La micro finance en soit n’est pas une idée nouvelle mais elle a été remise au goût du jour en 1978 par Mohamed Yunus prix Nobel de la paix 2006, lorsqu’il a crée une banque des pauvres la Grameen Bank. Cette idée de créer une banque des pauvres a eu un retentissement considérable dans le monde entier. Aussi micro finance est un terme qui revient souvent quand on entend parler de développement. Les bailleurs de fonds se dirigent de plus en plus vers cette nouvelle forme de financement du développement qui semble prometteuse à bien des égards. Cet outil peut, selon certains, avoir des effets positifs à plusieurs niveaux : économique, social et politique. Cette étude tente d’explorer ces aspects en portant une attention particulière à la micro finance dans les bas quartiers d’Antananarivo qui abritent essentiellement des pauvres. Le présent ouvrage intitulé « les retombées de la micro finance à travers CEFOR » donne une idée de ce que pourrait réellement apporté le crédit pour les familles démunies dans les bas quartiers d’Antananarivo en répondant à la question d’impact des services de micro finance sur les pauvres. Ces services leurs sont ils bénéfiques ? Dans quels sens ? La question de l’impact de crédit octroyé par la micro finance sur les conditions de vie est cruciale et délicate à traiter. A cet effet, évaluer l’impact nécessite une étude approfondie auprès des bénéficiaires. En vue d’apporter des réponses à ce problématique, la synthèse d’exploitation des données ainsi recueillies, analysées et interprétées, complétées par une observation personnelle servent à appuyer notre raisonnement : l’étude sera structurée en deux parties : en premier lieu nous allons étudier la micro finance dans sa généralité où nous évoquerons le concept, les caractéristiques inhérents à la micro finance ainsi que la présentation de CEFOR qui fera office de liaison avec la seconde partie traitant des impacts des services financiers et non financiers de CEFOR.
Présentations de la micro finance
Qu’est ce que la micro finance ?
La micro finance est une opération de crédit volontaire de proximité à court terme et à faible montant. La micro finance est un outil d’assistance aux pauvres, dans la mesure où on considère généralement qu’elle permet d’améliorer leurs moyens d’existence, de réduire leur vulnérabilité et de stimuler l’autonomie sociale aussi bien qu’économique. L’histoire du micro crédit et de la micro finance remonte aux années 1840. Raiffeisen créa la Rhénanie, la première coopérative de crédit pour lutter contre l’usure qui surchargeait les paysans. En ces temps, les taux étaient exorbitants allant de 50 à 100 % pour une durée courte. La coopérative avait pour premier but d’offrir des cautions mutuelles aux banques afin que ses membres puissent évoluer vers la collecte de l’épargne pour pouvoir prêter directement à leurs membres. En 1976, les conceptions de micro crédit et de micro finance furent redécouvertes à Bangladesh, avec la création de la Grameen Bank, une banque rurale bénéficiant d’un statut spécial. La Grameen Bank appelée encore « banque des pauvres » fut crée par Mohamed Yunus.
La micro finance a un double objectif :
-favoriser l’accès des petits producteurs exclus du circuit bancaire à des services financiers de proximité et adaptés à la taille de leurs activités.
-réaliser une meilleure collecte de l’épargne des ménages et des petits entrepreneurs pour la réinjecter dans le circuit économique. Aussi, ces principaux axes portent sur l’incitation à la production, l’accroissement de la productivité et la lutte contre la thésaurisation.
Qu’est ce qu’une Institution de Micro Finance (IMF) ?
Selon l’article 4 de la loi n° 2005-016 du 29 Septembre, les IMF sont des personnes morales, mutualistes ou non qui effectuent à titre habituel les activités de micro finance telle que l’octroi de micro crédit, la collecte de l’épargne et les services connexes.
Le Document de Stratégie Nationale de la micro finance (2008-2012) quant à lui la définit comme des « institutions chargées de fournir des services financiers diversifiés selon les normes de performances reconnues. Elles doivent rechercher l’efficience et assurer un meilleur contrôle des risques d’opération » . L’histoire de la micro finance comporte trois périodes distinctes : avant 1990, de 1990 à 1995 et de1996 à nos jours . La création des IMF à partir des années 90 est le résultat de la défaillance du système bancaire en milieu rural. La micro finance a démarré dans les zones rurales en appui au développement de l’exploitation agricole.
Avant 1990 : à cette époque, seule la BTM, exerçait la micro finance. Elle octroyait des crédits aux paysans mais l’activité n’arrivait pas à atteindre la majorité de la population rurale. Les marchés financiers ruraux sont ainsi dominés par des prêteurs informels (paysans voisins, négociants, commerçants et propriétaires fonciers) qui consentent aux paysans en difficulté financière des prêts en argent ou en nature (paddy), à des taux dont la valeur actualisée, variable selon les liens entre le prêteur et l’emprunteur pour atteindre 400 % l’an. La situation est également préoccupante en ville où le manque de dynamisme de l’offre est en partie attribué à la faiblesse du montant de crédits accordé aux entreprises par les banques. Cet état de fait a été l’origine de la création en 1990, des premières institutions de micro finance à Madagascar.
De 1990 à 1995 : phase d’émergence d’IMF Entre 1990 et 1995, dans le cadre du développement du pays, les IMF (Institutions Financières Mutualistes) ont été créées. L’alliance de trois entités a encouragé la création de ces dernières à savoir :
• Les Bailleurs de fonds (Banque Mondiale, Union Européenne, Agence Française de Développement, Coopération Allemande, Inter coopération Suisse, …) ;
• Le gouvernement à travers sa politique en faveur de la micro finance ;
• Les Agences d’Implantation et de Développement ou opérateurs techniques spécialisés pour l’encadrement technique des IMF (DID, FERT, IRAM, CIDR). Ainsi, de nombreuses IMF sont mises en place que ce soit mutualiste (CECAM/FERT en 1993, AECA/CIDR en 1990, OTIV/DID en 1994, ADéFI en 1995, TIAVO/WOCCU en 1995) ou non mutualiste (SIPEM en 1990, VOLA MAHASOA/CIDR en 1993, APEM/PAIQ en 1987, CEM, …) à Madagascar entre les années 1990 et 1995.
De 1996 à nos jours : les IMF commencent leur extension à partir de leur région originelle. Ce mouvement amorce la dynamique qui va amener les IMF de plus en plus à proximité des clients ruraux. Désormais, le nombre d’IMF ne cesse d’augmenter et de se diversifier.
les fournisseurs de la micro finance à Madagascar
Les principaux fournisseurs de la micro finance à Madagascar sont les IMF qui sont regroupées en trois grands groupes.
les institutions financières mutualistes
L’IFM est un groupement de personnes physiques ou morales, doté de la personnalité morale, sans but lucratif, fondé sur les principes de coopération, de solidarité et d’entraide mutuelle et ayant principalement pour objectif de collecter l’épargne de ses membres et ou de consentir du crédit à ceux-ci .
les institutions financières non mutualistes
Ce sont des institutions qui ne sont pas encore régies par un instrument juridique et sont caractérisées par les pratiques sous autres formes que mutualiste.
les autres structures de la micro finance
Elles regroupent des institutions qui projettent d’exercer une activité de micro finance.
les associations professionnelles et les autres acteurs de la micro finance
les associations professionnelles
Ces associations sont d’abord d’utilités publiques et constituées de l’ensemble des IMF.
Elles sont régies par la loi 2005-016 et ont pour rôle :
• la défense des intérêts de ses membres, en participant à la mis en œuvre de la SNMF et à son suivi, notamment en tant que membres de pilotage et comme interlocutrices des autres acteurs.
• la diffusion des pratiques optimales, des standards de performance, des codes de déontologie et au renforcement institutionnel notamment par la formation auprès des IMF membres.
• la collecte de données quantitatives et qualitatives sur les IMF membres afin de contribuer à une meilleure connaissance du secteur.
On distingue l’APIFM (Association Professionnelle des Institutions Financières) qui défend les intérêts des IMF mutualistes et l’AIM ou Association des Institutions de Micro finance non mutualiste pour les IMF non mutualistes.
les autres acteurs de la micro finance
La CNMF
L’expansion de la micro finance, la diversité des institutions qui opèrent à Madagascar, la place que la micro finance est appelée à jouer dans le développement en général et celui du monde rural en particulier font que le rôle de la CNMF (Coordination Nationale de la Micro Finance) devient de plus en plus crucial. Parmi ces aspects déterminants il y a :
• la mise à jour et la diffusion des textes règlementaires composant le cadre légal ;
• la facilitation des implantations ;
• veiller la cohérence des activités.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : GENERALITES DE LA MICRO FINANCE
Chapitre I : Concept de la micro finance
SECTION 1 : Présentations de la micro finance
1-1 Qu’est ce que la micro finance ?
1-2 Qu’est ce qu’une institution de micro finance ?
1-3 Les fournisseurs de la micro finance à Madagascar
1-3-1 les institutions financières mutualistes
1-3-2 les institutions financières non mutualistes
1-3-3 les autres structures de la micro finance
1-4 les associations professionnelles et les autres acteurs de la micro finance
1-4-1 les associations professionnelles
1-4-2 les autres acteurs de la micro finance
1-4-2-1 la CNMF
1-4-2-2 la CSBF
1-4-2-3 le comité de pilotage de la mise en œuvre de la Stratégie Nationale
1-4-2-4 les financeurs : les partenaires financiers
1-4-2-5 clients et croissance récente
SECTION 2 : La politique nationale en matière de micro finance
2-1 Historique de la micro finance à Madagascar
2-2 Contexte malgache
2-3 Types de micro finance à Madagascar
SECTION 3 : Phase de développement du secteur de la micro finance
3-1 Phase de démarrage
3-2 Phase d’expansion
3-3 Phase de consolidation
3-4 Phase d’intégration
Chapitre II : Caractéristiques inhérents à la micro finance
SECTION 1 : L’asymétrie d’information
SECTION 2 : Le modèle de Stiglitz et Weiss
SECTION 3: L’aléa moral
SECTION 4 : Sélection adverse
Chapitre III : Présentation de CEFOR
SECTION 1 : Mission
SECTION 2 : Principes d’action
SECTION 3 : Présentation des services de micro finance de CEFOR
SECTION 4 : Profil des emprunteurs
4-1 Profil général
4-2 Profil selon les activités
PARTIE II : IMPACTS DES SERVICES FINANCIERS ET NON FINANCIERS DE CEFOR
Chapitre I Impacts financiers
SECTION 1 : Chiffre d’affaires, Bénéfice Net Mensuel et revenus
SECTION 2 : Capacité d’épargne mensuelle
SECTION 3 : Epargne monétaire totale disponible
SECTION 4 : Actifs
Chapitre II Impacts sociaux
SECTION 1 : Dépenses sociales
SECTION 2 : Comportement personnel
SECTION 3 : Acquis en matière de formation
Chapitre III Perception de leur évolution par les emprunteurs
Chapitre IV Analyse et suggestion
SECTION 1 : La micro finance outil d’empowerment
SECTION 2 : La micro finance minimise les imperfections de marché
SECTION 3 : Importance de la formation des pauvres
SECTION 4 : La micro finance outil de réduction de la pauvreté
Chapitre IV Témoignages des clients de CEFOR
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE