Conscient de la misère actuelle qui sévit dans la Nation, le Gouvernement lance le défi de réduire la pauvreté de moitié en dix ans. Un défi ambitieux qui requiert des objectifs de croissance stipulés dans le Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté prévoyant des taux d’investissement de 20%, au niveau global et de l’ordre de 12% à 14% pour le secteur privé .
Dans ce cadre, le gouvernement s’est clairement prononcé en faveur d’un système d’économie de marché qui implique la mise en place d’un environnement socioéconomique favorable au développement du secteur privé, la recherche de l’investissement étranger, un désengagement de l’Etat du secteur productif et une lutte plus efficace contre la pauvreté . Madagascar dispose d’un important potentiel de croissance à travers l’existence d’avantages comparatifs dans bon nombre de secteurs économiques. Doté d’un positionnement géoéconomique favorable au sein de la zone océan indien, offrant d’importants pôles de développement, le territoire dispose de multiples ressources naturelles, inexploitées (mines, agriculture, pêche…) et d’un potentiel touristique unique. La main d’œuvre malgache dispose d’une qualité et d’un niveau d’alphabétisation comparativement élevé et l’utilisation du français comme langue officielle et la connaissance progressive de la langue anglaise, facilite l’intégration d’investisseurs de langue occidentale .
Pendant une vingtaine d’années, Madagascar a vécu sous un régime marxiste-léniniste et il était impossible pour le secteur privé de vivre et de relever la tête. Il a fallu absolument casser ce système et libérer l’énergie du secteur privé, une énergie extrêmement importante qui a permis au pays de décoller . Jusqu’à une certaine époque, la fuite des capitaux caractérisait l’économie malgache et le taux d’investissement à Madagascar ne représentait que 12% du PIB. Ce qui était vraiment très faible. Il fallait doubler ce taux, ce qui n’était possible qu’avec la participation des investisseurs étrangers attirés par le vent des réformes, par le vent de la libéralisation des échanges.
UN APERCU HISTORIQUE
L’Investissement Direct Etranger connaît un essor spectaculaire depuis quelques années par suite de l’intégration croissante de l’économie nationale, des pressions exercées par la concurrence internationale, du processus de libre échange et de l’ouverture de nouveaux domaines d’investissement . L’investissement international est apparu avec la généralisation des pratiques bancaires et la lente formation des Etats modernes dès la fin du Moyen Âge . Le véritable essor des investissements internationaux remonte au début du XIXème siècle. Ces investissements sont uniquement européens et, surtout, ils proviennent d’un seul pays : la Grande Bretagne qui a eu, jusqu’en 1914, la position dominante. En cette période, les investissements de portefeuille dominaient largement dans les mouvements internationaux des investissements. Depuis le milieu du XIXè siècle, ces investissements de portefeuille diminuent continuellement au profit des investissements directs. Les premières firmes multinationales sont constituées vers la fin de ce siècle même. De 1914 à 1939, la hiérarchie des investisseurs étrangers a été renversée. Ce sont les Etats-Unis qui deviennent les premiers exportateurs de capitaux. La période récente a été témoin de déplacements significatifs du profil de l’investissement mondial. Les Etats-Unis, qui ont été pendant longtemps la principale source d’investissement direct étranger, sont aussi devenus le principal pays d’accueil de cet investissement. En 1996, ce pays intervenait pour le quart du stock d’investissement direct réalisé à l’étranger, tandis que plus d’un cinquième du stock mondial de l’investissement direct réalisé à l’étranger était concentré dans ce pays. Une autre tendance significative a été le rôle croissant de l’investissement étranger en Chine, dans les économies plus dynamiques de l’Asie du Sud-est (Hong-Kong, Singapour, Corée du Sud, Taipei) ainsi qu’en Malaisie, Indonésie et en Thaïlande, qui en sont devenus des destinations de plus en plus importantes.
Un environnement international changeant
Au cours des années 70, les Investissements Directs Etrangers se concentraient essentiellement dans les pays développés et en ces temps-là, ceux à destination des pays en développement se limitaient dans l’exploitation des produits primaires (de la branche extractive) . Depuis les années 80, on enregistre un accroissement de ces flux vers ce dernier groupe de pays car 18% des investissements étrangers ont pour destination les Pays en Voie de Développement. Ce mouvement s’est accompagné d’un déplacement progressif de la destination des capitaux du secteur primaire de ces pays vers le secteur manufacturier. En Afrique, en particulier, non seulement les flux (volume et structure) des investissements directs qui vont vers ce continent sont faibles mais ils sont restés principalement concentrés dans le secteur primaire, à l’inverse des pays d’Asie et d’Amérique Latine. Aujourd’hui encore, ces investissements directs proviennent en majeure partie (95%) des pays industrialisés.
LES THEORIES DU DEVELOPPEMENT
Ce chapitre expose trois grandes théories du développement prônées par trois grands théoriciens, à savoir :
– W. W. Rostow qui avance que le développement requiert une évolution linéaire englobant les mêmes étapes;
– S. Kuznets qui soutient l’existence de six grandes caractéristiques du développement, et enfin
– R. Nurkse qui attribue à l’insuffisance d’épargne et donc d’investissement la cause du sous-développement.
La conception linéaire du développement
Les étapes de la croissance de Rostow
Les économistes libéraux considèrent que le sous-développement n’est qu’un retard au développement. Walt Whitman Rostow (1916) a avancé, dans son ouvrage « Les étapes de la croissance, un manifeste non communiste (1960) » que ce développement est comme une évolution linéaire, qui doit forcément passer par les mêmes étapes , à savoir :
1- dans la société traditionnelle, la productivité du travail est faible car les techniques sont rudimentaires. L’économie est essentiellement agricole et les mentalités ne sont pas favorables au développement car un fatalisme à long terme règne ;
2- durant les préalables au développement, les conquêtes de la science moderne entraînent de grands progrès économiques qui vont favoriser les premiers développements de l’agriculture et de l’industrie. Les marchés mondiaux s’ouvrent et, surtout, les mentalités se transforment, le fatalisme recule, l’investissement augmente, un Etat centralisé et efficace prend place ;
3- durant la phase du démarrage ou take-off, en l’espace d’une ou de deux décennies, la structure fondamentale de l’économie et la structure sociale et politique de la société se transforment, permettant un taux de croissance constant. L’investissement et l’épargne doublent, des industries nouvelles (textile, métallurgie) se développent rapidement et amènent un accroissement considérable des revenus ;
4- Le progrès technique et la modernisation se diffusent à l’ensemble de l’économie durant la période de la marche vers la maturité. Les industries plafonnent, mais de nouvelles industries comme la chimie ou l’industrie électrique se développent ;
5- L’ère de la consommation de masse représente la dernière étape ; les principaux secteurs de l’économie deviennent la production de biens de consommation et de services. La population s’urbanise et la main d’œuvre est de plus en plus qualifiée.
Les pays du tiers-monde se trouveraient donc à des étapes antérieures de développement ; le sous-développement n’en est qu’un retard. Tous les pays atteindront l’étape ultime de la consommation de masse ; mais pour hâter cette échéance, il est nécessaire que les différentes nations mettent en place les principes de libéralisme et acceptent de s’ouvrir sur l’extérieur.
La croissance économique moderne de Kuznets
Simon Kuznets (1901-1985) n’est pas en accord avec Rostow sur le fait que la croissance passe par différentes étapes . Il présente les six grandes caractéristiques de la croissance économique moderne comme suit :
– taux élevé de la croissance du produit par tête et de la population ;
– taux élevé de la productivité ;
– rythme rapide des transformations structurelles de l’économie (industrialisation puis tertiarisation, concentration des entreprises…) ;
– mutations rapides des structures sociales et de l’idéologie (laïcisation, urbanisation…) ;
– expansion de l’influence des pays développés dans le reste du monde ; ils modèlent ainsi un monde unique ;
– mais, malgré la caractéristique précédente, la diffusion de la croissance économique moderne est limitée ; les trois quarts de la population mondiale en sont exclus.
Le sous-développement :un cercle vicieux
Dans « Problems of Capital Formation in Underdeveloped Countries” (1953), Ragnar Nurkse explique que la pauvreté et le sousdéveloppement sont des phénomènes auto-entretenus. Pour lui « un pays est pauvre parce qu’il est pauvre ». En raison de la pauvreté et d’un revenu national insuffisant, les pays en développement ne dégagent pas l’épargne nécessaire pour financer l’investissement productif qui pourrait générer le développement. Le manque d’investissement ainsi que la malnutrition limitent la productivité du travail. L’insuffisance de l’épargne nationale pourrait être comblée par des capitaux étrangers, mais cela risque de générer un autre cercle vicieux : celui du surendettement. Comme Rostow, Nurkse considère que le développement agricole est un préalable nécessaire à une croissance industrielle harmonieuse. Mais de nombreux Pays En Voie de Développement ont tendance à orienter leur économie vers une branche unique leur fournissant des recettes d’exportation. Que cette branche soit agricole, minière ou industrielle, les investissements sont faibles. La volonté de profiter des avantages comparatifs pour exporter peut donc, selon Nurkse, constituer un réel obstacle au développement. En fait, il faut admettre que l’analyse en dynamique du développement d’un pays est souvent sujet à d’énormes difficultés dans la mesure où la quantification de certains facteurs qui interviennent dans les faits explicatifs s’avère difficile du moins dans leurs effets indirects .
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Table des matières
Introduction
PARTIE I : QUELQUES THEORIES SUR LE DEVELOPPEMENT ET L’INVESTISSEMENT
Chapitre I : UN APERCU HISTORIQUE
Chapitre II : LES THEORIES DU DEVELOPPEMENT
Section I : La conception linéaire du développement
I- Les étapes de la croissance de Rostow (Walt Whitman Rostow)
II- La croissance économique moderne de Kuznets (Simon Kuznets)
Section II : Le sous-développement : un cercle vicieux (Ragnar Nurkse)
Chapitre III : LES INVESTISSEMENTS ETRANGERS
Section I : Définitions et caractéristiques des investissements étrangers
I- Les Investissements Directs Etrangers
II- L’investissement de portefeuille
Section II : Les déterminants des Investissements Directs Etrangers
I- La théorie du cycle des produits (Vernon)
II- L’existence de ressources naturelles diversifiées
III- Divers
Chapitre IV : DEVELOPPEMENT ET INVESTISSEMENT
Section I : Discussion
I- Effets positifs
II- Ou négatifs ?
Section II : Les investissements directs, à l’origine de la croissance
I- Investissement et croissance selon les libéraux (James Cobb et Paul Douglas ; Robert M. Sollow)
II- Investissement et croissance selon les keynésiens
III- L’effet multiplicateur sur la croissance (R. Kahn)
IV- Les théoriciens contemporains (BRENSTEIN, GREGORIO et LEE ; CHEN, CHANG, et ZHANG)
Section III : Incidence des Investissements Directs Etrangers sur le développement socio- économique d’une économie
I- Incidence sur la balance des paiements (Reddaway et al., Hufbauer et Adler)
II- Incidence sur les exportations
III- Incidence sur l’emploi
PARTIE II ; QUELQUES DONNEES CHIFFREES
Chapitre I : LES FACTEURS INCITATIFS AUX INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS
Section I : Le contexte national
I- Les mesures entreprises
II- Les opportunités d’investissement
Chapitre II : CONTRIBUTION DES INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS AU DEVELOPPEMENT SOCIO ECONOMIQUE DU PAYS
Section I : L’évolution des flux des Investissements Directs Etrangers
Section II : Quelques données chiffrées
I- La conjoncture malgache en amélioration
1- Evolution du Produit Intérieur Brut
2- Evolution de l’Indice de Développement Humain
II- Impacts sur les divers secteurs
1- Le secteur primaire
2- Le secteur secondaire via les Zones Franches
3- Le secteur tertiaire
III- Impacts sur la Balance des Paiements
1- La Balance Commerciale
2- Les exportations
3- Les importations
IV- Impacts sur l’emploi
PARTIE III : ANALYSE, PERSPECTIVES ET RECOMMANDATIONS
Chapitre I : ANALYSE
Section I : Les secteurs porteurs de croissance depuis 1997
Section II : Les politiques adoptées par le gouvernement
Section III : Les déterminants de la croissance à Madagascar
Chapitre II : PERSPECTIVES
Section I : L’intégration multilatérale et régionale de Madagascar
Section II : Incitations à l’investissement
Chapitre III : RECOMMANDATIONS
Section I : Mesures à prendre
Section II : 11 recommandations
Conclusion
Liste des abréviations
Liste des tableaux et graphiques
Références
Annexes