Qu’est-ce que la consommation collaborative ?
Définition de la consommation collaborative
L’expression « consommation collaborative » est la traduction française du terme «collaborative consumption », introduite par la consultante en stratégie et innovation Rachel Botsman, qui a été la première à écrire sur ce phénomène émergent. La consommation collaborative désigne un mode de consommation où les notions d’accès à l’usage ou de partage d’un bien l’emportent sur les notions de possession ou d’appropriation de ce bien. La consommation collaborative débouche sur la notion d’économie collaborative, pour laquelle il n’existe pas aujourd’hui de définition officielle. On retrouve d’ailleurs souvent cette notion sous des appellations différentes dans la littérature : économie du partage, consommation responsable, consommation solidaire, nouvelle consommation… Aujourd’hui, on distingue deux grandes formes de consommation collaborative, qui ont été introduites par la journaliste Jenna Wortham (New York Times) :
– Une forme où des individus se regroupent pour mettre en commun des ressources financières, dans le but d’acheter un produit en commun ou financer un projet de manière participative. Par exemple, on peut citer les plateformes de financement participatif (crowfunding en anglais) telles que « Kisskissbankbank » ou «Kickstarter», mais aussi des centrales d’achats groupés comme « La Ruche qui dit oui ».
– L’ensemble des formes basées sur un échange entre individus. Ces formes « organisent le prêt, le don, le troc ou l’échange de biens, de temps ou de compétences entre particuliers » (Antonin Léonard). Ce deuxième champ englobe également les interfaces de mise en relation permettant de louer ou de vendre et acheter des biens d’occasion ou des services. On peut citer des sites généralistes comme eBay et des sites plus spécialisés, dans des thématiques très diverses : prêts d’argent entre particuliers (« Zopa »), échange de maison (« Trocmaison »), location de chambre chez des particuliers (« Couchsurfing »).
En France, l’économie collaborative a tendance à s’inscrire dans le champ de l’économie sociale et solidaire. Le projet de loi « Economie sociale et solidaire » (ESS, en première lecture à l’Assemblée Nationale depuis novembre 2013) identifie ainsi l’économie collaborative comme partie intégrante de l’ESS, au même titre par exemple que les circuits courts, l’économie circulaire (recyclage) ou les services aux personnes âgées. L’économie collaborative n’a donc pas une définition claire et figée: elle est en train d’émerger et de se constituer par des successions d’initiatives individuelles ou collectives. En fait, les différents acteurs ont des définitions distinctes, mais qui font appel à des valeurs communes. Les origines de cette forme de consommation remontent à l’usage du troc en tant que mode de partage (dans les sociétés amérindienne et d’ancienne Egypte par exemple). Elle est aujourd’hui à nouveau d’actualités avec le développement du web 2.0.
L’essor croissant de ces nouvelles formes d’économie peut s’expliquer par plusieurs phénomènes. D’une part, les avancées technologiques dans le domaine de la télécommunication permettent de faciliter grandement le partage d’informations sur Internet, formant ainsi des communautés d’internautes de plus en plus développées (par le biais notamment des réseaux sociaux). Or, ces interactions « online » avec des inconnus sont en quelque sorte précurseurs de partage dans la vie réelle de biens ou de services. Parmi ces avancées technologiques, on peut également mentionner les systèmes de réputation qui, en permettant aux utilisateurs d’indiquer si tel ou tel membre de la communauté est digne de confiance ou pas, entretient la confiance accordée envers le site concerné (exemple de la web-réputation des vendeurs sur eBay).
D’autre part, le contexte économique et environnemental pousse les individus à prendre conscience des conséquences de leurs achats et plus largement, de leur manière de consommer. De plus, d’un point de vue strictement financier, de faibles revenus ou un pouvoir d’achat ayant tendance à diminuer participent à l’essor de cette forme de consommation. Les sites traitant de la consommation collaborative décrivent un consommateur collaboratif engagé, qui « vote avec sa carte bleue » en choisissant d’accorder (ou non) une fraction de son pouvoir d’achat à telle ou telle entreprise. Ces nouveaux consommateurs engagés habitent plutôt dans les grandes villes et sont davantage diplômés que les autres. Ce portrait du consommateur collaboratif a cependant tendance à se généraliser à différents types de profil : par exemple, dans le cas du covoiturage, il ne concerne plus uniquement les étudiants et les jeunes actifs.
Quel lien avec les transports ?
Rachel Botsman distingue trois systèmes permettant de mettre en œuvre la consommation collaborative :
– Un premier système, baptisé « Product service system » et incluant les activités économiques, permet de transformer un produit en service : par exemple l’autopartage et la location d’un bien, selon le principe de l’économie de fonctionnalité, qui vise à optimiser l’usage d’un bien par rapport aux ressources utilisées pour cet usage. Cela revient pour le consommateur à payer pour retirer le bénéfice du produit (ce qu’il lui permet de faire, ce qu’il lui apporte) sans pour autant posséder le produit.
– Un deuxième système, dit de redistribution, qui relie l’offre et la demande concernant un bien en particulier. On peut citer toutes les plateformes type « Le Bon Coin » qui permettent l’échange, le troc, le don, ou l’achat d’occasion entre particuliers. Ce système permet donc la redistribution des biens de ceux qui n’en ont plus besoin vers ceux qui en ont besoin.
– Un troisième système baptisé « styles de vie collaboratifs » permet le partage de ressources immatérielles entre particuliers, à savoir l’espace, le temps, l’argent, les compétences. On peut ranger dans ce système les pratiques telles que le couchsurfing, le coworking, les achats groupés…
Fondements théoriques en lien avec les Nouveaux Services à la Mobilité
Qu’est-ce que la mobilité ?
Première approche de la mobilité par Kaufmann et Jemelin (2004)
Selon les champs d’études (sociologie, géographie…), la mobilité ne se définit pas de la même façon. Elle peut aussi bien être sociale, spatiale, virtuelle… et peut concerner les biens, les informations et les personnes. A condition de réduire la mobilité à la mobilité physique des personnes, quatre catégories apparaissent :
• La mobilité résidentielle qui fait référence au parcours des ménages dans différents logements
• Les migrations qui font référence à l’immigration (entrée dans un pays) et à l’émigration (sortie d’un pays)
• Les voyages qui font essentiellement référence au tourisme
• La mobilité quotidienne qui fait référence aux déplacements quotidiens (courses, trajets domicile-travail …)
Enrichissement de la définition de mobilité
D’autres définitions de la mobilité permettent de compléter l’explication précédente :
• La mobilité correspond à la capacité d’un individu à se déplacer (ARENE Ile DeFrance, 2008)
• La mobilité comme propension d’un individu à se déplacer (MERLIN Pierre, CHOAY Françoise, 2010)
• La mobilité comme moyen de réaliser une activité et non pas une fin en soi (CERTU, 2010)
Pour dresser un bilan de toutes ces définitions, la mobilité correspond à la capacité d’un individu à se déplacer, déplacement qui a pour but la réalisation d’une activité.
Et si l’on parlait plutôt de motilité ?
Le potentiel de mobilité d’un individu ne correspond pas uniquement à la vitesse des moyens de transport auxquels il a accès. Il ne faut pas négliger l’apport de l’arbitrage individuel et de l’appropriation des systèmes techniques (comme dans le cas des TIC avec la maîtrise du smartphone, d’Internet, du paiement en ligne …). La motilité se définit alors de la façon suivante : « La motilité peut être définie comme la manière dont un individu ou un groupe fait sien le champ du possible en matière de mobilité et en fait usage pour développer des projets » (KAUFMANN Vincent, JEMELIN Christophe, 2004). Pour Levy (2000), la mobilité est donc le chemin qui mène de la motilité à un déplacement. Il s’agit pour l’individu d’explorer les options qui s’offrent à lui pour mener à bien le déplacement souhaité. Pour rendre ce déplacement possible, trois conditions sont requises :
• L’accessibilité qui correspond à l’ensemble des conditions d’un service (prix, horaires …)
• Les compétences qui regroupent les savoir-faire de l’individu (usage du smartphone par exemple) et sa capacité à s’organiser
• L’appropriation qui demande à un individu de s’approprier les règles et les normes d’un système et de les accepter La notion de motilité permet d’enrichir celle de mobilité et inversement, l’une est indissociable de l’autre. Aujourd’hui et avec une prise en compte croissante du développement durable, un nouveau terme apparaît, celui de mobilité durable.
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Table des matières
Introduction
Partie 1 : Vers un système de mobilité en mutation
I. Qu’est-ce que la consommation collaborative ?
II. Fondements théoriques en lien avec les Nouveaux Services à la Mobilité
III. Evolution du rapport à la voiture
IV. Emergence du covoiturage : quand le trajet supplante l’objet
V. Emergence de l’autopartage : un nouvel usage de l’automobile
Partie 2 : Travail de recherche sur l’autopartage à l’échelle d’une aire urbaine
I. Présentation de la problématique et de l’hypothèse
II. Recherche autour de dix-huit initiatives d’autopartage : déterminer des actions-types
III. Comment fonctionnent ces actions-types ?
IV. Bilan et conclusion du travail de recherche : Des actions-types qui s’inscrivent différemment dans chaque territoire
Partie 3 : Travail de recherche sur le covoiturage à l’échelle d’une aire urbaine
I. Emergence d’un service de covoiturage à l’échelle de l’aire urbaine
II. Présentation de la problématique, de l’hypothèse et de la méthode de recherche
III. Analyse des plans de déplacement
IV. Entretiens complémentaires
V. Bilan et conclusion du travail de recherche : usagers et appariements, le paradoxe de la moindre échelle
Partie 4 : Travail de recherche sur le covoiturage longue distance
I. Le covoiturage longue distance
II. Présentation de la problématique et des hypothèses
III. Analyse de l’offre de covoiturage sur la ligne Tours-Paris
IV. Conclusion
Conclusion
Annexes
Bibliographie
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