diminution de l’engagement de l’élève du fait des sanctions, inadaptation progressive aux règles scolaires, enfin « acte » de décrochage ».

Un article du journal Le Figaro daté du 4 septembre 2017 présentait le programme ATOLE (ATtention à l’écOLE) et les recherches menées autour de cette notion de désengagement, en lien avec l’attention. Le projet initial ATOLE part du constat que les apprentissages ne reposent pas seulement sur la transmission de savoirs mais aussi sur des fonctions cognitives déterminantes dans le mécanisme liant attention et distraction. Parfois, nos pensées échappent à la conscience et donc la personne peut être déconcentrée sans que ce soit volontaire. L’orientation centrale de ce programme vise à apprendre aux élèves à reconnaître et maîtriser les mécanismes attentionnels, autrement dit, à ne pas être assujetti à la force de dispersion. Jean-Philippe Lachaux, à l’origine de ce programme, ajoute que l’engagement est la clé de la concentration puisqu’elle permet au cerveau de déterminer chaque seconde ce qui est important de ce qui l’est moins. Il explique que le regard des élèves est un premier signe de dispersion pour lequel l’environnement et le recentrage sont deux leviers correctifs. Pour aller plus loin dans le programme ATOLE, l’idée centrale repose sur l’éducation à l’attention pour les élèves. Lachaux veut faire apprendre à une personne à contrôler sur ce qu’il introduit dans sa tête, c’est-à dire des connaissances. Il parle également de « circuit de la récompense », système de neurones dans le cerveau humain, qui permet de mettre en recherche la personne de tout ce qui peut lui apporter une gratification immédiate, par le biais de ce que Lachaux appel des « mentalimentants ». Enfin, pour Jean-Philippe Lachaux, le projet ATOLE a pour objectif auprès des élèves de « leur faire goûter le plaisir d’une attention stable » (TEDx Talks, 2019). Dans la conception du programme, il est élaboré autour de quatre piliers : L’acquisition d’une culture aux enfants pour identifier les grands systèmes qui orientent leur attention : l’apprentissage d’un découpage des tâches complexes en tâches simples successives : le développement d’une détection des signes de distraction, de désengagement, pour les compenser : la capacité a programmer son attention dans une tâche précise.

Nous avons prêté notre attention sur des articles traitant de l’hyperactivité, qui constitue le symptôme principal des troubles de l’attention chez l’enfant d’âge scolaire. Ces enfants souffrant d’hyperactivité sont très souvent agités. Ils existent deux troubles: le trouble externalisé (agitation et opposition) et le trouble internalisé (anxiété, dépression et angoisse). Une enquête réalisée par V. Kovess-Masfety (2009) montre que les garçons manifestent davantage des troubles externalisés que les filles. Elle souligne également que les enseignants affirment ce constat. Dans cette même enquête, elle ajoute que les manques d’attention sont en partie dûs à des effets sociétaux : « tantôt l’éducation nationale contrôlant, tantôt des parents trop laxistes », ce qui traduit l’idée que les élèves sont parfois trop cadrés par le système éducatif mis en place, et que part ailleurs ils sont livrés à eux-mêmes dans leur travail d’élève. Enfin, ces troubles de l’attention peuvent être principalement causés par un manque de sommeil suite à une distraction dûe à l’utilisation d’appareil numérique.

À la suite de ce temps de définition, il nous semble important de mettre en avant des leviers favorisant l’attention et l’engagement des élèves, l’engagement pouvant être perçu lui-même comme un levier à part entière. Il est également important de souligner qu’en EPS l’engagement est principalement moteur.

Premier levier : l’engagement. Concentration et attention sont liées, mais l’engagement est lui aussi à intégrer dans cette équation pour favoriser l’apprentissage des élèves (Dossier EPS n°85, 2018).

Deuxième levier : la communication (Académie de Nantes, 2010). En effet, une communication ciblée, avec un temps, un vocabulaire et un support adapté semble être un levier efficace afin de capter l’attention des élèves, pour les faire s’engager dans l’activité et ainsi conserver leur concentration.

Troisième levier, l’introduction de pratiques de relaxation ou de méditation (Galek, 2018). En effet, ces formes de pratique permettent de faire prendre conscience à l’élève que sa pensée dérive et qu’il est possible de se refocaliser et d’augmenter significativement ses capacités attentionnelles.

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Table des matières

INTRODUCTION
→ Nos questions professionnelles
REVUE DE LITTÉRATURE
→ Qu’est-ce que l’attention en milieu scolaire ?
→ La problématique du désengagement des élèves dans les apprentissages
→ L’importance de la relation entre l’élève et l’intervention du professeur
CADRE THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIQUE DE L’ÉTUDE
→ La question de recherche
→ Le choix de l’observation participante
→ La démarche ethnographique
MÉTHODE
→ Présentation du terrain d’enquête
→ Participants
→ Situations d’étude
→ Recueil de données
→ Analyse des données
RÉSULTATS
RÉSULTAT – CAS 1
RÉSULTAT – CAS 2
RÉSULTAT – CAS 3
DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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